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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 1 sur 103
EAN : 9782266035736
Pocket (01/01/1977)
  Existe en édition audio
3.57/5   312 notes
Résumé :
Le commissaire Maigret, de la Première Brigade mobile, leva la tête, eut l'impression que le ronflement du poêle de fonte planté au milieu son bureau et relié au plafond par un gros tuyau noir faiblissait. Il repoussa le télégramme, se leva pesamment, régla la clef et jeta trois pelletées de charbon dans le foyer.
Après quoi, debout, le dos au mur, il bourra une pipe, tirailla son faux col qui, quoique très bas, le gênait.
Il regarda sa montre qui mar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (62) Voir plus Ajouter une critique
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Pour sa toute première irruption dans le monde romanesque, Maigret apparaît tel qu'il est désormais ancré dans notre imaginaire.
L'homme est déjà lourd et épais. Sa silhouette énorme remplit toutes les pièces dans lesquelles elle se trouve. Rien ne peut en venir à bout, rien ne peut la digérer. Elle détonne, elle surprend, elle dérange, que ce soit dans un hall de gare bondé, dans un hôtel grand luxe, ou dans le plus sordide des bouges parisiens.
Tout se rapetisse et perd de sa consistance au contact de ce géant débonnaire.
Maigret est d'un seul bloc. Son calme anormal inquiète et rend mal à l'aise. Son entêtement, son opiniâtreté est capable de déstabiliser, d'ébranler les adversaires les plus forts, les plus malins, les plus retors, les plus tortueux.
Maigret est ce genre d'homme à rester une nuit entière dissimulé sous un porche, son éternel pipe au bec, à attendre patiemment celui qu'il veut confondre.
Ils ont tué un de ses collègues. Presque un ami. Maigret, la rage au coeur, n'aura de cesse de poursuivre ses assassins : des hommes de l'est, aussi frêles, souples et sveltes que lui est épais, lourd et lent.
Maigret les traquera sans relâche et sans haine, avec une détermination farouche, dans l'aube grise, dans les rues hachurées par la pluie, sous les ors des grands hôtels de luxe, ou dans des ruelles boueuses ; il les traquera jusqu'à ce qu'ils demandent grâce.
Il y a dans le regard fatigué de Maigret, dans son silence bourru, dans sa lenteur de gros mammifère repus, une humanité, une bonté et une bienveillance qui vous saisit et vous touche.
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J'étais curieuse de voir à quoi ressemblait le célèbre commissaire Maigret à ses débuts. Mais dès le premier volet, publié en 1931, nous sommes directement poussés dans le grand bain. Difficile de deviner qu'il s'agit du premier volet de la série. Avec son pardessus noir, son imposante stature, sa pipe, ses penchants pour la bière, la bonne ripaille et ses manières bourrues, il est déjà tout à fait identifiable. Avec en plus une attirance irrépressible pour la chaleur d'un bon poêle, comme un félin en quête de quiétude (?). On aura même droit à une apparition de Mme Maigret.

C'est que notre policier a déjà de la bouteille. Il est commissaire de la première Brigade mobile, vous savez ces fameuses brigades mobiles créées par Georges Clemenceau et plus communément appelées Brigades du Tigre, depuis la série éponyme de Claude Desailly diffusée dans les années soixante-dix. Elles vont révolutionner les méthodes d'investigations policières. Toute une époque… Evidemment, nous sommes à des années lumières des techniques d'aujourd'hui mais peu importe. Maigret ne mise pas sur la technique mais sur la psychologie humaine, le décryptage des motivations des hommes. C'est ce qui fait sa force.

L'histoire démarre pourtant comme une affaire réglée d'avance. Averti de la présence de Pietr-le-Letton, escroc d'envergure internationale, dans l'Etoile-du-Nord (ancêtre du Thalys), Maigret est sûr de pouvoir l'identifier grâce à la description « photographique » qui lui a été transmise et notamment les détails de son oreille : « Pietr-le-Letton 32 169 01512 0224 0255 02732 03116 03233 03243 03325 03415 03522 04115 04144 04147 05221… etc. » eh oui, c'est bien notre malfrat. Dingue ce que quelques chiffres peuvent indiquer d'un homme !

Et il le repère en effet assez vite parmi la foule à la descente du quai. Sauf que… sauf que dans le compartiment où aurait dû voyager Pietr-le-Letton, devinez un peu ce qu'on découvre ? Un cadavre… un cadavre dont l'oreille correspond également parfaitement au signalement de Pietr-le-Letton. de quoi faire grogner notre commissaire.

C'est le début de longues filatures et savoureux rebondissements ...

Maigret va être sérieusement malmené mais il ne lâche rien. C'est un redoutable observateur qui se laisse guider par son instinct. Il est comme un chasseur à l'affut de sa proie qu'il cherche à pousser dans ses retranchements pour mieux la débusquer. Il y a vers la fin un formidable passage de connivence et respect mutuel entre le policier et le criminel, entre le traqueur et le traqué.

Chez Simenon, les coupables ne le sont jamais complétement, les innocents non plus. Ni blanc, ni noir, on oscille dans la grisaille et une certaine conception de la justice humaine (qui n'est pas forcément celle de la loi). Notre indémodable Maigret traverse les années en faisant voleter les particules de poussières et j'adore ! Un premier épisode très réussi.
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Cela fait un bon moment que je me demandais pourquoi ce Simenon apparaissait sur plusieurs listes de "livres qu'il faut avoir lus" : un petit polar à côté des grands noms de la littérature, pourquoi?
Parce que c'est le premier d'une longue série de Maigret, personnage désormais solidement inscrit dans le paysage? Parce que le style Simenon a lourdement influencé des générations d'auteurs de rompol et de romans noirs?
Peut-être, mais aussi je pense pour un talent indéniable à installer une atmosphère ou évoquer des lieux en quelques phrases; Paris est particulièrement bien rendue sous la plume de Simenon, les rues de la ville sautent littéralement aux yeux. Et puis il y a ce bonhomme, Maigret, taiseux, granitique, mais d'une pierre laissant poindre quelques fêlures...
Mais si toutes ces qualités s'appliquent, avec plus ou moins de pertinence au vu du nombre, à l'ensemble des Maigret, Pietr le Letton, publié en 1931, a je crois ce quelque chose en plus qui a fait qu'il se retrouve sur les fameuses listes, à savoir une mise en perspective particulièrement subtile, à travers une intrigue policière sur fonds de trafics internationaux, de toutes les tensions politiques qui secouent l'Europe entre les deux guerres : états baltes et Pologne sous menace soviétique secoués par leurs propres courants nationalistes, communautés juives d'Europe de l'Est prises entre ces feux, Europe occidentale sous influence américaine, élites industrielles et financières tirant les ficelles de l'ensemble... et notre brave commissaire au milieu, tenace et têtu, tenant de se réchauffer la couenne au premier poêle croisé - et Dieu sait s'il va en avoir besoin dans cette enquête!
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C'est enfin fait, je suis très contente, je lis pour la toute première fois un livre de l'auteur Georges Simenon ! J'ai fait une très belle excursion dans son riche univers…

C'est vraiment une très bonne histoire qui se lit toute seule, on découvre une plume posée, fluide et descriptive. Je découvre enfin mon commissaire Maigret, que je suis attentivement du début jusqu'à la fin. Il se dévoile peu à peu, même pendant son enquête sur ce Pietr-le-Letton, on remarque ses petites habitudes et sa manière bien à lui d'agir.

C'est un très bon enquêteur, il possède l'esprit d'équipe, et il se laisse beaucoup dicter par son instinct qui le guide dans cette enquête. J'adore le voir sous la pluie, rester solide comme un arbre et, même s'il dégoutte, quand il a une idée dans la tête il ne la lâche plus. Quand arrive un événement crucial, et qu'on voit notre inspecteur Maigret si bouleversé, cela vient nous toucher. Il poursuit coûte que coûte son enquête, même s'il est blessé physiquement et dans son coeur d'homme, il veut arrêter à tout prix les coupables de l'affaire dont il s'occupe. L'auteur Georges Simenon capte vraiment notre attention et j'aime beaucoup l'atmosphère sombre, inquiétante et mystérieuse dans laquelle il nous plonge. Alors je vous confirme que c'est vraiment réussi à mes yeux.

«Maigret ne possédait ni auto, ni million, ni collaborateurs multiples. Et, s'il se permettait de disposer d'un agent ou deux, il lui fallait s'expliquer ensuite sur leur utilité.»

En lisant mon premier roman policier de l'auteur Georges Simenon, je fais un petit clin d'oeil à mes amies et amis amateurs de littérature, qui le connaissent déjà. C'est super qu'on échange aisément, c'est ce qui fait la richesse de la lecture, de pouvoir partager si bien ensemble. J'adore la finale de l'auteur Georges Simenon où l'on voit aussi (un peu) l'arrivée de Madame Maigret… Je n'en dis pas plus, je laisse le loisir de le découvrir, à vous de tenter un "Maigret," ce personnage un peu fort qu'on doit assurément connaître…

Je vous mets le lien https://www.babelio.com/liste/3391/Vos-meilleures-pieces-du-puzzleGeorges-SIMENON, sélection de notre ami Dourvac'h ; sur son profil, vous pourrez trouver aussi les listes n°1, 2 et 3 de l'auteur Georges Simenon, reprenant tous ses romans et autres livres, tous classés par ordre chronologique. C'est une aide pour guider nos lectures.

Pour terminer, c'est une très belle découverte et j'ai hâte de lire mon prochain "Maigret", c'est pour bientôt ! C'est bien d'être entourée des lecteurs connaisseurs où tout le monde participe à sa façon, pour que les grands auteurs ne restent pas oubliés dans ce vaste monde livresque.

Siabelle
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Dans ce premier roman de la série, écrit en 1930, de palace en hôtel minable, de bar miteux en restaurant de luxe, sur les boulevards parisiens, sous la pluie normande, le commissaire Maigret est à la poursuite d'un mystérieux Letton, homme aux multiples visages, armateur norvégien, vagabond russe, escroc d'envergure internationale, sillonnant l'Europe, changeant constamment d'aspect.

Sa filature démarre gare du Nord à l'arrivée du train en provenance de Brème. A sa descente Pietr le Letton est pris en charge par un employé du palace le Majestic alors qu'un homme correspondant à son signalement est retrouvé assassiné dans les toilettes d'un des wagons...

L'enquête est rude, l'associé de Maigret va être assassiné, notre commissaire sera lui-même victime d'une tentative d'assassinat… L'atmosphère est là, le personnage est lancé, ce faux pantouflard, qui aime son confort, sa pipe, sa bière et son poêle, mais écoute son flair et son courage dès que l'affaire se complique… Et n'hésite pas à se mouiller, au propre comme au figuré.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Maigret était debout près du quai 11 où la foule attendait " l'Etoile du Nord ". Tous les grands hôtels, sans compter l'Agence Cook, étaient représentés.
Il ne bougeait pas. D'autres s'énervaient. Une jeune femme emmitouflée de vison, les jambes, par contre, gainées de soie invisible, allait et venait en martelant le sol de ses talons.
Lui restait là, énorme, avec ses épaules impressionnantes qui dessinaient une grande ombre. On le bousculait et il n'oscillait pas plus qu'un mur.
La lumière jaune du train pointa au loin. Puis ce fut le vacarme, les cris des porteurs, le piétinement laborieux des voyageurs vers la sortie.
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Pietr buvait son troisième apéritif couleur d'opale, dont le policier reniflait le relent anisé.
Par le fait d'un mouvement de l'employé du gaz, les deux hommes se trouvèrent coude à coude, à se toucher.
Maigret avait deux têtes de plus que son compagnon. Tous deux faisaient face à un miroir et c'est dans son eau grise qu'ils se regardaient.
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[...] ... [Maigret] dut s'y reprendre à trois fois. Dès qu'il retirait la main de la blessure, le sans commençait à couler avec une abondance alarmante.

Il finit par prendre la serviette qui se trouvait sur la table et par la caler sous son gilet, dont il serra très fort la boucle. L'odeur qui régnait dans la chambre l'écoeurait.

Les gestes mous, il souleva un côté du canapé, fit pivoter le meuble sur deux pieds.

Il s'y attendait : c'était Torrence qui gisait là, recroquevillé, un bras tordu, comme si on lui eût brisé les membres pour le tasser dans un petit espace.

Un bandeau couvrait le bas du visage, mais n'était pas noué. Maigret s'agenouilla.

Tous ses mouvements furent calmes, très lents même, sans doute à cause de son propre état. Sa main hésita à palper la poitrine. Et, quand elle eut atteint le coeur, le commissaire se figea, resta là, immobile sur le tapis, les yeux fixés sur son compagnon.

Torrence était mort ! La bouche de Maigret, insensiblement, se tordit. Son poing se serra. Et, tandis que ses prunelles devenaient troubles, il lança, dans le silence de la chambre close, un terrible juron.

Cela eût pu être grotesque. Non ! C'était terrible ! C'était tragique ! C'était effrayant !

Le visage de Maigret était durci. Il ne pleurait pas. Cela devait lui être impossible. Mais il y avait une telle rage, une telle douleur en même temps qu'un tel étonnement sur ses traits que cela confinait à l'hébétude.

Torrence avait trente ans. Depuis cinq ans, il ne travaillait pour ainsi dire qu'avec le commissaire.

Il avait la bouche ouverte, comme s'il eût fait un effort désespéré pour happer une gorgée d'air.

Un voyageur retirait ses chaussures, à l'étage supérieur, juste au-dessus du mort.

Maigret regarda autour de lui pour chercher un ennemi. Sa respiration était forte. ... [...]
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« Pietr-le-Letton 32 169 01512 0224 0255 02732 03116 03233 03243 03325 03415 03522 04115 04144 04147 05221… etc.
Cette fois, il se donna la peine de traduire à voix haute, et même de répéter à plusieurs reprises, comme un écolier qui récite une leçon :
— Signalement de Pietr-le-Letton : âge apparent trente-deux ans, taille 169, sinus dos rectiligne, base horizontale, saillie grande limite, particularité cloison non apparente, oreille bordure originelle, grand lobe, traversé limite et dimension petite limite, antitragus saillant, limite pli inférieur vexe, limite forme, rectiligne, limite particularité sillons séparés, orthognathe supérieur, face longue, biconcave, sourcils clairsemés blond clair, lèvre inférieure proéminente, épaisseur grande inférieure pendante, cou long, auréole jaune moyen, périphérie intermédiaire verdâtre moyen, cheveux blond clair.
C’était le portrait parlé de Pietr-le-Letton, aussi éloquent pour le commissaire qu’une photographie. »
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La robe de chambre de Maigret ne descendait que jusqu'aux genoux, découvrait de forts mollets velus.
Le letton, lui, mince et pâle, avec ses cheveux blonds, ses chevilles de femme, avait, dans ce costume, une élégance de clown.
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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