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Israel Joshua Singer raconte dans D'un monde qui n'est plus: “Parmi les differentes histoires que les Juifs raconterent au repas, mon pere lui aussi en raconta une, celle de Yoshé le fou ; d'un fils de rebbe, Moyshe-Haim Kaminker, qui avait quitte sa femme, la fille du rebbe de Shiniave ; et quand il revint plusieurs annees plus tard aupres de son epouse abandonnee, des Juifs l'accuserent de n'etre pas Moyshe-Haïm Kaminker le gendre du rebbe, mais un mendiant du nom de Yoshé Kalb, qui avait abandonne sa femme, une demeuree… Mon pere avait connu Yoshé Kalb et raconta tres bien aux convives, ce jour-la, toute la confusion qui se produisit dans la vie juive autour de cette histoire… Tout le monde etait assis la bouche et les oreilles grandes ouvertes, plein de curiosité pour cette enigme que personne n'avait pu resoudre ; j'etais moi-meme comme frappe de stupeur”.


Le petit Israel Joshua n'oubliera pas cette histoire. Plus tard il en fera la matiere de son premier livre, Yoshe Kalb (Yoshe le veau), ou, dans sa traduction francaise, Yoshe le fou.

Un livre en trois volets. Au premier, le Rabbi des hassids de Nyesheve, Melech, a perdu sa femme et veut se remarier une troisieme fois (ou quatrieme? J'ai perdu le compte) avec une toute jeune fille. Mais pour cela il doit d'abord marier sa fille Sourele. Il precipitera ce mariage, lui trouvant un tout jeune homme, Nahum, verse dans les saintes etudes, qui ne saura comment se comporter avec sa femme, qu'il n'apprecie pas, mais (miracle!) tombera amoureux de sa jeune belle-mere. Ils consommeront leur amour (malheur!), il ne pourra se le pardonner, elle tombera enceinte et en mourra, il fuira, abandonnant Sourele et Nyesheve.

Deuxieme volet. Arrive a Bialogora un jeune homme taiseux qui passe ses journees a recite des psaumes a la porte de la synagogue. Il ne parle a personne et ne demande rien, on l'appelera Yoshe le fou. le bedeau en fera son aide, son homme a tout faire et l'amenera chez lui, ou sa fille, demeuree, croira fermement qu'on lui a amene un futur mari. Quand cette fille se fait violer, on accusera Yoshe et on l'obligera a la marier. Et la ceremonie ie du mariage a peine finie, il fuit.

Troisieme volet. Un homme arrive a Nyesheve, disant: Je suis Nahum. Sa femme, Sourele, le reconnait, il est fete par tous et bientot admire pour son savoir et son ascetisme. Mais arrive un pelerin de Bialogora qui affirme le reconnaitre comme Yoshe le fou. Est-il marie a deux femmes en deux endroits differents? S'ensuivra une grande querelle entre la communaute de Bialogora et la cour hassidique de Nyesheve, dans laquelle tous les grands rabbins de Pologne, Hongrie, Lituanie devront prendre parti, et meme les autorites civiles autrichiennes seront melees. le vieux Rabbi de Nyeveshe en mourra, mais alors qu'on pense a Nahum pour lui succeder, il fuit.


L'histoire est prenante. Israel Joshua Singer est un grand conteur. Mais surtout, j'ai senti que derriere les descriptions de la vie et des coutumes des juifs, hassidiques ou autres, emerge sa critique de toute cette societe.

Chez les hassidim qu'il decrit, le Rabbi, le chef, est venere comme un saint miraculeux, alors que la plupart des fois il n'est pas un grand erudit, bien au contraire, souvent un rustre mal leche qui ne pense qu'a obtenir de plus en plus de dons de ses suiveurs, de ses fideles. Cette direction etant hereditaire, ses enfants se disputent pour la succession, pour le gros lot. Et comme chaque cour veut agrandir son influence, les masses de ses fideles et par la ses revenus, elles se livrent entre elles de vraies guerres d'influence qui peuvent conduire a des altercations et des empoignades entre les suiveurs jusque quand les synagogues: “Les disciples hassidiques de Nyesheve et de Gorbitz s'empoignaient, on assista a des scenes scandaleuses. Sous l'effet de ce nouveau conflit des rivalites professionnelles se transformerent en haines frenetiques. Des communautes en excommunierent d'autres, solennellement. Il y eut des mariages brises. Les parents rappelerent leurs enfants maries et leur ordonnerent de divorcer. Les fanatiques de Nyesheve refusaient d'acheter la viande abattue par leurs ennemis et le vin qu'ils vendaient pour la benediction. Cette viande, affirmaient-ils, était impure. Ils ne voulaient pas etre enterres cote a cote dans les cimetieres. L'agitation s'etendit aux femmes. […] Les journaux viennois publierent des articles enflammes sur la guerre civile qui faisait rage chez les « Juifs a papillotes », les fanatiques de Galicie”.

Les simples juifs ne sont pas mieux servis chez Singer. Leur religion est impregnee de superstitions et de pratiques plutot paiennes. Les differences economiques, de classe, sont enormes. Une multitude de mendiants passe de village en village, de bourg en bourg, et ils peuvent devenir menacants: “Le premier matin apres la foire, les mendiants prirent la ville d'assaut. Comme toujours, les habitants essayerent de distribuer des proutos, mais personne n'en voulut. La foire avait été exceptionnellement reussie. Les mendiants le savaient, et n'acceptaient que les vraies pieces. Ils étaient en greve; ils refuserent les proutos, le sucre et les quignons de pain, qu'ils jetaient avec rage. « Vous pouvez etouffer avec! Donnez-nous de l'argent! » Les villageois grognaient et sortaient leurs groschens”. (Apres le pain et le sucre, les proutos etaient l'aumone la plus miserable. C'etaient des morceaux de papier remboursables par la communaute a un taux bien inferieur a celui de la plus petite piece de monnaie). Et nombreux sont ceux pour qui tous les moyens sont bons afin de s'enrichir, ne serait-ce que peu. Ainsi le bedeau de la synagogue de Bialogora eteint les cierges poses par les fideles pour se garder la cire, et n'hesite pas a pecher dans les caisses de charite. Et qu'en est-il des grands rabbins erudits? Ils sont certes un modele de morale, mais le rationalisme leur est completement etranger. En fin de livre, quand tous les grands magistrats rabbiniques se reunissent pour juger Nahum/Yoshe, le dernier mot sera celui du “Saint de Lizhane": “Vous etes une reincarnation, l'ame errante d'un mort! […] vous n'etes rien vous-meme… vous etes un mort errant dans le chaos du monde!”


Il m'est clair que Singer ne pense pas beaucoup de bien de la facon de vivre et de penser des juifs des shtetl et autres petites communautes provinciales. Et encore moins des cours hassidiques. Son heros, Nahum, est une ame pure, et sa seule salvation est la fuite. Quitter ces societes fermees, anachroniques, obsoletes, non pour etre un mort errant comme on l'a accuse, mais justement pour vivre, arriver a vivre dans une societe qui, plus ouverte, pourra lui permettre de s'affirmer.

Singer lui-meme a fait ce parcours. Il a fui la communaute hassidique de ses parents pour s'ouvrir au monde, a la civilisation occidentale, tout en restant juif et ecrivant en yiddish. Et son ecriture reste attachante, enivrante, meme en traduction francaise. Yoshe le fou, son premier livre, en est deja un bel exemple.
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C'est l'effervescence dans la communauté hassidique de Nyesheve : le Rabbi Melech marie sa plus jeune fille, Sourele, avec Nahum, le fils d'un autre Rabbi. Mais le fiancé a à peine quinze ans et il n'éprouve aucune attirance pour sa lourde et lente promise. le mariage n'est pas heureux et Nahum se consacre entièrement à l'étude du Talmud. Un jour, il croise le regard de braise de Malka, la très jeune et très jolie troisième épouse de son beau-père. Pauvre Rabbi Melech ! « Que lui restait-il au monde en dehors de… de sa femme ? Ses enfants étaient ses ennemis. Ils attardaient le jour de sa mort pour se partager l'héritage de son empire rabbinique. Aucune n'avait d'affection à lui donner. Mais elle… elle était si jeune, si belle. » (p. 79) Malka se livre tout entière à sa passion pour le jeune époux de sa belle-fille. Nahum tente de résister, mais comment repousser l'amour vrai quand il se présente ? Évidemment, les conséquences seront dramatiques et Nahum disparaît. Quinze ans plus tard, Yoshe arrive à Bialogora. Tout le monde le trouve bizarre, mais on le respecte quand même. « Yoshe ne disait rien. Ses lèvres remuaient, mais pour entonner des Psaumes. Jamais il n'arrêtait de dire des Psaumes, ni quand il allait en courses, ni quand il entretenait le poêle, ni quand il balayait la synagogue. » (p. 179) Voilà que la peste s'abat sur Bialogora : Yoshe est-il coupable ? Il reprend la route et son chemin s'achève à Nyesheve : est-ce Nahum qui est de retour ? Mais qui est Yoshe ? Qui est Nahum ? « Qui êtes-vous ? / Je ne sais pas. / Vous ne savez pas ? […] / Aucun homme ne sait qui il est, répondit l'étranger. » (p. 320)

Ce roman paru en 1933 est terriblement moderne, porté par un style fluide et riche. le mariage n'est pas présenté comme un sacrement heureux et fertile, mais comme l'enchaînement de deux êtres pris au piège d'un serment presque arraché sous la contrainte. L'amour ne s'épanouit pas dans les liens maritaux, mais il survit coûte que coûte au temps et aux séparations. Il y a quelque chose du conte fantastique et de l'épisode biblique dans la disparition et le retour de Nahum/Yoshe. le questionnement identitaire s'étend à la communauté juive dont les visages sont multiples, mélangés, superposés. La lecture de Yoshe le fou nourrit et fait exploser mon intérêt pour la culture juive et sa littérature. À suivre, donc, M. Singer !
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Israël Joshua Singer est le frère aîné d'Isaac Bashevis Singer dont j'apprécie particulièrement les romans et les contes.

Après avoir regardé les trois saisons de la série « Shtisel » sur Netflix, j'ai eu envie de rester un peu dans l'univers des juifs orthodoxes.

Ce roman nous entraîne dans une communauté hassidique d'Europe de l'Est à la fin du XVIIIème siècle.

Le jeune Nahum, à peine pubère, est marié à Sourele,14 ans, fille du Rabi de Nyesheve. Si Sourele, qui n'a pas un physique des plus agréables, se sent investie de la mission de rendre son époux heureux, le jeune homme, lui, ne la regarde qu'à peine, passe ses journées à étudier les textes sacrés et évite de remplir son devoir conjugal.

Leur vie commune aurait pu s'écouler ainsi pendant des années. Mais, le Rabbi de Nyesheve vient de se remarier pour la quatrième fois. La nouvelle épousée, Malka, est à peine plus âgée que sa fille Sourele et jouit d'une grande beauté.

Nahum, pour son plus grand malheur, va tomber fou amoureux de Malka, sa jeune belle-mère. Il s'enfuira de la cour du Rabbi et errera sur les routes pendant 15 ans, passant ses journées à réciter les Psaumes. Il sera surnommé Yoshe le fou.

Son retour après cette longue absence va déclencher un cataclysme dans la communauté hassidique.

J'ai aimé ce roman parce qu'il m'a fait découvrir l'univers des cours rabbiniques avec ses coutumes, ses croyances mais aussi ses mensonges, ses hypocrisies, les maux et les dérives causés par une religion extrêmiste.

Au moment de la parution en 1932 de ce roman, Israël Joshua Singer fut comparé par les critiques à Balzac, Dickens, Tolstoï. Je suis d'accord : il a le talent de décrire sans complaisance cette société, que ce soit les plus fortunés ou les mendiants.

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Israel Josha Singer, dès son premier roman, montre toute la palette qu'il développera si bien de conteur d'histoires où la vie quotidienne et les traditions ashkenazes sont complètement liées. Dans Yoshe le fou, il y a une histoire d'amour interdit mais surtout la présence constante des oppositions parfois violentes entre juifs hassidiques et mitnagdimes (ou opposants) - les premiers figurants un courant plus humanitaires de la foi, les seconds la version ultra-orthodoxe de l'application de la Loi - et surtout un style et un sens du récit qui arrivent à rendre très facile à lire ce qui aurait pu à priori se révéler un peu ardu ou rébarbatif. J'ai appris plein de choses sur les coutumes, les rituels, et même si il est impossible de retenir tous les termes et leurs significations, leurs historiques,etc l'ensemble est abordé sous une forme de récit passionnant. Ca ne veut pas dire qu'il soit facile de s'y retrouver dans la foultitude des personnages dont les noms, à mon niveau, se ressemblent tous. C'est d'ailleurs une des caractéristiques majeures de Singer que de savoir brosser les portraits des protagonistes qui les rend tous (et ils sont nombreux!) très présents et intéressants.
Une oeuvre dont le seul bémol est d'être un peu trop courte, ce que Singer saura dépasser dans plusieurs de ses romans suivants, notamment son chef d'oeuvre à mon goût Les frères Ashkenazi.
Né d'un père rabbin hassidique, Singer se révoltera contre la tradition et on sent déjà ici sa vision acerbe et très critique de l'absurdité d'une société basée sur la religion et les interdits, et le respect au sens strict de la Loi talmudique. Gageons que, s'il avait vécu à la création de l'état d'Israel et qu'il ait décidé d'y émigrer (déjà, ça serait étonnant), on l'aurait plutot retrouvé à Tel-Aviv qu'à Jérusalem...
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J'ai été un peu déçue par ce roman, cela commençait bien, et puis tout paraît rocambolesque et en même temps ennuyeux, je ne le recommanderai pas.
J'ai largement préféré l'autre roman du même auteur "les frères Ashkenazi"...
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Ce livre est profond. Il y a tellement de choses à dire que je risque sûrement d'oublier de vous parler de certaines choses. Je ne suis pas une grande critique. Je suis quelqu'un d'assez simple. Je ne veux heurter personne et excusez-moi par avance si mes propos semblent critiquer une communauté. Je préviens le lecteur de ma critique que je vais un peu spoiler. ;-)
J'ai refermé ce livre avec des sanglots coincés dans la gorge; tout d'abord en raison de l'aspect humain. Cela a été un crève-coeur de voir la souffrance de Nahum errant en n'ayant que dans la bouche la récitation des psaumes pour se faire pardonner d'avoir perdu sa bien-aimée en pensant avoir commis un pêché impardonnable. Je pense qu'il s'auto-flagelle dans l'espoir d'être pardonné en haut et de pouvoir la retrouver.
Le plus triste dans cette histoire, c'est que son esprit est hanté par le pêché qu'il a commis et le fait qu'il ait perdu Malka.
Le monde hassidique est tellement exigeant et nous le découvrons dans le roman. En même temps, on ne peut que louer le respect d'une loi, une éducation bien structurée et respectueuse du divin. Malheureusement, mon côté humain et empathique fait de multiples objections. Il faut savoir se libérer de certaines contraintes pour vivre dans l'amour. Quand on tombe sur une mauvaise personne, il est évident de ne pas s'enfermer à perpétuité dans un malheur sans amour.
J'ai été très surprise aussi par la sévérité et parfois le manque de tolérance des hassidiques; ce qui m'a choqué c'est la violence physique aussi. C'est un monde très extrême qui ébranle mon coeur fragile. Je suis une grande romantique et je pense qu'il vaut mieux blesser une personne en la quittant que de rester et la rendre malheureuse. Sourele aussi aurait pu être heureuse plutôt que de subir sans broncher. Elle a le rôle de la personne abandonnée et qui n'a plus le droit de vivre parce que son mari s'en va. On la juge sévèrement en pensant que c'est sa faute. Trop de sévérité. Pourtant, la torah nous enseigne d'aimer son prochain comme soi-même. Il ne faut pas oublier l'amour. le seigneur est amour.
Je suis mitigée parce qu'il y a aussi un profond respect qui règne dans ce roman. Un respect silencieux qu'on a peur d'ébranler et le silence a toute sa place dans ce livre et on le comprend. Je crois que c'est ce silence qui ébranle le coeur du lecteur.
Je conseille ce livre qui nous secoue de par sa différence, par un monde pas toujours facile à comprendre mais qui nous aide à réfléchir et à comprendre même à travers les non-dits.
Je n'ai pas tout dit. Je trouve qu'il y a un sentiment d'inachevé mais en même temps, il faut parfois s'arrêter avec cette souffrance parce qu'on ne peut finalement pas revenir en arrière !
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En lisant ce livre, je n'ai pu manquer de faire un rapprochement avec "le Dybbuk". Je n'ai eu aucun mal à reconstituer l'univers de ces cours rabbiniques d'Autriche et de Galicie que ce soit ou au XVIIIème siècle au 20ème ou au 21ème siècle, le hassidisme reste fidèle à ses principes et traditions d'autant que maintenant (et malgré leur négation d'un Etat qui ne leur a pas été donné par Dieu) ils ne sont plus mis à l'index par les juifs orthodoxe....

La différence d'éducation et de raffinement entre le Juif Autrichien plus ouvert sur le monde et le juif criaillant, mendiant et crasseux du schtetl, souvent l'esprit borné et passant sa vie en bigoterie et en lamentations pour tout et rien avec un air de martyr désigné fait que l'on prend (du moins moi je prends) fait et cause pour ce jeune homme obligé par tradition et pour une alliance entre cours rabbiniques de se marier, alors qu'il n'était pas prêt, avec une fille qu'il n'a pas choisi et avec qui il est sans conteste mal assorti.

Ce livre vous fait pénétrer dans un mode clos avec ses propres lois, ses traditions, ses peurs, ses supertitions ou la méfiance ancestrale du"goï " perdure de génération en génération.
Lien : http://adighee.canalblog.com..
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Le grand rabbin hassidique de Nyesheve, tout puissant, richissime, mais plutôt rustre, marie sa plus jeune fille et Nahum, tous deux âgés de 14 ans.Le jeune homme est délicat, raffiné, cultivé. Si la jeune femme, qui n'a pas appris autre chose, se dévoue pleinement à son époux, celui-ci entre dans une neurasthénie délétère. Mais le vieux rabbin épouse à son tour en quatrième noce une toute jeune femme. Celle-ci et le jeune marié tombent amoureux au premier coup d'oeil. Dans ce contexte de règles, de convenances et de paraître, le jeune homme s'enferme dans sa religiosité et sa culpabilité, et devient peu à peu Yoshe le fou. Et des années après, le destin fera de cette dérive, résultat de la folie des hommes et de leurs vertus hypocrites, la perte de la cour hassidique.

Mi-conte philosophique, mi-récit picaresque, Yoshe le fou est une critique acerbe des milieux hassidiques de l'Europe de l'Est au XXème siècle. La verve de l'auteur n'exclue pas quelques longueurs , mais Israël Joshua Singer, à travers une galerie de portraits souvent truculents, arrive à décrire avec précisions et humour les codes et dérives de ce milieu, infatué de lui-même, bardé de certitudes et fausses croyances.
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A l'aube du XIXème siècle dans une communauté hassidique de Galicie, Rabbi Melech arrange le mariage de sa fille avec Nahum. Leur jeunesse ne facilite pas leur union. Ils sont impressionnés l'un par l'autre. Une fois toutes ses filles mariées, Rabbi Melech peut s'unir à nouveau. Il jette son dévolu sur une jeune femme, Malka. Nahum qui plonge dans l'étude du Talmud pour fuir son épouse tombe fou d'amour pour Malka. Au sein d'une société codifiée et rigide, naît une passion dévorante et folle. Quelques années après, apparaît Yoshe le Fou. Cet homme bouleverse et questionne.
Ce roman écrit en 1932 est un exemple du classicisme des grandes épopées. Les descriptions sont très précises. L'auteur prend un plaisir à faire exister tous ces personnages. le moindre détail a son importance car il révèle les codes qui régissent cet univers hassidique. C'est donc une plongée très documentée dans cette cour religieuse. le rythme, les habitudes et les rapports de force sont essentiels pour comprendre les personnages. Quand Nahum et Malka tombent amoureux, c'est une véritable passion qui les dévore et commence à consumer la rigidité de la cour. Cet amour est bouleversant par les sentiments et apporte un souffle de liberté incroyable. En étirant le temps grâce à des ellipses, l'auteur base la dramaturgie de son histoire sur la persistance de la passion et des secrets. Derrière l'histoire d'amour, il décrit une société qui refuse les sentiments car ils représentent un vrai danger de déstabilisation. Les transitions elliptiques coupent un peu le rythme mais la proximité avec les personnages est telle qu'on ne lâche pas le roman.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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Une histoire passionnante, un véritable voyage dans une culture religieuse, à une autre époque, en europe de l'est. Non vraiment ce livre fut une vraie découverte, tout de l'histoire au décor y est passionnant. La seule raison pour laquelle je ne mets pas une cinquième étoile est que l'usage de terme très précis de la culture juive m'a souvent déroutée et poussée à consulter un peu trop le dictionnaire pour une lecture vraiment fluide.
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