AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 191 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Edité en 2011 en Israël et paru en France en 2014, ce roman a été lauréat du prix Médicis étranger.

Nous sommes à Jérusalem. Une vieille femme, Hemda, se trouve à l'hôpital, et vit sans doute la toute dernière partie de sa vie. Elle se remémore les moments essentiels de son existence, en particulier de son enfance, et ses relations compliquées avec ses enfants qui viennent lui rendre visite. Dina, celle que sa mère n'a pas réussi à aimer et qui en a toujours souffert, et Avner, celui qui a été trop aimé, au point d'en étouffer. le frère et la soeur ne sont pas parvenus à surmonter le poids de ces relations compliquées, et leurs vies, aussi bien conjugales et familiales que professionnelles, sont dans des moments critiques. Mais paradoxalement, ce retour vers leur mère sur le point de mourir, provoque des remises en cause qui pourraient être bénéfiques.

Zeruya Shalev a incontestablement un grand talent, en particulier celui de dessiner des êtres, complexes et subtils. Ses personnages montrent progressivement plusieurs facettes, provoquant des sentiments et réactions, parfois opposés durant le déroulé du roman. Alors que tout paraissait joué, dans une sorte de noir uniforme, un peu déprimant à un moment du roman, elle arrive à donner un nouvel souffle au récit, à montrer comment les choses peuvent basculer, évoluer, à partir de pas grand-chose, de quelque chose qui paraît un peu absurde. Hemda, dans son état de quasi inconscience, en devient une sorte de bon génie, qui permet à ses enfants de se rapprocher, et de se raccrocher à un autre possible. C'est peut-être pas complètement vraisemblable, mais l'auteur maîtrise suffisamment son métier pour qu'on se le dise seulement une fois le livre refermé.

Je découvre Zeruya Shalev avec ce roman, et incontestablement c'est une auteure à suivre.
Commenter  J’apprécie          364
Difficile de critiquer un livre aussi dense, à la très belle écriture, qui se déroule comme les vagues du lac auprès duquel Hemda, la mère, la grand-mère, l'ancienne petite fille, a grandi au sein d'un kibboutz, dont elle a fui un jour avec son mari et ses enfants, son fils et sa fille, pour s'installer à Jérusalem. Elle est à présent mourante et ressasse ses souvenirs. Son fils qu'elle a privilégié et qui est devenu avocat des droits de l'homme, tente de protéger les Arabes, tandis que son couple se déchire. Sa fille qui a un mari aimant et une fille qui se détache normalement à l'adolescence, en raison de ce vide nouveau dans sa vie, va imaginer adopter un enfant, ce que personne n'accepte.

Tout le livre pose la question de savoir à quoi faut-il consacrer sa vie lorsque la moitié si pas plus a déjà été vécue.

J'ai mis longtemps à lire ce livre, dont l'atmosphère ne se découvre que peu à peu. Aucun rythme trépident et pourtant ces vies israéliennes vécues au plus profond des personnages sont véritablement attachantes et méritent d'être découvertes. Je retiendrai en tout cas le nom de cette auteure pour me pencher sur un autre de ses romans et vérifier si elle atteint à nouveau ce niveau de vraie littérature.
Commenter  J’apprécie          223
Alors que leur mère, Hemda Horowitch, est sur le seuil de la mort, Avner et Dina se retrouvent face aux contradictions de leur propre vie, face à leurs insatisfactions et face à leurs regrets. Rattrapés par leurs instincts profonds, leurs manques et leurs fantasmes, ils vont déposer au pied du lit de leur mère leur vie entière, ils vont finalement venir chercher auprès d'elle ce réconfort qu'elle n'a jamais su leur apporter, elle qui s'est toujours enfermée dans ses rêveries. Au l'aube du reste de leur vie, ils se trouvent face à un choix : accepter de vivre le reste de leur vie de cette manière, ou tout tenter pour changer de vie. Mais à quarante ans passé, est-il trop tard pour reconstruire ce qui n'a pas été, trop tard pour être soi-même ?

Zeruya Shalev démontre ici tout le brio de son talent littéraire, encore plus que dans Douleur, que j'avais déjà beaucoup aimé. Dans une langue pleine d'urgence, intime à l'extrême, violente aussi parfois, elle nous parle des liens familiaux, de l'amour et du désamour, du désir de vivre et de celui de mourir. Elle nous restitue tout ce qui passe dans la tête de ses personnages, chaque réflexion, chaque rêverie, chaque envolée lyrique loin de la réalité du monde. Une telle transparence nous aspire dans leurs vies, dans leurs espoirs et dans leurs rêves, aucune distance possible dans la lecture, nous sommes eux, ils sont nous et nous cherchons tous à voir la lumière au bout du tunnel.

Aucune respiration dans ce texte, tout s'enchaîne, tout est lié – personnages, lieux, événements, aucun hasard n'est finalement à déplorer, tout n'est que le résultat fatidique de la course du destin. La seule force capable de détourner nos vies de cette route est celle de la folie, de l'inconscience de Dina quand elle veut adopter, d'Avner quand il cherche à retrouver cette femme, entraperçue à l'hôpital. C'est malgré leurs névroses, et finalement grâce à leur pouvoir métaphysique, qu'ils parviendront à changer « ce qui reste de leurs vies« .

Un roman bouleversant, un bijou de la littérature israélienne contemporaine, pouvant parler à chacun de nous, nous faire réfléchir sur nos vies, et nous donner un regain d'espoir après les eaux troubles.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          172
Un très beau roman, très fort et touchant.
Il se passe à Jérusalem mais a une portée universelle tellement il parle à chacun de nous.
Hemda est une vieille dame à l'article de la mort. Elle revit alors son enfance dans un kibboutz, la sévérité de son père, son mariage avec un homme qu'elle n'aime pas. Elle repense à l'amour qu'elle a porté à ses enfants : sa fille Dina qu'elle a négligée et son fils Avner qu'elle a adoré.
Ceux ci sont présents près d'elle et se battent pour être plus heureux. Avner a épousé Salomé, son amour de jeunesse mais ils ne s'aiment plus, il est avocat et finit par quitter le foyer conjugal pour se retrouver. Dina a épousé Amos et renoncé à une brillante carrière pour s'occuper de leur fille unique. Celle-ci , adolescente, s'éloigne d'elle. Elle est malheureuse et regrette de ne pas avoir eu un autre enfant. Elle décide alors d'adopter mais son mari refuse.
Un roman très psychologique et profond et qui bouleverse.
un peu lourd peut être car parle de mort, regrets et sentiments négatifs. Nécessite un bon moral.
Commenter  J’apprécie          160
Magnifique prix Fémina étranger 2014.
Hemda arrive à la fin de sa vie, elle divague et se remémore son enfance entre une mère absente et un père qui lui donne une éducation très dure, elle parle de "cruelle sévérité". Elle pense à ses enfants qu'elle n'a pas su aimer, sa fille Dina, née au moment du décès de son père, qu'elle a délaissée et même repoussée et son fils Avner, avec qui elle s'est montrée possessive et surprotectrice. Mais, même à l'heure de sa mort, son esprit est envahi par ses parents et non par ses enfants, trop préoccupée qu'elle est par ses parents pour pouvoir faire une place à ses enfants.
Ses 2 enfants sont malheureux. Avner, avocat de gauche qui défend Bédouins et Palestiniens, est mal marié, il est incapable d'aimer son fils aîné. Dina n'a plus de goût à la vie depuis qu'elle se sent vieillir et qu'elle voir sa fille unique s'éloigner, son seul espoir est d'adopter un enfant, une idée qui devient une obsession, malgré l'opposition de son mari.
Les personnages secondaires sont intéressants également : Rachel la garde malade qui a du faire adopter son fils, le pêcheur qui a perdu sa femme lors de l'accouchement de leur premier enfant, Anati la stagiaire d'Avner.
Ce livre parle des couples, des relations parents-enfants, de la reproduction des erreurs : Hemda n'a pas assez aimé sa fille, elle a trop aimé son fils, elle a échoué avec les deux qui, à leur tour, reproduisent ses erreurs.
Mais confrontés à la fin proche de leur mère, l'heure est au bilan et c'est le moment où ils commencent à penser au reste de leur vie, et chacun d'eux se bat pour la changer. Et même Hemda, qui va mourir, ressent le besoin de changer, la manière dont elle encourage Dina à adopter, alors que tout le monde lui dit qu'elle est folle, est le plus beau cadeau qu'elle puisse lui faire.
En toile de fond de cette histoire, on découvre la société israélienne, la vie en kibboutz (l'auteure n'est pas tendre....), le conflit israélo-palestinien avec insécurité et attentats.
Ce livre, au début, est pesant car d'une tristesse infinie; il ne faut surtout pas s'arrêter à ça car la suite est magnifique.
C'est un livre sur l'espoir et la réconciliation, sur l'idée qu'il n'est jamais trop tard pour corriger ou recommencer. La fin est très belle.
Livre dense et poignant porté par une magnifique écriture envoutante même si j'ai trouvé la lecture par moments difficile ou plutôt exigeante.
Commenter  J’apprécie          80
J'ai beaucoup aimé ce roman de Zeruya Shalev, paru en 2014.
Au début du roman, Hemda, la mère, est hospitalisée à Jérusalem. Dina, la fille aînée enseignante dans une grande école, est en pleine crise de la quarantaine. Et Avner, le fils cadet avocat, est en pleine tourmente dans son couple et dans sa vie.
Cette mère et ses enfants réalisent que le temps est passé en laissant derrière eux une partie de leurs vies. Chacun ressent alors l'urgence de décider de vivre pleinement "ce qui reste de [leurs] vies". Pour cela, une introspection dans leur passé nous apprend la vie dans les kibboutz en Galilée dans les années 60, ainsi que celle des quartiers de Jérusalem des années 2000, soit l'enfance des différents protagonistes.
L'écriture fluide et touchante de Zeruya Shalev nous fait oublier les libertés prises parfois au niveau du style, et qui pourraient en gêner certains. Par exemple, les dialogues ne sont jamais notés: les mots écrits les uns derrière les autres s'enchaînent sans retour à la ligne, et parfois même sans mentionner l'énonciateur.
Ce roman qui a obtenu le prix femina étranger en 2014 mérite pleinement que l'on s'y intéresse et qu'on le lise. Alors, si vous êtes à court d'idées pour vos prochaines lectures...
Commenter  J’apprécie          60
Livre dense et pas très amusant. C'est pourtant un livre d'amour dans lequel les personnages cherchent davantage donner de l'amour qu'a en recevoir. Un réseau, au sens de toile d'araignée, s'est créé entre les personnages au fil de 4 générations et les englue. Certains cherchent à s'en libérer en inventant des fantasmes puisés à l'extérieur de l'histoire familiale : adopter un enfant, se faire consoler par la maîtresse d'un défunt.
A ne pas lire si vous cherchez : joie, légèreté, histoire captivante.
A lire si vous recherchez une belle écriture (et donc une bonne traduction), de la complexité dans les relations entre les personnes, des introspections.
Commenter  J’apprécie          60
À Jérusalem, Hemda va bientôt mourir. La vieille dame s'enfonce lentement et les souvenirs lui reviennent: son enfance et son père autoritaire, son mariage de raison comme échappatoire, sa vie au kibboutz, puis son rejet de cette communauté étouffante, et ses enfants Avner et Dina.
Avner et Dina sont maintenant des adultes, ayant chacun fondé une famille. Très différents, ils ont cependant en commun d'aller très mal. Malheureux en ménage, Avner est un avocat: il a embrassé la cause des bédoins et des palestiniens, et son cabinet bat de l'aile. Professeur d'université, Dina se sent abandonnée par tous, par son corps ménopausé, par sa fille tout juste entrée dans l'adolescence, par son mari qui n'entend pas sa détresse.
C'est donc un roman qui parle de gens qui ne vont pas bien, dans un pays qui ne va pas bien non plus...Dit comme ça, ce n'est pas très vendeur. Pourtant j'ai adoré et je le conseille.Car l'écriture de Zeruya Shalev est splendide et ses personnages tout simplement magnifiques. La construction du livre est parfaite: alors qu'Hemda quitte ce monde, ses enfants y retrouvent leur place.
Une oeuvre à explorer, sans aucun doute.
Commenter  J’apprécie          60
Ce qui reste de nos vies /Zeruya Shalev
Hemda Horowitch, la mère de Dina et Avner, est à l'hôpital à Jérusalem à la suite d'un malaise.
Hemda est une vieille femme qui n'a pas aimé Alik son mari, une enseignante qui n'a jamais aimé enseigner, une mère qui n'a jamais su élever ses enfants. Elle est née au kibboutz qu'elle finira par quitter après un mariage sans amour.
Le couple Dina-Amos, qui a une fille Nitzane, bat de l'aile depuis un certain voyage à Venise. Dina, professeur d'histoire médiévale a 46 ans, et songe que sa vie est devenue un terne engrenage et qu'elle a eu tort d'accepter dès le départ ce qu'elle n'aurait jamais dû accepter de la part d'Amos, photographe professionnel, qui ne sait détacher son regard des corps des femmes qu'ils croisent.
Par ailleurs Dina souhaiterait de façon obsessionnelle avoir encore un enfant mais Amos fait la sourde oreille. Se voyant vieillir, elle est prête à recourir à l'adoption au grand dam de sa fille et de son mari. Elle n'ignore pas que l'adoption, c'est un pari à hauts risques, qui ne peut s'envisager qu'avec énormément de soutien et de détermination. La cassure du couple menace ainsi que l'éloignement de Nitzane. Sera-ce un motif de séparation entre Dina et Amos ?
« Ce n'est pas parce qu'un enfant est en manque d'affection qu'il s'abandonnera à l'amour que vous avez pour lui, au contraire, il n'a pas l'habitude d'être aimé et n‘y voit qu'une menace. »
Avner, le frère de Dina, marié à Salomé, est avocat, défenseur des pauvres et des déshérités et notamment des Bédouins, ces tribus en voie de disparition, ces âmes libres du désert, fiers nomades que l'état israélien veut sédentariser et qui sont à présent réduits à ramasser les ordures aux abords des villes.
Avner et Salomé s'éloignent peu à peu l'un de l'autre et s'accrochent pour un rien. Ils ont deux enfants.
Lors d'une visite à sa mère à l'hôpital, Avner est ébloui par une femme au chemisier rouge, qui se tient aux côtés du malade voisin, son amant. Une relation curieuse va s'établir entre Avner et Talya.
Ce roman qui mêle le passé et le présent, est écrit dans un très beau style précis et puissant. Quoiqu'un peu pesant et alourdi par les analepses fréquents.
Il nous met en lumière les conflits, les blessures et les frustrations qui peuvent naître dans les relations entre parents et enfants et entre mari et femme.

Alternent des chapitres concernant le passé de Hemda lorsqu'elle habitait encore au kibboutz au pied du mont Hermon en Haute Galilée et d'autres se rapportant soit au couple Dina/Amos soit Salomé/Avner. Des couples ballottés par les aléas de la vie, et qui connaissent les problèmes de milliers de couples de par le monde.
La construction est complexe et parfois désordonnée à mon sens. Un évident éparpillement des thèmes entraine un manque d'unité et de lien entre les situations.
Les très longues phrases (d'une page souvent) ne sont pas de nature à faciliter la lecture surtout quand dans la même phrase deux époques ou deux sujets différents sont évoqués, induisant parfois une distorsion dans la chronologie de la narration.
Une certaine monotonie et morosité se dégagent du récit, dues sans doute à l'usage du présent de l'indicatif. La lecture est même déprimante.
J'ai noté une ou deux fautes de français dans la traduction. Coquille ou non ?
D'autre part lorsque débute un nouveau chapitre, il est parfois difficile de savoir de qui il s'agit car les noms ne sont pas toujours précisés et ce n'est qu'au bout d'une ou deux pages que l'on sait qui est concerné.
En définitive, un roman sérieux mais avec quelques imperfections.


Commenter  J’apprécie          50
Les relation filiales, fraternelles et conjugales forment la trame romanesque, vouée à une triple quête identitaire mue par les circonstances : l'agonie de la mère : Hedma, la rencontre d'un couple amoureux, confronté lui aussi à la mort, par Avner le fils d'Hedma , les interrogations d'Evna sa soeur sur son propre destin de mère.
La matière première du roman est celle des sentiments expérimentés et supposés par chacun, selon la perception de l'amour qu'il a reçu et de celui qu'il a offert.
Dès lors que va-t-il faire de ce qui reste de sa vie ?
Hedma jusqu'à son dernier souffle, Dina et Avener dans un second souffle vont chacun à leur manière faire le même choix, celui de donner de l'amour sans attente de réciprocité. C'est ainsi que j'ai compris le roman, tout en m'interrogeant si c'est en raison de leur lien familial ou de leur propre trajectoire qu'ils font ce choix.
Le texte est dense écrit en continu ; les descriptions, les monologues, les dialogues se succèdent sans saut de ligne, ce qui, imposant une lecture très attentive, permet d'éprouver les sentiments, de saisir les hésitations et les intentions des protagonistes donc de rentrer pleinement dans le roman ; le lecteur en partage alors la réussite avec l'auteur.
Une fois fermé le livre, on comprend aussi davantage le vécu des Israéliens depuis la création de leur Etat et aujourd'hui.

Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (537) Voir plus



Quiz Voir plus

Douleur

Le père d'iris est mort dans son tank après l'explosion d'une bombe. Pour quelle guerre avait-il été mobilisé ?

La guerre des 6 jours
La guerre du Kippour
La première intifada

10 questions
5 lecteurs ont répondu
Thème : Douleur de Zeruya ShalevCréer un quiz sur ce livre

{* *}