Karin Slaughter est une auteure vers laquelle je reviens périodiquement, lorsque j'ai envie d'un thriller haletant qui me laissera complètement à bout de souffle par sa densité et ses nombreux rebondissements. Et dans le genre, "
Son vrai visage" a été diablement efficace ! Même si les trop nombreux détails de l'intrigue commencent à s'estomper un peu dans ma mémoire (je l'ai terminé il y a un mois), les personnages en sont marquants, notamment Laura, cette mère quinquagénaire orthophoniste dont la vie apparemment si tranquille dissimule un passé tumultueux. Et sa fille, Andy, la trentaine, qui nous semble bien fade au début du livre, et qui en l'espace de quelques jours va devoir mûrir et appréhender l'histoire incroyable de sa filiation au cours d'une cavale effrénée entre sa petite ville de Géorgie et l'Idaho, où Laura la presse de se rendre après que chacune d'elles ait tué un homme. Et oui, ça commence fort...
A partir du second tiers du roman, des flashbacks réguliers nous renvoient en 1986, où nous suivons une équipe de jeunes terroristes-justiciers, persuadés d'agir pour le bien des opprimés et contre les exploiteurs. Ils ciblent notamment ces riches propriétaires d'assurances qui refusent de prendre en charge les dépenses de ceux qu'ils considèrent comme inutiles à la société. Ce groupe agit sous l'emprise d'un leader charismatique aux allures de gourou qui les a séduits au point d'en faire agir certains contre leur propre famille. le contexte évoque l'affaire
Patricia Hearst (affaire emblématique des années 70, où une jeune héritière victime d'un enlèvement va finalement collaborer aux actions de ses ravisseurs), et on baigne dans la musique des Doors, si sombre parfois mais ô combien envoûtante.
Bien sûr, entre passé et présent (2018), on devine assez vite certains liens, néanmoins c'est bien amené et convaincant, de sorte que même les grosses ficelles passent sans problème. On retrouve des personnages parfois à la limite de la caricature, je pense à Paula, une des groupies fanatiques de Nick, le chef des apprentis terroristes, tellement mauvaise qu'elle en ferait presque sourire, mais "presque" seulement. La métamorphose d'Andy, tellement falote et indécise au début, qui devient en quelques semaines une véritable guerrière n'est pas toujours très crédible non plus. Mais on est tellement emporté par le rythme du récit et le découpage efficace qui arrête chaque chapitre à un moment crucial qu'on lit sans se poser de questions, trop hâte de connaître la suite. L'atmosphère est de plus en plus tendue, après une mise en place efficace, sans longueurs inutiles.
Bref, certainement pas un roman inoubliable, mais qui "fait le job", et donne envie de découvrir d'autres oeuvres de
Karin Slaughter. Je recommande aux amateurs de thrillers psychologiques avec pas mal d'action, et que les scènes de violence ne rebutent pas trop, car il y en a quelques-unes, nécessaires au déroulement de l'intrigue à mon avis.