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EAN : 9782267030877
144 pages
Christian Bourgois Editeur (23/08/2018)
3.66/5   51 notes
Résumé :
Un homme donne rendez-vous à une femme prénommée Lena dans le grand cimetière de Stockholm. Cette femme est une inconnue, mais elle rappelle intensément au narrateur la jeune femme dont il a été très amoureux il y a une vingtaine d'années. Cette dernière s'appelait Magdalena, était comédienne, elle aussi avait joué Strindberg. Après leur rupture, le narrateur a écrit un livre sur les trois années qu'ils ont vécues ensemble et il veut en donner les détails à l'inconn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
3,66

sur 51 notes
Que feriez-vous si une nuit, rentrant à votre hotel, vous rencontreriez en la personne du portier de nuit, votre double en plus jeune ? Surtout que vous y aviez fait le même travail au même endroit dans votre jeunesse.....Le dernier Stamm, débute fort, déroutant le lecteur dés les premières pages. le "vous" c'est le narrateur, un écrivain qui, vu la suite des événements va être aussi déboussolé que nous, lecteurs.
C'est cette histoire “à dormir debout” que raconte notre écrivain, quatorze ans plus tard, à Stockholm, à une inconnue (?), Magdalena, comédienne, marchant au Cimetière boisé. Une histoire qui se passe en Suisse, à Stockholm....et avec aussi, une autre Magdalena, comédienne,......"comme une pièce de théâtre montée par des metteurs en scène différents. Les décors ne sont pas les mêmes, le texte peut être modifié ou raccourci, mais l'action suit son cours inexorable."..., intrigant non ?

Histoire encastrée dans une autre histoire où Stamm brouille les frontières entre les personnages du passé et du présent.......Il en profite pour s'amuser avec la fiction, modulant les deux histoires à sa guise, remontant le temps, superposant le passé au présent (« Et quand nous sommes-nous vraiment embrassés pour la première fois ? demanda-t-elle. C'était un mois plus tard, dis-je. »), voulant faire vivre à son écrivain vieillissant ( son double 😊? ) au moins le temps du récit, l'illusion qu'il est de nouveau jeune et qu'il peut donner une autre tournure à sa vie.

L'idée du livre est géniale, et me rappelle un petit livre qui m'a fortement marquée dans la vie, "L'étrange vie d'Ivan Osokin" de P.D.Ouspensky. Peut-on modifier ce qui a déjà été vécu, si on nous donnait une seconde chance ?
Si le sujet vous attire, n'hésitez pas, laissez-vous emporter par la douce indifférence du monde, cette indifférence qui vous laissera perplexe, pensant à votre propre vie déjà vécue.......

"Dans la réalité il n'y a pas de fin, sauf la mort. Et elle est rarement heureuse.....Et tandis que je rentre à la maison, je m'imagine finir.....sans plus aucune attache pour échapper à la vie, sans laisser la moindre trace."


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Le narrateur de cette histoire, un écrivain profondément nostalgique et qui ressent sa vie comme étant « une pièce vide », rencontre une inconnue mystérieusement connectée à sa propre vie à qui il raconte son histoire, son amour perdu pour une femme qui lui ressemble, son travail d'écrivain, ses regrets et ses doutes, ses interrogations sur le sens de sa vie, son épaisseur et sa valeur dans « la douce indifférence du monde ».

Les vies se télescopent, les histoires s'entrecroisent, l'espace et le temps deviennent les théâtres déroutants de mises en abyme labyrinthiques où tout devient troublant et incertain. Identités menacées où « l'autre », tout à coup, double à la fois semblable et différent, devient plus réel que soi-même, vidant peut-être de sa substance ce que l'on croyait être sa propre vie…

« La douce indifférence du monde » est un récit onirique d'une inquiétante étrangeté, aux frontières de la folie, traversé par des jeux de miroirs et de reflets où s'entremêlent passé et présent, réalités rêvées et vécues et où se pose en filigrane la question de l'identité profonde des êtres – surtout lorsque, comme dans ce roman, écrivains ou acteurs, ils ont construit leurs vies au bord-même de la fiction.

J'ai savouré lentement cette histoire au charme hypnotique et un peu triste, cette écriture très épurée où il m'a semblé, dans la douceur et la nostalgie qui s'en dégagent, retrouver un peu par endroits quelque chose de l'univers et du ton de Modiano. Un moment de lecture très agréable, un écrivain que je ne connaissais pas et, pour moi, une belle découverte.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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Pour faire un film d'animation, il suffit d'une première image ; d'une deuxième ensuite, qui peut très bien n'être que la première légèrement modifiée ; en superposant ces deux images, on en obtient une troisième : c'est ainsi que le mouvement naît. le petit roman de Peter Stamm, un livre-songe, s'inscrit dans un tel intervalle mouvementé : une zone irriguée par la mélancolie, l'irrévocable et l'immuable, où notre imagination interprétative s'exerce et cherche du sens. C'est l'endroit où la douce indifférence du monde se niche, telle l'attention du lecteur guettant les indices d'un destin se déployant sous ses yeux et dont il se demande, à l'instar du personnage principal, s'il pourrait voir changer le cours des événements, si le fantastique saurait opérer jusqu'à « corriger » et modifier son histoire.

La première image est le vécu tel quel : l'histoire de l'amour raté de Christophe et Magdalena. La deuxième serait le livre que le premier choisit d'en faire, en préférant la littérature à l'amour (« Ce n'est qu'à présent que je comprenais qu'amour et liberté ne s'excluaient pas mais conditionnaient le fait que l'un n'était pas possible sans l'autre ») : cette démarche rend Christophe étranger à lui-même, et transforme la femme aimée en une étrangère elle aussi. le « film » qui en découle est par conséquent une chose également bien étrange : le récit – correspondant au présent de la narration – de cette histoire à 16 ans distance, récit fait à une femme (Léna) en tout semblable à l'amoureuse d'antan.

Maintes fois, les personnages errant dans les rues, pendant la nuit, regardent à l'intérieur des maisons éclairées. Ils s'y imaginent et se demandent quelles seraient leurs vies s'ils étaient à la place des autres : seraient-ils les mêmes dans d'autres situations ou seraient-ils tout à fait d'autres personnes ?

Peter Stamm joue magistralement avec plusieurs sujets « lourds » de la littérature : l'identité ; la rencontre avec son double ; l'impossible retour ; l'immuabilité de l'être ; la réécriture permanente de son vécu. On n'y éprouve pas d'émotion majeure, mais un plaisir heuristique certain, alimenté par la multiplicité de lectures possibles.

Ce doute constamment entretenu sur la capacité de la littérature de traduire fidèlement la vie se mue en une légère inquiétude qui nous accompagne une fois le livre refermé : car devenu un vieillard, Christophe pose sur son vécu un regard demeurant étonné, incrédule, et son sens lui échappe toujours.
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Quel livre étrange et fascinant dont j'aimerais happer pour toujours sa beauté . Mais ce court roman de Peter Stamm qui m'a beaucoup marquée ne se laisse pas attraper facilement . Il est insaisissable, beau et troublant. J'ai évolué dans un songe doux mais très mélancolique, onirique et surréaliste.
Le passé, le présent, et l'avenir ne forment plus qu'un seul espace où le narrateur essaie de fixer pour toujours l'image d'une femme Magdalena qu'il a aimée et quittée pour écrire un livre.

Un jour, il rencontre Léna qui ressemble trait pour trait comme un double à la jeune Magdalena qu'il a connu une dizaine d'années auparavant. Dans l'hiver froid et brumeux de Stockholm, l'histoire réelle flirte avec le fantastique par le désir puissant d'arrêter le cours du temps et suivre un autre chemin. Que j'aurais aimé moi aussi attraper et suspendre le temps, arrêter la course folle du monde pour se retrouver, rien qu'un instant face à soi même et tendre la main vers celui ou celle que l'on est vraiment.

C'est un roman sublime et un très beau portrait féminin. Il m'a touchée par son ambiance fragile comme du verre et son obsession romantique à contenir le temps et l'espace pour que les plus beaux souvenirs ne se réduisent pas à une vieille photo jaunie. J'ai aimé l'atmosphère calme et sereine du roman malgré les rencontres déroutantes du narrateur. L'écriture très serrée où se mélangent les voix confondantes de Magdalena et Léna favorise le flou fantomatique des personnages et des situations.

J'ai aimé le combat silencieux du narrateur qui comme un chevalier des temps modernes brave le bruit incessant du monde et la place des nouvelles technologies où notre présence sur terre se mesurerait à notre célébrité sur internet.
J'ai beaucoup aimé la ténacité amoureuse de faire dévier le cours d'une vie qui se cogne à s'en faire mal aux miroirs déformants et labyrinthiques que nous faisons parfois de nos choix.
Je n'ai pu me détacher de ce beau roman cristallin qui a posé sur mes épaules une étreinte à la fois délicate et ferme.
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Peter Stamm figure parmi ces auteurs qui ne sont pas faciles à approcher, d'autant plus qu'il n'essaie nullement de nous apprivoiser ou de caresser le lecteur dans le sens du poil. Vous entrez ou vous sortez, peu lui chaut semble-t-il. Et c'est tant mieux pour le lecteur assoiffé d'écritures originales.

Ici, c'est un univers un peu à la Villa-Matas qu'il nous crée avec cet écrivain qui se retrouve face à son double et qui va tenter de rencontrer l'amie de ce double qui ressemble tellement à son amie à lui d'autrefois, à moins que cela ne soit l'inverse. L'on s'y perd, on pense avoir retrouvé son chemin et à nouveau, nous nous heurtons à ce qui semble n'être qu'un labyrinthe littéraire.

Mieux vaut être prévenu avant d'entamer le livre.

C'est ciselé en trente-sept courts chapitres. Il m'a davantage plus que son ouvrage "L'un l'autre". Celui-ci est plus foisonnant, plus insolite.
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critiques presse (4)
Liberation
10 décembre 2018
Lignes de fuite et chemins de traverse, reflets de doubles qui n'en sont peut-être pas, vies écrites à l'avance, vertiges de la disparition : tout l'art de l'écrivain suisse concentré dans ce nouveau roman mélancolique.
Lire la critique sur le site : Liberation
Bibliobs
19 octobre 2018
Un homme rencontre un autre homme, et pense qu'il s'agit de lui-même, vingt-six ans plus tôt. Sur ce postulat fantastique, Peter Stamm offre une expérience universelle et intime. Il propose une réflexion profonde sur le fil de nos vies. Un livre à lire comme on voit un film de David Lynch, d'une seule traite, et à relire, sans jamais en épuiser la richesse.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaCroix
28 septembre 2018
Avec une remarquable maîtrise, l’écrivain suisse met en mouvement ses personnages et leurs doubles.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
14 septembre 2018
Un homme rencontre son double et retrouve, inchangée, une jeune femme perdue depuis longtemps. « La Douce Indifférence du monde », puissant roman.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je veux d’abord entendre la fin de l’histoire. La fin de l’histoire, je ne peux pas vous la raconter, il n’y a que dans les livres que les histoires ont une fin. Mais je peux vous raconter la suite.
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Magdalena rentra pour le week-end et me demanda ce que j'avais fait pendant son absence. Des tas de choses, dis-je. Mais je ne lui parlai pas de ce j'avais écrit sur elle. J'avais l'impression que je l'aurais trompée avec son image, comme si la Magdalena écrite m'était plus proche que la Magdalena vivante. Je la regardais et ne la reconnaissais plus, et en même temps j'avais l'impression de la voir de façon plus réelle que jamais auparavant, une femme parfaitement étrangère. Qu'est-ce que tu as ? demanda-t-elle, le regard soucieux. Je secouai la tête et la pris dans mes bras, comme si je pouvais ainsi me rapprocher d'elle. [...] La Magdalena fictive avait recouvert la Magdalena réelle comme un masque recouvre un visage. C'était de ça que parlait le livre, des images que nous nous faisons les uns des autres, du pouvoir que ces images ont sur nous (pp. 40, 97).
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Je ne veux pas savoir ce que me réserve l'avenir, mais j'aime l'idée qu'il est déjà écrit, que tout ce qui m'arrive est déjà arrivé à quelqu'un, que tout cela a un rapport et un sens. Comme si ma vie était une histoire. Je crois que c'est ça que j'ai toujours aimé dans les livres. Le fait qu'ils sont irrévocables. On n'est pas du tout obligés de les lire. Il suffit de les posséder, de les prendre dans ses mains et de savoir qu'ils resteront toujours tels qu'ils sont. (p107)
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"Le livre que j'avais écrit à l'époque ne racontait pas vraiment l'histoire de Magdalena et de moi. Après qu'elle m'avait encouragé à écrire sur elle, je m'étais vite aperçu que je n'y arriverais pas, que j'étais trop bloqué pour la voir et la décrire clairement. La Magdalena fictive avait recouvert la Magdalena réelle comme un masque recouvre un visage. C'était de ça que parlait le livre, des images que nous nous faisons les uns des autres, du pouvoir que ces images ont sur nous."
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Ce sont les erreurs, les asymétries qui rendent notre vie possible d'une façon générale. J'ai parlé une fois avec un physicien qui m'a expliqué que l'univers entier reposait sur une petite erreur, un minuscule déséquilibre entre la matière et l'antimatière, qui a dû avoir lieu au moment du Big Bang. S'il n'y avait pas eu cette erreur, la matière et l'antimatière se seraient annihilées depuis longtemps et rien n'existerait.
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Vidéo de Peter Stamm
Ancien documentaliste, le narrateur passe son temps à découper des articles de presse qu'il archive dans sa cave – tous soigneusement rangés dans des dossiers. L'un d'entre eux est dédié à Franziska, alias Fabienne, une ex-chanteuse de variétés à succès. Il ne pèse pas moins de deux kilos, un poids à la mesure de l'amour que le narrateur lui porte depuis l'enfance. Ils se sont connus sur les bancs de l'école et ont même été de proches amis. le temps passant, ils se sont perdus de vue. Mais un jour, le narrateur décide de reprendre contact avec elle et, après s'être procuré son adresse mail, lui envoie un message.
Avec humour et tendresse, la voix du narrateur se déploie ici pour déjouer les codes du roman sentimental, et nous conter une histoire d'amour singulière. Est-il possible de conserver intacts les sentiments pour l'être aimé, de les mettre à l'abri du temps comme on classe un dossier? La réponse à ces questions ne manque ni de charme ni de poésie.
« Les Archives des sentiments » de Peter Stamm Traduit de l'allemand (Suisse) par Pierre Deshusses
EN LIBRAIRIE
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