J'ai retrouvé S. Spitzer après l'avoir perdu avec "
La fièvre" et j'en suis très contente. Il faut dire que j'ai tenté de lire "
La fièvre" en plein COVID et ce n'était pas le moment pour moi.
J'ai retrouvé le sens des mots, le jeu des mots de l'auteur qui nous raconte le parcours atomisé (le mot est juste) d'un des pilotes qui a fait parti de l'équipe d'ENOLA GAY et qui a largué une bombe atomique sur Hiroshima et une autre sur Nagasaki pour faire bonne mesure.
Spitzer nous parle de ce pilote, de sa destruction face à la réalisation de son acte. Il est comme
Ron Kovic, ce vétéran du Vietnam,
né un 4 juillet et qui est revenu détruit et totalement désincarné par rapport à celui qu'il était avant. Pas seulement au sens physique, mais aussi au sens psychologique : en décalage avec le discours ambiant, ni héros, ni victime, coupable/innocent. Il nous dit aussi les ondes de choc de la bombe au niveau physique, mais aussi au niveau familial. C'est le mode survie qui se met en marche pour l'épouse et la famille du pilote. On parle souvent de kamikazes (Shinpü tokubetsu kögeki tai), mais sait-on que cela veut dire "unité spéciales d'assaut vent divin", en référence à deux tempêtes qui ont confirmé que le Japon était protégé par les Dieux des invasions au temps des shogunats ? Protégés par les dieux, mais pas de la puissance de l'atome.
Il y a aussi la voix d'une des rares survivantes de la bombe d'Hiroshima qui hante, se nourrit des pensées du pilote : elle est ici, là, partout à la fois. Tempête et destruction, mort et renaissance. J'ai retrouvé l'auteur S. Spitzer et c'est bien.