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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un thriller hallucinant dans le Cuba dévasté de Fidel Castro

Il y a deux Cuba: le Cuba policé pour les touristes, et le vrai Cuba, celui du socialisme à la Fidel Castro. Un Cuba dévasté, chaotique, au seuil de l'apocalypse. C'est ce Cuba là que nous dépeint, de manière crédible, le très talentueux Nick Stone, dans son dernier roman, qui conclut la trilogie Max Mingus, une trilogie qui fera vraiment date dans l'histoire du polar.

Après le très épicé Tonton Clarinette, le très noir Voodoo Land, Cuba Libre retrace la dernière quête de Mx Mingus, ex-flic désabusé, une quête de vérité sur les morts violentes des deux êtres qui ont façonné sa vie: son coéquiper et meilleur ami Joe Liston, et son mentor et père de substitution Eldon Burns.
Ancien chef de la police de Miami, corrompu jusqu'à la moelle, Eldon Burns est assassiné de deux balles dans les deux yeux.
Et Joe Liston est assassiné de la même façon, cette fois-ci sous les yeux de Max; Même mode opératoire, même tueur.
Son enquête va le conduire vers la mystérieuse et insaisissable Vanetta Brown, et l'entraîner dans un road-movie hallucinant et sanglant à travers ce pays dévasté qu'est Cuba.

On retrouve dans ce roman tout ce qui fait la force de Nick Stone: Intrige complexe et passionnante, dialogues percutants, parfois non dénués d'humour, scènes choc, et suspense crescendo, jusqu'au final déchirant et inoubliable. Nick Stone en profite également pour critiquer le socialisme à la Fidel Castro, mais également l'impérialisme américain; Pas de manichéisme, juste la triste réalité.
Un polar à ne pas louper.

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La chronique de Jean-Marc Laherrère :

Max Mingus à La Havane

En trois romans Nick Stone, révélé avec Tonton Clarinette, est devenu un auteur dont on attend les romans avec impatience. le dernier Cuba libre fait, en quelque sorte, le lien entre le premier et le suivant Voodoo land, tout en nous amenant à Cuba.

Revoici donc Max Mingus. Petit rappel pour ceux qui ne savent pas …

Voodoo land se déroule au début des années 80 à Miami, Max y est flic, sous les ordres d'Eldon Burns, flic pourri jusqu'à la moelle, dans le style de ceux de James Ellroy. Son coéquipier, Joe Liston, ne supporte pas cette corruption. Ils vont affronter le mal incarné en la personne de Boukman, un truand d'origine haïtienne. Vingt ans plus tard, dans Tonton Clarinette Max n'est plus flic. Après huit ans de prison, il est contacté par un riche haïtien pour aller retrouver son fils disparu sur l'île … Il en revient marqué, et riche.


Fin du résumé des épisodes précédents … On retrouve Max en 2008, il est détective privé, ruiné ou presque, solitaire, réduit à enquêter sur de sordides affaires de cul. Coup sur coup Eldon Burns et Joe Liston sont abattus. Juste avant de mourir, Joe lui a lâché un nom : Vanetta Brown. Dans les années 60-70 Vanetta était une activiste des droits civiques à Miami. Accusée d'avoir tué un flic lors de la perquisition du local où son organisation (très marquée à gauche) avait son siège, elle a réussi à quitter le pays et a été accueillie par Fidel Castro à Cuba. Elle doit toujours y être.


Fin de l'affaire pour Max ? Non. Il est contacté « fermement » par le FBI qui ne lui laisse guère le choix : Soit il part à Cuba retrouver Vanetta Brown soupçonnée d'avoir commandité les deux meurtres, soit il retourne en prison, accusé d'avoir blanchi l'argent de la drogue à son retour d'Haïti. Parce qu'il est coincé, parce qu'il veut savoir qui a tué son ami Liston, Max accepte.


De façon différente, et pour d'autres raisons, Cuba libre, comme les deux romans précédents fera sans nul doute partie des romans marquants de l'année.


Si on le compare aux deux premiers volumes, cet opus est comme Max Mingus, il s'est assagi. Moins violent, moins perturbant, moins sombre même. Cuba n'est pas Haïti, la violence n'y est pas la même, la traque est plus posée. Max surtout est plus calme. L'ex boxeur, flic borderline a beaucoup souffert et pris beaucoup de coups. Il a pris du plomb dans la cervelle (au sens figuré), a pris ses distances avec son mentor ripoux et a gagné, auprès de son ami Joe Liston, une maturité politique et morale qui l'amène à revoir ses anciennes certitudes.


Mais plus calme ne veut pas dire plus ennuyeux. La toile de fond est passionnante : le retour sur les années des luttes pour les droits civiques, l'exil des activistes (dont les Black Panthers) à Cuba, l'accueil par Castro de réfugiés haïtiens, la situation de l'île en cette fin de règne castriste, les désillusions, l'impact symbolique de l'élection en cours d'Obama … Bref de quarante ans d'Histoire de ce coin du monde incluant la Floride, Cuba et Haïti. Passionnante car racontée sans manichéisme, sans angélisme, avec une grande honnêteté.


Et ce qui fait la force de Cuba libre, ce qui en fait un roman passionnant et pas un essai historique, c'est que, si Nick Stone a de toute évidence effectué un gros travail de préparation et de documentation, ce travail ne se sent absolument pas. Toute cette information est « cachée » dans le travail romanesque de plus en plus maîtrisé. Les coups de théâtre sont là, Max et le lecteur se font balader de surprise en surprise (et il y en a une ou deux de taille), jusqu'à l'apothéose. L'épilogue, qui on s'en doute tenait à coeur à l'auteur, est superbement apporté sur un plateau par l'Histoire, avec ce jour de l'élection de Barak Obama qui vient conclure magistralement cette fresque policière et historique.


Nick Stone / Cuba libre (Voodoo eyes, 2011), Série Noire (2013), traduit de l'anglais par Samuel Todd.
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