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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Les archives ne renvoient pas au monde, elles sont une copie du monde, un monde en soi. Et à la différence du monde réel, elles ont un ordre, tout y a une place déterminée, et avec un peu d'entraînement on peut facilement tout retrouver très vite. La véritable finalité des archives c'est être là et créer un ordre. »
Le narrateur , bizarre documentaliste d'un journal , licencié il rachète les archives papier vouées à la destruction qu'il a scrupuleusement découpées toute une vie, pour les rapatrier dans sa cave. Créer un ordre artificiel dans un monde chaotique où l'être vie constamment dans la peur de la solitude, l'abandon, et la perspective d'un lendemain incertain est pour cet homme vital. Car dans les archives de sa propre vie, il n'y a aucun ordre, c'est un amoncellement d'événements, de rencontres, de décisions qui se sont suivies de façon plus ou moins aléatoire et qui ont laissé leurs traces. Ce n'est que brume, incertitudes, même dans sa relation avec l'amour de sa vie, un amour non consumé , apparemment non réciproque pour Franziska, un bazar total , déroutant , le narrateur changeant constamment de perspectives de façon anachronique sur le sujet. Il n'est à l'aise qu'avec la matière, beaucoup moins avec les personnes et les sentiments .
Peter Stamm est le champion des romans denses où l'ambiguïté dans les relations et les sentiments humains sont au coeur du récit ici de même pour cette histoire d'archives 😊. Les archives de l'Histoire reflètent sa complexité, on ne peut rien y éliminer, car les rapports et conséquences des événements sont tous liés, « Ça n'a aucun sens d'éliminer au petit bonheur la chance des choses et des personnes, tout est lié, même le pire peut conduire à quelque chose de bon. ….. », car «  Dieu n'a pas non plus créé le monde en un jour ». Quand aux archives des sentiments , elles reviennent sur une thématique courante chez Stamm, la complexité du sentiment amoureux, « Je devrais dire maintenant que je l'aime encore, mais je ne suis pas certain que ce soit vrai, si c'est elle que j'aime ou les souvenirs que j'ai d'elle ». La solitude est toujours présente, un peu peut-être bien dû au contexte du pays, la Suisse, un pays froid qui me semble sans âme que je connais relativement bien. le monde de Stamm où les protagonistes vivent davantage dans des mondes inventés que dans le monde réel, essayant de les combiner selon leur désir 😊, n'est pas toujours facile à pénétrer; un monde complexe à l'image du Monde 😊, mais une fois qu'on y a accès il est fascinant, du moins pour moi.

« J'ai toujours été l'Étant-là. J'ai été ce que j'ai toujours été. Je suis celui que je suis. Un vide. »
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Une vie qui s'écrit au subjonctif

Dans son nouveau roman Peter Stamm met en scène un archiviste au chômage qui retrouve un fichier consacré à une chanteuse dont il était éperdument amoureux et avec laquelle il aimerait renouer des liens. Mélancolique et tendre, sur l'air de «Dis, quand reviendras-tu» de Barbara.

«Le plus clair de mon temps, je le passe à traiter les journaux et les magazines auxquels je suis abonné, je découpe les articles intéressants, je les colle, leur attribue une référence avant de les mettre dans les dossiers correspondants, travail pour lequel j'étais payé autrefois et que je continue pour moi tout seul depuis que j'ai été licencié, parce que sinon je ne saurais pas comment occuper mon temps. Comme son épouse Anita a préféré le quitter, le narrateur – qui n'est jamais nommé – occupe désormais sa solitude à gérer les archives du journal qui l'employait et qu'il a réussi à faire rapatrier dans sa cave lorsque le service a été supprimé. Un peu maniaque, il cherche à mettre de l'ordre dans sa vie en triant et en créant de nouveaux dossiers. Il ne sort plus guère de son domicile, si ce n'est pour de longues marches durant lesquelles il peut ressasser son triste sort mais aussi convoquer des souvenirs et laisser son imaginaire vagabonder.
C'est ainsi qu'il se voit cheminer avec Franziska, son amour de jeunesse qu'il a perdu de vue lorsqu'elle a entamé une carrière de chanteuse sous le nom de Fabienne et aimait réinterpréter les airs de Barbara. En fait, il ne l'a jamais oublié, en témoigne un dossier de plusieurs kilos rassemblé au fil de la carrière de l'artiste. Une façon discrète de partager encore un bout de chemin avec elle, lui qui n'a jamais osé lui avouer son amour, y compris lorsque le hasard des rencontres les mettait en présence l'un de l'autre. Ils ont même partagé une fois une chambre d'hôtel, mais sans que ce rapprochement physique ne débouche sur autre chose qu'un sage baiser.
À quarante-cinq ans, il se dit qu'il ne risque rien à essayer de contacter Franziska, maintenant qu'un ancien collègue a réussi à la localiser.
Peter stamm raconte alors la douce métamorphose d'un homme qui se rapproche de l'être aimé et plus il avance dans sa quête, moins il se soucie de ses archives.
Peter Stamm le mélancolique a concentré dans ce roman ses thèmes de prédilection, la solitude, l'errance, le doute qui déjà habitaient le narrateur de L'un l'autre ou cette exploration du passé comme dans Tous les jours sont des nuits. Avec la même langue, limpide comme un ruisseau de montagne, il capte l'attention du lecteur qui ne peut s'empêcher – pour peu qu'il ait un certain âge – de repenser lui aussi à son premier amour, à ce qu'il aurait pu être, à ce qui pourrait advenir si le hasard le mettait à nouveau sur sa route…
Alors la vie s'écrit au subjonctif.


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Il existe sans doute beaucoup de lecteurs de Patrick Modiano qui ne connaissent pas encore les romans de Peter Stamm. Qu'ils n'attendent plus, conseil désintéressé, et qu'ils commencent par Les archives des sentiments (le titre, déjà ...), peut-être pas son oeuvre la plus marquante, mais l'une de ses plus touchantes, très certainement. C'est un homme de 55 ans qui se confie, il vit seul, de plus en plus détaché du monde, depuis qu'il a perdu son emploi de documentaliste. Une existence d'asocial, presque d'anachorète, qui continue à trier et à classer les nouvelles du monde, découpées dans les journaux, mais davantage de guerre lasse et pour lutter contre la lenteur du temps que par pure passion. Pas étonnant que, dans ses conditions, l'anti-héros de l'auteur suisse laisse ses pensées divaguer vers le passé et, en particulier, vers sa jeunesse, pendant laquelle il a partagé une amitié amoureuse avec une dénommée Franziska, devenue Fabienne pour le public, et qui a connu un certain succès dans la chanson. le lien avec elle est rompue depuis longtemps mais le temps des questions demeure : l'a t-elle aimé, autrefois, et comment réagirait-elle s'il reprenait contact ? On l'a compris, Les archives des sentiments est un livre dédié à l'introspection, mélancolique comme une journée d'automne passée à contempler les feuilles mortes. C'est joliment flou et flottant, aussi, avec des scènes qui ont peut-être eu lieu, ou pas. Cela dit beaucoup sur la solitude et la tristesse des complicités perdues, sur l'âge qui avance et les illusions depuis longtemps enterrées. Vraiment, oui, c'est le livre le plus poignant de Peter Stamm et dont on imagine, peut-être à tort, qu'il est très personnel.
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Il a été archiviste, il lisait, découpait, classait. Tout était soigneusement rangé dans des dossiers. Il y avait celui de Fabienne, Franziska, une chanteuse qu'il admirait. Et puis il a été licencié. À l'heure d'internet, plus besoin de garder de traces écrites, tout est sous format numérique et notre homme se retrouve au chômage. Il négocie avec ses employeurs le droit d'emporter ce à quoi il a consacré tout son temps. Il dépose tout cela chez lui et …. Il continue : découper, classer… Mais il se sent seul…
« Ce n'était pas les échanges avec les autres qui me manquaient mais le sentiment d'être intégré, de faire partie d'un ensemble. »
En continuant son activité, il existe. Son esprit s'évade, revient en arrière dans ses archives personnelles. Qu'a-t-il fait de sa vie, de ses sentiments, de ses ressentis, de ses rencontres ? Il analyse, décrypte, scanne, comme il le faisait avec les documents sur lesquels il travaillait.
C'est un long monologue auquel il nous convie, avec Franziska en fil conducteur. On ne sait pas si ce qu'il transmet est vrai ou déformé par l'envie de vivre (ou d'avoir vécu) certains instants. Tout ça fluctue au gré de ses émotions, de ses souvenirs faussés ou non. Finalement à force de collecter des informations sur ce que les autres ont vécu ou écrit, ne s'est-il pas oublié en route ?
« Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours douté de mes sentiments, et même dans les plus grands moments d'effervescence affective, j'ai toujours été un peu à distance de moi-même, en train de m'observer. »
C'est sans doute, pour lui, une forme de protection, pour ne pas déranger le cours de sa vie, toujours les mêmes rituels, un rythme et des occupations identiques. Est-ce qu'il a raté quelque chose ? Est-ce que son quotidien aurait pu être différent, notamment ses amours ? Aurait-il été capable de donner sans s'interroger, de se lâcher, d'être lui ? La construction de ses relations aux autres montre qu'il avait malgré tout, des difficultés à se lier. On peut se questionner. En faisant ces choix, cet homme a voulu sa solitude, il s'est enfermé dans ce qui a été ou qu'il a imaginé. Et si cela lui suffit, pourquoi pas ? Il s'est attaché aux écrits pour garder une trace, mais pour autant il n'a jamais rédigé de journal intime. Il s'est appliqué à garder tout ce qui paraissait sur Franziska mais rien sur lui. Alors il ne peut se fier qu'à sa mémoire.
C'est dans un style mélancolique, avec des phrases assez courtes que nous lisons ce que cet homme veut bien partager avec nous. Si le passé s'invite à sa porte, que va-t-il faire ? Quelle image a-t-il laissé aux autres ? Est-ce que ça vaut la peine d'aller à la rencontre d'autrefois ? On pourrait penser qu'il n'y a pas grand-chose dans ce récit et pourtant, c'est fascinant. Une espèce de magnétisme nous fait pénétrer dans l'intimité intellectuelle du narrateur et comme il s'exprime en style indirect, on a l'impression qu'il nous narre son histoire au creux de l'oreille, comme un secret. Il y a une atmosphère particulière, faite d'introspection et on se retire à la dernière page sur la pointe des pieds.

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Le narrateur sans nom du nouveau roman de Peter Stamm partage quelques traits communs avec l'auteur : il a la cinquantaine et il est suisse.
Il vit en ermite depuis qu'il a été licencié de son emploi de documentaliste dans un journal. Il poursuit son « travail » chez lui, ayant fait aménager une pièce au sous-sol pour y installer les archives du journal devenues inutiles. Il ne sait pas passer son temps autrement et mettre ainsi de l'ordre dans le monde représente pour lui une tentative de le circonscrire et de contrôler ses angoisses.
Il s'isole de plus en plus, disparaissant volontairement du monde (quelques indices tendent à nous faire penser que le roman se déroule durant le confinement). Un fantôme du passé, Franziska, son premier et grand amour qu'il n'a jamais cessé d'aimer, à laquelle il n'a jamais cessé de penser, le rejoint à l'improviste dans son imagination. Il a également un dossier sur elle, car elle est devenue une chanteuse à succès.
Sa consultation nourrit l'envie du narrateur de la revoir.

Un roman court qui se lit d'une traite et s'intègre parfaitement dans le travail de cet auteur qui s'intéresse aux relations entre les personnes (et donc évidemment à l'amour) et à la solitude. Ce roman que j'ai énormément apprécié est une méditation mélancolique sur la solitude et la peur d'affronter le monde. le bonheur d'une vie imaginaire peut être tentant.
Peter Stamm est un romancier qui ne me déçoit jamais et que j'affectionne particulièrement.
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Un ancien documentaliste, licencié de son emploi. Franziska, une ex-chanteuse à succès. Des tonnes de coupures de journaux rassemblées minutieusement et conservées avec amour par le narrateur pour raconter une histoire singulière entre passion secrète et folie douce.
Dans ce roman à bas bruit, Peter Stamm nous donne à lire une tentative de conserver des sentiments amoureux alors qu'ils appartiennent au passé. Folle utopie ? Fidélité sans faille à un passé révolu ? Illusion de pouvoir préserver des sentiments ?
Ces questions sans réponses sont explorées avec tact et sobriété, dans un roman on dénué d'une certaine nostalgie et tristesse douce-amère.
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