Peu de femmes ont laissé un nom dans l'histoire de la musique et qui connait Charlotte SOHY et sa Symphonie « Grande Guerre » (1914-1917) que l'orchestre national de France, dirigé par
Debora WALDMAN, a joué le premier juillet 2021 en direct sur France Musique ?
Pauline SOMMELET et
Debora WALDMAN, en sortant de l'ombre cette musicienne, redonnent vie à cinquante années de création artistique et nous offrent un ouvrage original dans le combat pour l'égalité des genres.
Née en 1887 dans la grande bourgeoisie parisienne, Charlotte DUREY épouse en 1909 le compositeur Marcel LABEY et produit plus de 35 oeuvres sous diverses signatures dont Ch SOHY en adoptant le patronyme de son grand père.
La première partie du récit restitue la vie parisienne avant la Grande Guerre et
Pauline SOMMELET, Chef de service à Point de vue, ressuscite merveilleusement l'univers immortalisé par
Marcel PROUST dans « A la recherche du temps perdu » et nous invite aux soirées chez
Marguerite de SAINT-MARCEAUX où nous croisons la princesse de POLIGNAC, la duchesse de
LEVIS-MIREPOIX, Arthur HONNEGER, Maurice RAVEL,
Gabriel FAURE,
René BOYLESVE et tant d'autres.
La guerre éclate, Marcel LABEY mobilisé comme capitaine est grièvement blessé aux Eparges, hospitalisé à Verdun où Charlotte le rejoint et croise
Maurice GENEVOIX … sur ces terres du Barrois que
Michel BERNARD a labourées (
La Tranchée de Calonne ; Les Forêts de Ravel) et qui inspirent à Charlotte sa Symphonie en ut dièse mineur, op 10, « Grande Guerre » … jamais jouée de son vivant.
Après la guerre, Charlotte et Marcel, parents de sept enfants, reprennent leurs carrières et en 1925, la première représentation de Bérengère, trois actes de M LABEY, sur un poème de M SOHY, a lieu au HAVRE.
LE HAVRE, d'où en septembre 1933, fuyant le nazisme, embarque Wolf WALDMAN, vers le Brésil… Odyssée qui donne naissance en 1977 à
Debora WALDMAN qui, après une jeunesse en Amérique latine et en Israël, devient première directrice musicale d'un orchestre national, à Avignon, rencontre Francois-Henri LABEY, petit fils de Charlotte, et de là nait le projet de produire cette symphonie « Grande Guerre » un siècle après sa composition.
Cette deuxième partie du récit, aussi passionnante, retrace la complicité qui réunit ces deux femmes exceptionnelles qui chacune à leur époque démontrent que la musique est un art universel.
Aussi bouleversant qu' «
Opus 77 » d'
Alexis Ragougneau, ou qu' « Ame brisée » de
Akira Mizubayashi, cet ouvrage est souvent caché par les libraires au rayon musique, d'où une visibilité aussi pénalisante qu'injuste. Mais, croyez-moi, il mérite d'être cherché, trouvé et lu.
PS : mon commentaire sur
La Tranchée de Calonne :
Lien :
https://www.babelio.com/livr..