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Citations sur Essais sur l'art de la fiction (5)

Toute lecture digne de ce nom se doit d'être absorbante et voluptueuse. Nous devons dévorer le livre que nous lisons, être captivé par lui, arraché à nous-mêmes, et puis sortir de là l'esprit en feu, incapable de dormir ou de rassembler ses idées, emporté par un tourbillon d'images animées, comme brassées par un kaléidoscope.

Les mots, si le livre nous parle, doivent continuer de résonner à nos oreilles comme le tumulte des vagues sur les récifs et l'histoire — s'il s'agit d'une histoire — repasser sous nos yeux en milliers d'images colorées. C'est pour ce plaisir-là que, dans la période éclatante et troublée de l'enfance, nous lisons avec tant d'attention, et adorons si tendrement nos livres.
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Tant de choses délicieuses et intelligentes sur l'art d'écrire dans ce recueil de textes de Stevenson. En 4e de couverture on peut lire : "Les remarques les plus intelligentes jamais écrites sur la littérature" selon Nabokov. Et j'ajouter : sur nos existences fragiles.
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Il est un autre point, dans le Vicomte, que je trouve incomparable. Je ne puis citer aucune autre œuvre d’imagination où la fin de la vie est représentée avec un tact aussi délicat. On me demandait l’autre jour si Dumas me faisait rire ou pleurer. Eh bien, je viens de terminer ma cinquième lecture du Vicomte, j’ai ri une fois de la petite affaire Coquelin de Volière et peut-être en ai-je été un peu surpris – aussi, à titre de compensation, j’ai souri le reste du temps. Quant aux larmes, je ne sais pas. Si vous me mettez un pistolet sur la gorge, j’avouerai que le récit va d’un pas très aérien – en se maintenant dans une certaine irréalité. Et pour ceux qui aiment les gros coups de canon, le déploiement des grandes passions, il peut même paraître, du début à la fin, quelque peu insuffisant. Pas pour moi : je ne puis tenir pour médiocre un dîner, ou un livre, où je rencontre ceux que j’aime, et par-dessus tout, dans ce dernier volume, où je découvre un singulier charme de l’esprit. On y respire une plaisante et tonique tristesse, toujours vaillante, jamais hystérique. Sur la vie encombrée et bruyante de cette longue histoire, le soir tombe progressivement ; les lumières sont éteintes, les héros disparaissent un par un. Un par un ils s’en vont et aucun regret ne teinte leur départ d’amertume, les jeunes leur succèdent, Louis XIV prend de l’ampleur, et brille de plus en plus, une autre génération, une autre France se lèvent à l’horizon, mais pour nous et pour ces vieux hommes que nous avons si longtemps aimés, l’inévitable fin approche, et elle est la bienvenue. Bien lire cela, c’est anticiper sur l’expérience. Ah, si seulement nous pouvions espérer, quand ces heures des longues ombres arriveront sur nous dans la réalité et non plus en images, les affronter avec un esprit aussi paisible !
Mais mon article se termine ; les canons du siège tonnent à la frontière de Hollande ; et je dois dire adieu pour la cinquième fois à mon vieux camarade tombé au champ d’honneur. Adieu… ou plutôt au revoir ! Une sixième fois encore, très cher d’Artagnan, nous enlèverons Monk et nous galoperons ensemble vers Belle-Isle. (« À propos d’un roman de Dumas », 1887)
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Il est un conte qui touche de très près au vif de l’existence : celui de ce moine qui traverse une forêt, entend un oiseau chanter, l’écoute un bref instant et se trouve à son retour étranger à la porte de son couvent, car il a été en fait absent cinquante années et, parmi tous ses camarades qui ont survécu, un seul le reconnaît. Cet oiseau ne chante pas seulement dans les forêts, même s’il en est peut-être natif. Il chante dans les endroits les plus misérables. L’avare l’entend, et sourit, et les jours pour lui ne sont plus que des instants. Je l’ai évoqué sans autre accessoire qu’une lanterne nauséabonde parmi les dunes rases. Toute vie qui n’est pas purement mécanique est tissée de deux fils : la recherche de cet oiseau, et son écoute. Et c’est simplement cela qui rend la vie si difficile à évaluer, et les délices de chacun d’entre nous si incommunicables. La simple connaissance de ce fait, un seul souvenir de ces instants où l’oiseau chanta pour nous, suffisent à nous remplir d’étonnement quand nous tournons les pages d’un écrivain « réaliste ». Là, c’est certain, nous trouvons une image de la vie – mais pour autant qu’elle est faite de boue et de craintes mesquines, dont le souvenir nous fait honte, et que nous aimerions mieux oublier : de la note de ce rossignol effaceur de temps, nous ne saurons rien. (« Les porteurs de lanternes », 1888)
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Dans pareil cas, la poésie court, souterraine, et l’observateur (pauvre âme, avec ses documents !) est toujours au mauvais endroit. Car prétendre « observer » l’homme, c’est aller au devant de bien des déconvenues. Nous voyons le tronc d’où il tire sa subsistance, mais lui-même est bien au-delà, déployé dans le dôme du feuillage, traversé par les murmures du vent, peuplé de nids de rossignols. Et le véritable réalisme est celui des poètes, qui grimpent après lui comme un écureuil et ainsi entrevoient un coin du ciel pour lequel il vit. Oui, le véritable réalisme, toujours et partout, est celui des poètes : découvrir où réside la joie, et lui donner une voix, bien au-delà du chant. (…) Car aucun homme ne vit dans la réalité extérieure, parmi les sels et les acides, mais dans la chaude pièce fantasmagorique de son cerveau, aux fenêtres peintes et aux murs historiés. (« Les porteurs de lanternes », 1888)
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