AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782377352753
360 pages
Archipoche (03/04/2019)
3.82/5   41 notes
Résumé :
Le roman retrouvé de la "quatrième soeur Brontë" ! Mary, Gwendolen et Alice sont les filles de James Cartaret, pasteur du village de Garth, dans le High Moor. Ce père rigide et macho leur impose une discipline de fer. Les trois soeurs étouffent sous cette chape puritaine, génératrice de frustrations. Quand le docteur Stephen Rowcliffe s'installe en ville, il apparaît comme la lueur d'espoir qui pourrait sortir les jeunes femmes de leur torpeur.
Cet homme expé... >Voir plus
Que lire après Les trois soeursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 41 notes
5
10 avis
4
12 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
A elles trois réunies, les soeurs Carteret m'ont donnée une sacrée claque ! Je sors de ma lecture à la fois enchantée et un peu déprimée par le destin tragique de ma soeur préférée.

Mary, Gwenda et Alice sont donc soeurs, et filles d'un pasteur un peu mesquin, assez tyrannique et pas du tout lucide. Elles se retrouvent dans la toute petite ville de Garth suite au déshonneur de l'une d'elles. Là, il n'y a qu'un homme qui constitue un parti convenable... et elles sont trois !

A partir de ce quatuor amoureux improbable, l'auteure nous fait découvrir les méandres de la psychologie humaine. Tout y passe : l'hypocrisie ordinaire et les manoeuvres subtiles menées sous des airs bons et doux; les regrets éternels de ceux qui se fient trop à eux-mêmes, à la vie ou aux autres; la victoire pernicieuse de la respectabilité apathique...

Même si le décor pittoresque est très présent et que l'histoire ne pourrait pas être exactement la même aujourd'hui, j'y ai retrouvé beaucoup de thèmes qui me parlent : le devoir, la droiture, l'impossibilité de se regarder dans une glace après des 'goujateries' qui est l'apanage de certains, l'injustice tragique de la vie, les apparences trompeuses...

La fin m'a profondément attristée et révoltée, mais elle est réaliste et malheureusement très probable. J'aurais juste aimé que l'auteure écrive une postface en forme de film d'horreur pour les garces (de Garth) et de happy end pour les autres.

Merci aux Editions Archipoche pour ce partenariat.
Challenge Multi-Défis
Commenter  J’apprécie          596
Se déroulant juste avant la Grande Guerre, ce roman englue encore dans les restes de l'époque victorienne ses trois personnages féminins. La figure paternelle, austère, intolérante et tyrannique, maintient un puritanisme plus destructeur que salutaire.

Dans un vallon du Yorkshire, quelques maisons grisâtres forment le petit village de Garth. En remontant la grande route, le presbytère, de pierres noircies, renvoie la même teinte triste que toutes les habitations en contrebas. du gris, comme les yeux des trois soeurs qui attendent chaque soir les coups de dix heures signifiant les prières données par James Carteret, leur père vicaire de Garth. Si Mary, Gwenda et Alice diffèrent peu par leur physique, leurs caractères respectifs les distinguent radicalement. Mary, l'aînée, nous est présentée comme douce et bonne. Gwenda la cadette, franche, nerveuse, impatiente, avec une énergie fougueuse qui la fait courir les landes. La plus jeune, Alice, a un grand besoin d'amour et c'est justement à cause de son inconséquence que le père a décidé de venir à Garth, pour que ses filles soient plongées dans une solitude, sans possibilité de tentations masculines. Deux fois veuf, Mr Carteret n'a pas supporté que sa troisième femme l'ait quitté sans divorcer, donc sans possibilité pour lui d'avoir une nouvelle compagne, et sa rancoeur rejaillit sur ses filles qui ne doivent succomber à aucune passion.
C'était sans compter le bruit des roues d'une carriole qui troue parfois la solitude et le silence alentour. Ce bruit, guetté par les trois soeurs, fait palpiter leurs coeurs lorsqu'il survient devant la grille du presbytère. Leurs pensées vont alors vers le jeune docteur Rowcliffe, mais un seul homme pour trois jeunes femmes désireuses de quitter le joug paternel ne peut suffire…

Les possibilités offertes pour ne plus dépérir sous l'autorité du père ne sont guère nombreuses au fin fond du Yorkshire. L'entente sororale qui pourrait être un atout est-elle assez forte pour résister à la pression de chaque coeur ? Tous les rapports entre soeurs sont décortiqués, faisant la force psychologique de ce roman. Les aspects des caractères s'éveillent, les personnes se dévoilent pour servir leurs propres buts. L'intensité des sentiments régit la vie au sein du presbytère et le jeune docteur saura-t-il en interpréter tous les signes ?
Le petit village fait aussi entendre ses désapprobations envers les attitudes des trois filles Carteret et leurs combats ne semblent pas pouvoir échapper à de tristes conséquences.

L'intérieur du presbytère, les landes, le village, la lune, participent au destin des trois soeurs. La plume de May Sinclair anime tout ce qu'elle effleure, reste pudique tout en parlant de désir, en accord avec son époque, mais fait preuve d'une étonnante modernité par sa succession de phrases courtes ou amples.
Cet amer aperçu du comportement humain, même au sein d'une sororie, montre le talent de May Sinclair à construire une histoire en fouillant tous les recoins conscients et inconscients de ses personnages.
Commenter  J’apprécie          265
Les trois soeurs est un classique du début du XXème siècle que je suis ravie d'avoir découvert. Il est évident que May Sinclair, autrice de talent que je ne connaissais pas, s'est inspirée du courant de la psychanalyse de l'époque pour l'écrire. Elle explore les mobiles inconscients du comportement humain et la sublimation du désir.
L'autrice venait de se consacrer à une étude pointilleuse des soeurs Brontë dont elle s'est également inspirée pour les personnages principaux du roman. Ainsi, on retrouve trois soeurs de 23 à 27 ans (Alice, Gwenda et Mary) dont le père, James Carteret, est un vicaire despotique venu les "cloisonner" dans un petit village de la Haute-Lande anglaise. le cadre idéal pour mettre en scène les frustrations des membres de cette famille et de leur entourage dans le contexte puritain de la société victorien. A commencer par le vicaire lui-même dont la troisième femme s'est enfuie. Il ne veut pas divorcer car sa qualité d'ecclésiastique le lui défend. Condamner au célibat car sinon il serait infidèle, il vit un véritable supplice qu'il fait peser sur ses filles. Ainsi, chacune des trois femmes appréhendent une interdiction latente de se marier selon son caractère et la capacité à défier cet homme rigide. Car lorsque débarque dans la paroisse le jeune et beau docteur Rowcliffe, celui-ci apparaît comme le sauveur qui pourrait bien les sortir de leur désolation déclenchant une passion décuplée par une sensualité bridée.
Le déroulement de l'intrigue m'a étonnée et surprise plus d'une fois car le récit se veut réaliste et motivé par la psychologie des personnages. Je n'ai pas toujours totalement adhéré à la tournure des événements mais cela m'a paru très intéressant et original. J'ai beaucoup apprécié le style avec lequel l'autrice relate ce qui se passe en chacun des personnages, les tumultes qui les agitent et l'interprétation qu'ils font de ce qui les traverse ou de ce qu'ils ressentent et la compréhension qu'ils peuvent avoir des actions ou de ce qui se passe pour les autres.
May Sinclair ne s'embarrassant pas d'appartenir à un courant littéraire quelconque écrit selon ses inspirations et ses convictions se laissant influencer volontiers par la psychanalyse. Et que pouvait mieux l'inspirer suite à ses recherches que la famille Brontë pour écrire un roman touchant et poignant sur le désir et les mystères de la psyché féminine au tournant du xxème siècle...
Un autrice classique à découvrir si cela n'est déjà fait !

Commenter  J’apprécie          131
Dans le cadre du Mois Anglais, j'ai eu le plaisir de découvrir cette oeuvre méconnue de la littérature britannique : Les Trois soeurs, de May Sinclair, souvent considérée comme « la quatrième soeur Brontë ». Si l'intrigue de ce roman se déroule dans le si sauvage Yorkshire, la comparaison s'arrête là. Les Trois soeurs est un beau roman, mais lisse, sage, sans passion, à l'inverse des oeuvres des Brontë !

Mary, Gwenda et Alice Carterer, trois soeurs, habitent avec leur père, pasteur, dans un village reculé, entouré de landes à perte de vue, où les moindres faits et gestes des habitants de la paroisse sont épiés… Etouffées par la rigidité de leur père, les trois jeunes femmes aux personnalités différentes, s'éprennent du même homme : le Dr Steven Rowcliffe. Cependant, le coeur a ses raisons que la raison ignore et Rowcliffe ne pourra en choisir qu'une seule !

J'ai rarement rencontré au cours de mes lectures trois soeurs autant aux antipodes les unes des autres (même les soeurs Bennet le sont moins !) et j'ai été surprise de la définition de l'amour fraternel proposée ici… Si Alice m'a plutôt laissée indifférente, je me suis en revanche tout de suite attachée à Gwenda, la soeur la plus libre, la plus effrontée, la plus intelligente aussi. Mary, quant à elle, a été une totale déception que tout lecteur pourra comprendre au fil de sa lecture… Rowcliffe, de son côté, me laisse un souvenir teinté d'amertume.

Ce qui m'a particulièrement frappé dans ce roman est le pessimisme des destinées humaines, personne n'étant pleinement heureux ; la conclusion en offre un parfait exemple, empli de regrets, de désillusions, de malentendus, de non-dits, jusqu'à une fin abrupte et amère…

En résumé, May Sinclair, auteure méconnue de la littérature anglaise, livre ici une vision intéressante des désirs humains, jusque dans ses limites les plus sombres, mais ce roman manque du piquant qui en aurait fait un coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          140
C'est dans le cadre d'une lecture commune proposée par Automnalys que j'ai pu découvrir ce classique et son auteure semblant assez méconnus. Pourtant à la mention des soeurs Brontë, je n'ai pas hésité un seul instant à découvrir cette oeuvre qui semblait aussi sombre que séduisante selon son résumé. Malheureusement et même si j'ai apprécié ma découverte, tout le monde n'est pas Emily, Charlotte ou Anne et je ne ressors pas totalement convaincu par cette dernière malgré une bonne impression générale.

La faute à de nombreux non-dits au cours de récit qui aurait gagné à être davantage développés. de nombreuses fois, May Sinclair se contente de faire murmurer ses personnages, laissant ainsi au lecteur le soin d'interpréter les secrets et autres révélations dont il est question. J'ai trouvé ce choix assez regrettable tant il freine la riche psychanalyse offerte par cette dernière dans cette courte oeuvre. Celle-ci aurait davantage gagné en profondeur tant le reste de l'ouvrage ne n'en manque pas. J'ai été saisi par la finesse de l'analyse poussée dépeinte par l'auteure et j'ai été séduit par l'ambiance assez froide et austère de la société dévoilée. le tableau de nos trois charmantes soeurs Marie, Gwenda et Alice, très largement et librement inspiré des talentueuses Brontë, évolue dans un environnement des plus sévère et puritain. Isolées de tous suite à un scandale provoqué par l'une d'elle, Alice ces dernières sont élevées par un père vicaire, tyrannique et autoritaire. Ce dernier ne laisse aucun répit à ses filles et ce, malgré l'arrivée plus qu'enthousiasmante et salvatrice du docteur Steven Rowcliff au sein de cette campagne profonde dont j'ai apprécié les quelques descriptions ponctuant ce récit. Son apparition signera l'arrivée de la lumière dans leur triste et sombre vie et chacune d'elle tombera à son tour sous le charme de ce jeune savant permettant la découverte d'une véritable tragédie. S'en suivra alors une merveilleuse et pointilleuse satire sociale dont je me suis délecté malgré quelques manques. Je me suis amusé de toute l'hypocrisie et la perfidie dépeintes avec rythme par May Sinclair dont le style tranche fortement des autres plumes de l'époque. La sienne se dévoile incisive, directe et pleine de dynamisme. Ainsi, j'ai été étonné de la courte durée des chapitres offrant un rythme de lecture constant et ne laissant aucune place à l'ennui ni au désintérêt. C'est donc avec rapidité que j'ai suivi la violente et brutale déchéance de cette fresque sociale dont la sensibilité m'a plus que séduit et régalé.

Sans pour autant parler d'attache tant le caractère des soeurs se dessine finalement loin d'être irréprochable, j'ai été plus que sensible à cette immoralité présente dans chaque portrait dépeint avec justesse et réalisme. May Sinclair n'épargne aucune des soeurs et j'ai adoré ce délicieux et audacieux choix. D'autant plus que chacune de ces dernières se dévoile minutieusement construite et leurs caractères, bien qu'opposés dans la forme, se dévoilent finalement assez identiques au sujet de l'amour et de ses conséquences. Ainsi, à leur tour et qu'il s'agisse de Mary, Gwenda ou d'Alice, chacune des soeurs est parvenue à un moment de l'intrigue à me toucher et à m'émouvoir tout en me révoltant à d'autres moments. J'ai apprécié ce saisissant contraste dans mes émotions qui permet à l'auteure d'apporter un véritable réalisme et une dimension humaine à laquelle j'ai été plus que sensible et réceptif. D'autant plus que les autres personnages de Les trois soeurs ne sont pas sans reste et permettent à celle-ci de dévoiler une étude des moeurs plus que saisissante et percutante. Que j'ai adoré détester le vindicatif père et vicaire de cette ville ainsi que certains autres protagonistes masculins de cette composition qui ne sont pas sans rappeler l'excès de pouvoir dont ils jouissaient à l'époque. J'ai aussi fortement apprécie le choix de May Sinclair de ne présenter aucun de ces savoureux personnages comme personnage principal. Finalement, la véritable héroïne de son oeuvre se devine être la vaste fresque sociale dépeinte par cette dernière et composée des différents personnage la constituant.

Ainsi et sans avoir été totalement saisi par cette lecture, je l'ai néanmoins fortement appréciée. May Sinclair dépeint avec rythme une riche et réaliste peinture de la société de l'époque qui aurait gagné en finesse et en profondeur si cette dernière se voulait davantage développée par moments. Fort heureusement, j'ai été plus que sensible à l'ambiance sombre et froide de son oeuvre ainsi qu'à ses personnages immoraux et satiriques à souhait.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La lune était cachée dans la brume là où le jour gris et la nuit blanche se confondaient. Dans le creux du vallon, sur le vert indistinct de la pente orientale des collines, les épines fleurissaient. L'air chaud ressemblait à une eau tranquille qui, vibrant invisiblement, détachait leur parfum, l'éparpillant. Et tout à coup Gwenda les distingua comme dans le lointain, où elles se dressaient dans l'enchantement d'une grande paix, d'une grande clarté et d'une beauté poignante.
Commenter  J’apprécie          10
Elle la détestait. Elle détestait toute la maison qui était bâtie de telle façon qu'il n'y avait pas un coin où on pouvait échapper à papa. Le bureau de papa avait une porte qui s'ouvrait sur le corridor et une autre sur la salle à manger. La fenêtre près de laquelle il s’asseyait dominait le jardin. La fenêtre de sa chambre dominait la façade : sa porte commandait l'entrée de l'escalier. Il savait tout ce que vous faisiez et tout ce que vous ne faisiez pas. Il vous entendait dans la salle à manger; il vous entendait en haut; il vous entendait monter et descendre l’escalier. Il vous entendait positivement respirer, et il savait toujours si vous étiez couchée ou non. Alice retint sa respiration, de crainte qu'il ne l'entendit à ce moment même.
Commenter  J’apprécie          00
Le bonheur ne consiste pas dans les choses qu'on a. Il est en soi, ou il n'est pas.
Commenter  J’apprécie          80
Il y avait certains moments où elle se faisait l'effet d'être deux femmes. L'une possédait encore la passion et le souvenir de la liberté. L'autre était une créature domptée et captive qui avait oublié, qui se guidait avec des mouvements craintifs et dont elle haïssait l'instinct de soumission.

p. 309
Commenter  J’apprécie          10
C'est absurde de dire que j'ai ces choses. Elles sont moi. Le bonheur ne consiste pas dans les choses qu'on a. Il est en soi ou il n'est pas.
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : patriarcatVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (127) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11109 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..