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À la mesure de l'univers est la suite du roman
D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds". J'ai piqué cette "présentation de Babelio. Il y avait plus que cette phrase pour présenter ce roman, mais je n'ai pas voulu en dire plus. Je viens de finir cette lecture. J'aurais pu finir il y a plusieurs jours, quand il ne restait plus qu'une cinquantaine de pages, qu'en général je dévore en une heure...mais non. Depuis le début, je n'ai pas raté une seconde de battement pour prendre ce livre et lire un paragraphe, une phrase, un mot....ou juste le saisir pour permettre -peut être- à son essence de se communiquer à moi. Pourtant, proche de la fin, j'ai traîné. C'était carrément pathétique, vers les toutes dernières pages, de me voir lire une phrase puis prendre mon téléphone et jouer à Candy Crush!!!!. Parce que je ne voulais pas le quitter. Je ne vais pas vous dire de quoi il s'agit dans cette suite, parce que ce n'est pas le plus important. Il n'est pas question d'intrigue, de suspense ou de quoique ce soit de ce genre. C'est juste une histoire. Et paradoxalement, c'est à cause de ce que Kalmann Stefansson arrive à faire avec " juste une histoire"qu'il m'est impossible d'en dire plus, pour ne pas nuire à ce roman. Tous les matins, en prenant ma voiture pour aller au travail, la même pensée me persécute et me torture: " Tous ces gens avec qui je vais passer la journée, et ce depuis des années....ont ils conscience d'autre chose? sentent-t-ils autre chose? vivent-t-ils autre chose? sont-ils autre chose? Autre chose que cette bassesse, que ces rikikis du quotidien auxquels ils semblent consacrer toute leur énergie vitale? Est ce que des fois, même rarement, ils leur arrive de regarder le ciel pour une autre raison que de savoir le temps qu'il va faire? A la fin de la journée, la réponse est non!.
Jon Kalman Stefansson me donne alors de l'espoir. Dans ces romans, il parle des gens du "commun" comme on dit, ceux qui sont écrasés par la vie, et à plus forte raison dans un pays dont les conditions de vie sont aussi difficiles qu'en Islande. Il raconte leurs préoccupations de base: se nourrir, s'habiller, s'amuser un peu, survivre....mais, au milieu de tout ça, il dévoile que chacun d'eux, au moins à un moment de sa vie, peut être à la toute dernière seconde de son existence, regarde son âme, écoute ses exigences, étend ses ailes et dévoile qu'il est plus que ça, qu'il a une part de divin qui n'a peut être pas eu l'occasion de s'exprimer, écrasée par la vie, mais qui existe et se revendique humaine, sensible...belle. Dans ces romans, flotte toujours une sensibilité, rehaussée ici et là par l'art, la littérature et l'écriture essentiellement, mais aussi la musique, la poésie surtout, ou tout simplement par le simple fait de se poser un instant, et d'avouer que tout est beau....sauf peut être la mort. Mais pour l'auteur, les morts, malgré la douleur qu'ils engendrent en disparaissant, arrivent à trouver le moyen de consoler ceux qui restent, ceux qui les pleurent, ceux qui ont raté l'occasion de vraiment les connaitre, en laissant en héritage un souvenir,un trait de caractère, un journal intime, des lettres ou un poème. J'ai rarement lu des textes aussi beau que ceux de
Jon Kalman Stefansson. Et il m'est difficile d'expliquer comment, car son style est simple : des allées-retours entre plusieurs époques, des phrases dont le centre purement narratif est toujours entouré par une réflexion, une sensation ou une émotion, ce qui fait qu'on flotte en permanence, sans tomber dans le gnangnan....jamais. C'est toujours parfaitement juste. Voilà, je pourrais continuer comme ça longtemps, mais j'arrête là. Prochaine quête : Asta.