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Citations sur Complots (27)

La véritable pensée de l’Histoire ne sera reconnaissable qu’au petit nombre.
HEIDEGGER
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La domination d’une passion apporte plus de plaisir que sa réalisation.
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Que la France et l’Allemagne s’égorgent et se gazent ? Qui sont ces déserteurs et ces réfractaires, dont personne, aujourd’hui, en pleine commémoration morbide, ne songe à prononcer le nom ? Des fous, des agités, des étrangers apatrides, qui ont choisi le nom de leur mouvement contre l’art et la société, au hasard, dans un dictionnaire. « Dada » ! A-t-on idée ? Écoutez cet autre cinglé du nom de Tzara : « Il nous faut des œuvres fortes, droites, précises, à jamais incomprises. » Vous n’allez pas me dire que ces manifestants déterminés et absurdes vont connaître un retentissement mondial ? Et pourtant, si, la Terre tourne autrement depuis cette époque, des cassures importantes s’étaient déjà produites partout.
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Les portraits en situation, tout est là. Voyez Mirabeau :
«Son éloquence, impérative comme la loi, n’est plus que le
talent de passionner la raison. Sa parole allume et éclaire
tout. Presque seul dès ce moment, il eut le courage de rester seul.» Danton : «Les vices de Danton étaient héroïques,
son intelligence touchait au génie. Tout était moyen pour
lui. C’était l’homme d’État des circonstances, jouant avec
le mouvement sans autre but que ce jeu terrible, sans
autre enjeu que sa vie, et sans autre responsabilité que le
hasard. » Marat : «Sa logique violente et atroce aboutissait
toujours au meurtre. Tous ses principes demandaient du
sang. Sa société ne pouvait se fonder que sur des cadavres
et sur les ruines de tout ce qui existait. Il poursuivait son
idéal à travers le carnage, et pour lui le seul crime était de
s’arrêter devant le crime. »
Marat a encore ses partisans, qui se recueillent devant
le tableau de David le représentant assassiné par Charlotte Corday dans sa baignoire. Charlotte Corday, Manon
Roland, Olympe de Gouges, voilà les femmes du parti
girondin qui devraient rentrer au Panthéon sans attendre.
Mais d’où viennent ces Girondins qui vont tous être guillotinés pendant la Terreur ? Voici leur chef, Vergniaud :
«La facilité, cette grâce du génie, assouplissait tout en
lui, talent, caractère, attitude.
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Nemours est supérieur, la Princesse de Clèves est la plus belle de toutes. Elle resplendit, mais elle est mariée. Son mari ne lui plaît pas, mais elle connaît ses devoirs. Tout le livre, c’est son génie, va nous prouver que le refus déclenche la passion la plus violente. Les hommes sont des nigauds, ils ne comprennent rien à la guerre des sexes. Mme de Clèves va pousser cet homme à femmes à la considérer comme unique.
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Le printemps de la Révolution
Vous dites «Lamartine » et, aussitôt, surgit le fantôme
d’un poète oublié dont vous reste à peine en mémoire
le vers célèbre, avec sa demande de suspension du temps
et sa mélancolie de deuil, «un seul être vous manque, et
tout est dépeuplé ». Vous constatez que son action politique, pourtant cruciale dans la révolution de 1848 (c’est
lui qui a imposé le drapeau tricolore), ne l’a pas conduit
au Panthéon. Vous êtes encore plus surpris de savoir que
sa monumentale Histoire des Girondins a été un best-seller,
dont presque plus personne ne sait de quoi il traite sur
plus de deux mille pages : le cœur de la Révolution française. Lamartine révolutionnaire? Impossible. Mais si.
Hugo a écrit de lui : «Son éloquente et vivante Histoire
des Girondins vient, pour la première fois, d’enseigner la
révolution à la France. » Eh bien, avec la réédition de ce
livre devenu introuvable, il serait temps de réenseigner
ce que tout le monde fait semblant de connaître à travers des clichés. D’où vient la République ? Sur ce sujet
capital, Michelet est un auteur de génie, mais il reste
un professeur, alors que la prose inspirée et très documentée de Lamartine vibre, dramatise, respire. On voit ces jeunes acteurs incroyables en train de bouleverser le
vieux monde, et, au fond, la planète entière, d’inventer
une nouvelle ère en parlant jour et nuit, complots, contrecomplots, accusations, arrestations, exécutions publiques,
flots de sang, héroïsmes divers. Avons-nous le droit de nous
déclarer les héritiers de cet événement sans pareil ? Osons
regarder le pays actuel et voir sa misère.
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Mme de La Fayette, elle aussi, reste dans l’ombre. Elle
ne signe pas ses livres, et son intimité avec La Rochefoucauld est des plus étranges. La Fontaine lui envoie des
compliments. Son ami Ménage lui écrit en latin, et elle
peut répondre dans la même langue. Elle écrit beaucoup
de lettres, qu’on découvre dans cette merveilleuse édition, et on voit qu’elle a été protégée par Louvois, donc
par Louis XIV. Sa santé n’est pas bonne, elle se retire peu
à peu de tout, et se rapproche de Port-Royal, par admiration pour Pascal. Elle est d’ailleurs assistée, à sa mort, le
25 mai 1693, par la nièce de Pascal, Marguerite Périer. Sa
gloire posthume commence, mais Fontenelle écrivait déjà,
en 1678 : «C’est le seul ouvrage de cette nature que j’ai pu
lire quatre fois… Il a des charmes assez forts pour se faire
sentir à des mathématiciens mêmes, qui sont peut-être les
gens du monde sur lesquels ces sortes de beautés trop fines
et trop délicates font le moins d’effet. »

Mme de La Fayette mathématicienne ? Sans doute. Ses
romans sont des équations rigoureuses, esprit de finesse,
esprit de géométrie. Pourtant, peu de mots suffisent à la
décrire, ceux, par exemple, qu’elle envoie, le 15 avril 1673,
à Mme de Sévigné : « Je voudrais bien vous voir pour me
rafraîchir le sang. »
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La plus belle scène du roman (une des plus réussies du
roman français) se passe dans un pavillon de campagne.
Nemours est dans le jardin, voyeur éperdu de la Princesse
en train de nouer des rubans jaunes (couleur de Nemours
dans un tournoi) sur «une canne des Indes fort extraordinaire». Canne des Indes : «bâton issu d’une plante exotique apprécié pour sa fermeté». Cette canne a appartenu
à Nemours, qui l’avait donnée à sa propre sœur (tiens,
tiens), et la Princesse l’a dérobée en cachette. De là, elle
va contempler un tableau de bataille où il figure. Il fait
du bruit, elle s’enfuit. Faut-il traduire? Je ne crois pas. Je
connais des esprits simplistes qui trouvent ce passage, clairement masturbatoire, ridicule. Ce n’est pas mon avis.
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Tant qu’à faire, autant réduire cet individu réputé invincible à la dévotion pour elle. Philosophie du boudoir :
«Cette Princesse était sur son lit, il faisait chaud, et la vue
de M. de Nemours acheva de lui donner une rougeur qui
ne diminuait pas sa beauté. Il s’assit vis-à-vis d’elle, avec
cette crainte et cette timidité que donnent les véritables
passions. » C’est tout ? Oui. Silence. Moralité à contre-courant : la domination d’une passion apporte plus de plaisir
que sa réalisation.
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Nemours est supérieur, la Princesse de Clèves est la
plus belle de toutes. Elle resplendit, mais elle est mariée.
Son mari ne lui plaît pas, mais elle connaît ses devoirs.
Tout le livre, c’est son génie, va nous prouver que le refus
déclenche la passion la plus violente. Les hommes sont des
nigauds, ils ne comprennent rien à la guerre des sexes.
Mme de Clèves va pousser cet homme à femmes à la considérer comme unique.

D’ailleurs, si elle lui cédait, même devenue veuve, que
se passerait-il ? Il la tromperait, et elle en souffrirait mille
morts. Non : la véritable jouissance est dans l’évitement,
le retrait, la suggestion vite dissimulée, l’abstention voluptueuse. Pas de «galanterie» pour Mme de La Fayette ellemême. Elle a une santé fragile, se plaint de ses « vapeurs »
à Mme de Sévigné, ne pourrait pas supporter les dérangements de l’amour. Son personnage de roman est une
idéalisation de son cas. Les hommes, oui, mais à condition
de leur faire sentir qu’un abîme les sépare des femmes.
Malheur à celui qui ne le sait pas.
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