Ce qui reste de nos vies /
Zeruya Shalev
Hemda Horowitch, la mère de Dina et Avner, est à l'hôpital à Jérusalem à la suite d'un malaise.
Hemda est une vieille femme qui n'a pas aimé Alik son mari, une enseignante qui n'a jamais aimé enseigner, une mère qui n'a jamais su élever ses enfants. Elle est née au kibboutz qu'elle finira par quitter après un mariage sans amour.
Le couple Dina-Amos, qui a une fille Nitzane, bat de l'aile depuis un certain voyage à Venise. Dina, professeur d'histoire médiévale a 46 ans, et songe que sa vie est devenue un terne engrenage et qu'elle a eu tort d'accepter dès le départ ce qu'elle n'aurait jamais dû accepter de la part d'Amos, photographe professionnel, qui ne sait détacher son regard des corps des femmes qu'ils croisent.
Par ailleurs Dina souhaiterait de façon obsessionnelle avoir encore un enfant mais Amos fait la sourde oreille. Se voyant vieillir, elle est prête à recourir à l'adoption au grand dam de sa fille et de son mari. Elle n'ignore pas que l'adoption, c'est un pari à hauts risques, qui ne peut s'envisager qu'avec énormément de soutien et de détermination. La cassure du couple menace ainsi que l'éloignement de Nitzane. Sera-ce un motif de séparation entre Dina et Amos ?
« Ce n'est pas parce qu'un enfant est en manque d'affection qu'il s'abandonnera à l'amour que vous avez pour lui, au contraire, il n'a pas l'habitude d'être aimé et n‘y voit qu'une menace. »
Avner, le frère de Dina, marié à Salomé, est avocat, défenseur des pauvres et des déshérités et notamment des Bédouins, ces tribus en voie de disparition, ces âmes libres du désert, fiers nomades que l'état israélien veut sédentariser et qui sont à présent réduits à ramasser les ordures aux abords des villes.
Avner et Salomé s'éloignent peu à peu l'un de l'autre et s'accrochent pour un rien. Ils ont deux enfants.
Lors d'une visite à sa mère à l'hôpital, Avner est ébloui par une femme au chemisier rouge, qui se tient aux côtés du malade voisin, son amant. Une relation curieuse va s'établir entre Avner et Talya.
Ce roman qui mêle le passé et le présent, est écrit dans un très beau style précis et puissant. Quoiqu'un peu pesant et alourdi par les analepses fréquents.
Il nous met en lumière les conflits, les blessures et les frustrations qui peuvent naître dans les relations entre parents et enfants et entre
mari et femme.
Alternent des chapitres concernant le passé de Hemda lorsqu'elle habitait encore au kibboutz au pied du mont Hermon en Haute
Galilée et d'autres se rapportant soit au couple Dina/Amos soit Salomé/Avner. Des couples ballottés par les aléas de la vie, et qui connaissent les problèmes de milliers de couples de par le monde.
La construction est complexe et parfois désordonnée à mon sens. Un évident éparpillement des thèmes entraine un manque d'unité et de lien entre les situations.
Les très longues phrases (d'une page souvent) ne sont pas de nature à faciliter la lecture surtout quand dans la même phrase deux époques ou deux sujets différents sont évoqués, induisant parfois une distorsion dans la chronologie de la narration.
Une certaine monotonie et morosité se dégagent du récit, dues sans doute à l'usage du présent de l'indicatif. La lecture est même déprimante.
J'ai noté une ou deux fautes de français dans la traduction. Coquille ou non ?
D'autre part lorsque débute un nouveau chapitre, il est parfois difficile de savoir de qui il s'agit car les noms ne sont pas toujours précisés et ce n'est qu'au bout d'une ou deux pages que l'on sait qui est concerné.
En définitive, un roman sérieux mais avec quelques imperfections.