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4,1

sur 189 notes
Ce livre nous apprend à vivre , parce que comment pourrions nous traverser la vie sans cela?
Comment pourrions nous aller du bonheur à la douleur ? comment pourrions nous naviguer entre deux ? comment pourrions nous naviguer sur cette autre mer qu'est la vie , aussi imprévisible que l'océan des mers ?
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"À la mesure de l'univers est la suite du roman D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds". J'ai piqué cette "présentation de Babelio. Il y avait plus que cette phrase pour présenter ce roman, mais je n'ai pas voulu en dire plus. Je viens de finir cette lecture. J'aurais pu finir il y a plusieurs jours, quand il ne restait plus qu'une cinquantaine de pages, qu'en général je dévore en une heure...mais non. Depuis le début, je n'ai pas raté une seconde de battement pour prendre ce livre et lire un paragraphe, une phrase, un mot....ou juste le saisir pour permettre -peut être- à son essence de se communiquer à moi. Pourtant, proche de la fin, j'ai traîné. C'était carrément pathétique, vers les toutes dernières pages, de me voir lire une phrase puis prendre mon téléphone et jouer à Candy Crush!!!!. Parce que je ne voulais pas le quitter. Je ne vais pas vous dire de quoi il s'agit dans cette suite, parce que ce n'est pas le plus important. Il n'est pas question d'intrigue, de suspense ou de quoique ce soit de ce genre. C'est juste une histoire. Et paradoxalement, c'est à cause de ce que Kalmann Stefansson arrive à faire avec " juste une histoire"qu'il m'est impossible d'en dire plus, pour ne pas nuire à ce roman. Tous les matins, en prenant ma voiture pour aller au travail, la même pensée me persécute et me torture: " Tous ces gens avec qui je vais passer la journée, et ce depuis des années....ont ils conscience d'autre chose? sentent-t-ils autre chose? vivent-t-ils autre chose? sont-ils autre chose? Autre chose que cette bassesse, que ces rikikis du quotidien auxquels ils semblent consacrer toute leur énergie vitale? Est ce que des fois, même rarement, ils leur arrive de regarder le ciel pour une autre raison que de savoir le temps qu'il va faire? A la fin de la journée, la réponse est non!. Jon Kalman Stefansson me donne alors de l'espoir. Dans ces romans, il parle des gens du "commun" comme on dit, ceux qui sont écrasés par la vie, et à plus forte raison dans un pays dont les conditions de vie sont aussi difficiles qu'en Islande. Il raconte leurs préoccupations de base: se nourrir, s'habiller, s'amuser un peu, survivre....mais, au milieu de tout ça, il dévoile que chacun d'eux, au moins à un moment de sa vie, peut être à la toute dernière seconde de son existence, regarde son âme, écoute ses exigences, étend ses ailes et dévoile qu'il est plus que ça, qu'il a une part de divin qui n'a peut être pas eu l'occasion de s'exprimer, écrasée par la vie, mais qui existe et se revendique humaine, sensible...belle. Dans ces romans, flotte toujours une sensibilité, rehaussée ici et là par l'art, la littérature et l'écriture essentiellement, mais aussi la musique, la poésie surtout, ou tout simplement par le simple fait de se poser un instant, et d'avouer que tout est beau....sauf peut être la mort. Mais pour l'auteur, les morts, malgré la douleur qu'ils engendrent en disparaissant, arrivent à trouver le moyen de consoler ceux qui restent, ceux qui les pleurent, ceux qui ont raté l'occasion de vraiment les connaitre, en laissant en héritage un souvenir,un trait de caractère, un journal intime, des lettres ou un poème. J'ai rarement lu des textes aussi beau que ceux de Jon Kalman Stefansson. Et il m'est difficile d'expliquer comment, car son style est simple : des allées-retours entre plusieurs époques, des phrases dont le centre purement narratif est toujours entouré par une réflexion, une sensation ou une émotion, ce qui fait qu'on flotte en permanence, sans tomber dans le gnangnan....jamais. C'est toujours parfaitement juste. Voilà, je pourrais continuer comme ça longtemps, mais j'arrête là. Prochaine quête : Asta.
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Deuxième tome de la Chronique familiale commencée avec "D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds", ce livre-ci raconte la suite du retour d'Ari en Islande, ses retrouvailles avec sa famille et ses amis, ses souvenirs d'enfance dans la petite ville de Keflavik dont le prélude nous prévient qu'il s'agit d'une "ville excentrée et surprenante, ses quelques milliers d'habitants, son port vide, son chômage, ses concessionnaires automobiles, ses camionnettes à hamburgers, et cette terre si plate que, depuis le ciel, on dirait une mer étoilée."

Le père d'Ari, Jakob, celui qui n'avait jamais pris la mer par obéissance à sa mère, va mourir ; tous les siens, vivants ou disparus sont présents dans sa vie, et c'est un peu tardivement qu'il comprend ses erreurs et comment il aurait pu vivre autrement. Ari l'ancien poète devenu éditeur, laisse remonter à sa mémoire des souvenirs, en désordre, comme lorsque l'esprit vagabonde d'une pensée à une autre ; sa mère morte jeune, son père qui ne parlait pas, des tantes plus qu'originales et des virées entre amis...

Comme à son habitude, l'auteur développe l'histoire qu'il veut raconter en nous parlant de moments choisis et en allant et venant tout au long de l'échelle du temps, entre jadis et maintenant ; il est question d'amour fou, d'écriture, de femmes battantes, de la liberté que l'Homme trouve en mer, du poisson qui fait vivre, de poésie surtout... Obsédé par la mort, une certaine violence qui peut s'abattre sur les plus faibles, les problèmes d'alcool et la magnificence de la Vie, J. K. Stefánsson nous entraîne dans son univers grâce à une écriture majestueuse pleine de lyrisme.

Et c'est beau, c'est très très beau ! "A vous écorcher le coeur de bonheur" (H. Artus, Lire)

Début du Postlude (p 459) : " le matin se lève sur le monde. Il se lève toujours, quelque part, la lumière ne meurt jamais, mais certains restent dans les ténèbres, ils y disparaissent, et plus rien ne rappelle leur souvenir quand la clarté du jour arrive, si ce n'est la douleur de leur absence."
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Petite recommandation : avant d'entamer la lecture du second volume du diptyque de Jon Kalman Stefansson, il est conseillé de lire « D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds ». Les allers et retours entre les époques et les lieux ainsi que l'orthographe complexe des noms des personnages nous obligent à rester bien éveillés mais le plaisir de la lecture est tel que l'effort de concentration s'avère payant.
Ari, venu du Danemark pour rendre visite à son père mourant est plus que jamais présent dans « A la mesure de l'univers ». Métaphores du « combat » entre la poésie qui vous soutient spirituellement et la pêche qui va sortir la nation de la pauvreté, les personnages sont admirables dans leur dureté, leur violence mais aussi leur sensibilité. Ils s'aiment mais ne se comprennent pas toujours comme Ari et Jakob. Les figures de femmes – Margret et la mère d'Ari – sont magnifiques dans leur aspiration à la liberté.
Roman d'ambiance, à l'écriture visuelle et lyrique, le dernier opus de Stefansson nous propose, à la manière impressionniste, des bribes de vie rythmées par des textes de chansons d'amour qui sont comme des petites madeleines.
De loin en loin, les retombées de la politique internationale ne font qu'effleurer la petite île volcanique jalouse de son indépendance et de sa singularité.
Superbe !
EXTRAITS
- Les poèmes sont bien utiles, ils peuvent vous servir de couverture quand le froid enserre le monde, ils peuvent être des grottes à l'écart du temps, des grottes dont les parois sont ornées d'étranges symboles, mais ils sont une piètre consolation quand vos os sont éreintés, quand la vie vous a éconduit ou quand, le soir, votre tasse de café est la seule chose qui vous réchauffe les mains.
- A quoi servent les poètes s'ils ne sont pas capables de nous aider à vivre ?
La distance qui sépare l'amour du bonheur est identique à celle qui le sépare du malheur.
- Laïka, une chienne errante de trois ans, est à bord d'une des fusées. Elle grogne et aboie, effrayée par les étoiles, solitaire, si loin de la vie, au service de la science.
- Si nous sommes incapables de parler, le silence que la mort laisse dans son sillage devient, avec le temps, plus vaste et plus pesant que la vie elle-même.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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L'Islande, un petit pays où les gens écrivent des poèmes comme s'il en va de leur santé mentale, où les habitants sacrifient une place précieuse dans leur maison assez petite pour créer un cabinet de lecture, un pays où le libraire parcourt le pays en bateau avec une valise remplie de livres, mais aussi un pays où on aime se soûler en compagnie du pasteur quitte à en venir aux mains ensuite.
Keflavik, quelques milliers d'habitants, son port vide, son chômage, ancienne base américaine. le cimetière est installé sur la lande battue par les vents, les morts sont enterrés là, c'est leur punition pour avoir choisi de passer leur vie sur cette terre plate. le monde avance avec son cortège d'événements, mais ici tout tourne autour du poisson.

Ce récit se déroule sur trois périodes et l'on suit trois générations d'une famille à travers trois personnages, Margret la grand-mère, Jakob un des enfants et Ari le petit-fils.

Jadis : le directeur de l'école est venu voir Margret, il souhaite que Poldur, son fils, poursuive ses études, la vie de pêcheur est un gâchis. Mais son mari Oddur a pris sa décision, il va prendre son fils à bord comme matelot.

Années 80 : Ari vit avec Jakob son père et sa belle-mère, il travaille dans une usine de poissons avec Svavar, dont la grosse pomme d'Adam monte et descend le long de son cou maigrelet comme un animal cherchant la sortie.

Aujourd'hui : Ari, éditeur célèbre, revient à Keflavik après une longue absence, Il va rendre visite à Jakob, son père, qu'il n'a pas vu depuis 3 ans. Depuis 45 ans Jakob n'a jamais dit mon fils, pas plus qu'Ari n'a dit mon père.

Le lecteur retrouve la beauté, la force et la poésie de l'écriture de Stefansson ainsi que les personnages de son roman précédent " D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds" .
Parsemé de références littéraires et musicales, ce livre d'une grande qualité reste très difficile à lire car les nombreux va-et-vient entre les trois époques déroutent complètement. La terre âpre de l'Islande, La dureté des personnages et le style de l'auteur se mélangent et se confondent dans ce roman où transpire à chaque page l'amour de son pays.




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Si vous avez aimé "D'ailleurs les poissons ont des pieds", il faut absolument mettre la main sur cette suite !
J'ai vu que l'on pouvait aisément lire ce roman sans avoir lu le premier avant, mais je trouve cela dommage, car on perd toutes les révélations et on s'attache si fort aux personnages qu'il me semble important de continuer à suivre leur aventure.

L'auteur continue sa chronique familiale en Islande, mais cette fois, l'espoir et les paroles sont de mise. Ari va confronter son père, il va tenter de se rappeler sa mère et essayer de comprendre qui est cette famille qui remonte jusqu'à Oddur et Margret.

Un roman tout aussi beau et fort que le précédent, je les recommande chaudement !
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" 'Qu'adviendra-t-il de la justice et de la beauté si les idéaux périssent ? ' Une femme qui écrit comme cela doit être publiée. Et cette famille va devoir se décider à entendre sa voix dans le monde."

D'ailleurs, Les poissons n'ont pas de pieds et A la mesure de l'univers forment une saga familiale en deux tomes et nous plongent dans l'Islande des dernières décennies.

Comme dans Asta, Jon Kalman Stefansson se joue de la continuité et emporte son lecteur à travers les époques, les paysages et les personnes sans se soucier d'une quelconque linéarité. le fil de ses réflexions et de sa poésie nous guide dans les fjords islandais, au coeur de la nature et de l'âme humaine, dont les tempêtes se confondent souvent.

J'ai retrouvé avec bonheur la plume de Stefansson, ses incises, ses envolées poétiques comme des descriptions parfois crues et réalistes. Plus encore que dans Asta, j'ai été saisie par la justesse avec laquelle Stefansson parle de l'humanité, des relations familiales, de ce qui se transmet de génération en génération. Il suffit d'une scène à Stefansson pour dire tout l'amour qui lie une mère à son fils, le désir vibrant et les réserves d'une femme, les désillusions d'un homme.

"N'y a-t-il donc, en fin de compte, aucune limite à ce qu'on peut changer, la lâcheté serait-elle la plus grande des entraves ?"

La façon dont il parle des femmes, de leur destinée si étroitement liée à la place que l'époque leur réservait m'a tout particulièrement touchée.

"Nous avons toujours été laissées pour compte, nous sommes cantonnées à être des mères, des femmes au foyer ou des prostituées, et quand on ose sortir de ces rôles, ce n'est jamais bien vu. C'est pour cette raison que nous sommes forcées d'agir comme des résistantes, forcées d'emprunter des voies secrètes, d'atteindre la maturité et de rassembler nos forces avant de paraître au grand jour. Sinon ils t'étouffent dès la naissance. Pas forcément par méchanceté, mais tout simplement par la bêtise de intrinsèque à la domination."

Une fois de plus, Stefansson a su me saisir en plein coeur avec ce style si particulier qui atteint des sommets de poésie tout en restant intimement uni au récit.

"Ce que le monde peut être idiot de croire qu'il suffit d'une seule unité de mesure, de penser que la nuit est aussi longue en minutes pour le solitaire que pour les amoureux, que le système métrique ait l'imagination et la faculté de compréhension nécéssaires pour mesurer toutes les distances, quelle que soit leur nature, dans l'univers de l'être humain ; comme si la distance entre cette lande et Reykjavic était identique pour de jeunes pieds en sang et pour, par exemple, une voiture bien chauffée."

Céline
Lien : https://enlivrezvous.typepad..
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Après la lecture de « D'ailleurs, les Poissons n'ont pas de pieds », et n'ayant que très peu confiance en ma mémoire, j'ai enchaîné directement sur le deuxième volet de ce diptyque. Bien m'en a pris car je suis rentrée très vite dans ce texte.
On retrouve Ari de retour en Islande et venu rendre visite à son père mourant.
Petit à petit l'auteur nous invite à faire connaissance avec le couple formé par les parents d'Ari, avec Ari enfant et qui bien trop petit, à l'âge de 5 ans perd sa mère, celle dont tout le reste de sa vie on ne lui parlera plus, celle qui n'a pas de prénom et est appelée la mère d'Ari tout au long du roman.
Les époques se répondent, le temps rétréci. On passe d'une époque à l'autre dans le même paragraphe puis dans la même phrase et l'auteur nous donne les clés pour comprendre cette famille tout à fait imparfaite, dans laquelle les non dits constituent l'ordinaire, marquée par les deuils dont on se remet jamais.
Une famille dans laquelle les femmes occupent une place essentielle, elles sont fortes, aimantes, amoureuses.
A l'image de toutes les femmes de ce roman féministe, engagé. Qu'elles aient été violées, battues, endeuillées, exploitées, elles s'affranchissent au fil du temps, pour écrire, penser et aimer comme bon leur semble, faisant évoluer ainsi toute la société.
Ce deuxième volet ne peut pas se lire indépendamment du premier, mais je l'ai trouvé vraiment plus puissant. Je vous le recommande.

Traduction Éric Boury
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Avez-vous déjà eu les larmes aux yeux en lisant un livre, non pas par ce qu'il est triste ou émouvant, mais uniquement parce que l'écriture est sublime ? Jón Kalman Stefánsson écrit directement à mon coeur et à mon âme. C'est une écriture qui se savoure, lentement, en prenant le temps de lire encore et encore chaque phrase pour s'imprégner de leur beauté.

Ce diptyque raconte l'histoire de Ari, qui revient en Islande après quelques années d'absence et une rupture familiale qui n'a laissé que des remords. Les souvenirs surgissent, et c'est l'histoire de trois générations qui vont s'entremêler à travers ces romans.

La construction de la narration est unique, sans temporalité ou logique linéaire, dans une éternité permettant de ressusciter les morts. Jón Kalman Stefánsson mélange les époques et les lieux, et j'ai navigué avec lui dans les méandres de ce puzzle romanesque, comme sur un bateau au large des côtes de l'Islande, voguant dans un monde poétique souvent sombre, parfois lumineux, toujours enthousiasmant. Son coeur est en Islande, mais il décrit des sentiments humains universels avec simplicité et pudeur. J'admire son traducteur français, Eric Boury, qui réussit magnifiquement à traduire toutes les subtilités de sa pensée poétique.
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Somptueuse déambulation dans les replis du temps sur les traces d'une famille islandaise aux femmes vibrantes, aux hommes sanguins. Jon Kalman décrit une Islande majestueuse et blessée dans une langue poétique et musicale. On pleure de douleur, on pleure de beauté. Les mots de l'auteur nous touchent au plus profond. Un chef d'oeuvre.
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