Quand un jour je prendrai un avion, une voiture ou un bateau, je sais que je n'irai pas à la recherche de paysages, de déserts ou d'océans, j'irai à la recherches des nez, des yeux, des joues, des bouches, des démarches, des mains, des iris, de tout ce qui ressemble aux hommes et aux femmes et nous ressemble parce qu'ils ont tous à faire quelque chose avec leurs corps plantés sur ce décor de monde et où il faut bien interpréter un rôle, quel qu'il soit, pour que la représentation ne se termine pas trop vite.
Désir d'être belle, aimée, regardée, désir de chaleur, d'enlacement, de paroles, de voyage, désir de vivre, d'exister autrement, mieux, sans tricherie.
Elle se sentait tellement désireuse !
cette intuition du dessous des apparences....
Il savait que chacune de ses respirations, chacun de ses gestes fabriquaient du futur, son futur à lui, unique, probable, et il ne tenait encore qu'à lui d'oser l'imaginer.
Ma belle âme.
C'est parce qu'il y a cette distance entre nous que j'ose te dire les mots les plus amoureux, avouer mes élans, comme si un invisible gardien des secrets m'empêchait d'en parler quand tu es auprès de moi.
Je t'aime du bout du monde comme un navigateur désespéré qui saurait qu'il n'y a plus de côte, plus de terre où accoster, mais qui cherche encore et encore l'étoile du Nord...
Tu es cette étoile, une étoile tombée du ciel pour me séduire et rendre brillant tout ce qui se voile d'ombre et d'opacité.
Je t'aime de cette manière désordonnée car je sais que le monde est fait de morales de circonstance, alors, autant les oublier et redéfinir pour soi et pour l'autre les codes du bien et du mal, laisser monter en nous la force d'aimer et la force de mal aimer, comme si elles étaient des lois écrites pour nous seuls, innocents et purs, choisis par un dieu n'aimant pas les relations publiques, pour que nous n'ayons pas à répandre la nouvelle de cela...
J'ai tellement espéré une femme qui ait la force d'une femme et la naïveté d'une jeune fille, que... c'est cela que je voulais te dire : cette espérance à trouver un visage et une âme, et ils te ressemblent.
Plein d'abîmes s'ouvrent autour de nous, pareils à des gueules de dragons qui enflammeraient chacune de nos incartades... et pourtant, nous sommes là, tendus, patients, émerveillés par ce monde qui nous a fait rencontrer.
Je te vois... ton corps ondule et tes cuisses s'écartent pour que la lumière les pénètre avant moi, m'y accueille...
L'irremplaçable lumière du ciel, puisque sans elle la mer serait noire comme une ardoise. De si loin, mon coeur bat pour vous.
Je ne te lègue rien...Quelques morceaux de carnets, notes de musique, un monde en mouvement, chaotique, chercheur, troublé de tensions, inventeur de futur, un monde où les hommes rencontrent la mort avant d'avoir pu la situer...C'est une illusion de croire que le monde change, il est un bouillon de culture soumis aux tempêtes, aux bulles de fermentation, il meurt et naît à chaque instant, et on ne peut rien contre ces morts perpétuelles et leurs contraires...La mort n'est jamais prévisible et tombe des arbres et des yeux des filles aussi facilement qu'un cil usagé. Elle s'engouffre silencieuse à l'intérieur des êtres, même quand elle est une balle de revolver qui transperce, furieuse, un corps et lui vole d'un seul coup ses souvenirs et ses rêves d'avenir...Rien ne se transmet et ta vie à toi comporte tous les débuts...
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L'histoire vraie des gens est toujours avant et après ce que l'on voit d'eux, et c'est là qu'il faut chercher pour trouver les sentiments, avec des vrais bonheurs et des vrais malheurs!
𝘋𝘦́𝘴𝘪𝘳 était un mot qu'elle aimait parce qu'il signifiait à lui seul toutes les forces qui poussent quelqu'un vers autre chose, un autre être, une autre vie, ou vers soi-même. Désir d'être belle, aimée, regardée, désir de chaleur, d'enlacement, de paroles, de voyage, désir de vivre, d'exister autrement, mieux, sans tricherie. Elle se sentait tellement désireuse !