je renonce à la tâche ardue de définir cet état spirituel que la philosophie orientale nomme Nirvana; je me bornerai à en présenter une conception moins imparfaite et moins bizarre que celle qui est généralement adoptée comme je l'ai fait pour la goutte d'eau, je comparerai cet état plutôt à l'absorption de la conscience universelle par l'individualité, qu'à l'absorption de l'individualité par la conscience universelle.
Il faut avouer cependant que des possibilités d'évolution accélérée existent pour certains hommes dont les aspirations spirituelles sont limitées et qui entrent dans la voie du développement dans un but purement égoïste. Ces hommes espèrent, par là, acquérir un surcroit de puissance, et dans les grandes potentialités qui s'éveillent en eux ils entrevoient un moyen d'arracher à la Divinité quelques-uns de ses trésors, pour les faire servir ensuite au seul triomphe de leur vanité personnelle,et cela pendant une période donnée, seule éternité dont ils aient souci. Celui qui entra dans le sentier du développement occulte inspiré par de tels motifs court très probablement au-devant d'un échec terrible ; il sera rejeté violemment dans normale où il endurera de longues et horribles souffrances.
L'enseignement ésotérique expose la base des choses en tout ce qui concerne ces hauts états de conscience, et ceux qui, après avoir pris la peine de comprendre l'enseignement, cherchent ensuite à le contrôler et à le vérifier à l'aide de tous les moyens dont ils disposent le savent bien. Mais c'est là justement ce que l'élément intellectuel contemporain n'a pas encore essayé. Quelques-unes seules des intelligences dirigeantes ont proclamé l'importance des investigations psychiques, et moins nombreux encore sont ceux dont le discernement a su voir que l'enseignement ésotérique théosophique laisse bien loin derrière lui les découvertes prématurées des étudiants insuffisamment expérimentés de la psychologie.
Tout savant, digne de ce nom, attacherait aux recherches spirituelles une importance dépassant celle de ses propres travaux, s'il croyait que les découvertes faites dans cette voie puissent être définitivement prouvées. Malheureusement les plus patients investigateurs de la Nature, en Occident, sont persuadés que les problèmes relatifs aux lois et propriétés de la matière sont seuls susceptibles d'une solution définie; si donc, on pouvait leur démontrer que les problèmes concernant les lois et propriétés de la conscience peuvent être résolus aussi explicitement que ceux de la matière, beaucoup d'explorateurs dirigeraient leurs recherches vers ce domaine qu'ils croient encore inconnu.
Ni notre volonté, ni les efforts do notre intelligence ne sont nécessaires à la nature pour réaliser le plan général qu'elle a conçu ; mais en ce qui regarde sa destinée personnelle, chaque homme doit choisir, en connaissance de cause, le rôle qu'il veut jouer dans les hautes régions de ce plan, et Je premier pas à faire, s'il veut commencera marcher, c'est d'essayer de comprendre. Il ne peut toujours marcher à la dérive, uniquement préoccupé des choses matérielles.