Jack Rosenblum rêve en anglais

Les femmes gouterent le gâteau et furent forcées d'admettre que c'était le meilleur qu'elles a vaient jamais mangé :il était exquis , moelleux à souhait avec une pointe de citron. Mais, alors même que le goût délicieux s'insinuait dans leurs bouches, toutes ressentirent soudain une immense tristesse. Chacune fut imprégnée des souvenirs de Sadie, de sa peine et de ses malheurs, si bien qu'à mesure que ces femmes mangeaient son gâteau, Sadie, pour une fois, se trouvait soulagée de ne plus porter seule le lourd fardeau de son chagrin.

"À toi d'y goûter la première," dit Elizabeth. Sa mère fit non de la tête." Je l'ai fait pour toi." Debout sur une chaise, Sadie découpa une part aussi étroite que son petit doigt mais haute de plusieurs dizaines de centimètres. Dès la première bouchée, Élisabeth sentit une vague de tristesse l'envahir. Elle réalisa dans quelle solitude devait vivre sa mère pour passer son temps à faire des gâteaux et à invoquer le passé. C'était une sensation à la fois amére et étrange. Une grosse larme ronde roula le long de sa joue. Voyant sa fille pleurer, Sadie songea qu' Élizabeth avait enfin compris et son esprit fut apaisé.

Baumtorte (littéralement : "gâteau d'arbre") était une appellation parfaite pour désigner cette pâtisserie constituée de couches successives, à la manière des anneaux concentriques d'un tronc d'arbre. Comme sa mère et sa grand-mère avant elle, Sadie, préparait une Baumtorte chaque fois qu'elle voulait garder le souvenir d'un événement important. Elle en avait fait une juste après son premier baiser avec Jack, cette fameuse nuit de décembre ; une autre après sa demande en mariage (dans le wagon d'un train bruyant au retour de Francfort, si bien qu'elle n'avait rien entendu et qu'il avait dû poser la question une seconde fois) ; une autre lorsqu'on les avais déchus de la citoyenneté allemande, et encore une après la naissance d'Elisabeth. La dernière, elle l'avait préparée avec Mutti, le jour où ils avaient reçu leur visas.

Elle n'était nulle part à sa place : elle n'était pas anglaise, et encore moins allemande. Juif. Un si petit mot responsable de si grands malheurs. Juive. Au féminin, c'était déjà plus doux.

Aux yeux de tous, cet homme semblait avoir répondu à un appel unique et solitaire. Ils le considéraient comme à mi-chemin entre le prophète et le fou. Certains se demandaient si, à l'instar de Noé ou Moïse, il était guidé par la voix de Dieu. D'autres affirmaient qu'il avait perdu la raison mais que, tant qu'il ne devenait pas dangereux, ils pouvaient bien venir manger des sandwichs à l'omelette et des gâteaux au gingembre en le regardant déplacer ses taupinières, son crâne chauve luisant au soleil.

Voyez, voyez ! C’est pour cette raison que l’Angleterre est un grand pays. Dieu vous a donné les meilleures terres de golf au monde. C’est la providence. »

– Tout le monde veut du beau temps pour un mariage, mais, pour un enterrement, le ciel devrait au moins la décence de se couvrir. Juste par respect. »

– La colère affleurait dans sa voix, à l’immense satisfaction de Sadie? Enfin elle le tenait. « Tu es comme un rayon de soleil à un enterrement. »

« Sadie tâche donc d’être heureuse. »

Si vous ne pouviez pas traire la vache du voisin, il vous suffira de posséder une vache. Aucun club de golf ne voulait de lui, il n’aurait qu’à construire le sien.