Citations sur Le poids des secrets, tome 2 : Hamaguri (79)
J'ai toujours seize ans quand je pense à cette fille. Son visage me revient à l'esprit. Elle s'amuse en revêtant mon gros manteau noir. Elle marche en sautillant dans le bois de bambous.
(…)
Elle a été ma seule amie et mon seul amour de jeunesse. Nous nous étions promis l'un à l'autre. Malheureusement, elle a épousé un autre homme. (p.99)
Je me demande : « Où est ma petite sœur ? Où est mon vrai père ? Sont-ils encore vivants ? » Ces questions me reviennent, sans cesse. Je ne me rappelle plus leur visage. Je ne sais toujours pas leur nom. Ma mère est la seule personne qui puisse répondre à mes questions. Pourtant, elle garde le silence même maintenant que mon père adoptif est mort depuis treize ans. (…) Mon regard se perd dans le miroir. Ma conscience s’éloigne.
Yukio, ne crois pas que j'ai sacrifié mes parents et l'héritage pour ma vie avec toi et ta mère. Au contraire, c'est vous qui m'avez sauvé de l'existence étroite que je vivais avec mes parents depuis mon enfance. J'étais trop obéissant pour leur faire plaisir. J'avais besoin d'une motivation déterminante pour leur échapper.
J'avais écouté ces derniers mots en pensant à la vie de ma mère. J'avais dit à mon père : "Peut-être ma mère avait-elle aussi besoin de toi. Tout est complémentaire (...) (p. 94)
Monsieur Horibe me prête des livres scientifiques. Cela me plaît beaucoup car il n'y a plus de livres qui m'intéressent maintenant. Le gouvernement interdit la vente de certains livres, surtout ceux d'origine étrangère.
Un jour, il me montre trois livres, intitulés en japonais : -Manifeste du parti communiste, Le Capital et - La Guerre civile en France-. Je lui demande : "Vous êtes communiste ?" Il me répond : "Non, mais lire ce genre de livre est aussi important pour acquérir des connaissances.
La lecture enrichit l’esprit. Il ne faut pas arrêter de lire à cause de la guerre. (p.54-55)
J'aurai bientôt dix ans. Maintenant, je suis capable de sortir seul plus loin qu'avant. C'est le début du printemps. Je monte sur la montagne d'où je peux voir la vallée entière. Le vent effleure doucement ma peau. J'aime l'odeur des herbes sauvages. Allongé dans l'herbe, je regarde le ciel clair. L'air pur. Les papillons volettent entre des fleurs sauvages. Les oiseaux chantent et passent au-dessus de moi en suivant celui qui mène la volée. Je ferme les yeux. La chaleur douce pénètre dans la peau. Je veux rester ainsi éternellement.
Je pense à ELLE, ma petite soeur qui était ma seule amie d'autrefois. Je suis heureux d'avoir une soeur comme ELLE. Je ne connais même pas son nom. J'ai cherché partout le coquillage qu'ELLE m'avait donné, mais je ne l'ai trouvé nulle part. Pourtant, j'ai le sentiment que nous nous rencontrerons un jour.
C'est le début du printemps. je monte sur la montagne d'où je peux voir la vallée entière. Le vent effleure doucement ma peau. J'aime l'odeur des herbes sauvages. allongé dans l'herbe, je regarde le ciel clair. L'air pur. Les papillons volettent entre des fleurs sauvages. Les oiseaux chantent et passent au-dessus de moi en suivant celui qui mène la volée. Je ferme les yeux. La chaleur douce pénètre dans ma peau.je veux rester ainsi éternellement.
Je pense à ELLE, ma petite sœur qui était ma seule amie d'autrefois. je suis heureux d'avoir une sœur comme ELLE. Je ne connais même pas son nom. j'ai cherché partout le coquillage qu'ELLE m'avait donné mais je ne l'ai trouvé nulle part. pourtant j'ai le sentiment que nous nous rencontrerons un jour.
Je demande :
- C'est quoi, épouser ?
ELLE répond :
- Tu ne sais pas ? Un homme et une femme habitent ensemble pour le reste de la vie et ils élèvent des enfants. L'homme travaille pour gagner de l'argent et la femme reste à la maison pour s'occuper des enfants. Mais il faut fêter le mariage avant ça.
Je comprends maintenant et dis :
-Alors j'aimerais épouser ma mère pour habiter avec elle pour le reste de ma vie...
Il n'y a plus de cours maintenant. Les étudiants de notre âge ou plus vieux doivent travailler dans une usine réquisitionnée par l'armée. Tous les matins, le directeur nous donne des instructions. Et de temps en temps, un commandant vient inspecter l'usine et nous fait un long discours...
Tout le monde écoute, silencieux. Les paroles offensantes pour l'armée sont interdites. Si on lui réplique, on est giflé.
Yukiko ne vient plus dans le bois de bambous. Je l'attends une semaine, deux semaines, trois semaines en vain. Je commence vraiment à m'inquiéter à son sujet. Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Est-elle tombée malade ? Je ne la vois jamais devant la maison...
Je reste maintenant seul dans le bois, le coeur brisé.