L'exploration du passé permet de mettre la main sur quantités de connaissances qui autrement seraient perdues à jamais. Faudrait-il laisser se perdre le patrimoine culturel de l’humanité ?
Je n'aurais guère de mal à me convaincre que je suis à bord d'un bateau du vingtième siècle - un bateau d'un type un peu spécial, c'est vrai, comme dessiné par un type venu de nulle part et qui aurait inventé le concept du vaisseau de haute mer sans le moindre modèle de référence.
Je ne suis pas près d'oublier mon atterrissage . Comme si je frappais la surface de l'eau après un saut de l'ange complétement raté effectué depuis un plongeoir immensément haut.
Je me sens plus proche de lui que je ne l’ai jamais été d’aucun autre être humain. Je sais de quel côté de la bouche il préfère mâcher ses aliments, le nom du dieu qu’il blasphème quand il se cogne le doigt de pied contre une racine et toutes les mauvaises blagues qu’il faisait à son petit frère quand il était gamin.
Tout individu ayant vécu sur cette terre n’a plus de secrets pour les voyageurs temporels que nous sommes. On pourrait nous appeler les visiteurs-fouineurs du vingt-et-unième siècle. D’un autre côté puisque nous ne pouvons voyager dans le temps que sous la forme – ou plutôt la non-forme – d’impulsions électriques intangibles, nous n’avons guère le choix. L’exploration du passé permet de mettre la main sur quantité de connaissances qui autrement seraient perdues à jamais. Faudrait-il laisser se perdre le patrimoine culturel de l’humanité ?