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sur 191 notes
Une vieille femme, Hemda, vit sans doute ses derniers jours à l'hôpital de Jérusalem. Dans ses divagations, elle revit son enfance dans un kibboutz, son père , excessivement sévère et exigeant , sa mére souvent absente, son mariage avec un homme qu'elle n'aime pas....Elle n'a pas su aimer sa fille Dîna, car elle est venue au monde en même temps que la mort de son pére : " Cela avait formé un noeud gêné et putride qui, à chaque contact gênérait l'effroi...." Elle a adoré son fils , Avner , né deux ans plus tard. Elle le révère toujours....avocat, il s'occupe des bédouins, plaide pour les désarmés et les humiliés ....Il a épousé Salomé, son amour de jeunesse mais ils ne s'aiment plus, il quitte le foyer conjugal.Dina a épousé Amos. Elle renonce à une brillante carrière pour s'occuper de leur fille unique Nitzane, celle- ci adolescente s'êloigne d'elle. Malheureuse , elle décide d'adopter mais son mari refuse......
Tous ces êtres sont déchirés , ils ont construit des vies non désirées,avec des femmes ou des hommes qu'ils n'ont pas pu ou su aimer.....
Autour de l'accompagnement d'une mourante, l'auteure dépeint la quête de l'amour à l'heure des bilans, les relations étranges et mystérieuses tissées entre parents et enfants, tensions, ressentiments , peurs , colères , frustrations....amour?On se glisse dans l'intimité et les névroses des personnages, cela ressemble à un questionnement philosophique, universel qui nous oppresse ....
C'est un ouvrage très dense, à l'écriture pesante, chargée, pointilliste, sans un espace de légèreté ......une œuvre pessimiste, forte, psychologique, qui bouleverse et dérange!
Ce voyage dans la mémoire, les souvenirs, la destinée est poignant , authentique, fouillé, juste, digne, à la lecture difficile et exigeante! A ne pas conseiller à ceux qui n'ont pas le moral! La fin nous réconcilie un peu avec l'espoir !
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Jérusalem : une terre aux multiples Cultures, aux multiples croyances, qui voit s'affronter ses "enfants" qui ne parviennent à vivre ensemble que dans la violence et la haine.
Jérusalem : presque le reflet de l'âme de Hemda, le contour ombré de la vie de ses deux enfants.

Hemda se meurt. Dans ce lit où elle entreprend le dernier voyage, les souvenirs ressurgissent, les événements cruciaux de son passé affleurent, les lieux se dessinent avec intensité : peut-être pour permettre une ultime possibilité d'être vécus, d'être visités et que leur réalité s'écrive autre.


A son chevet, s'épanchent ses deux enfants.

Avner, le fils, le préféré, avocat des exclus, des expulsés, des chassés, gardien des Droits de l'Homme sur une terre où la cohabitation ne s'écrit qu'au fil des actes sanglants.
Sa vie familiale est un échec : un éternel combat avec celle qu'il a épousée pour fuir l'amour trop possessif d'une mère.
Avner qui s'autorise la flambée d'une passion ans espoir pour une femme qu'il sait inaccessible mais qui incarne, à ses yeux, l'amour partagé, incandescent, éternel et librement consenti, celui qu'il n'a jamais connu.

Dina, la fille, l'aînée, la sacrifiée, celle qui n'a pas reçu l'amour maternel. Sa mère lui a juste consenti le peu qu'elle avait reçu de sa propre mère. Un amour tout en ressentiment et teinté de reproches, tout en désinvolture et regrets.
Dina en plein affolement de la ménopause, de tout ce qu'elle suggère d'inéluctable et d'avenir, elle s'émeut d'entrer dans la partie de la vie stérile - à l'image de l'enfance, comme un retour vers celle-ci mais avec des promesses d'avenir bien ténues, sans espoirs auprès d'un mari distant et peu démonstratif et d'une fille adorée qui s'éloigne et s'émancipe. Pour continuer "d'exister", elle envisage d'adopter un enfant, pour l'aimer lui qui ne connaît peut-être même pas ce sentiment, pour l'aimer et être aimée surtout, elle qui a tant manqué.
Seule , contre les arguments d'un mari hostile à l'idée, elle s'enflamme pour cette seule espérance.


Au delà du roman, c'est un texte "d'écriture", une langue riche, travaillée, très ornée qui exhale et distille les beautés d'un territoire, d'une nation et des cultures qu'il porte. C'est un récit tout en introspection de ces êtres fracassés, de leurs âmes, condamnés à vivre ensemble mais qui n'éprouvent que peu ou trop les uns pour les autres et qui se comprennent à grande peine.
Ce n'est que quand ils se laisseront désormais habiter par la douceur, par l'indulgence, prenant, contre toute adversité les décisions qui les libèrent de leurs entraves réelles ou supposées, qu'ils atteindront la béatitude d'une vie pleine, auréolée de sentiments et d'attitudes bienveillants à l'égard d'autrui.

de ces êtres comme de la terre qu'ils foulent, c'est l'amour qui a manqué ou qu'ils ne savent pas donner, ou celui qu'ils ont construit pour entraver ceux qu'ils veulent retenir, qui les empêche ou les as empêchés tout simplement de vivre pleinement l'espace d'une existence.


Une très belle lecture d'une grande intensité...

(Juin 2022)
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Un livre exceptionnel, tant par ses qualités littéraires que par la finesse des analyses psychologiques.

En Israël, une mère, sa fille, son fils.

La mère, Hemda, âgée, en fin de vie, alterne lucidité et confusion. Que reste-t-il de sa vie ? Son passé, qui lui revient en souvenirs ou en divagations. Avant d'être une mère, elle a été une fille, élevée à la dure dans un kibboutz par un père pionnier qui lui a inspiré, qui lui inspire encore à la fois vénération et fureur ; fureur de ne jamais avoir été écoutée et comprise. Que reste-t-il encore ? Des regrets ; devenue mère quand elle a cessé d'être fille, elle n'a pas assez aimé sa propre fille et trop aimé son fils. Que faire de ce peu qui lui reste à vivre ? Trouver la paix ?

La fille, Dina, quadragénaire, mère à son tour, universitaire brillante. Un corps trop maigre, à l'image de son esprit tourmenté depuis l'enfance ; la frustration de ne pas exister pour sa mère ; un mari impénétrable ; une fille adolescente qui lui échappe. N'y a-t-il personne pour l'aimer ? Que restera-t-il de sa vie, que faire du reste de sa vie ? Finir une thèse d'histoire, naguère abandonnée ? Adopter un enfant, contre l'avis de son mari et de sa fille ?

Le fils, Avner, quadragénaire, père de 2 garçons, avocat des droits de l'homme. Un corps empâté, à l'image de sa mollesse de caractère. Etouffé par l'amour maternel, il a épousé à 20 ans sa première petite amie, devenue une mégère au physique épaissi ; ils ne se supportent plus, ce qui perturbe leur fils ainé. Que restera-t-il de sa vie, que sera le reste de sa vie ? Cette femme croisée de façon fugace aura-t-elle sa place ? Doit-il quitter le domicile conjugal ? Comment se rapprocher de son fils ?

Zeruya Shalev pénètre dans l'intimité quotidienne, dans les souvenirs, dans le tréfonds de l'âme de ses trois personnages. Elle les suit, les observe, les écoute. En même temps, elle est en eux, elle sait tout ce qu'ils pensent, tout ce qu'ils ressentent, elle connaît leurs espoirs, leurs craintes, leurs secrets.

Elle nous rapporte leurs gestes, leurs conversations, leurs pensées, au fil de leurs enchaînements, à la suite les uns des autres, dans un même alinéa, dans une même phrase, sans guillemets ou autre signe de ponctuation.

C'est extrêmement parlant. Et les trois dernières pages du livre, que j'ai relues plusieurs fois, sont très belles et très émouvantes.

Et moi, et vous, et nous, que restera-t-il de nos vies, que faire du reste de nos vies ?

Faut-il accepter simplement ce qui vient à nous, suivre ce que nous imposent ceux qui ont plus de caractère que nous, ou faut-il tracer nous-mêmes notre chemin, et donc l'imposer à nos proches au risque de les contrarier ?

Et si l'essentiel était l'amour - l'amour paternel, l'amour maternel, l'amour filial, l'amour tout court ... L'amour qu'on donne et celui qu'on reçoit.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Hemda Horowitch,une vieille femme est train de vivre ses derniers jours.Elle se souvient,de son enfance entre une mère absente et un père trop exigeant,de son mariage sans amour.Ses deux enfants,Avner son fils adoré et Dina sa fille mal-aimé,tout deux dans la quarantaine,se relaient à son chevet.La mère,la fille,le fils,tous des êtres malheureux ont construit des vies qu'ils n'ont pas désiré,épousé des hommes ou femmes qu'ils n'ont pas aimé,même si Dina semble aimer(?) encore le sien.C'est d'une tristesse infinie,alourdie par le style d'écriture très dense et très serrée de l'auteur.Beaucoup trop de flash-backs sur les mêmes sujets,lassent et étouffent.Le désamour général qui plane dans le livre est désolant.Il pompe l'énergie du lecteur,du moins valable dans mon cas.On a l'impression d'être dans un sous-marin,étant presque au trois-quart du livre dans les pensées des personnages.Mais j'aime Zeruya Shalev comme ecrivaine(son livre "Théra"est un de mes livres préférés),je dirais que dans l'ensemble elle maintient une parfaite maîtrise de la structure,qu'il y a beaucoup de passages brillants et émouvants et que j'aime bien la Fin!
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Edité en 2011 en Israël et paru en France en 2014, ce roman a été lauréat du prix Médicis étranger.

Nous sommes à Jérusalem. Une vieille femme, Hemda, se trouve à l'hôpital, et vit sans doute la toute dernière partie de sa vie. Elle se remémore les moments essentiels de son existence, en particulier de son enfance, et ses relations compliquées avec ses enfants qui viennent lui rendre visite. Dina, celle que sa mère n'a pas réussi à aimer et qui en a toujours souffert, et Avner, celui qui a été trop aimé, au point d'en étouffer. le frère et la soeur ne sont pas parvenus à surmonter le poids de ces relations compliquées, et leurs vies, aussi bien conjugales et familiales que professionnelles, sont dans des moments critiques. Mais paradoxalement, ce retour vers leur mère sur le point de mourir, provoque des remises en cause qui pourraient être bénéfiques.

Zeruya Shalev a incontestablement un grand talent, en particulier celui de dessiner des êtres, complexes et subtils. Ses personnages montrent progressivement plusieurs facettes, provoquant des sentiments et réactions, parfois opposés durant le déroulé du roman. Alors que tout paraissait joué, dans une sorte de noir uniforme, un peu déprimant à un moment du roman, elle arrive à donner un nouvel souffle au récit, à montrer comment les choses peuvent basculer, évoluer, à partir de pas grand-chose, de quelque chose qui paraît un peu absurde. Hemda, dans son état de quasi inconscience, en devient une sorte de bon génie, qui permet à ses enfants de se rapprocher, et de se raccrocher à un autre possible. C'est peut-être pas complètement vraisemblable, mais l'auteur maîtrise suffisamment son métier pour qu'on se le dise seulement une fois le livre refermé.

Je découvre Zeruya Shalev avec ce roman, et incontestablement c'est une auteure à suivre.
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Difficile de critiquer un livre aussi dense, à la très belle écriture, qui se déroule comme les vagues du lac auprès duquel Hemda, la mère, la grand-mère, l'ancienne petite fille, a grandi au sein d'un kibboutz, dont elle a fui un jour avec son mari et ses enfants, son fils et sa fille, pour s'installer à Jérusalem. Elle est à présent mourante et ressasse ses souvenirs. Son fils qu'elle a privilégié et qui est devenu avocat des droits de l'homme, tente de protéger les Arabes, tandis que son couple se déchire. Sa fille qui a un mari aimant et une fille qui se détache normalement à l'adolescence, en raison de ce vide nouveau dans sa vie, va imaginer adopter un enfant, ce que personne n'accepte.

Tout le livre pose la question de savoir à quoi faut-il consacrer sa vie lorsque la moitié si pas plus a déjà été vécue.

J'ai mis longtemps à lire ce livre, dont l'atmosphère ne se découvre que peu à peu. Aucun rythme trépident et pourtant ces vies israéliennes vécues au plus profond des personnages sont véritablement attachantes et méritent d'être découvertes. Je retiendrai en tout cas le nom de cette auteure pour me pencher sur un autre de ses romans et vérifier si elle atteint à nouveau ce niveau de vraie littérature.
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Que faire du restant de ses jours ? C'est la question que se posent Dina et Avner à l'âge où les perspectives d'avenir rétrécissent comme une peau de chagrin et où le passé parasite le présent. Dina, enseignante, mariée à un photographe célèbre, une fille unique adorable qui commence à prendre de la distance, a tout pour être heureuse mais son désir d'un second enfant, longtemps repoussé pour des raisons pratiques, se trouve anéanti par une ménopause précoce. Son frère, Avner, avocat des causes perdues, humilié par sa femme depuis des années, prend conscience que sa vie est à bout de souffle. Pendant ce temps, Hemda, leur mère, git dans son lit, revivant son enfance au kibboutz et toutes les frustrations de son existence, entre un fils adoré qui refuse son amour et une fille trop longtemps délaissée qui l'ignore. « Essayons de sauver ce qui reste de nos vies » chuchote Avner à sa femme.

Dans ce roman bouleversant, Zeruya Shalev explore avec talent toute la complexité des relations entre parents et enfants et les souffrances infinies et lourdes de conséquences causées par les refus d'aimer. L'empathie qu'elle déploie pour ce trio souffrant nous touche au plus profond de nous-même.
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Alors que leur mère, Hemda Horowitch, est sur le seuil de la mort, Avner et Dina se retrouvent face aux contradictions de leur propre vie, face à leurs insatisfactions et face à leurs regrets. Rattrapés par leurs instincts profonds, leurs manques et leurs fantasmes, ils vont déposer au pied du lit de leur mère leur vie entière, ils vont finalement venir chercher auprès d'elle ce réconfort qu'elle n'a jamais su leur apporter, elle qui s'est toujours enfermée dans ses rêveries. Au l'aube du reste de leur vie, ils se trouvent face à un choix : accepter de vivre le reste de leur vie de cette manière, ou tout tenter pour changer de vie. Mais à quarante ans passé, est-il trop tard pour reconstruire ce qui n'a pas été, trop tard pour être soi-même ?

Zeruya Shalev démontre ici tout le brio de son talent littéraire, encore plus que dans Douleur, que j'avais déjà beaucoup aimé. Dans une langue pleine d'urgence, intime à l'extrême, violente aussi parfois, elle nous parle des liens familiaux, de l'amour et du désamour, du désir de vivre et de celui de mourir. Elle nous restitue tout ce qui passe dans la tête de ses personnages, chaque réflexion, chaque rêverie, chaque envolée lyrique loin de la réalité du monde. Une telle transparence nous aspire dans leurs vies, dans leurs espoirs et dans leurs rêves, aucune distance possible dans la lecture, nous sommes eux, ils sont nous et nous cherchons tous à voir la lumière au bout du tunnel.

Aucune respiration dans ce texte, tout s'enchaîne, tout est lié – personnages, lieux, événements, aucun hasard n'est finalement à déplorer, tout n'est que le résultat fatidique de la course du destin. La seule force capable de détourner nos vies de cette route est celle de la folie, de l'inconscience de Dina quand elle veut adopter, d'Avner quand il cherche à retrouver cette femme, entraperçue à l'hôpital. C'est malgré leurs névroses, et finalement grâce à leur pouvoir métaphysique, qu'ils parviendront à changer « ce qui reste de leurs vies« .

Un roman bouleversant, un bijou de la littérature israélienne contemporaine, pouvant parler à chacun de nous, nous faire réfléchir sur nos vies, et nous donner un regain d'espoir après les eaux troubles.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Un très beau roman, très fort et touchant.
Il se passe à Jérusalem mais a une portée universelle tellement il parle à chacun de nous.
Hemda est une vieille dame à l'article de la mort. Elle revit alors son enfance dans un kibboutz, la sévérité de son père, son mariage avec un homme qu'elle n'aime pas. Elle repense à l'amour qu'elle a porté à ses enfants : sa fille Dina qu'elle a négligée et son fils Avner qu'elle a adoré.
Ceux ci sont présents près d'elle et se battent pour être plus heureux. Avner a épousé Salomé, son amour de jeunesse mais ils ne s'aiment plus, il est avocat et finit par quitter le foyer conjugal pour se retrouver. Dina a épousé Amos et renoncé à une brillante carrière pour s'occuper de leur fille unique. Celle-ci , adolescente, s'éloigne d'elle. Elle est malheureuse et regrette de ne pas avoir eu un autre enfant. Elle décide alors d'adopter mais son mari refuse.
Un roman très psychologique et profond et qui bouleverse.
un peu lourd peut être car parle de mort, regrets et sentiments négatifs. Nécessite un bon moral.
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Ce qui reste de nos vies” de Zeruya Shalev est un voyage dans les souvenirs. Les souvenirs d'Hemda, vieille femme alitée à l'hôpital de Jérusalem, qui vit ses derniers jours. Les souvenirs d'Avner, le fils préféré, et de Dina, tous deux dans la quarantaine. Les trois reparcourent le chemin de leurs vies pleines de frustrations, colères et anxiétés, qui les conduira à se reconstruire, cherchant à donner un sens à la vie.
Un hymne à la vie, à l'amour sous toutes ses formes, à l'importance de ne jamais abandonner, même à la fin de nos jours.
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