Il est des femmes qui illuminent tant qu'elles aveuglent ceux qui connaissent leurs vérités.
Les filles de leur père sont plus épanouies, elles avancent avec davantage d'assurance, elles dansent avec plus de légèreté. Le destin tient dans ce regard, dans cette possibilité offerte ou niée.
Mais aussi : exercer un art n'est qu'un aveu d'échec. L'art viendra prendre la place à jamais vacante de l'amour. L'amour dont l'ont privée le père, la mère, les mentalités, ce qui se fait ce qui ne se fait pas, l'amour ne sera jamais compensé par un homme. Jamais. La poésie, la création retardent seulement l'instant du manque.
Mais en Iran, à Téhéran ou ailleurs, elle tresse des poèmes pour raconter ce qui aurait pu être, elle enchaine les vers pour compenser l'absence d'une vie au grand air, d'une vie où coucher avec un homme ne vous condamne pas. Si la poésie de Forough pue tellement la chair, c'est qu'elle est palliative au sexe proscrit.