Perdu dans la ville

"Perdu dans la ville" est un album graphique au charme subtile et riche.
Pour un peu, nous serions presque passés au niveau supérieur à y regarder, celui d'une BD graphique pour un public moins jeune, à l'oeil artistique plus aguerri.

Mais c'est bel et bien aux plus jeunes que l'histoire s'adressera.
L'auteure-Illustratrice Sydney Smith jouera de cette note roman graphique certe, ce qui fera de l'ensemble quelque chose de très créatif et la stylisation, les couleurs et les grands moments d'intériorisation seront au service de l'émotion.

Nous pourrions nous passer du texte, si l'on voulait.
Mais il a son charme aussi et il nous distillera des indices quant à ce qui se passe.
Il est court, page par page, il nous fera l'effet d'une pensée qui s'étirera au fur et à mesure comme un fil rouge à suivre.
Ce fil de pensée sera le ton d'une humeur donné.
Le temps passera lentement et nous aurons l'impression qu'il ne se passe pas grand chose.
Et pourtant à l'intérieur du personnage, tandis que le monde s'agite dans le froid, si, il se passe des choses émouvantes, attendrissantes.

Le titre nous induira un peu en erreur au début et nous ne déduirons pas correctement.
"Perdu dans la ville".
Nous suivrons du début à la fin du livre cette petite fille qui prend les transports en commun toute seule, qui déambulera lentement, sans se presser, presque en trainant des pieds dans la neige, sur les trottoirs et dans les rues.
Elle porte un sac à dos.
Est-elle perdue, s'est-elle sauvée de chez elle?

Mais il n'y a pas de "E", pas d'accord à "perdu", ainsi nous ne pourrons nous accorder sur ce qu'il se passe vraiment.
Sydney Smith jouera bien sûr sur les apparences.

La petite prendra le temps, de savourer le silence des coins de rues qui le permettent, frigorifiée, loin des chiens qui gardent les entrées des maisons, loin des marteaux-piqueurs des travaux.
Ces pensées insisteront là-dessus et plus tard nous comprendrons pourquoi elle choisira d'emprunter les sentiers plus tranquilles.
Comme le ferait un animal, un animal qui se réfugierait loin du bruit, un animal sans doute un peu perdu.
Les éléments s'assembleront petit à petit, c'est très bien pensé et nous rirons aussi d'avoir jugé hâtivement.
Cette petite rentrait tout simplement chez elle après l'école.
C'est beau, sensible et plus tendre qu'attendu.
A découvrir.

Dans un bus bondé, un garçon au regard inquiet progresse vers la ville, New York probablement. La ville, son agitation, ses bruits… voitures klaxonnantes, sirènes, tohu-bohu de chantiers de construction, gens pressés, fumée et poussière, grattes-ciel immenses, grandes rues surchargées, ruelles sombres, ombres et grisaille envahissantes. Seul au coeur de la ville, en plein hiver de surcroît, on est un petit point minuscule face à une kyrielle de dangers. Ça, le garçon le sait bien, sans expérience on se perd facilement… En rentrant chez lui ce jour-là, il s'inquiète pour quelqu'un. Quelqu'un qu'il aime très fort. Perdu dans la ville. Alors il s'adresse à lui, en pensée. Il le met en garde, le rassure, lui indique les lieux sûrs. L'enveloppe d'ondes bienveillantes. À pied sous la neige, il parcourt son chemin quotidien vers sa maison, et confiant espère que celui qu'il aime tant suivra ses pas. Et rentrera enfin.
Un texte comme une prière et des dessins émouvants. le trait noir est appuyé, la représentation de la ville est géométrique – verticalité, droites parallèles, lignes entrecroisés, rectangles, perspectives -, cinématographique – cadres, gros plans, plans large, caméra subjective, contre-plongée -. Mots et images créent une tension narrative, du suspense, un climat immersif – À qui parle le garçon?. Un très bel album immersif.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..

Un petit garçon traverse le centre-ville, donnant des conseils sur les lieux à éviter et les endroits où l'on peut se reposer. Que fait-il tout seul là-bas ? Et à qui s'adresse-t-il ? Les réponses en fin d'album !

La première chose qui m'a frappée c'est la maîtrise des illustrations (déjà rien que la couverture avec les reflets dans la vitre du tram, mais aussi la façon dont l'image est parfois découpée, le cadrage, etc.). Il y a aussi de l'audace, car les illustrations sont assez sombres, à contre-courant de ce que l'on voit en littérature jeunesse. Même l'histoire a un petit côté inquiétant... jusqu'à ce qu'on comprenne ce qu'est en train de faire le garçon.

C'est une belle découverte, je regrette juste le portrait pas forcément flatteur que Sydney Smith dresse des grandes villes.

Jour de neige, un enfant marche dans une grande ville . Rues bondées, bruits incessants, ruelles parfois sombres. Il a ses raisons de marcher seul.
Il se dégage de cet album un calme, une douceur. Les illustrations sont simples, belles et expressives.
Un enchantement.

On suit un petit garçon qui traîne dans une grande ville, qui a l'air perdu, et on nous parle d'être perdu. On le suit sur de petites vignettes, ou des illustrations pleine page, à travers les rues, dans le froid et un peu d'inquiétude. le texte parsème des conseils, certaines pages sont muettes. le rythme est assez lent, mais prenant, avec une belle part faite aux images qui racontent, elles aussi.
Petit à petit on comprend de quoi il s'agit. Rien n'est de trop, l'auteur en fait juste assez pour nous révéler progressivement son propos, avec subtilité.
Une bien jolie réussite.