Alors que
Maigret est en mission en province, un événement curieux l'amène à se mêler à une enquête de la gendarmerie : sur la route qui relie Nemours à Montargis, non loin de l'hôtel-restaurant L'Auberge aux Noyés, un camion a heurté une voiture qui a été précipitée dans le Loing. Lorsqu'on retire le véhicule de la rivière, on ne trouve pas trace d'occupants, mais dans le coffre est dissimulé le cadavre d'une femme, la gorge tranchée…
L'auberge aux noyés est une des meilleures nouvelles de la série : elle est bien structurée et l'intrigue, une mise en scène improvisée mais machiavélique, est tout à fait plausible. La « méthode
Maigret », cette « activité décousue » qui déconcerte ceux qui ignorent sa façon de procéder, fait merveille : le commissaire furète, observe sans grand souci de logique, jusqu'à ce que les éléments épars soient rassemblés et que l'affaire soit expliquée dans une reconstitution implacable. Et c'est
Maigret tel que nous le connaissons qui est ici à l'oeuvre : celui des mauvais jours, maussade et bougon, « les mains dans les poches de son pardessus, le chapeau melon transformé en réservoir d'eau » qui va se progressivement devenir un homme plus calme, plus confiant dans sa déduction qui ira jusqu'à déclarer : « La vie est belle ! »
On retrouve dans L'auberge aux noyés nombre d'éléments qui sont autant de repères dans la vie et la carrière de
Maigret : la rivière près d'un canal avec sa péniche et son marinier, l'auberge au bord de la Nationale 7, accueillante aux touristes et aux amoureux, la pluie froide qui accompagne tant d'enquêtes. Les références gastronomiques ne manquent pas : L'auberge aux noyés dont la table n'est pas fameuse mais où un journaliste a découvert un vouvray formidable, L'hôtel de la Cloche, à Montargis, à la cuisine beaucoup plus intéressante, le caboulot dans lequel
Maigret se régale d'un fricandeau à l'oseille après avoir dû se contenter de bière et de sandwiches au jambon… Quant aux personnages, tout oppose le respectable notaire de Versailles et le jeune homme « dévoyé » dans les bras duquel est tombée une jeune fille de bonne famille romanesque et exaltée (cf. une autre nouvelle,
L'étoile du Nord). Sans oublier les « seconds rôles », chauffeur routier, pompiste, journalistes et badauds, qui contribuent à rendre si vivants les nouvelles les romans écrits par
Simenon.
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