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3,59

sur 191 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jérusalem : une terre aux multiples Cultures, aux multiples croyances, qui voit s'affronter ses "enfants" qui ne parviennent à vivre ensemble que dans la violence et la haine.
Jérusalem : presque le reflet de l'âme de Hemda, le contour ombré de la vie de ses deux enfants.

Hemda se meurt. Dans ce lit où elle entreprend le dernier voyage, les souvenirs ressurgissent, les événements cruciaux de son passé affleurent, les lieux se dessinent avec intensité : peut-être pour permettre une ultime possibilité d'être vécus, d'être visités et que leur réalité s'écrive autre.


A son chevet, s'épanchent ses deux enfants.

Avner, le fils, le préféré, avocat des exclus, des expulsés, des chassés, gardien des Droits de l'Homme sur une terre où la cohabitation ne s'écrit qu'au fil des actes sanglants.
Sa vie familiale est un échec : un éternel combat avec celle qu'il a épousée pour fuir l'amour trop possessif d'une mère.
Avner qui s'autorise la flambée d'une passion ans espoir pour une femme qu'il sait inaccessible mais qui incarne, à ses yeux, l'amour partagé, incandescent, éternel et librement consenti, celui qu'il n'a jamais connu.

Dina, la fille, l'aînée, la sacrifiée, celle qui n'a pas reçu l'amour maternel. Sa mère lui a juste consenti le peu qu'elle avait reçu de sa propre mère. Un amour tout en ressentiment et teinté de reproches, tout en désinvolture et regrets.
Dina en plein affolement de la ménopause, de tout ce qu'elle suggère d'inéluctable et d'avenir, elle s'émeut d'entrer dans la partie de la vie stérile - à l'image de l'enfance, comme un retour vers celle-ci mais avec des promesses d'avenir bien ténues, sans espoirs auprès d'un mari distant et peu démonstratif et d'une fille adorée qui s'éloigne et s'émancipe. Pour continuer "d'exister", elle envisage d'adopter un enfant, pour l'aimer lui qui ne connaît peut-être même pas ce sentiment, pour l'aimer et être aimée surtout, elle qui a tant manqué.
Seule , contre les arguments d'un mari hostile à l'idée, elle s'enflamme pour cette seule espérance.


Au delà du roman, c'est un texte "d'écriture", une langue riche, travaillée, très ornée qui exhale et distille les beautés d'un territoire, d'une nation et des cultures qu'il porte. C'est un récit tout en introspection de ces êtres fracassés, de leurs âmes, condamnés à vivre ensemble mais qui n'éprouvent que peu ou trop les uns pour les autres et qui se comprennent à grande peine.
Ce n'est que quand ils se laisseront désormais habiter par la douceur, par l'indulgence, prenant, contre toute adversité les décisions qui les libèrent de leurs entraves réelles ou supposées, qu'ils atteindront la béatitude d'une vie pleine, auréolée de sentiments et d'attitudes bienveillants à l'égard d'autrui.

de ces êtres comme de la terre qu'ils foulent, c'est l'amour qui a manqué ou qu'ils ne savent pas donner, ou celui qu'ils ont construit pour entraver ceux qu'ils veulent retenir, qui les empêche ou les as empêchés tout simplement de vivre pleinement l'espace d'une existence.


Une très belle lecture d'une grande intensité...

(Juin 2022)
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Un livre exceptionnel, tant par ses qualités littéraires que par la finesse des analyses psychologiques.

En Israël, une mère, sa fille, son fils.

La mère, Hemda, âgée, en fin de vie, alterne lucidité et confusion. Que reste-t-il de sa vie ? Son passé, qui lui revient en souvenirs ou en divagations. Avant d'être une mère, elle a été une fille, élevée à la dure dans un kibboutz par un père pionnier qui lui a inspiré, qui lui inspire encore à la fois vénération et fureur ; fureur de ne jamais avoir été écoutée et comprise. Que reste-t-il encore ? Des regrets ; devenue mère quand elle a cessé d'être fille, elle n'a pas assez aimé sa propre fille et trop aimé son fils. Que faire de ce peu qui lui reste à vivre ? Trouver la paix ?

La fille, Dina, quadragénaire, mère à son tour, universitaire brillante. Un corps trop maigre, à l'image de son esprit tourmenté depuis l'enfance ; la frustration de ne pas exister pour sa mère ; un mari impénétrable ; une fille adolescente qui lui échappe. N'y a-t-il personne pour l'aimer ? Que restera-t-il de sa vie, que faire du reste de sa vie ? Finir une thèse d'histoire, naguère abandonnée ? Adopter un enfant, contre l'avis de son mari et de sa fille ?

Le fils, Avner, quadragénaire, père de 2 garçons, avocat des droits de l'homme. Un corps empâté, à l'image de sa mollesse de caractère. Etouffé par l'amour maternel, il a épousé à 20 ans sa première petite amie, devenue une mégère au physique épaissi ; ils ne se supportent plus, ce qui perturbe leur fils ainé. Que restera-t-il de sa vie, que sera le reste de sa vie ? Cette femme croisée de façon fugace aura-t-elle sa place ? Doit-il quitter le domicile conjugal ? Comment se rapprocher de son fils ?

Zeruya Shalev pénètre dans l'intimité quotidienne, dans les souvenirs, dans le tréfonds de l'âme de ses trois personnages. Elle les suit, les observe, les écoute. En même temps, elle est en eux, elle sait tout ce qu'ils pensent, tout ce qu'ils ressentent, elle connaît leurs espoirs, leurs craintes, leurs secrets.

Elle nous rapporte leurs gestes, leurs conversations, leurs pensées, au fil de leurs enchaînements, à la suite les uns des autres, dans un même alinéa, dans une même phrase, sans guillemets ou autre signe de ponctuation.

C'est extrêmement parlant. Et les trois dernières pages du livre, que j'ai relues plusieurs fois, sont très belles et très émouvantes.

Et moi, et vous, et nous, que restera-t-il de nos vies, que faire du reste de nos vies ?

Faut-il accepter simplement ce qui vient à nous, suivre ce que nous imposent ceux qui ont plus de caractère que nous, ou faut-il tracer nous-mêmes notre chemin, et donc l'imposer à nos proches au risque de les contrarier ?

Et si l'essentiel était l'amour - l'amour paternel, l'amour maternel, l'amour filial, l'amour tout court ... L'amour qu'on donne et celui qu'on reçoit.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Que faire du restant de ses jours ? C'est la question que se posent Dina et Avner à l'âge où les perspectives d'avenir rétrécissent comme une peau de chagrin et où le passé parasite le présent. Dina, enseignante, mariée à un photographe célèbre, une fille unique adorable qui commence à prendre de la distance, a tout pour être heureuse mais son désir d'un second enfant, longtemps repoussé pour des raisons pratiques, se trouve anéanti par une ménopause précoce. Son frère, Avner, avocat des causes perdues, humilié par sa femme depuis des années, prend conscience que sa vie est à bout de souffle. Pendant ce temps, Hemda, leur mère, git dans son lit, revivant son enfance au kibboutz et toutes les frustrations de son existence, entre un fils adoré qui refuse son amour et une fille trop longtemps délaissée qui l'ignore. « Essayons de sauver ce qui reste de nos vies » chuchote Avner à sa femme.

Dans ce roman bouleversant, Zeruya Shalev explore avec talent toute la complexité des relations entre parents et enfants et les souffrances infinies et lourdes de conséquences causées par les refus d'aimer. L'empathie qu'elle déploie pour ce trio souffrant nous touche au plus profond de nous-même.
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Magnifique, c'est le premier mot auquel je pense en refermant ce livre. "Ce qui reste de nos vies" est un roman décrivant à la perfection les relations humaines qui peuvent être parfois compliquées, et ce au sein même d'une famille, d'un couple. Nous découvrons des hommes et des femmes meurtris par la vie, mais ayant toujours des attentes et des espoirs. Dina, par exemple, m'a beaucoup marquée avec ce besoin viscéral qu'elle ressent d'accueillir un nouvel enfant, et ce en dépit de tout, et même si cela peut éclater ce qui reste de sa famille. L'auteure décrit également très bien le mal-être, la routine qui s'installe au fil des ans, le rejet, la tristesse, le tout avec une grande sensibilité.

L'auteure a un style littéraire qui lui est propre, avec des phrases assez longues, entrecoupées de virgules, nous faisant parfois penser à du slam. La lecture est très agréable, et je pense que la lecture à haute voix pour ce livre est également un plaisir. Les mots sont bien trouvés, et l'auteure emploie de très belles métaphores, notamment pour décrire les sentiments humains.

Je souhaite également parler de la traduction, bien que ne connaissant pas l'hébreu et donc le texte original, j'ai l'impression qu'elle est très réussie. La traductrice semble en effet avoir réussi à garder le rythme de l'auteure et la beauté de la langue.
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"Ce qui reste de nos vies" Allongée sur son lit d'hôpital, c'est ce qu'Hemda tente de se rappeler.

(...)"comment ses jours s'étaient-ils succédé jusqu'à ce qu'elle aboutisse à cette chambre, à ce lit, de quoi s'étaient remplies les dizaines de milliers de jours qui avaient grimpé sur ce corps-là telle des fourmis sur un tronc d'arbre, son devoir était de s'en souvenir et voilà qu'elle n'y arrivait pas."(...)

Hemda a grandi dans un Kibboutz, une enfance difficile dominée par un père violent, exigeant qui lui a volé la joie et l'insouciance dont elle avait droit. Les souvenirs de la dureté de son enfance, de son mariage imposé demeurent vifs. Elle n'a rien choisi de sa vie ; tout lui a été imposé. Hemda a été soumise aux diktats d'un père et d'une société qui imposaient un modèle de conduite et de vie aux femmes.

Est-ce cela que ressentent avec force ses deux enfants Dina et Avner quand ils lui rendent visite. Dina, en apparence une femme accomplie avec une carrière universitaire, un mari et une fille, cache en réalité une profonde souffrance. Son apparence extérieure est un beau vernis dissimulant une lutte intérieure. Dina souffre d'anorexie mentale depuis son adolescence, une maladie qui symbolise un mal-être profond, celui de ne pas avoir était aimée par sa mère. Elle aspire à plus d'attention de la part de son mari et la relation fusionnelle qu'elle entretenait avec sa fille montre des signes de fracture.

Pour Avner c'est différent, il a été le fils adoré d'Hemda, enveloppé dans un amour étouffant il a été la cible des moqueries des garçons de son âge. Comment peut-on se construire, s'émanciper d'une mère surprotectrice ? Cette quête semble ardue, d'autant qu'Avner s'est marié très jeune avec son premier amour. La douce Salomé est devenue la mère de ses enfants mais s'est aussi transformée au fil des années en une femme aigrie qui ne ressemble plus à la jeune fille d'autrefois. Là aussi la façade lisse et brillante craquelle peu à peu de l'intérieur. Avner présente des signes de défaillance, des déséquilibres qui perturbent son quotidien. Son comportement révèle un besoin impérieux de changement, une volonté d'agir sur son propre destin. Avner prend la décision courageuse de quitter sa femme, de s'émanciper pour goûter enfin à la liberté qui lui a toujours échappé.

Dina ressent elle aussi la nécessité d'entreprendre quelque chose de puissant, de redessiner sa vie en prenant des risques, de bousculer son quotidien. Dina aspire à mener un projet majeur, celui d'adopter un enfant malgré le refus catégorique de son mari et de sa fille mais avec le soutien réconfortant de son frère

Dans ce roman, Zeruya Shalev fait dialoguer trois membres d'une même famille. La mère en fin de vie esquisse son histoire sur les pages d'un modeste cahier, une tentative de transmission à ses deux enfants. Ses derniers cherchent à s'émanciper, à s'affranchir de chemins tracés qui ne leur conviennent plus. Ainsi l'écrivaine explore une nouvelle fois les délicates relations familiales et les efforts courageux de chacun, pour prendre en main son propre destin, avec cette enivrante envie de liberté d'accomplir ses choix personnels. Etre fiers de ce qui va rester de leur vie...
Lien : http://ecriberte.over-blog.c..
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Et à présent, livre refermé, je reste enveloppée par cette beauté et par la douceur du roman de Zeruya Shalev. J'explore, j'effleure chacune de mes pensées et tente de saisir la plus fidèle à mes émotions encore visibles et vulnérables, j'hésite parmi des fragments de phrases maladroites mais n'en saisis aucun, ils s'envolent telle l'âme de Hemda.
Je reste silencieuse et garde le merveilleux, pourquoi l'extraire de moi ?
En larmes, j'ai laissé les enfants de Hemda, Dina et Avner, à ce qui reste de leurs vies, mais avec certitude, je retrouverai l'écriture de Zeruya Shalev.
Lien : https://eleonoreb.wordpress...
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Que devient un rêve ajourné? Peut-on le sacrifier? Et au nom de quelle réalité? C'est l'heure des bilans pour les Horowitch. Hemda est en fin de vie et dérive vers les souvenirs de « son lac », refuge de petite fille rêveuse contrariée par les exigences collectivistes du kibboutz où elle a grandi. Dina, son aînée qu'elle n'a pas su aimer, et Avner, son fils adoré, se retrouvent à son chevet, leurs rivalités d'enfance encore à vif malgré la cinquantaine qui approche. Un roman intime et lucide, qui met en lumière la nécessité d'affirmer et de construire maintenant ce qui restera de nos vies.
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Merveilleuse histoire familiale qui parcourt toute une vie. Livre parfait parce qu'il émeut, fait réfléchir et donc fait beaucoup de bien à celui qui le lit.
Lien : http://clubdelecture.tubize-..
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Ma-gni-fi-que !
Livre à relire tant il renferme de petites et de grandes leçons de vie !
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