Il me faut observer, écouter, analyser afin de repérer d’où viennent la ou les failles. Ensuite, je dois mettre en place des stratégies pour arranger tout ce bazar. Le plus excitant reste la première partie, le côté espionnage. Je me retrouve à me rêver en James Bond girl, la tenue de latex noir en moins. Quoi que. Si on y réfléchit bien… Enfin bref, avant de me faire connaître officiellement, je me présente comme une cliente lambda. Je joue un rôle. J’invente un personnage. Je change de nom. Je ne suis plus moi et m’octroie un peu de répit. Mes démons peuvent me quitter l’espace d’un instant. Ce n’est que dans un second temps que je me place au sommet de l’échelle pour ordonner, diriger et tout remettre en place. Une mauvaise organisation, un élément perturbateur et l’ensemble part très vite à vau-l’eau.
Son corps est effectivement appétissant. Je me mets alors à picorer chaque parcelle de peau, la goûtant, la dévorant. Ses mains agrippent mes épaules, caressent, griffent le haut de mon dos. Les bruits qui émanent d’elle sont un cadeau pour mon égo. Alors qu’elle est au bord du précipice, que son corps ondule, frémit, j’attrape un préservatif que j’utilise pour me couvrir. Puis, sans autres préambules, je la pénètre. Ses gémissements se font plus aigus, ses yeux se révulsent de plaisir, ses mouvements suivent les miens, répondant à mes assauts. Quand l’une de ses mains saisit mes cheveux, les tirant fermement, je sais qu’elle se trouve là où je le souhaite. C’est dans un râle de plaisir simultané que nous jouissons.
Comme chaque soir me voilà épuisé. Malgré cet état, je n’ai pas envie de rentrer, j’ai besoin de me détendre un peu. Trop de tension, il faut que je les évacue. Je pars vers ce petit pub pas très loin, j’y ai mes habitudes et je suis sûr de trouver ce que je veux. Ce dont j’ai besoin.
Petite, on me racontait souvent des contes de prince charmant, de princesse, de leur bonheur et leurs sentiments qui vainquaient toujours à la fin. Ils s’étaient trouvés, un jour, par hasard, alors que rien ne les prédestinait à être ensemble. Et au-delà du fait que personne ne souhaitait leur union, qu’ils appartenaient à deux univers différents, malgré les tentatives de leurs familles pour les séparer, l’amour restait le plus fort.
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants…
Il a fallu du temps et encore du temps pour que je comprenne que je ne me laisserai plus prendre dans les filets de l’amour. Ce sentiment bien trop douloureux ? Ce mythe que l’on raconte aux enfants pour leur donner un peu d’espoir en leur futur ? Foutaises ! Une seule chose devenait réelle. Jamais plus je ne ressentirais cette douleur violente, terrassante, meurtrière. Jamais plus je n’aimerais.