IAGO : Être pauvre mais sans besoin, c'est être riche
Et bien à suffisance. Mais la richesse,
Même infinie, est pauvre comme l'hiver
Pour qui ne cesse pas de craindre d'être pauvre.
(Poor and content is rich, and rich enough,
But riches, fineless, is as poor as winter
To him that ever fears he shall be poor.)
Acte III, Scène 3.
ÉMILIA : Ce n'est pas la réponse à faire aux jaloux.
Ils ne sont pas jaloux pour une raison
Mais parce qu'ils sont jaloux. La jalousie ? Un monstre
Qui s'engendre lui-même et se nourrit de soi.
(But jealous souls will not be answer'd so ;
They are not ever jealous for the cause,
But jealous for they 're jealous : 'tis a monster,
Begot upon itself, born on itself.)
Acte III, Scène 4.
IAGO : Les hommes sont des hommes, les meilleurs quelquefois s'oublient.
(But men are men, the best sometimes forget.)
CASSIO : Ô Dieu, dire que les hommes peuvent se mettre un ennemi dans leur bouche [l'alcool], pour leur voler leur cervelle ! Dire que nous trouvons joie et amusement et plaisir à nous transformer en bêtes, et que nous nous applaudissons de le faire !
( O God, that men should put an ennemy in their mouths, to steal away their brains ; that we should with joy, revel, pleasure and applause transform ourselves into beasts !)
Acte II, Scène 3.
Acte II, Scène III
IAGO (à RODERIGO)
(...) Il y a bien des choses qui poussent vite sous le soleil, mais les plantes qui sont les premières à porter fruit commencent d'abord par fleurir. Patience donc !...
IAGO
- (...) Nous ne pouvons pas tous être les maîtres, et les maîtres ne peuvent pas tous être fidèlement servis. Vous remarquerez beaucoup de ces marauds humbles et agenouillés qui, raffolant de leur obséquieux servage, s'échinent, leur vie durant, comme l'âne de leur maître, rien que pour avoir la pitance. Se font-ils vieux, on les chasse : fouettez-moi ces honnêtes drôles !... Il en est d'autres qui, tout en affectant les formes et les visages du dévouement gardent dans leur cœur la préoccupation d'eux-mêmes, et qui, ne jetant à leur seigneur que des semblants de dévouement, prospèrent à ses dépens, puis, une fois leurs habits bien garnis, se font hommage à eux-mêmes. Ces gaillards-là ont quelque cœur, et je suis de leur nombre, je le confesse.
BRABANTIO : Et toi, qui es-tu donc, grossier personnage ?
IAGO : Un qui vient vous dire, monsieur, que votre fille et le More font la bête à deux dos, en ce moment même.
BRABANTIO : Tu es une canaille.
IAGO : Et vous un sénateur.
BRABANTIO : Tu répondras de ceci.
“Gémir sur un malheur passé, c’est le plus sûr moyen d’en attirer un autre.”
IAGO
L'idée est là, mais confuse encore : la fourberie ne se voit jamais de face qu'à l'œuvre.
LE DUC - [...] Déplorer un malheur fini et passé, c’est le sûr moyen d’attirer un malheur nouveau. Quand on ne peut sauver un bien que le sort nous ravit, on déjoue les rigueurs du sort, en les supportant avec patience. L’homme qu’on a volé et qui sourit vole lui-même quelque chose au voleur ; mais celui qui s’épuise en regrets inutiles se vole lui-même.
{Acte I - Scène 3}