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Critique de Glesker


Dans cette grande fresque composée de ce roman et de sa suite, "Olympos", trois récits cohabitent et s'imbriquent.
Le premier est celui que j'appel­le­rai des "Grecs” ; dans lequel le scholiaste Hocken­berry — un uni­ver­si­taire Amé­ri­cain du XXème siècle spécialiste de l'oeuvre d'Homère — est envoyé par les Dieux de l'Olympe en mission d'obser­va­tion au coeur de la bataille de Troie. Bardé de gadgets faisant appel aux technologies quantiques fournis par sa divine pro­tec­trice, Hocken­berry se téléporte çà et là dans la peau des protagonistes de la bataille pour établir ses rapports auprès des dieux. Rapports qui ont pour but d'assu­rer que les événements qui surviennent collent parfaitement à ceux relatés dans les récits homériques. Dans ce récit, les dieux y sont décrits comme des ados capricieux et libidineux qui passent leur temps à intriguer contre leurs pairs, en manipulant allègrement les pauvres humains à l'aide de leurs gadgets high-tech. On comprend bien vite que toute cette bataille n'est qu'une vaste farce : ces dieux ne sont que des imposteurs, ils n'ont rien à voir avec les divinités mythologiques. Ils ne sont que les créateurs d'un “remake” de la guerre de Troie ; et leur mont Olympe n'est pas en Grèce mais au sommet du plus haut volcan du système solaire : Olympus Mons sur Mars.

Le second récit débute sur les lunes de Jupiter, où deux "mora­vecs" — des robots mi-machine, mi-organiques, envoyés là par les humains il y a très très longtemps — férus de littérature (l'un est admirateur de Proust et l'autre de Sha­kes­peare) partent en mission vers Mars pour enquêter sur une activité quantique suspecte, intense et dan­ge­reuse.

Le troisième récit se con­cen­tre sur un groupe d'humains “à l'ancienne”, vivant de façon oisive et indolente sur une Terre du futur dépeuplée. Assistés des voy­nix, d'inquié­tants serviteurs mécaniques, ces humains ne savent rien de l'écri­ture et de la lecture : leur vie n'est remplie que de fêtes au château d'Ardis ou à Paris-Cra­tère ; lieux entre lesquels ils voyagent en empruntant des systèmes de téléportation dont ils ignorent l'ori­gine et le fonctionnement ; aspect dont ils se fichent éper­du­ment d'ailleurs.

Dans "Ilium", on discerne progressivement quelques uns des liens qui relient ces trois groupes sans toutefois véritablement savoir où l'auteur va nous emmener ni où et comment la rencontre va avoir lieu. J'ai d'ailleurs eu au début des doutes sur l'inté­rêt du second récit ; celui des deux mora­vecs Orphu d'Io et Mahn­mut, qui tuent le temps du voyage en dissertant à loisir sur les oeuvres de leurs écrivains fétiches. Les multiples portes et interrogations ainsi ouvertes dans "Ilium" ; se referment progressivement dans "Olympos" pour dévoiler la cohérence globale de l'histoire.

On peut dire que pour pas mal de ses oeuvres, Dan Simmons ne se lance pas dans leur écriture les mains dans les poches ! Ici, comme pour "Drood", le travail de documentation se révèle stupéfiant. Que cela soit au sujet de la connaissance de l'oeuvre de Proust ou de Shakespeare, la richesse des descriptions de la vie Grec­que ou les relations entre les héros Achéens (Hec­tor, Hélène..) et Troyens (Odysseus, Achille…). On pressent que le travail a dû être très approfondi pour maîtriser les sujets. C'est d'ailleurs à mon avis un point clef pour l'élaboration d'une telle fresque : connaitre suffisamment l‘His­toire pour qu'à un moment donné, le basculement vers l'uchro­nie donne au récit tout son crédit.

Dans cette saga, c'est le récit des aventures “Greco-divines” mais également celui des humains “à l'ancienne” qui m'ont le plus plu : me viennent par exemple à l'esprit les déboires d'Hocken­berry qui passe sont temps à de dépêtrer de ses ennuis divins (quelle embobineuse cette Hélène !), la frivolité et la grossièreté des pseudo-dieux, ou encore de ces humains assistés et pétris de naïveté qui pourtant face à l'adversité se découvrent la force de se surpasser.

Pour conclure, je n'hésite pas à placer dans mon classement perso ce roman parmi le “Top 3” des oeuvres que Dan Simmons a écrites ; de par son foisonnement de personnages, de thèmes, d'intri­gues ainsi que pour son originalité et sa maîtrise. Même si, j'avoue une préférence pour les Cycles d'Hypé­rion et d'Endy­mion.
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