Non, "
Pibi, mon étrange ami," ne traite pas d'un ami imaginaire.
Il s'agira bien d'un ami de chair et d'os. Un petit garçon.
Mais ce petit Pibi est-il seulement un véritable ami dans tous les sens du terme?
Le héros devenu adulte, qui reviendra sur les lieux de son enfance avec son fils, se lancera à partager cette part d'histoire avec lui.
Il est à supposer que Pibi l'a marqué et qu'il le considérait, lui, comme son ami.
Lorsque l'on est petit, il est difficile de rester fidèle à ces amitiés. Il n'y aura pas que la pression sociale, un genre vestimentaire, un genre familial ou une origine qui dérange.
L'auteur-illustrateur Jin-Heon Song offrira un exemple plus complexe, qui divisera les envies du héros: la singularité et le manque de communication.
Avec Pibi, tout se passera dans le ressenti, la proximité consentie, dans une drôle de complicité validée par Pibi en acceptant que le héros le suive, puis l'accompagne dans son action favorite: la promenade en forêt.
L'auteur ne le dira jamais, pas une fois, nous laissant seul juge nous aussi de ce qui prendra au coeur ou dérangera.
Nous le déduirons: Pibi est probablement autiste.
Cette connexion à la sensibilité sera amplifiée par la technique graphique, fine, du clair-obscur en noir et blanc, un art savant du trait et du flou.
La situation sera incongrûe, les promenades des deux enfants dans le silence des bois et des froufrous des herbes bousculées.
Ils ne se parleront pas, ils profiteront l'un de l'autre et Pibi prendra l'habitude de se connecter à la forêt en se tapant la tête avec un bout de bâton.
Des repères qui échapperont aux enfants qui, au loin, joueront ensemble, se parleront, courront.
Paradoxalement, c'est l'école qui rompra le lien entre Pibi et son nouveau copain.
Encore au présent, ce dernier ne semblera pas l'avoir oublié, comme le regret d'une amitié inachevée, un acte manqué ou une forme de trahison.
On ne s'attendrait pas à autant de délicatesse et de tact dans cette histoire.
L'album aurait mérité, selon nous, un format à l'italienne plus grand, vraiment, pour conserver la sensation d'un bel album-objet conservé dans ses étagères.