Il faut qu'on parle de Kevin

Il a haussé les épaules.
"Tu t'es tirée de cette affaire saine et sauve, non ? Sans une égratignure.
- Vraiment ? Et pour quelle raison, s'il te plaît ?
- Quand on monte un spectacle, on ne tire pas sur le public, a-t-il dit sans passion, en roulant quelque chose dans sa main droite.

Ce qu'on appelle un pays vraiment étranger est celui qui nourrit un désir poignant et perpétuel de rentrer chez soi.

" Khatchadourian ", a articulé la fille quand je lui ai tendu ma carte de paiement. À haute voix, comme si elle s'adressait à ceux qui attendaient derrière moi. On était en fin d'après-midi, en plein dans les horaires des boulots d'étudiants ; cette fille pouvait avoir dans les dix-sept ans, ce qui faisait d'elle une éventuelle camarade de classe de Kevin.
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On ne peut punir que des gens qui ont déjà un tout petit quelque chose de bon en eux.

En reconstituant cette tirade, je ne peux m'empêcher d'en lire la morale implicite : si les fusillades dans les lycées étaient vouées à la banalisation, les adolescents ambitieux ayant un faible pour les gros titres avaient intérêt à se lancer tant que le jeu valait la chandelle.

Pourtant, s'il n'y a aucune raison de vivre sans enfant, comment pouvait-il y en avoir une de vivre avec ? Répondre à une vie en lui faisant succéder une autre vie est un simple transfert des responsabilités sur la génération suivante ; un déplacement qui constitue un report lâche et potentiellement infini. On peut prévoir que la réponse de tes enfants sera de procréer à leur tour, et ce faisant de se soustraire, de se défausser de leur propre vide sur leur descendance.

"C'est quand il le mérite le moins qu'un enfant a besoin de votre amour", Erma Bombeck.

Si j'avais jamais nourri l'espoir de voir un jour mon fils manifester des qualités de meneur, ce n'est pas ce que j'avais en tête. Cependant, lorsque j'ai fait une réflexion sur ce thème, Miss Fabricant n'avais pas l'esprit à rire. J'ai senti que l'enthousiasme juvénile habituel avec lequel elle avait entrepris de transformer ces bouts de chou réceptifs en végétariens conscients de la multiculturalité, respectueux de l'environnement et prêts à corriger les inégalités dans le tiers-monde commençait à prendre de l'eau.

Rien n'est intéressant, si l'on n'est pas soi-même intéressé.

À l’instant précis où il est né, j’ai associé Kevin à mes propres limites – qui n’étaient pas seulement celles de la souffrance, mais celles de la défaite.