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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A elles trois réunies, les soeurs Carteret m'ont donnée une sacrée claque ! Je sors de ma lecture à la fois enchantée et un peu déprimée par le destin tragique de ma soeur préférée.

Mary, Gwenda et Alice sont donc soeurs, et filles d'un pasteur un peu mesquin, assez tyrannique et pas du tout lucide. Elles se retrouvent dans la toute petite ville de Garth suite au déshonneur de l'une d'elles. Là, il n'y a qu'un homme qui constitue un parti convenable... et elles sont trois !

A partir de ce quatuor amoureux improbable, l'auteure nous fait découvrir les méandres de la psychologie humaine. Tout y passe : l'hypocrisie ordinaire et les manoeuvres subtiles menées sous des airs bons et doux; les regrets éternels de ceux qui se fient trop à eux-mêmes, à la vie ou aux autres; la victoire pernicieuse de la respectabilité apathique...

Même si le décor pittoresque est très présent et que l'histoire ne pourrait pas être exactement la même aujourd'hui, j'y ai retrouvé beaucoup de thèmes qui me parlent : le devoir, la droiture, l'impossibilité de se regarder dans une glace après des 'goujateries' qui est l'apanage de certains, l'injustice tragique de la vie, les apparences trompeuses...

La fin m'a profondément attristée et révoltée, mais elle est réaliste et malheureusement très probable. J'aurais juste aimé que l'auteure écrive une postface en forme de film d'horreur pour les garces (de Garth) et de happy end pour les autres.

Merci aux Editions Archipoche pour ce partenariat.
Challenge Multi-Défis
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Se déroulant juste avant la Grande Guerre, ce roman englue encore dans les restes de l'époque victorienne ses trois personnages féminins. La figure paternelle, austère, intolérante et tyrannique, maintient un puritanisme plus destructeur que salutaire.

Dans un vallon du Yorkshire, quelques maisons grisâtres forment le petit village de Garth. En remontant la grande route, le presbytère, de pierres noircies, renvoie la même teinte triste que toutes les habitations en contrebas. du gris, comme les yeux des trois soeurs qui attendent chaque soir les coups de dix heures signifiant les prières données par James Carteret, leur père vicaire de Garth. Si Mary, Gwenda et Alice diffèrent peu par leur physique, leurs caractères respectifs les distinguent radicalement. Mary, l'aînée, nous est présentée comme douce et bonne. Gwenda la cadette, franche, nerveuse, impatiente, avec une énergie fougueuse qui la fait courir les landes. La plus jeune, Alice, a un grand besoin d'amour et c'est justement à cause de son inconséquence que le père a décidé de venir à Garth, pour que ses filles soient plongées dans une solitude, sans possibilité de tentations masculines. Deux fois veuf, Mr Carteret n'a pas supporté que sa troisième femme l'ait quitté sans divorcer, donc sans possibilité pour lui d'avoir une nouvelle compagne, et sa rancoeur rejaillit sur ses filles qui ne doivent succomber à aucune passion.
C'était sans compter le bruit des roues d'une carriole qui troue parfois la solitude et le silence alentour. Ce bruit, guetté par les trois soeurs, fait palpiter leurs coeurs lorsqu'il survient devant la grille du presbytère. Leurs pensées vont alors vers le jeune docteur Rowcliffe, mais un seul homme pour trois jeunes femmes désireuses de quitter le joug paternel ne peut suffire…

Les possibilités offertes pour ne plus dépérir sous l'autorité du père ne sont guère nombreuses au fin fond du Yorkshire. L'entente sororale qui pourrait être un atout est-elle assez forte pour résister à la pression de chaque coeur ? Tous les rapports entre soeurs sont décortiqués, faisant la force psychologique de ce roman. Les aspects des caractères s'éveillent, les personnes se dévoilent pour servir leurs propres buts. L'intensité des sentiments régit la vie au sein du presbytère et le jeune docteur saura-t-il en interpréter tous les signes ?
Le petit village fait aussi entendre ses désapprobations envers les attitudes des trois filles Carteret et leurs combats ne semblent pas pouvoir échapper à de tristes conséquences.

L'intérieur du presbytère, les landes, le village, la lune, participent au destin des trois soeurs. La plume de May Sinclair anime tout ce qu'elle effleure, reste pudique tout en parlant de désir, en accord avec son époque, mais fait preuve d'une étonnante modernité par sa succession de phrases courtes ou amples.
Cet amer aperçu du comportement humain, même au sein d'une sororie, montre le talent de May Sinclair à construire une histoire en fouillant tous les recoins conscients et inconscients de ses personnages.
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Les trois soeurs est un classique du début du XXème siècle que je suis ravie d'avoir découvert. Il est évident que May Sinclair, autrice de talent que je ne connaissais pas, s'est inspirée du courant de la psychanalyse de l'époque pour l'écrire. Elle explore les mobiles inconscients du comportement humain et la sublimation du désir.
L'autrice venait de se consacrer à une étude pointilleuse des soeurs Brontë dont elle s'est également inspirée pour les personnages principaux du roman. Ainsi, on retrouve trois soeurs de 23 à 27 ans (Alice, Gwenda et Mary) dont le père, James Carteret, est un vicaire despotique venu les "cloisonner" dans un petit village de la Haute-Lande anglaise. le cadre idéal pour mettre en scène les frustrations des membres de cette famille et de leur entourage dans le contexte puritain de la société victorien. A commencer par le vicaire lui-même dont la troisième femme s'est enfuie. Il ne veut pas divorcer car sa qualité d'ecclésiastique le lui défend. Condamner au célibat car sinon il serait infidèle, il vit un véritable supplice qu'il fait peser sur ses filles. Ainsi, chacune des trois femmes appréhendent une interdiction latente de se marier selon son caractère et la capacité à défier cet homme rigide. Car lorsque débarque dans la paroisse le jeune et beau docteur Rowcliffe, celui-ci apparaît comme le sauveur qui pourrait bien les sortir de leur désolation déclenchant une passion décuplée par une sensualité bridée.
Le déroulement de l'intrigue m'a étonnée et surprise plus d'une fois car le récit se veut réaliste et motivé par la psychologie des personnages. Je n'ai pas toujours totalement adhéré à la tournure des événements mais cela m'a paru très intéressant et original. J'ai beaucoup apprécié le style avec lequel l'autrice relate ce qui se passe en chacun des personnages, les tumultes qui les agitent et l'interprétation qu'ils font de ce qui les traverse ou de ce qu'ils ressentent et la compréhension qu'ils peuvent avoir des actions ou de ce qui se passe pour les autres.
May Sinclair ne s'embarrassant pas d'appartenir à un courant littéraire quelconque écrit selon ses inspirations et ses convictions se laissant influencer volontiers par la psychanalyse. Et que pouvait mieux l'inspirer suite à ses recherches que la famille Brontë pour écrire un roman touchant et poignant sur le désir et les mystères de la psyché féminine au tournant du xxème siècle...
Un autrice classique à découvrir si cela n'est déjà fait !

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N'y allons pas par 4 chemins, j'ai adoré ma lecture ! ❤️❤️❤️❤️J'ai été très émue en quittant ces soeurs et leur univers.

L'histoire de ces trois jeunes femmes, filles de Mr Carteret, ce pasteur taciturne et rigide, m'a conquise. Rien de facile à cette époque dans cette famille et dans ce village du Yorkshire pour ces demoiselles. Pourtant, chacune essaye de tirer le mieux de chaque situation (amoureuse, familiale, sociale) et bien évidemment, si des sacrifices, résignations, manoeuvres sont à vivre pour certaines, j'ai aimé à la fois Mary, Alice et Gwenda.
J'ai apprécié que May Sinclair fasse évoluer chacune d'elle, que ce soit dans son caractère ou d'un point de vue personnel et familial, même si j'en ai été étonnée. En effet, je ne m'attendais pas à certains revirements...
Les personnages masculins avec leurs défauts sont tout aussi touchants.
Quant à la nature, elle joue un rôle essentiel tant dans l'histoire personnelle de certains protagonistes que dans mon intérêt pour ce texte.

Cette lecture fut une merveilleuse parenthèse temporelle et paysagère. Une excellente pioche
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Je me suis laissée embarquée dans ce roman qui emprunte au naturalisme, avec cette famille très calquée sur celle des Brontë. Un père vicaire et ses trois filles confinés dans une austère maison de campagne à Garth, en Angleterre. le décor est planté, j'ai suivi avec intérêt le destin de ces jeunes femmes qui tentent d'échapper à l'ennui, au rigorisme du père et des conventions en vigueur à l'époque victorienne. J'ai trouvé les personnages très intéressants et bien décrits, la finesse avec laquelle May Sinclair les portraitise participe à la tension dramatique qui ne faiblit pas tout au long du récit. En lisant la bio de May Sinclair, je l'ai imaginée sous les traits de Gwenda, qui est d'ailleurs celle des trois qui m'a le plus émue. Une belle surprise et une auteure méconnue que je suis ravie d'avoir découvert au fil de mon incursion littéraire.
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Pourquoi n'y-t-il pas plus de traductions des romans de May Sinclair ? C'est le 2ème roman de cette auteure que je lis et franchement, c'est fort.
Mary Gwenda et Alice sont les 3 filles de 21, 23 et 27 ans environ? du vicaire d'un village du Yorkshire. Ce père est despotique, injuste, acariâtre, hypocrite, frustré, incapable d'amour. Lutin d'merle! à chaque fois qu'il apparaît dans le roman, j'ai envie de l'étrangler.
Le vicaire a déjà eu 2 épouses qui sont mortes et la 3ème l'a quitté. Elle a demandé le divorce mais refus total de l'obstiné bonhomme: un vicaire ne divorce pas. du coup, le voilà forcé de rester un mari célibataire et méga frustré sexuellement, parce que monsieur a des "besoins" journaliers, d'où la nécessité d'une épouse! Voyez le genre.
Seulement voilà, ses filles, les femmes en général, en ont aussi, des désirs. Mais contrairement à leur père, elles doivent prétendre qu'ils n'existent pas, les nier, les taire. Autant dire: mission impossible! Seules dans les landes sauvages façon Les Hauts de Hurlevent, chacune survit à sa façon, selon son caractère quand arrive un jeune et beau docteur…
Alors, non, on n'est pas, mais pas du tout dans une gentille romance. le but de May Sinclair est de mettre à jour le désir et la sexualité féminine soumis à l'emprise des hommes dans une société patriarcale et religieuse. Et c'est violent, terrible, poignant, beau aussi…

Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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Les éditions de L'Archipel m'ont permis de piocher dans leur catalogue. Quand j'ai vu ce titre, j'ai craqué. En effet, May Sinclair est présentée comme la digne héritière des soeurs Brontë! Avec une telle accroche, je ne pouvais que me précipiter sur ce roman à la couverture tellement belle!

May Sinclair place son intrigue en Angleterre dans la petite ville de Garth. le pasteur Casteret s'y est nouvellement installé avec ses trois filles: Gwendolen (dite Gweda), Mary et la dernière Alice. Mais dans cette petite ville, les trois filles s'ennuient. Leur seul espoir est de séduire le médecin, Steven Rowcliffe, et tout est bon pour se faire remarquer de lui…

Sous couvert d'une intrigue plutôt banale, May Sinclair fait de la vie des trois soeurs Carteret une histoire passionnante. Et je peux l'affirmer aussi: elle se place dans la même lignée que les soeurs Brontë. Elle place d'abord ses personnages dans une petite ville de province dans laquelle il ne se passe rien. Alice est à l'origine du déménagement. Qu'a-t-elle donc fait pour être ainsi punie? Les trois soeurs sont sous la garde de leur père, le pasteur Carteret. C'est un homme froid, imbu de lui-même, tellement ennuyant! Il tente de tenir tête à ses filles mais finit par se tourner en ridicule. Il m'a beaucoup fait penser au personnage de Collins dans Orgueil et Préjugés.

Les trois soeurs sont ensuite très différentes. Ma préférée reste Gwenda qui voit en Garth la possibilité d'échapper à son père et de trouver une certaine liberté. Elle parcourt sans cesse la campagne, traversant les champs et les landes désertes. C'est celle qui fait le plus preuve d'indépendance et d'intelligence.

L'intrigue va rapidement tourner autour du Docteur Rowcliffe, seul bon parti de la région, représentant pour les filles l'opportunité de s'extraire de leur condition. May Sinclair traite son histoire avec beaucoup d'intelligence. Elle entraîne son lecteur dans une intrigue qui finit de manière bien cruelle et à laquelle on ne s'attendait pas du tout. J'ai tout simplement adoré! Dès les premières pages, j'ai été happée par ce récit qui montre une fois de plus les destins brisés de trois soeurs, qui subissent leur condition, car nées femmes. A aucun moment, on ne tombe dans la romance mièvre. A l'instar d'une Jane Austen ou d'une soeur Brontë, May Sinclair nous entraîne dans les méandres du coeur humain et de la passion avec beaucoup de talent.

Les Trois soeurs est un magnifique roman qui saura ravir les lecteurs des Brontë. A découvrir de toute urgence!
Lien : https://carolivre.wordpress...
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je regrette que May Sinclair ne soit pas plus connue (et ses romans édités en français !) car j'ai adoré Les Trois soeurs !

J'ai tout d'abord été surprise par le côté victorien de ce roman, alors qu'il a été publié en 1914 : on a vraiment l'impression de lire du Thomas Hardy par moments, pour la description de la campagne du Yorkshire, de ses traditions, ses modes de vie... Pour l'histoire aussi, qui prend très vite la tournure d'un drame amoureux mais très finement écrit : on voit progressivement tous les ressorts du drame se mettre en place et on a envie de savoir comment tout cela va finir.
Les Trois soeurs nous propose également en toute logique trois beaux portraits de femmes à travers les personnages de Mary, Gwenda et Alice. J'ai eu une petite préférence pour Gwenda (qui m'a semblé la plus mature et la plus réfléchie des trois) mais elles sont toutes trois attachantes.
J'ai enfin aimé la modernité de l'intrigue, ce qu'elle dit de la place des femmes dans la société, de leurs aspirations et des rôles dans lesquels elles sont malheureusement enfermées. Mais aussi la critique de l'éducation, à travers la figure du père très dur et intransigeant (pas étonnant que ses 3 mariages aient échoués !).

Une très belle découverte !
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Comment expliquer ce coup de coeur ?
Parce que la dramatique mélancolie qui imprègne tout ce récit m'a marquée et émue profondément.
Parce que le rythme lent et propice à l'introspection des personnages m'a littéralement absorbée.
Parce que la puissance descriptive est fabuleuse et que j'ai ressenti son extrême justesse et sa grande sensibilité. La nature, la luminosité, l'atmosphère lourde, pesante et parfois un peu mystique qui s'étend sur les lieux et les êtres, la rudesse de cette région rurale, la monotonie, l'ennui même, sont dépeints avec un réalisme et une précision si forts que j'ai eu le sentiment de les vivre et les palper.
Parce qu'à travers la vie de ces trois soeurs, ces jeunes femmes aux tempéraments opposés mais aux aspirations communes au bonheur et à la liberté, entravées par une autorité paternelle dominatrice, égoïste et aigrie, et par le carcan d'une société archaïque et puritaine, j'ai goûté l'amertume, les frustrations et l'injustice de la condition féminine dans cette société anglaise du début du 20ème siècle.
Parce que j'ai vibré à leurs quêtes les plus intimes, que j'ai détesté l'une pour son égoïsme, son hypocrisie et son arrivisme, que j'ai admiré et aimé l'autre pour son esprit libre, sa loyauté, sa droiture et son sens du sacrifice, que j'ai eu pitié de la dernière si tourmentée et incomprise, et que j'ai perçu en chaque personnage les diverses facettes qui l'animaient.
Parce que j'ai aimé le style de la traduction, le vocabulaire employé, l'usage du passé simple et de l'imparfait du subjonctif, qui ont participé à mon immersion totale dans cette chronique douce amère, parfois sombre et violente, et parfois tendre et poétique, à l'image de la complexité de la nature humaine.
Chronique d'un autre siècle, mais à la fois tellement actuelle ... quand il y est question de choix et de la façon dont ils déterminent le reste de nos existences ... selon notre sens de l'engagement, du respect, du devoir et du sacrifice, et selon que ces derniers sont ou pas suivis de reconnaissance...
Difficile donc de faire bref pour un roman qui m'a tant emportée, peinée, questionnée et remuée.





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May Sinclair est une autrice anglaise méconnue et qui mérite d'être redécouverte. Son style est brillant et envoûtant dans la plus pure tradition romantique anglaise des Jane Austen et des soeurs Brontë. L'histoire de trois soeurs vivant dans l'isolement et l'ennui, sous le joug d'un père autoritaire et tyrannique, vicaire d'une petite bourgade. L'arrivée d'un jeune médecin de campagne va bousculer leurs vies.
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