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EAN : 9782072854408
336 pages
Gallimard (22/08/2019)
2.98/5   23 notes
Résumé :
« Un ange aurait pu passer s'il y avait encore eu des anges. »

Dans Éloge des bâtards, nous suivons neuf personnages entrés en désobéissance. Face au pressant danger qui les menace, ils vont, contre toute attente et cinq nuits durant, remonter aux origines de leur propre histoire, et ainsi sceller entre eux de nouveaux liens.

Avec ce roman conçu comme une chambre d'échos, Olivia Rosenthal réhabilite la puissance empathique et subversive... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Neuf personnages qui, face au danger qui les menace, sont entrés en désobéissance. Pendant cinq nuits, ils vont remonter aux origines de leur propre histoire et ainsi sceller entre eux de nouveaux liens. Un roman de réfractaires, de résistants, de chaos à la beauté sauvage. Neufs personnages qui prônent le désordre face aux abus d'un société de plus en plus fliquée et intrusive.
Il y a de l'urgence dans ce roman, comme si le combat était déjà perdu.
Il y a une forme de colère, ou de rage, qui enserre vos tripes et exalte votre coeur.
Il y a surtout toute une humanité.
Un roman fort qui nous renvoie à nos héritages et nos origines personnelles.
Parce que les bâtards se racontent, entre eux et à votre oreille, sans fausse pudeur, avec beaucoup de délicatesse et d'empathie. Un récit qui provoque en vous une question : Qu'ai-je à raconter de moi ? Notre identité est-elle celle qu'on se construit, celle qu'on s'imagine ou celle qu'on nous prête ? Être un bâtard c'est ne pas avoir de place. Alors on doit chercher des raisons qui nous permettent de la trouver. Pour inventer ces réponses, quoi de mieux que de parler à l'autre ?
La parole est subversive, toujours, et Olivia Rosenthal libère la parole des bâtards avec brio.
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La narratrice a la malchance d'entrer dans la vie des gens, de connaître leur histoire sans aucun échange ; elle l'a vérifié avec le poissonnier qui la sert. Elle doit absolument se protéger pour ne pas être dévorée par la vie des autres. Déjouant les tours de garde des vigiles, elle erre dans ce qui reste de verdure, de bois, non plutôt des taillis, des friches où elle retrouve d'autres insoumis comme elle « Nous sommes unis par des actions clandestines destinées à empêcher la disparition complète de notre ville. » Des affinités se créent et une petite troupe émerge Les résistants, les zadistes, les insoumis, enfin bref, eux qui ne veulent pas de cet avenir où la nature disparaît, où les gens habitent des tours et se surveillent les uns les autres, où des milices vous espionnent.
La bande se réunit chez les uns, les autres, enfin ceux qui ont un toit pour discuter, fourailler, décider des actions à mener. Ils savent que leur combat est déjà perdu, mais ils veulent garder, sauvegarder le peu d'espaces verts qui reste, replantent, écrivent, peignent… Ils veulent un peu de désordre dans l'ordre obligatoire, un peu de sauvage dans la cité trop tenue.

Olivia Rosenthal ne permet pas que l'on reste tranquille au fil des pages du livre. En début, Lily entre, sans le vouloir, dans l'inconscient des passants. Changement de cap direction des « zadistes » et une dystopie où des groupes sabotent, retardent les travaux en cours. Mais, ce ne sont pas des ados retardés ou pas, non, ce sont des adultes, même une grand-mère, et cela change l'optique. « En nous restreignant à être seulement ce que nous faisons de concret, nous nous épargnons tout le reste », car personne ne pose de questions sur personne, pas de confidence. Nouveau virage. Un soir Sturm le puissant, Macha la frisée, Clarisse la candide, Fox le nerveux, Gell le sauvage, Filasse le berger, Full le taciturne, Oscar le dandy et elle, Lily la secrète se réunissent chez elle.
« Cet état dure tant que nous sommes voués à l'action et unis par une conviction et un but commun. Mais un jour les choses s'enrayent. » Fox, en réponse à une question de Strurm, raconte sa vie , puis ce sera le tour des autres. Chacun raconte sa bâtardise, ses origines incertaines, ses ruptures.
L'enfance régit l'adulte ; les coups, le non-amour, la disparition, l'inconnu, le secret, l'amour, la tendresse… font ce que nous devenons et que les personnages sont devenus, avec les bidouillages de la vie, la force de s'en sortir avec le paquetage arrimé au dos.
Et si le roman était encore autre chose. Oui, pourquoi ceux-là se sont-ils agrégés le uns aux autres sans rien savoir de l'autre ?Qu'est-ce qui pousse des individualités à se regrouper ? Et que le groupe ne peut survivre sans une connaissance de l'autre. Vu de l'orée de mon bois, cette ville est très inhumaine dans sa verticalité. Plus de maisons individuelles, mais des appartements, des boîtes dans lesquels on vous place et vous surveille.
Un livre à tiroirs, à virages très intéressant grâce à la plume de l'auteur.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Olivia Rosenthal elle raconte une histoire de grandes personnes et elle continue d'aimer le cinéma. Pas un cinéma que je regarde. Plutôt celui qui est en noir et blanc ou en technicolor et que je fantasme quand je vois les plus vieux en parler. Alors du coup je fantasme aussi quand Olivia Rosenthal raconte des histoires de grandes personnes avec des références de cinéma dedans.
(Qui sème la poussière récolte le désert)
Lily elle a le don de télépathie d'un coup d'un seul après avoir vu un poissonnier. Alors elle se dit que ce don il doit être profitable.
Ellipse.
L'autrice parle des groupes qui se rassemblent pour des idées communes. Pour pas rester à rien faire pendant que le monde sombre. Les groupes c'est toujours des gens qui se rassemblent pour une cause commune mais c'est quoi qui fait que dans le groupe ils se ressemblent ? Je crois que ce serait super réducteur de dire qu'Éloge des bâtards est un roman sur l'empathie.
Chacun leur tour, Oscar, Full, Sturm, Gell, Clarisse, Filasse, Macha, Fox et Lily vont se livrer à une pratique qui vise à renforcer leurs actions révolutionnaires, tenter de trouver le point commun qui va vraiment les rassembler. Et ce sans que le pouvoir télépathique de Lily n'intervienne (ce qui doit être sacrément dur quand tu te rends compte que Lily est la narratrice et du coup un peu la voix de l'autrice quand tu cherches à faire des mises en abîmes).
Ce sont des histoires de grandes personnes parce qu'elles parlent du passé des Pieds Noirs, d'Algériens orphelins, de Juifs déportés, d'enfants abusés, de parents ravagés. Mais Olivia elle est sacrément fortiche parce que les personnes ont beau être grandes, la présence des parents dans ton enfance elle établit direct ce que tu vas être et du coup elle transforme l'histoire de grandes personnes en histoires de gosses qui se sont construits sur l'histoire du 20e siècle.
Et aussi peut-être parce que ce sont des bâtards chacun à leur façon si tu veux tout savoir.
(Mange ta peur)
Ça crépite dans le ventre, pas des crépitements d'allégresse ou quoi. Ça défile en faisant des pops comme si tu sentais les noeuds se former dans ton bide, qui se délient par la suite pour en créer des nouveaux jusqu'à ce que ce soit la fin du livre.
En général quand je lis un livre en un jour c'est que tu peux y aller les yeux fermés. Bin là ouvre les quand même pour bien que ça s'imprime sur ta rétine. Parce que t'as vraiment pas envie d'oublier de quoi ça parle Éloge des bâtards.
J'ai l'impression d'avoir pris 20 ans de plus, j'ai envie de terminer mon paquet de tabac, attendre que le jour se lève avant d'aller travailler et de regarder les gens qui défilent en leur inventant des histoires pour voir ce qui pourrait faire que j'ai des choses communes avec eux tu vois ? Comme si t'étais triste d'un truc chiant et que le seul réconfort ce serait de voir des gens solitaires qui font des actions solidaires pour détruire un pouvoir totalitaire.
C'est assez dingue, finalement toute cette empathie.
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Il faut prendre ce livre au sérieux : l'auteur écrit parce que c'est son rôle, et parce qu'elle est dépositaire d'histoires qui lui parviennent, comme par magie. Ce sont ces histoires qui sont la source du livre, qui est aussi un chant à l'amitié, à celle qui s'est forgée par la parole.
Les personnages sont au nombre de neuf, ont de jolis prénoms sonores. En fermant le livre, le lecteur aura probablement oublié leurs histoires, parce qu'elles se ressemblent et parce qu'elles sont malheureuses. Il aura moins oublié leurs rêves, parce qu'ils sont mystérieux comme le continent de l'enfance.
Ce livre raconte aussi une ville assiégée de toute part. Il y plane la menace des projets immobiliers, les rubans d'autoroute, les chantiers, les projets hygiéniques et les forces humaines déployées pour organiser le quadrillage. Les neuf personnages aux prénoms sonores résistent, inventent, échangent. Nous les accompagnons, nous sommes de la partie, nous les suivons dans l'ombre.
Olivia Rosenthal prend la plume pour faire l'éloge des bâtards, ces infatigables, ces aventuriers de mille directions qui "regardent autrui avec pessimisme tout en étant prêts à accorder [leur] confiance absolue à celui qui serait susceptible des [les] aimer". On ne saura pas ce que pensent eux, les bâtards, de cet hommage. Ce qui est certain, c'est que ce livre est aussi un éloge à l'écoute, à la parole partagée comme « projet politique ». C'est un livre humaniste (et c'est une qualité).
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Incongru, effrayant, amusant.... imaginez que lorsque vous descendez en ville, les personnes frôlées et croisées vous siphonnent, un peu, voire totalement pour installer à la place leur biographie
Et comme on ne peut totalement éviter la compagnie des humains... voilà le secret le Lily, la secrète.
Elle et son petit groupe d'amis Macha, Fox, Clarisse, Filasse Gell, Oscar, Sturm, Full, vous se livrer durant 5 nuits, dévoiler leur histoire, renforcer ce qui les a fait se trouver, s'unir : entrer en désobéissance.
J'ai bien aimé l'idée initiale, se faire aspirer et vivre l'autre, un peu.
Mais l'intérêt s'est vite arrêté : je n'ai pas accroché au style, ni trouvé la "puissance empathique" promise en 4ème de couverture.
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critiques presse (1)
LeMonde
25 octobre 2019
On s’attache très vite aux neuf éclopés de la vie du nouveau roman de l’auteure de « Puisque nous sommes vivants », qui s’y partagent la parole entre deux actions de résistance poétique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
En fait, le bilan paternel est très négatif. Ça a failli me faire renoncer à toute velléité familiale mais en fait on décide pas tout seul, l’amour se pratique souvent à deux, on est obligé de s’adoucir. Je le dis pas pour excuser mes frères parce que je suppose que moi aussi j’aurais pu mal tourner mais ils ont quand même gravement manqué d’affection.
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Depuis, je me suis adaptée. J’ai appris chaque nuit à recevoir toutes ces vies, et chaque matin à m’en défaire. J’ai changé mes manières de bouger, de penser, de me déplacer. J’ai compris qu’il fallait m’extraire du battement de la ville, me méfier des places, des marchés, des grandes manifestations, fuir les foules. Peu à peu, j’ai bouleversé mes habitudes. Et comme la ville changeait elle aussi, cela m’a aidée. Les anciens quartiers ont petit à petit été détruits et remplacés par de grands ensembles. L’espace commun a été réorganisé pour que la population, en augmentation constante, puisse accéder à des logements plus fonctionnels, plus confortables et plus nombreux. Les croqueuses, les pelleteuses, broyeuses, cisailles, brise-roche ont rempli leur office. Mon appartement, comme des milliers d’autres, s’est s’effondré sur lui-même lors d’une séance de dynamitage publique. La foule était massée derrière des barrières de protection, et, malgré le risque que je courais à me mêler aux autres, j’étais aux avant-postes ce jour-là pour regarder mon immeuble tomber à genoux puis se dissoudre. Une épaisse fumée brune s’est déposée sur les toits, rambardes, balcons encore valides, et à la place de l’ancien bâtiment que j’avais occupé pendant plus de vingt ans un tas de gravats marquait la fin d’un monde. J’ai laissé advenir.

 
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Je me suis souvenue du travail photographique que Michael Wolf a consacré aux chaises installées en bas de ces immeubles, des chaises blessées, amputées, mais rafistolées et solides, faites de fil, de corde, de bois et de plastique. L’artiste les collectionnait. Un jour qu’il préparait sa prise de vue, un passant lui avait demandé pourquoi il prenait en photo une chaise aussi vieille et laide. Et l’artiste avait répondu qu’il ne voyait pas là une chaise laide mais une chaise au caractère bien trempé, qui malgré ses quatre-vingts ans d’âge n’avait pas abandonné l’idée de vivre même si la vie était dure.
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Tous autant qu’on était, on avait décidé de porter le nom qui nous chantait sans se préoccuper de celui qu’on nous avait donné, on avait décidé de s’affranchir du nom. Moi, par exemple, tout le monde m’appelait Lily mais je savais bien que c’était une couverture, et qu’en vrai je portais beaucoup d’autres noms qui se baladaient autour de ma tête, des noms d’hommes et de femmes que j’avais rencontrés sans les connaître et qui s’étaient invités à l’intérieur de mon crâne. Alors si on me demandait mon nom, je n’entrais pas dans les détails, je disais l’essentiel. Lily.
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Ça a été une seconde naissance, tu découvres que la vie peut être belle, tu regardes tout comme si c’était la première fois, les plantes par exemple, avant tu t’en fichais complètement et là tu découvres, t’es comme un bébé qui reçoit une affection énorme, pas comme si Blaise était un parent, ça serait bizarre de dire ça, mais quand même, il m’a donné une affection comme si elle venait de très loin et qu’elle s’était construite pendant des années avant que je le connaisse, tellement forte que ça panse tes blessures parce que l’amour réciproque t’offre la possibilité de ne pas être tout le temps tourné sur toi-même, l’amour réciproque c’est le chemin vers ce qui est à voir, ce qui est intéressant, tout est intéressant si on a le temps et l’esprit suffisamment libre pour le voir et voilà ce que j’ai appris et que j’ai continué à apprendre en découvrant des choses tout à fait nouvelles pour moi.
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Videos de Olivia Rosenthal (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivia Rosenthal
Lecture par l'auteure accompagnée de Ruppert Pupkin & Benoît Perraudeau Lecture musicale Elle part au Japon avec un projet bien précis : enquêter sur les attentats au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Mais rien ne se passe comme prévu. Les individus interrogés (et tous les animaux énigmatiques qu'elle croise) la conduisent peu à peu vers des questions on ne peut plus existentielles. Des questions belles et remuantes. Un singe à ma fenêtre est un miroir qu'Olivia Rosenthal se tend et nous tend. Elle en lira ce soir des reflets, accompagnée à la voix par Ruppert Pupkin et à la guitare par Benoît Perraudeau. À lire - Olivia Rosenthal, Un singe à ma fenêtre, Verticales, 2022.
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