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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comment construire son identité lorsqu'on est un adolescent albanais, que l'on fuit son pays et qu'on cherche en même temps aussi à cerner son orientation sexuelle? C'est avec ces thématiques que l'on fait connaissance ici avec Agim et Bujar dans leur parcours migratoire, en Italie, en Espagne, aux Etats Unis et en Finlande.
L'ecriture est belle mais le récit parfois complexe car non linéaire avec des aller-retours réguliers dans le temps et un narrateur pas toujours bien énoncé.
De nombreuses situations et questionnements sont touchants, interrogent le lecteur.
Ce fut donc pour moi une lecture enrichissante, mais pas inoubliable.
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Butar et Ajim, deux adolescents albanais décident de s'échapper de leur miseres pour partir dans un périple périlleux et tourmenté.

Ces deux copains choississent de rompre avec leur vie de misère et tenter l'aventure d'un quotidien totalement inconnu et qui sera bien différents pour les deux compagnons d'infortune

Mais peut-on se construire en se coupant de ses racines qui nous ont vu être ce que nous sommes ?

Au cours de leur périple, Bujar et Agim se verront durement confrontés au racisme, à la discrimination, à la violence et devront continuellement expliquer d'où ils viennent et qui ils sont.

Le romancier finlandais né au Kosovo Patim Statovci rassemble ses souvenirs de jeune déraciné.

"Je ne comprendrais pas encore non plus que le mieux, pour moi, serait de rester ici, suspendu au bord de mon désir, ardent, aspirant stupidement à obtenir ce qui m'échappera toujours."

Il nous livre un récit tout aussi lucide qu'éprouvant avec une question qui sert de fil rouge à ce périple : Comment se faire un chez soi quelque part?".

Emouvant et sincère et belle traduction du finois par Claire Germain.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans les années 90, Bujar et Agim vivent à Tirana, en Albanie, leur pays natal. Ils sont amis et deviennent inséparables. Mais la vie qui les attend ne leur fera pas de cadeau : Bujar comprend que son père est gravement malade et va bientôt mourir ; Agim qui aime s'habiller en fille est rejeté par sa famille.
A la mort de son père, alors qu'Ana sa soeur disparaît mystérieusement et ne revient pas à la maison, que sa mère tombe dans la dépression et que rien ne va plus dans le pays, Bujar accepte de tout quitter pour s'enfuir avec Agim. Les deux jeunes adolescents, âgés seulement de 15 et 16 ans, s'installent ensemble en ville, puis, devant les difficultés qui s'accumulent, ils décident de partir à Durrës pour pouvoir enfin, quitter définitivement le pays, pour l'Italie.
C'est le début d'une véritable galère et de drames successifs.
Est-on libre de choisir sa vie ?
Suffit-il de changer de lieu pour changer de vie ?
Comment faire table rase du passé sans renier totalement ses racines ?
Comment se sentir chez soi quand on est déraciné, et dans son propre corps, quand on a du mal à trouver sa propre identité ?

Le roman débute à Rome mais, en plus de l'Italie, il nous fera voyager, de l'Albanie, pays natal des deux adolescents, à l'Espagne, aux États-Unis puis à la Finlande.
L'histoire nous est révélée par bribes par Bujar, le narrateur. C'est le lecteur qui devra la reconstituer dans sa chronologie, une fois arrivé aux toutes dernières pages. Mais des dates sont mises en début de chapitres afin de nous permettre de mieux nous repérer dans les nombreux retours en arrière.
Bujar et Agim sont confrontés au racisme, à la discrimination, à la violence, à la mesquinerie des autres et doivent sans cesse expliquer d'où ils viennent, qui ils sont. Ils finissent donc par s'inventer une autre vie, ou par la vivre par personne interposée, et ils mentent donc continuellement aux autres, même à ceux qui vont leur faire confiance.

J'ai aimé en apprendre davantage sur l'Histoire de l'Albanie dans les années 90. Je savais peu de chose de cette période. le pays a été un des derniers pays communistes à être sorti de son isolement. Suite à la mort de son dirigeant Hoxha, en 1985, l'Albanie est alors considéré comme le pays le plus pauvre et le plus sous-développé de tous les pays d'Europe.
J'ai aimé le fait que l'auteur s'appuie sur le folklore albanais et sur de nombreuses références littéraires, comme des récits de voyage ou d'aventure, pour étayer son roman et faire réfléchir le lecteur.
J'ai aimé le dynamisme du roman qui se lit très vite et est découpé en quatre parties, puis en chapitres courts.
J'ai aimé aussi le ton juste et sans pathos, avec lequel l'auteur aborde le sujet de l'immigration et de ses conséquences, mais aussi celui non moins important dans ce roman, du genre, de la sexualité et de l'acceptation de soi.

Je n'ai pas aimé le fait de ne m'attacher à aucun des deux personnages, pourtant leur histoire est poignante.
Je le reconnais, dans la seconde partie du roman, qui se déroule en Italie, j'ai été perturbée pendant quelques pages de ne pas savoir lequel des deux garçons parlait...Puis j'ai accepté que l'un finalement puisse se substituer à l'autre pour raconter leur histoire, qu'ils puissent être tous deux, les deux faces d'une seule et même personne.
C'est donc un roman assez déroutant par sa construction, mais intéressant par son sujet et la façon tout à fait cinématographique dont la narration est menée.

Je remercie l'éditeur et la dernière Masse critique de Babelio, de m'avoir permis de découvrir ce jeune auteur, dont je n'avais encore jamais rien lu.

Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Ce roman du jeune auteur Pajtim Statovci, né au Kosovo avant que sa famille ne s'installe en Finlande, est plus que déprimant.

On y suit les errances de Bujar et de son meilleur ami Agim dans les rues de Tirana et de Durrës, puis leurs tentatives pour rejoindre l'Italie et une longue traversée du désert à Berlin, New York, Helsinki.

Très dur, puisqu'il raconte la fuite de deux jeunes garçons livrés à eux-mêmes dans un des pays les plus pauvres d'Europe, et la misère qui leur colle à la peau où qu'ils soient, La Traversée est également emprunte d'une solitude écrasante où le narrateur est en perpétuel questionnement sur son identité, sa nationalité.

J'ai trouvé certains sujets abordés très intéressants : la relation qu'entretiennent les Albanais du Kosovo avec les Albanais d'Albanie, l'impressionnant rejet de Bujar et d'Agim envers leur pays de naissance et leur nationalité, la question de l'identité sexuelle et du genre et sa déclinaison "par pays", ou encore le regard qui pèse sur celui qui est immigré.

A noter également le style particulier de narration : on comprend que Bujar est le narrateur, mais l'on n'en est plus certain à la lecture de chapitres spécifiques, sans que l'on n'ait plus d'indice ; le genre du narrateur change, et l'on ne sait plus vraiment à la fin qui de Bujar ou d'Agim est le conteur du récit. C'est à la fois extrêmement déroutant et plutôt habile au vu de la tendance d'un des protagonistes à se travestir.

Les bas-fonds de Tirana et de New York m'ont en revanche fait franchement déprimer ; certains passages m'ont fait penser au livre le Pain Nu de Mohamed Choukri. Une lecture pas vraiment agréable donc, mais qui fait découvrir un auteur au style singulier...à suivre !
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Bujar a grandi à Tirana, en Albanie. Après la mort de son père, il décide de quitter le pays avec son meilleur ami, Agim. Les deux adolescents passent plusieurs mois à dormir dans la rue et à survivre grâce à des petits boulots, puis se lancent dans la traversée vers l'Italie. le parcours migratoire de Bujar le conduit, quelques années plus tard, en Allemagne, en Espagne, aux États-Unis puis en Finlande. À chaque étape de son parcours, il s'invente une nouvelle vie : il est tantôt un jeune Italien dont les parents sont morts, tantôt une femme trans venant de Turquie, ou une Bosniaque qui étudie la médecine.
Ce roman, écrit par un jeune auteur kosovar qui a émigré à l'âge de deux ans en Finlande, traite de la migration, mais surtout de la recherche d'une place dans le monde. le héros souhaite être accepté dans les pays qu'il traverse, mais toutes ses aspirations sont contrariées : il est sans cesse renvoyé à son statut d'étranger et il subit racisme et homophobie. La réflexion porte surtout sur ce qui définit un migrant, entre son existence passée et celui qu'il souhaite être une fois arrivé à destination, et sur la difficulté à être soi-même quand la population autochtone ne le permet pas.
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Un garçon qui est aussi bien une fille : il s'appelle Bujar, et il peut être une jeune fille de Sarajevo courtisée par des hommes de tous âges ou un charmant Espagnol qui fait tomber amoureux les filles dont il ne peut s'éprendre. Bujar invente continuellement sa propre histoire, comme un imposteur qui s'approprie des fragments de la vie des autres, le passé des personnes qu'il a aimées ou encore leurs noms, car il peut ainsi choisir qui il veut être, le pays dont il vient, les détails de son existence, simplement en le racontant à un ami ou à un inconnu. Il transforme ainsi à sa guise le récit d'une vie passée à voyager et à fuir, de l'Albanie à l'Amérique, en passant par Rome, Madrid, Berlin, Helsinki. Car, comme il le dit lui-même : "personne n'est obligé de rester celui qui est né, on peut se reconstituer comme un nouveau puzzle".
Partant d'une adolescence très pauvre à Tirana, "le dépotoir de l'Europe, fermant la marche de l'Europe, la plus grande prison à ciel ouvert d'Europe", Bujar raconte son histoire à la première personne. Ses parents, sa soeur, son amitié avec Agim, un garçon du même âge et voisin, rejeté par sa famille à cause de son orientation sexuelle. Tous deux dépaysés dans un pays dévasté, de plus en plus dépendants l'un de l'autre, ils décident de se lancer vers un avenir qui leur appartient. Ils s'enfuient de chez eux , s'en vont vivre dans les rues de Tirana, puis sur la côte, jusqu'à ce qu'ils entreprennent un voyage en tant qu'immigrants illégaux vers l'Italie à travers l'Adriatique. de l'isolement et de l'humiliation, de la honte de la solitude, un Bujar différent se dessine peu à peu, une nouvelle créature qui n'a plus d'origines ni de nationalité, et qui est prête à défier et à habiter le monde entier.
Passionnante réflexion littéraire sur l'identité menée avec une sensibilité novatrice et troublante, écrite dans un langage capable d'exprimer la colère, le désir ou la mélancolie en détail et dans une seule phrase. C'est le roman d'un très jeune auteur talentueux qui parle d' appartenance à un pays, à une langue et d'exclusion, d'amour et de cruauté. Ainsi qu'une passionnante réflexion littéraire sur l'identité de genre menée avec une sensibilité novatrice et troublante.
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Alors que le précédent roman traduit en français de ce jeune auteur finlandais ne m'avait pas vraiment convaincu, La traversée m'a nettement plus intéressé, même s'il s'est avéré être assez différent de ce que j'avais imaginé à la lecture de la 4ème de couverture : loin d'être le "simple" récit d'un périple sur les routes des Balkans de garçons qui rêvent d'une vie meilleure, ce roman aborde et mêle de façon surprenante des thèmes très différents : amitié, fidélité, identité, exil... le lecteur est balloté entre différents lieux et différentes époques, et l'auteur s'amuse délibérément à le perdre. La scène finale des retrouvailles avec la mère est particulièrement touchante.
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