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Critique de sabine59


Quelle merveilleuse idée a eue Marie Sizun, en réhabilitant ces " petits personnages" des tableaux! " J'ai pensé qu'il serait plaisant de les retrouver, ces anonymes, ces modestes formes humaines, et, en leur insufflant un nouveau souffle de vie, de leur permettre d'exister pleinement."

L'auteure, qui est aussi peintre, a choisi 31 tableaux, très souvent d'artistes de la deuxième moitié du 19ème siècle ou du début du 20 ème: Caillebotte, Morisot, Monet, Vuillard, Bonnard. Mais on y trouve aussi Watteau, Fragonard et même les" Très Riches Heures du duc de Berry" des frères de Llmbourg. Chaque chapitre qui constitue une nouvelle, une " fantaisie" selon l'auteure, présente d'abord l'oeuvre, une description précise de l'ensemble du tableau, puis ce qu'imagine Marie Sizun à partir de son observation attentive de ces silhouettes , ces formes quelquefois à peine esquissées, le paysage étant en principe le centre d'intérêt.

Son regard d'artiste s'associe ici à une écriture fine, expressive: les descriptions sont magnifiques de justesse et de sensibilité. L'interprétation délicate et poétique des nuances, des formes rend ces tableaux vivants, vibrants. " C'est un paisible paysage de bord de Loire, des bancs de sable doré formant de doux îlots aux courbes harmonieuses, dont le plus grand est planté d'arbres au magnifique feuillage. Une image qui irradie la paix et un bonheur de solitude étonnamment sensuel" écrit-elle, à propos de " Sables au bord de Loire" de Felix Vallotton.

Mais ce qui ravit le lecteur, plus encore, c'est cette capacité à imaginer des moments de vie de ces personnages que l'on peine parfois à découvrir, tant ils paraissent indistincts. J'ai d'ailleurs dû souvent aller les observer sur Internet, le petit format ne permettant pas vraiment une vue détaillée.

Toutes les histoires inventées par l'auteure m'ont intéressée. Certaines, bien sûr, plus que d'autres. Je pense en particulier au chien de Turner ou à la femme du meunier de Charles Cottet, à l'homme goûtant sa solitude dans l'oeuvre de Vallotton déjà citée.

Evidemment, Marie Sizun n'est pas la première à faire vivre des tableaux. Philippe Besson dans" L'arrière-saison", ou Gaelle Josse dans " Les heures silencieuses", par exemple, l'ont déjà tenté. Mais la démarche ici me semble différente. Privilégier l'insignifiant, la légère touche humaine pour les transcender, les inscrire dans le temps, voilà une création originale, émouvante. Je conseille vivement ce livre, à savourer lentement, au gré des oeuvres...
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