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Serge Chauvin (Traducteur)
EAN : 9782330153182
352 pages
Actes Sud (22/09/2021)
4.02/5   1203 notes
Résumé :
Depuis la mort de sa femme, Theo Byrne, un astrobiologiste, élève seul Robin, leur enfant de neuf ans. Attachant et sensible, le jeune garçon se passionne pour les animaux qu’il peut dessiner des heures durant. Mais il est aussi sujet à des crises de rage qui laissent son père démuni.
Pour l’apaiser, ce dernier l’emmène camper dans la nature ou visiter le cosmos. Chaque soir, père et fils explorent ensemble une exoplanète et tentent de percer le mystère de l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (212) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 1203 notes
J'ai terminé ce livre les larmes aux yeux et la sensibilité à fleur de peau. Sidérée je suis. de multiples sidérations d'ailleurs me laissent comme hébétée : la magnifique relation père-fils, la façon d'aborder l'autisme, la construction du livre, son érudition scientifique, son cri écologique, son côté visionnaire, son parallèle avec le troublant « Des fleurs pour Algernon » de David Keyes. Ce livre est brillant et si, au départ, les allusions scientifiques peuvent nous tenir à distance, moi en tout cas, nous plongeons peu à peu dans ce bluffant ascenseur émotionnel.

Oui le terme d'ascenseur, ascenseur vertigineux, me vient à l'esprit car « Sidérations » nous montre que nous sommes tout petits dans cet univers gigantesque, que nous sommes là miraculeusement, et pourtant nous arrivons à la détruire, notre planète. Il montre que l'univers est un être vivant et le cerveau un univers condensé, l'infiniment grand et l'infiniment petit se télescopant et s'entrelaçant dans une danse cosmique pleine de grâce, de simplicité, de complicité entre Théo et Robin, entre ce père astrobiologiste qui a perdu récemment sa femme et son fils de 9 ans, hypersensible. Cette danse, parfois transe, tourne autour de questions existentielles : qu'est-ce qui est plus grand et plus important, l'espace du dedans ou l'espace du dehors ? Autrement dit que ce nous ressentons intimement, notre bien-être ou le devenir de la planète, voire la découverte de vie sur d'autres planètes ? le dehors ne conditionne-t-il pas notre dedans ? Ou devons-nous faire barrière pour ne pas être atteint et se protéger ? Comment ?

Théo Byrne est astrobiologiste, il cherche des traces de vie dans l'univers et créé des mondes où la vie est possible. Il embarque régulièrement le petit Robin dans l'imaginaire astronomique et les exoplanètes répertoriées dans son guide, dénommé par ses collègues le «guide Byrne des extraterrestres » qu'il a peu à peu élaboré. Ces voyages virtuels, dans lesquels nous embarquons également, sont de toute beauté et nous dévoile des formes de vie surprenantes : « Un soir de la mi-août, il demanda une planète avant de se coucher. Je lui offris Chromat. Elle avait neuf lunes et deux soleils, l'un petit et rouge, l'autre grand et bleu. Ce qui produisait trois types de jour de longueur différente, quatre types d'aube et de couchant, des dizaines d'éclipses possibles, et d'innombrables saveurs de crépuscule et de nuit. La poussière dans l'atmosphère transformait les deux types de lumière solaire en aquarelles tourbillonnantes. Les langues de ce monde avaient pas moins de deux cents mots pour désigner la tristesse et trois cents pour la joie, selon la latitude et l'hémisphère».

Ces voyages permettent d'assouvir la curiosité insatiable et la soif inextinguible de connaissances de son fils hypersensible, aux troubles autistiques sans diagnostics précis. Ils permettent d'oublier un moment ce que les hommes font de la Terre, d'aller voir ailleurs, de se protéger et de faire bouclier. Ils permettent enfin de créer un lien fort entre eux, une complicité de toute beauté, une relation vibrante emplie de poésie, de tendresse, de respect.
La maman de Robin, Alyssa, décédée quelques mois auparavant dans un accident de voiture, était une activiste écologique. Elle se battait notamment sans relâche contre la souffrance animale et la disparition de certaines espèces.
Robin semble avoir eu en héritage la révolte maternelle et la curiosité scientifique paternelle, et leur intelligence respective, intelligence naturaliste, intelligence visuelle et spatiale, intelligence logique. Un gamin hors norme qui nous fait fondre de ses remarques, de ses cris, de ses révoltes, de son empathie.

Qui nous fait fondre de son évolution aussi. Car « Sidérations » est l'histoire d'une évolution, de la prise en charge des difficultés de Robin non par un traitement médicamenteux chimique mais par une machine basée sur la technique du neurofeedback, une technique d'intelligence artificielle permettant de mieux décrypter le cerveau, de la cartographier, de canaliser les émotions. Qui permet de soigner une émotion en se calant sur celle d'une autre personne. Nous passons souvent de scènes cosmiques à celles de l'exploration du cerveau, transitions vertigineuses. Robin arrive peu à peu à canaliser ses émotions grâce à cette technique, à l'image de la souris Algernon qui devenait de plus en plus intelligente après une opération au cerveau. le parallèle est évident, d'ailleurs Théo au début du livre raconte à son fils cette histoire. Je vous laisse le soin de découvrir si le destin de Robin sera tout aussi funeste que celui de la souris.

« Papa ? Si tu partais en mer ou à la guerre… si quelque chose t'arrivait ? Si tu devais mourir ? Je resterais immobile, je penserais à ta façon de bouger les mains en marchant, et tu serais encore là ».

J'ai aimé Robin, attendrie, étonnée par ces questions, ces remarques. Un garçon perturbé, « blessé de voir ce que ne voyait pas ce monde somnambule ». Sa façon de savoir prendre son temps, d'être dans le Maintenant, contraignant son père par la même occasion à le prendre également ce temps, quitte même à ne pas respecter les règles du jeu de la vie professionnelle, m'a fait du bien. Cet enfant nous rappelle combien nous courons, sans même nous rendre compte des beautés environnantes, en perdant le sens de toute chose.

« Il voulut aller à pied au labo. C'était à six kilomètres de la maison – deux heures de marche dans chaque sens. Ça ne m'enchantait pas de consacrer une demi-journée à cette expédition, mais c'était le seul cadeau d'anniversaire qu'il désirait. Les érables flamboyaient, orange sur fond de ciel bleu intense. Robbie prit le plus petit de ses carnets. Il le tenait au creux de son bras, et y griffonnait en marchant. Les choses les plus banales ralentissaient son pas. Une fourmilière. Un écureuil gris. Une feuille de chêne sur le trottoir, aux nervures rouges comme de la réglisse ».

Richard Powers dénonce scientifiquement, ce qui pourrait paraitre froid. Il a l'intelligence de le faire par l'intermédiaire de ce couple étonnant. Cette dénonciation devient sublime et bouleversante. Elle est un cri. Un cri pour le désastre planétaire dont nous sommes la cause tout en restant aveugles, un cri pour l'exploration spatiale souvent entravée par la vision de court terme, les échéances électorales et la peur religieuse. Un cri pour l'éducation de nos enfants qui doit respecter leurs différences. Un cri pour la connexion au monde vivant. Comme si la sidération seule, vue cette fois ci comme un aveuglement, nous protégeait d'une guerre civile.

« Un jour nous réapprendrons à nous connecter à ce monde vivant, et l'immobilité sera comme un envol ».

Enfin « Sidérations » c'est La sidération, l'ultime, celle du miracle de la vie. Sans doute cette prise de conscience là permet de tout relativiser et de se battre avant de pouvoir dire :
« Oh, elle était bien, cette planète. Et nous aussi, on était bien, bien comme la brûlure du soleil, la piqûre de la pluie, l'odeur du sol vivant, le chant universel des formes infinies, paraphant l'air d'un monde changeant qui, d'après tous les calculs, n'aurait jamais dû exister ».

De toute façon comme le dit Robin : « T'inquiète pas, papa. Nous, on trouvera peut-être pas la solution. Mais la Terre, si ». J'ai envie de l'enlacer ce petit être. D'enlacer chaque être, comme si nos corps pouvaient maintenir à flot notre frêle esquif dans une mer immense. Et un livre qui me donne une telle envie de vie ne peut être qu'un livre magnifique !
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Depuis le décès de sa femme dans un accident de voiture, Theo Byrne, astrobiologiste, élève seul son fils de neuf ans, Robin. Ce dernier est sujet à des troubles du comportement assez préoccupants sur lesquels les spécialistes ont du mal à coller un nom définitif, allant de TOC à Asperger. Ne voulant pas que l'on administre un traitement à base de psychotropes à son fils, le scientifique se tourne vers une thérapie alternative, le « neurofeedback ». Même si celle-ci est encore au stade expérimental, les résultats dépassent vite toutes les espérances, mais… car il y a forcément un mais !

« Sidérations » est un roman foncièrement humain, axé autour de la relation émouvante et quasi fusionnelle entre un père et son fils et proposant de surcroît des personnages aussi profonds que touchants. Il y a tout d'abord le petit Robin, inspiré de Greta Thunberg, qui met toute son énergie au service de la préservation de l'environnement et qui peine à comprendre cette société gouvernée par le profit et la croissance. Il y a ensuite son père, créateur d'exoplanètes et recherchant toute forme de vie à travers l'espace, qui stimule la curiosité insatiable de son fils et l'invite régulièrement à s'évader de sa planète en voie d'extinction pour aller se réfugier sur celles qu'il invente. Puis, finalement, il y a le vide abyssal laissé par cette mère décédée, mais particulièrement présente tout au long du récit…

En marge de cette relation père-fils particulièrement touchante, Richard Powers invite à réfléchir sur le sort désastreux de notre planète. du dérèglement climatique aux catastrophes sanitaires, en passant par l'extinction rapide de nombreuses espèces et une gouvernance écologique catastrophique, l'auteur aborde des thématiques on ne peut plus actuelles et dresse un bilan qui laisse malheureusement entrevoir le pire pour les prochaines générations.

« Sidérations » est surtout un récit intelligent, qui mêle astrologie et neurologie afin d'embarquer le lecteur au coeur d'un univers si vaste et si riche, qu'il en ressort conscient de son insignifiance à l'échelle de l'univers. Chaque voyage sur les planètes imaginées par Théo, fait brillamment écho aux troubles qui animent ce quotidien difficile qu'il partage avec son fils, offrant non seulement un moment de repos, mais également un moment de poésie, d'érudition, de réflexion et de beauté.

Un récit qui vous emmène sur de nombreuses autres planètes, foisonnantes d'imagination, pour finalement vous inviter à regarder autour de vous, afin d'admirer la beauté et la diversité de la nature qui nous entoure…profitons-en tant qu'elle est encore là et mettons tout en oeuvre pour la préserver.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Chose que je ne fais que très rarement , j'ai voulu " fourrer " mon nez dans vos critiques , chers amis et amies et j'ai lu celle de Chrystéle et là , je me suis dit que j'allais être très ennuyé pour rédiger la mienne . Elle est , pour moi , tout simplement géniale et sublime . En toute sincérité, je ne peux que vous la recommander . Ça m'apprendra à vouloir " savoir " avant de rédiger mon propre avis . C'est la seule que j'ai lue par anticipation , je ne parlerai donc pas des autres que je lirai avec avidité, comme toujours , APRES ma rédaction. En toutes circonstances , il faut oser parler , donner son avis avant de connaître celui des autres . J'ai dérogé à la règle, je l'avoue , je m'en excuse et je ne recommencerai plus . Promis . En tout cas , Chrystéle , un seul mot , " Bravo".
Bon , vous allez me dire " ça y est , il a fini , ouf , on va éviter ses " délires " , on va presque avoir l'impression d'être en vacances " . Et bien , non .
Non car ce roman n'est vraiment pas anodin . du reste , comment le qualifier ? Bien difficile , je ne m'y hasarderai pas . Ce qui est certain , c'est qu'en tournant la dernière page , on a les larmes aux yeux mais surtout , une fois le vingtième ( ou plus , ou moins selon affinités ) Kleenex plus tard , on se pose vraiment mais vraiment beaucoup de questions quant au devenir de l'Humanité. Pour nous , pour nos enfants , pour....Discours et refrains connus ...Difficile d'accepter le " Aprés moi le Déluge " qui anime les " puissants " ....et les autres .Nous .
Pour nous interpeller , de nombreuses pages " se tournent " vers la science et j'avoue que , sans être infondées , et bien qu'étant en parfaite cohésion avec le thème et le récit , elles m'ont parfois lassé MAIS , je n'ai rien " laissé en route " . C'est dire qu'elles ne devraient absolument pas perturber une grande majorité de lectrices et lecteurs .
Par contre , quelle formidable relation entre un père et son fils , une relation alternant périodes de découragement et périodes de doute pour se terminer par......La présence obsédante d'une épouse et mère disparue , avec le bébé qu'elle portait , dans un terrible accident de voiture . Un père démuni mais " combattant " de première ligne pour un enfant au caractère complexe et " changeant " , atteint de troubles du comportement que les plus éminents médecins ne sauront pas nommer . Je n'en dirai pas plus mais ce " fil rouge " , cette relation entre ces personnages occupent encore mon esprit et risquent de rester bien présents encore longtemps .
J'ai eu , dés le début de ma lecture , l'impression de replonger dans la lecture d'un roman qui m'avait beaucoup marqué voici " quelques " années , le somptueux " arbre de Noël " de M Bataille ( 1967), si ma mémoire ne me fait pas défaut.
Je n'ajouterai rien de plus aujourd'hui , si ce n'est que ce roman a recueilli l'adhésion de bon nombre d'entre nous et c'est tout sauf une surprise . Lorsque l'unanimité se " fait ainsi " c'est que le contenu est de qualité et , encore mieux , que " tout n'est peut - être pas perdu ". Mais ça , c'est une autre " Histoire ".
Si vous ne l'avez pas fait , allez faire un tour " du côté de chez... Swann " , heu , mince , non , chez "Hordeducontrevent" ...Si sa critique figurait au " Guide vert " , elle aurait 3 étoiles et la mention " mérite le détour " .....
Moi , je cours lire les autres et je m'en régale déjà....A bientôt.
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J'ai découvert que Richard Powers avait publié un nouveau livre grâce à la magnifique critique de Chrystèle. Richard Powers est un écrivain hors normes qui mêle dans ses livres, science et émotion de manière magistrale. C'est un magicien qui parvient à nous partager des notions scientifiques que nous ne comprenons pas forcément de façon rationnelle, mais auxquelles nous parvenons à nous confronter et à intégrer par l'émotion qui y est attachée.
Dans ce nouveau livre, il nous raconte quelques mois de la vie de Théo et de son fils Robin : Robin, prénommé ainsi, car le rouge-gorge était l'oiseau préféré de sa maman. Était au passé, car Alyssa est « non pas décédée, mais morte » quelques années plus tôt dans un accident de voiture. Elle était militante écologiste.
Robin est hypersensible, différent, son père « n'a jamais cru aux diagnostics posés sur son fils. Quand une pathologie se voit attribuer trois noms différents en autant de décennies, quand elle exige deux sous-catégories pour rendre compte de symptômes absolument contradictoires, quand en l'espace d'une génération elle passe de l'inexistence au statut de maladie infantile la plus diagnostiquée du pays, quand deux médecins veulent à eux seuls prescrire trois traitements différents, c'est qu'il y a un problème. »
Théo est astrobiologiste : il recherche la vie sur les planètes lointaines. Il modélise des scénarios de développement de vie et attend le Guetteur, super télescope dont le déploiement permettrait de recueillir des données qui pourraient corroborer l'existence des mondes qu'il a créés, formes de vie à chaque fois plus étranges, plus différentes de celles connues. En attendant, il les a consignés dans le guide Byrne et offre à son fils de les parcourir ensemble. Ce sont les histoires du soir qu'ils partagent tous les deux, explorations de mondes surprenants, qui remettent en cause nos manières de penser.
Théo, contraint par une société très normative et policée, pour ne pas donner de traitements chimiques à son fils, son « triste et singulier garçon » va le faire participer à une thérapie expérimentale : grâce à une cartographie des différentes émotions dans le cerveau, le sujet de l'expérimentation apprend à contrôler ses émotions en tentant de faire coïncider les images de son cerveau avec celles d'émotions positives. Ce traitement va donner des résultats probants et Robin va développer son empathie envers le monde. Non sans en souffrir, car le monde est dans un triste état.
Fidèle en cela à ce qu'était sa mère, Robin va de ses faibles moyens se battre contre la disparition des espèces, le désastre écologique en cours. le monde tel qu'il est décrit dans ce livre n'est hélas pas très différent du notre et l'auteur se livre à une critique féroce de la société américaine, où même la théorie de l'évolution est remise en cause (on peut y visiter « le musée de la création divine et de l'Arche de Noé »), où le président a tous les droits et même celui d'abattre des milliers d'hectares d'arbres en représailles parce qu'il les juge responsables d'incendies, où tout un chacun est fiché et peut être arrêté s'il dit ce qu'il ne faut pas, où la science est coupable de couter trop cher et sacrifiée. Et des milliers d'espèces ont déjà disparu ou vont disparaitre prochainement. Cette vision fait froid dans le dos.
Mais ce roman, en dépit de cet avenir sombre qu'il brosse, est resté pour moi lumineux, illuminé par l'amour, l'amour incroyable que se portent ces deux êtres, ce père et ce fils. Ce père qui doute de lui, qui a peur de faire des erreurs et qui en commet sans doute, ce père resté seul à élever ce fils différent, m'a profondément émue. Il a aimé sa femme comme un fou, il aime son fils également, et lui crée un environnement magique, partageant avec lui de multiples mondes, ne refusant jamais de lui parler, découvrant la nature avec lui, le laissant vivre ses expériences. Leurs échanges sont si beaux, parfois drôles, souvent émouvants. Et Robin, cet être différent, qui à la faveur de ce traitement miraculeux, va devenir si sage, vivant dans l'instant, observateur impénitent du monde qui l'entoure, sensible à la beauté des choses. J'ai eu envie de le protéger, ce petit prince magnifique.

Et j'ai fini ce roman les larmes aux yeux, bouleversée, sidérée.
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« Et à propos, tu sais que les bousiers s'orientent d'après une carte mentale de la Voir lactée ? »
Il me regarda bouche bée. Ce détail paraissait trop bizarre pour être inventé. Il sortit son calepin et prit note de vérifier mes dires quand on serait rentrés. (p.65)
Voici un petit moment magique de Sidérations.
Richard Powers est un excellent conteur, amoureux de la nature, ses descriptions de la faune et de la flore sont superbes, en particulier lors de la première randonnée dans les Smoky Mountains de Théo avec son fils.
L'auteur semble s'être largement inspiré de la vie de Greta Thunberg pour Robin, le héros de Sidérations ; il lui fait d'ailleurs allusion à plusieurs reprises en la rebaptisant Inga Alder. Robin, dit Robbie, un petit garçon de 9 ans, va se révéler en défenseur de la planète, et militant de la cause des espèces menacées et du bien-être animal.
On ressent immédiatement de l'empathie pour son père, Théo, astrobiologiste, gérant du mieux qu'il peut le quotidien avec son fils « inadapté » qui souffre de troubles autistiques ou du comportement. Théo va chercher à apaiser Robbie en lui faisant découvrir les merveilles de la nature, des étoiles, et en l'emmenant avec lui sur des planètes imaginaires pour des voyages fantasmagoriques.
Théo va éloigner son fils des médecins, et de l'école qui ne cessent de vouloir calmer les terribles colères de Robbie à grands renforts de psychotropes, car Robbie est un petit oiseau chétif, gravement blessé par la mort de sa mère, et nous suivons ses pas vers une possible rédemption à l'aide d'un traitement prometteur, le neurofeedback …
À partir de l'introduction du neurofeedback dans le récit, mon enthousiasme est un peu retombé. Il me semble que Richard Powers s'est lancé dans trop de sujets et d'idées à la fois, ce qui complique la compréhension de son message. Quelques incohérences viennent également troubler le récit, ce qui a généré quelques réserves dans mon appréciation finale ...

J'ai trouvé également difficile d'ancrer ce livre dans la réalité, l'auteur brouille les pistes sur l'époque, comme s'il y avait une volonté de dénoncer mais aussi une crainte d'aller complètement au bout du propos.
À la longue, je me suis également perdue dans les descriptions imaginaires du père qui embarque son fils sur d'autres planètes, je les ai trouvées moins magiques au fil du récit, redondantes, et j'ai fini par survoler ces paragraphes.
Le message écologique, transmis par Robbie est très sombre, notre volonté de modeler la terre à notre image, nous fait courir à notre perte. Il faut se réveiller, comme Théo, à moins qu'il ne soit déjà trop tard, et la catastrophe inéluctable ….
Mon bilan est finalement en demi-teinte à la lecture de ce texte, que je ne qualifierai pas vraiment de science-fiction, car si ce livre a des qualités indéniables, la multiplicité des sujets rend le message confus, et m'a un peu égarée…
En revanche, la relation père-fils est magnifiquement décrite, avec beaucoup de tendresse et de hargne, et la fin est un déchirement. Un cri pour notre planète et réveiller nos consciences sidérées qui ne font que constater notre inertie léthargique !
Bon, et puis, je l'avoue, je ne me suis pas complètement remise de la fin de l'histoire, et j'en veux un peu à l'auteur de sa conclusion, l'absence d'espoir pousse plus à baisser les bras qu'à se retrousser les manches … alors je finirais sur une note un peu plus positive avec une pensée de Robbie à méditer :
Qu'est-ce qui est le plus grand, d'après toi ? L'espace du dehors … ? Il m'effleura le crâne du bout des doigts. Ou celui du dedans ? (p.384)
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critiques presse (5)
Telerama
20 mars 2023
Autour de ce duo père-fils, le monde est de plus en plus chaotique. Pour le fragile et génial Robin, l’état de la nature, de la forêt, des animaux qui y habitent, n’est pas une crainte hypothétique, mais une tragédie instantanée qu’il refuse d’admettre...
Lire la critique sur le site : Telerama
Telerama
10 janvier 2022
Après le succès mondial de “L’Arbre-monde”, Richard Powers signe avec “Sidérations” un émouvant conte écologiste et humaniste. L’Américain exilé dans les Smokey Mountains raconte la genèse de ce roman, mais aussi l’angoisse que lui cause la crise climatique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
17 novembre 2021
Dans son nouveau livre, l’auteur de « l’Arbre-Monde » se montre fidèle à ses thèmes de prédilection : les interactions entre un individu et un groupe, et, bien sûr, le combat écologique. Un plaidoyer passionné pour une nature préservée.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LActualite
04 novembre 2021
Un roman magistral.
Lire la critique sur le site : LActualite
LesInrocks
15 octobre 2021
On peut espérer de cette fable scientifique et poétique d’une grande force émotionnelle qu’elle devienne là aussi réalité, tant elle offrirait un horizon salvateur à la nouvelle génération, angoissée tout comme Robin par un avenir qui s’assombrit sans cesse.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (302) Voir plus Ajouter une citation
Le héron - page 384 (presque vers la fin) :
"... Un grand oiseau aux aguets. Toutes les cinq minutes, un demi-pas. L'oiseau dressé était un bout de bois flotté. Même les poissons finirent par l'oublier. Quand enfin il piqua, Robin poussa un cri. L'oiseau frappa à deux mètres en s'inclinant à peine. Il redevint tout droit, avec, pendu au bec, un festin grand comme l'ébahissement. Le poisson semblait gros comme sa gorge. Mais l'ample gosier s'ouvrit, et l'instant d'après il ne restait même pas une bosse pour trahir ce qui s'était passé.
Robin l'acclama d'un hululement, qui fit fuir l'oiseau effarouché. Il se pencha, se lança d'un coup de patte, battit de ses ailes massives. En décollant, il parut plus ptérodactyle encore, et son croassement de départ était plus ancien que toute émotion. (...)"
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Mon fils adorait la bibliothèque. Il adorait réserver des livres en ligne pour les trouver ensuite qui l’attendaient, attachés par un élastique, avec un papier à son nom. Il adorait la bienveillance des rayonnages, leur cartographie du monde connu. Il adorait le buffet à volonté de l’emprunt. Il adorait la chronique des prêts tamponnée sur la page de garde, ce registre des inconnus qui avaient emprunté le même livre avant lui. La librairie était le plus beau des jeux d’exploration : on avait le plaisir du pillage et la joie de gravir les niveaux.
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C’était une chouette baraque, un peu mal fichue, un peu vieillotte – la charpente en pin réglementaire du Midwest, maintes fois retapée, avec des infiltrations autour du placage des lucarnes. Elle était parfaite pour deux. Elle devint encore plus douillette à trois. Et plus tard encore, de nouveau à deux, elle se fit caverneuse.
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Je n’ai jamais cru aux diagnostics posés sur mon fils. Quand une pathologie se voit attribuer trois noms différents en autant de décennies, quand elle exige deux sous-catégories pour rendre compte de symptômes absolument contradictoires, quand en l’espace d’une génération elle passe de l’inexistence au statut de maladie infantile la plus diagnostiquée du pays, quand deux médecins veulent à eux seuls prescrire trois traitements différents, c’est qu’il y a un problème.
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Être parent m'avait toujours terrifié, bien avant le jour où Alyssa avait fait irruption dans mon bureau du bâtiment Sterling en s'écriant:"Que vous le vouliez ou non, professeur, on va avoir de la compagnie!" Je l'avais serrée dans mes bras, sous une ovation de mes collègues amusés. Mais ce fut la dernière fois que je remplis mes responsabilités paternelles avec un succès sans équivoque.
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Quand vous regardez les arbres autour de vous, que voyez-vous ? Je veux dire : que voyez-vous vraiment ? Si vous savez rêver, c'est l'avenir de l'humanité que vous contemplez en regardant les arbres.
L'arbre-monde de Richard Powers, c'est un grand roman à découvrir en poche chez 10/18.
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