Dans notre Précis de l'histoire de l'Opéra-Comique, nous avons essayé d'indiquer les grandes lignes de cette période primitive et d'apporter quelque lumière au milieu de ces ténèbres. Nous avons notamment relevé tous les noms des directeurs qui s'y sont succédé depuis les frères Alard (1678), les plus anciens parmi ces entrepreneurs de spectacles musicaux, qui ont possédé un jeu : on désignait ainsi l'exploitation théâtrale qui se faisait dans les loges de la foire, ou emplacements concédés à bail.
Avant d'aborder l'histoire de la seconde salle Favart, il nous paraît indispensable, sous peine d'être obligés de couper constamment notre récit par des explications rétrospectives, de rappeler brièvement ce que l'on pourrait appeler les « Stations de l'Opéra-Comique. » Le lecteur sait, en effet, que l'Opéra-Comique n'a pas toujours occupé remplacement où il se trouvait lors de l'incendie du 25 mai 1887. Longtemps même, et surtout au commencement du dix-huitième siècle, il avait erré sans domicile bien fixe, sans ressources bien assurées. C'est qu'alors, il payait relativement peu de mine, et représentait ce qu'on eût appelé volontiers un personnage de mince qualité.