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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est avec beaucoup d'émotion que je tourne la dernière page de cette grande saga d'une famille juive. Et si j'ai mis un "certain temps" pour venir à bout des 750 pages, ce n'est absolument pas par ennui ou désintérêt mais tout simplement parce que nous avons été très sollicités par la délicieuse présence de nos enfants et petits enfants...Cette remarque personnelle pour faire un parallèle avec cette famille Karnovski, rejetée , humiliée, chassée au simple prétexte qu'elle était juive, d'abord allemande mais, au final , surtout juive. Pourquoi tout le monde n'a-t-il pas droit au même bonheur? Pourquoi nous ? Pourquoi pas eux?
On connaît bien sûr le sort réservé à des millions de juifs durant la seconde guerre mondiale, j'avoue que je connaissais moins cette montée haineuse si générale dans les années précédentes et vivre les événements relatés du point de vue des Karnovski est particulièrement émouvant et atroce. Certes, ce roman mériterait une analyse approfondie et serait sans doute très intéressant à faire étudier en parallèle avec les événements politiques de l'époque et la vie quotidienne des "goys".
Pour ma part, je ne m'y hasarderai pas, mais, après cette lecture, on s'étonne moins de l'extermination incroyable de gens qui aimaient leur pays, "l'Allemagne" et avaient bien des difficultés à croire à ce qui allait se passer.
C'est un livre dur et, encore, l'auteur ne pouvait pas savoir ce qui allait se passer "en face", c'est dire.
Oui, ce livre comporte quelques longueurs, quelques maladresses, quelques redondances, c'est vrai, mais qu'est ce qu'il est émouvant , que les personnages, avec leurs opinions, leurs agissements, leur hypocrisie, leur fierté, leur sagesse ou leur haine sont bien campés, s'emboitent comme des pièces de lego (tiens,ça c'est parce que j'ai joué avec mon petit...)pour former un reflet de la société dans laquelle nous sommes plongés avec eux.
A mon humble avis, cette saga va bien au delà du roman, il me semble y voir un document extrêmement bouleversant.
Choisir un ouvrage après cette lecture va être difficile.....mais je vais y parvenir.
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Il est des vêtements qui s'ajustent à vous d'emblée et des chaussures qui épousent vos pieds à la perfection. Eh bien il est des livres dans lesquels on rentre comme s'ils étaient fait sur mesure dans une sorte de rencontre coup de foudre, dans un bonheur immédiat et profond. Cette histoire d'une famille juive allemande qui finit par partir aux USA pendant la montée du nazisme est à la fois réaliste, profonde, riche en humanité avec des personnages entre ombres et lumière, dans un style narratif à la fois léger, précis, ni trop lent ni trop rapide, sans défauts. On vit avec les personnages comme avec des proches et on apprend beaucoup de choses sur le plan historique et religieux à travers leurs yeux, à travers leurs qualités et leurs défauts. Ici ce ne sont pas les événements qui comptent, mais bien plutôt la façon dont ils sont ressentis, ce qui les rend encore plus réels et plus proches du lecteur. Bref vous l'aurez compris j'ai adoré ce livre, qui est à la fois une excellente saga familiale et un témoignage humain d'une rare intensité sous sa douceur apparente.
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C'est en cherchant à la Médiathèque 'la famille Moskat" de J.B Singer, non disponible, que je me suis laissée tenter par "la famille Karnovski", oeuvre écrite en 1943 par son frère aîné Israël Joshua Singer.
Au fil de trois générations d'un famille juive, l'auteur évoque le désir d'émancipation des traditions, s'interroge sur la notion de judaïté et relate la montée inexorable du nazisme.
C'est le personnage de Jegor, le petit-fils qui exprime avec le plus de force et de complexité toutes les composantes du roman. Jegor, enfant de la mixité raciale et religieuse est un garçon tourmenté, malheureux, incompris et cruellement humilié. Personne ne peut répondre clairement à ses interrogations et à ses doutes. Son chagrin, son désespoir, ses errances sont à la mesure du fléau qui s'abat sur les siens.
Pour bien comprendre ses contradictions et ses comportements irrationnels, il faut rappeler que l'auteur, issu d'une famille de rabbins et d'intellectuels, membre d'une fratrie de quatre enfants tous écrivains est avant tout un libre penseur, c'est à dire un être qui a pris beaucoup de recul par rapport aux principes de ses aieux.
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Il y a des livres qu'on ne voudrait jamais terminer parce qu'ils nous enchantent. La famille karnovski en fait partie, c'est une saga familiale qui nous emmène sur trois générations de la vie d'une famille juive Polonaise installée à Berlin dans les années 1900. Tout est tellement juste et à sa place dans ce roman qu'on a l'impression d'y vivre dedans.

Il y a David le père, un caractère bien trempé, très érudit, adepte du mouvement des lumières juives (Haskala) c'est lui qui décide de quitter son village de Melnitz en Pologne parce qu'il trouve la communauté juive trop rétrograde et ignorante. Il veut s'installer à Berlin, cette ville représente pour lui la lumière, la beauté et le raffinement, même la langue Allemande le charme au plus haut point.

David réussit son pari, son entreprise est prospère, il se fait des amis et se fond dans la modernité Berlinoise sans perdre de vue ses traditions juives auxquelles il est fortement attaché.

Dès lors, on se retrouve embarqué dans les quartiers juifs du Berlin d'avant guerre avec ses échoppes et les familles qui y vivent, la rivalité, les jalousies, les conditions sociales de chacun, les réussites et des personnages hors du commun comme Salomon Bourak, propriétaire d'un grand magasin de bonnes affaires, bruyant, exubérant, grossier parfois mais qui a le coeur sur la main. Au détour d'une échoppe il y a la librairie d' Efroïm Walder le sage, l'érudit, un vieux monsieur qui semble vivre hors du monde et qui reste au milieu de ses livres de l'aube à très tard dans la nuit. le docteur Landau, un original, imposant personnage qui ne s'en laisse pas conter, il gagne sa vie grâce à sa clientèle qui dépose de maigres sommes dans une coupelle. Il occupe un appartement qu'il loue à la famille Karnovski.

Arrive la deuxième génération avec la naissance de Georg, le fils de David et Lea Karnovski, ce jeune garçon a hérité de l'entêtement et du caractère de son père, peu brillant à l'école dans ses premières années, -peut-être par opposition à ce père si savant et qui veut décider de tout-, il a un déclic le jour où il tombe amoureux d'une étudiante en médecine, Elsa, la fille de l'honorable docteur Landau. Dès lors sa voie est tracée, par amour pour sa belle et pour être au plus près d'elle, il sera médecin lui aussi, même si ce n'est pas ce que son père espérait pour lui.

La première guerre mondiale est là , Georg Karnovski est mobilisé et se retrouve sur le front, dans les horreurs de la guerre. A son retour il est un chirurgien chevronné, il espère retrouver Elsa devenue elle aussi médecin et songe à l'épouser mais la jeune femme n'a pas la même vision des choses. Sur les conseils du Docteur Landau, Georg change de spécialisation et devient un éminent gynécologue, il travaille dans la clinique la plus prisée de Berlin, fréquente les salons où se précipite tout le gratin Berlinois, il devient un membre connu et respecté de partout.

Même s'il ne peut oublier Elsa, Georg épouse Térésa, jeune infirmière maladroite qui l'assiste à la clinique. Elsa est une « goy » (non juive) et bouleverse ainsi les traditions familiales qui veulent que lorsque l'on est juif, on épouse une juive pour éviter ainsi l'assimilation qui à long terme ferait disparaître la race juive. Cette union est inconcevable pour David qui tient à perpétuer les traditions, il est hors de lui et coupe les ponts avec son fils.

De cette union naît la troisième génération de Karnovski. Jégor est un enfant souffreteux, qui, même s'il a hérité de certains traits des Karnovski semble avoir du mal à accepter la judéité de son père. Au fur et à mesure qu'il grandit il a honte d'être un Karnovski. C'est un Enfant en mal d'identité, à qui on a rien expliqué et qui se retrouve en pleine montée du nazisme coincé entre le côté maternel « bien comme il faut » de sa mère aryenne et l'incorrect juif de son père.

D'un côté on l'emmène à l'église, de l'autre on lui parle de la synagogue, comment se construire dans un tel contexte ? Adolescent mal dans sa peau, avec une haine grandissante pour le côté juif de son père, Jégor ne sait plus où il est et multiplie les provocations qui sont autant d'appels au secours.

Ce sont de beaux portraits que nous dresse Israel Joshua Singer, de la douceur, de la tendresse, de la colère parfois et cette fougue omniprésente de réussir et de se fondre dans la masse tout en gardant les traditions juives.

On pourrait penser que c'est avant tout une histoire d'hommes, mais les femmes sont attachantes et fortes, même si les portraits qui en sont dressés ne le montrent pas au premier abord. Il y a la douce Léa qui a toujours peur de faire un faux pas et qui supporte tout, pour l'amour de David.

Térésa, l'épouse de Georg qui fait de gros efforts pour faire oublier qu'elle n'est pas juive. Elle met de côté sa carrière d'infirmière pour s'occuper de son fils, elle est mal à l'aise dans les salons et supporte mal le regard des femmes qui se posent sur son mari.

Elsa est libre comme l'air, elle a éconduit Georg et choisi la politique, elle doit affronter un monde d'hommes, elle enchaîne les meeting et devient député, en tant que juive, elle subit elle aussi la montée de l'antisémitisme.

La description des lieux est monumentale, on s'y croirait tellement l'auteur met un point d'honneur à décrire avec précision et dans les moindres détails les rues et les commerces de la Dragonerstrasse. On entend le brouhaha de la boutique de Salomon Bourak, et on imagine parfaitement le personnage qui vocifère dans tout le magasin. On marche sur la pointe des pieds pour ne pas déranger Efroïm Walder qui, éclairé d'une chandelle s'abîme les yeux dans les livres, à côté de lui dort son vieux chat. On s'émerveille de la maison cossue de David et Lea et des centaines de livres qui ornent la bibliothèque. On ouvre grand les yeux sur l'imposante villa du quartier chic de Georg ou tout semble ostentatoire. On est surpris par la vétusté dans laquelle vit le brillant Docteur Landau.

La vie des trois génération s'écoule tout au long du livre et c'est tout simplement délicieux. Il y a de tout dans ce livre, de l'amour, de l'humour, de la tendresse, de l'amitié et même parfois de jolies leçons de morale.

C'est un pavé de plus de 700 pages et quand on le termine on se dit déjà ?

J'aurais aimé connaître la quatrième génération, l'évolution de Jegor avec son mal d'identité et sa haine farouche de la branche juive de son père, mais l'histoire s'arrête là, la porte se ferme juste au moment où il ne faudrait pas….. l'auteur est cependant très subtil, il nous laisse les clés et une piste…..à nous d'imaginer
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C'est le premier livre de Israël Joshua Singer, frère ainée d'Isaac Bashevis, que j'ai lu et l'ayant dévoré d'un seul trait, j'étais tout de même un peu frappée que ce soit son frère et ne pas lui-même qui ait reçu le prix Nobel.
Il s'agit de la saga de la famille Karnovski, à travers de trois générations, la menant de Melnitz à Berlin et enfin à New York, en fonction des événements historiques ne pas très favorables aux juifs ni en Pologne ni en Allemagne. David, Georg Moïse, Georg Joachim – Jegor –, nous les voyons réussir et échouer, malgré et grâce à l'obstination propre à la mishpokhe Karnovski.
L'écriture du roman est volontiers d'un style plutôt simple, comme racontée en direct et souvent avec une certaine ironie. Singer se montre tant bon psychologue comme fin connaisseur des coutumes juives ashkénazes et cisèle les portraits des différents personnages avec beaucoup d'expertise.
Publié en 1943, un an avant la mort subite de son auteur, Singer arrive ainsi de donner un profil psychologique lucide au nazisme et ses « hommes bottés » quoiqu'il n'a plus pu connaître les conséquences historiques dans toute leur envergure.
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Un livre qui se lit avec passion jusqu'à la dernière page.
Le destin de Trois générations de la famille Karnovski.
Famille juive qui décide de quitter la Pologne à l'aube de la Grande Guerre, puis un nouvel exil vers l'Amérique lors de la Seconde Guerre.
C'est avec passion , douleur et attachement, que l'on suit le destin de Jegor, fils d'un père juif et d'une mère aryenne.
Et c'est aussi avec une grande admiration que l'on suit les difficultés de ces personnages, de premier ou de second plan, qui ont du repartir de "rien" à chacun de leur exil. Quel courage ...!
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Israël, grand frère d'Isaac, visionnaire (mort avant la fin de la 2nde guerre mondiale), dépeint avec justesse et droiture un destin ashkénaze. A lire si on veut en connaître un peu plus sur la culture juive d'Europe de l'Est
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Une fresque magnifique que l'on lit d'une traite ou presque...Une très belle écriture, simple qui rend l'histoire vivante et explique la difficile intégration des juifs européen obligés de quitter l'Allemagne rongée par la barbarie nazie.
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Elsa ne l'interrompt pas. Elle se contente de le regarder de ses yeux intelligents dont elle semble avoir pris soin de faire disparaitre toute trace d'attendrissement. Elle plaisante : "Qu'est ce que c'est que ça, un ultimatum, jeune homme ?"
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