Né le 4 juillet 1946,
Ron Kovic est un vétéran de la guerre du Vietnam et écrivain.
Pendant sa deuxième affectation, pris dans une embuscade en 1968, il fut paralysé à partir de la poitrine. de retour au pays, il ne sera plus qu'un soldat oublié, un laissé pour compte comme des milliers d'autres militaires blessés au combat. Il devint un ardent défenseur de la paix et donc, contre l'intervention américaine au Vietnam.
Né un 4 juillet est son premier livre, une autobiographie qui a été adaptée au cinéma par
Oliver Stone en 1989. Il a continué jusqu'à ce jour à prôner la non violence à travers le monde. Entre autres, il a soutenu les manifestations contre la guerre du Golfe en 1991, il est membre actif de « Viva Palestina », un groupe pacifiste, créé en 2008 dans le but d'envoyer des convois humanitaires dans la bande de Gaza afin de soutenir la population civile, victime innocente de la guerre, occasion de mettre, une fois de plus, en lumière les conséquences dramatiques du conflit palestinien.
«J'ai subi dans ma chair les ravages de la politique américaine, j'en ai tiré les leçons et j'ai survécu. le seul bienfait de cette guerre, pour moi, a été mon éveil au monde. » (Préface page 23)
La première partie du livre est celle où Ron parle de son rapatriement, il est déjà bousculé et dématérialisé lorsqu'il découvre l'horreur par les armes, mais le pire est de constater qu'il devient un reste humain lors de sa réhabilitation brutale. Il doit recommencer sa vie à 21 ans. Un changement radical, l'aube d'un nouveau combat, sa survie. le passage d'une vie de jeune fougueux à celle d'un adulte ravagé par un conflit qui n'était pas le sien.
Le titre évoque le jour de la fête nationale américaine et de l'anniversaire de
Ron Kovic. Une date qui a renforcé son sentiment de patriotisme à l'époque. Il explique cet amour national en évoquant son enfance dans la deuxième partie de l'ouvrage. Celui-ci se transforme en une douceur sucrée, en une parenthèse nostalgique, en un souvenir d'une époque perdue, d'une adolescence des années 1950-60, d'un bon chrétien, des parents attentionnés et travailleurs, d'un temps où il était fan des NY Yankees et de John Wayne ; où les filles adoraient Elvis, où la paranoïa rouge était sur toute les lèvres comme la conquête de l'espace. Il voulait devenir un héros, un athlète professionnel, ou un prêtre. Sa mère lui avait toujours dit qu'il serait quelqu'un d'important. Il incorpora l'armée américaine en 1964. Des rêves de gloire plein la tête.
L'auteur revient ensuite sur sa période de convalescence, ses rencontres, ses premières allocutions, où toutes les sensations se mélangeront — visible dans l'écrit, usage d'un style plus aigre et violent.
L'acceptation difficile, le rejet par la colère, la crainte, la folie, le désespoir, l'incompréhension, le dégout.
La réflexion l'amène à une prise de conscience qui le poussera dans son combat pour la paix. Une phase difficile où il est vu comme un communiste lui qui a prit les armes pour ses détracteurs, il reçoit une claque d'un monde à l'envers, le choc des compréhensions. Il termine son récit par l'exorcisation du plus difficile, l'embuscade…
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Un livre à l'écriture simple où la confession est très bien contrôlée, usage du flashback d'années rose bonbon — à juste titre, car c'était l'époque dorée des années '50 — ‘60, belle à croquer, musicale, bercée d'invincibilité et d'innocence de la jeunesse qui marchait vers sa perte sans le savoir ; au présent redoutable pendant l'écriture du livre. L'auteur aborde un autre style, agressif, cru pour souligner les moments de rage, les cauchemars.
C'est clair, quoi de mieux dans la noirceur d'un tel texte ? Brut sans douceur. Pas nécessaire d'y ajouter une dose poétique, quand l'auteur relate ses mémoires lourds de sens qui se suffisent à eux-mêmes. Ce n'est rien d'autre que la régurgitation amère d'une rage pointant l'absurdité et le chaos provoqué chez les acteurs militaires et civils victimes de la guerre. le plus effrayant c'est que le lecteur est face à un constat qui ne semble pas marquer l'histoire… En connaissance de cause, car une quarantaine d'années plus tard, de nos jours, les guerres continuent, les membres éclatent, les corps s'accumulent, la première syllabe du mot injuste semble être éternellement collée à cet “abjectif”. L'injuste, l'antonyme auquel nous devons nous soumettre plus que de nous y accommoder. Finalement, sans ironie,
Ron Kovic sera devenu un héros chaste malgré lui…
De ce livre, le “New York Times” a dit un jour : “Un classique intemporel” ; et je suis d'accord avec ça.