Deuxième opus de la pentalogie
L'ombre du chardon,
Hôzuki* est un livre touchant, plein de charme qui mêle émotion, amour maternel et secrets de famille.
C'est la belle et mystérieu
se Mitsuko, dont nous avions fait furtivement la connaissance grâce à son camarade de clas
se Mitsuo, qui a la parole et nous raconte un pan de sa vie. La jeune femme a mis son projet à exécution et tient maintenant une librairie de livres d'occasion, essentiellement des ouvrages de philosophie, matière qu'elle affectionne particulièrement. Elle mène une vie paisible et harmonieuse avec sa mère, qui la seconde occasionnellement à la boutique, et son jeune fils Tarô, un garçonnet âgé de sept ans, métis et sourd de naissance. C'est un enfant aimant, intelligent et doué d'une grande maturité. Toutefois, chaque vendredi soir, Mitsuko, comme nous l'avions découvert dans le tome 1, travaille comme entraîneuse dans un bar très chic du centre-ville. Ce travail très lucratif lui permet d'assurer son indépendance financière et d'offrir à son fils une scolarité dans un établissement spécialisé. En même temps, elle apprécie cette soirée de discussions intellectuelles avec des clients érudits.
Cette vie équilibrée se poursuit tranquillement jusqu'au jour où une certaine Madame Sato, une femme élégante et distinguée, épouse de diplomate, entre dans la librairie accompagnée de sa fillette de quatre ans, Hanako, afin d'acquérir un certain nombre d'ouvrages. Les deux enfants, malgré le handicap de Tarô, sont immédiatement attirés l'un par l'autre, trouvent une belle complicité et s'amusent joyeusement, pour le plus grand plaisir de Madame Sato. Peut-être pourraient-ils se rencontrer à nouveau et nouer des relations amicales, suggère-t-elle… le lecteur sent la réticence de Mitsuko, femme indépendante qui ne souhaite se lier d'amitié avec quiconque, de crainte que son existence harmonieuse s'en trouve perturbée. A-t-elle des secrets bien cachés au fond d'elle-même ? Quel mystère entoure la naissance de Tarô ? Madame Sato tente bien également de lui faire des confidences sur sa propre vie, sa famille, son couple et ses états d'âme, mais se fait rabrouer sèchement. Insidieusement, n'essaie-t-elle pas de s'immiscer dans l'intimité de Mitsuko et d'en percer ses secrets ? Je n'en divulguerai pas davantage.
Une fois encore j'ai été touchée par l'écriture d'
Aki Shimazaki tout en finesse, sensibilité et pudeur. Elle a l'art de nous raconter des histoires, des tranches de vie émouvantes au sein de la société japonaise très codifiée. On en apprend beaucoup sur la culture et les rites du pays. Beaucoup de délicatesse et de subtilité dans ce court roman que j'ai dégusté tout tranquillement pour mieux en goûter les nuances et la subtilité. L'autrice a révélé dans un entretien que, dans ses livres, elle écrit « sur la vie et l'amour ». C'est effectivement ce qu'elle nous prouve dans chaque roman. Ici elle aborde avec une certaine retenue la force du lien maternel, qu'il soit biologique ou non… et c'est beau !
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Hôzuki = fleur de physalis en japonais