Citations sur Destination fin du monde (9)
Nick et Jane se réjouissaient d'être allés voir la fin du monde parce qu'ils disposaient d'un bon sujet de conversation pour la fête chez Mike et Ruby. On aime avoir quelque chose à raconter au cours d'une soirée.
On aime avoir quelque chose à raconter au cours d’une soirée.
« Eh oui ! La SF s’écrit maintenant au présent, ce qui veut dire qu’elle se vit au présent. Et le présent pouvant être schématiquement découpé en cinq ou six lignes de force précises (surpopulation, apothéose nucléaire, fascismes scientifiques, destruction de l’environnement, empoisonnement alimentaire et pharmacologique...), un écrivain de SF [...] ne peut pas ne pas tenir compte de ces données, ne peut pas ne pas les mettre à l’œuvre dans ses textes.»
- Jean-Pierre Andrevon, in Fiction, n° 265, janvier 1976
Ruby demanda à Mike : « Tu appelleras l’agence de voyages le lendemain des obsèques ? » Mike le lui promit, mais Tom déclara qu’il y avait des chances pour que le nouveau président soit assassiné à son tour et qu’il y ait d’autres obsèques. Ces funérailles flinguaient le produit national brut, fit remarquer Stan, puisque les entreprises devaient tout le temps fermer leurs portes.
« Quel tremblement de terre? demanda Paula.
— En Californie, dit Mike. Cet après-midi. Tu ne savais pas? Il a presque entièrement rasé Los Angeles et a remonté la côte jusqu’à Monterey. On pense que c’est le contrecoup de l’essai nucléaire souterrain dans le désert Mojave.
— Il y a toujours d’affreuses catastrophes en Californie, observa Marcia.
— Encore heureux que ce soit dans l’Est que ces amibes se soient répandues dans la nature! s’exclama Nick. S’ils avaient eu ça en plus à Los Angeles, ça leur compliquerait les choses !
— On parie ? rétorqua Tom. Deux contre un qu’elles se reproduisent par spores aériennes.
— Comme les germes de la typhoïde au mois de novembre dernier, renchérit Jane.
— C’était le typhus », rectifia Nick.
« Il y a deux semaines. L’agence de voyages m’appelle et me dit: “Devinez le produit qu’on propose maintenant: la fin de ce fichu monde!” Même avec toutes les options, ça ne coûtait pas trop cher. Alors, on a couru à l’agence. Samedi, je crois. À moins que ce ne soit vendredi... En tout cas c’était le jour de la grande émeute, quand ils ont mis le feu à Saint-Louis...
— C’était un samedi, fit Cynthia. Je rentrais du supermarché quand la radio a annoncé qu’ils se servaient d’armes nucléaires. »
« Flotter au niveau de la cime de l’Everest, c’était du tonnerre ! Il n’en restait guère plus de trois mètres. Et l’eau ne cessait de monter. De monter, de monter... Finalement, elle a tout recouvert. Plouf ! Plus de terre ferme. Je dois reconnaître que c’était un peu décevant, sauf bien sûr la notion même du voyage. »
« Oui, c’est tout récent. C’est l’agence de voyages qui nous a suggéré ça. On t’installe dans une machine, une sorte de minuscule sous-marin, avec des cadrans et des leviers derrière une paroi en plastique pour qu’on ne touche à rien, et on t’expédie dans l’avenir. Ils acceptent toutes les cartes de crédit en cours. »
« J’ai écrit When We Went to See the End of the World en juin 1971, alors que la guerre au Vietnam continuait d’ébranler les fondements de la vie américaine et qu’on remettait en question les certitudes héritées des années calmes et prospères de l’immédiat après-guerre. Cette histoire se voulait satirique (...). Nous avons survécu aux bouleversements des années 1970, quoiqu’au prix d’immenses transformations de notre société. À l’heure où j’écris ces lignes, un bouleversement plus vaste encore secoue le monde; nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une terrible pandémie, le Covid-19, qui bouscule de fond en comble nos confortables N existences. Durant toute ma vie d’écrivain, j’ai essayé d’entrevoir l’avenir; ce à quoi j’assiste aujourd’hui est tellement effrayant que l’avenir, je l’espère, apportera cette fois un démenti à ma vision de demain. »
- Robert Silverberg, le 30 mars 2020