Tu as beaucoup changé, Alison

Il s'agit du deuxième roman (ordre chronologique d'écriture) traduit en français après Julia, et ma troisième lecture de Peter Straub après les excellents Koko et Ghost Story. Et on ne va pas se mentir, cet auteur est incontestablement grandiose.

Note maximum pour un bouquin que j'ai dévoré en deux jours, je n'arrivais plus à le reposer quitte à m'endormir extrêmement tard, et à coller le gosse devant l'écran le soir à la place de lui lire son histoire pour pouvoir justement me lire la mienne.

L'écrivain aime les histoires de fantômes, c'est indéniable et il nous propose ici une intrigue racontée à la première personne par un jeune homme qui n'a eu de cesse de mener une existence focalisée sur sa cousine et ses sentiments pour elle. Cette cousine qu'il n'a plus revu depuis vingt ans maintenant suite à un événement qui l'a marqué(e) à jamais. Ce jour-là, ils s'étaient fait la promesse de se revoir deux dizaines d'années plus tard à ce même endroit. Et cet endroit ce sont les vieilles terres familiales, la cambrousse bien bien profonde, à côté d'un sympathique petit village où "on n'aime pas trop les étrangers et les gens prétentieux de la ville par chez nous!"

Le résumé ainsi peut paraitre assez banal, mais c'est sans compter sur la plume de l'auteur qui nous peint un environnement et toute une gallerie de personnages secondaires absolument détestables, et aussi, et surtout, un personnage principal qu'on a du mal à véritablement jauger tout au long de ses mésaventures. D'ailleurs lui-même s'interroge sur sa propre santé mentale. Et avec un tueur en série qui rôde dans les parages et qui ne peut être que l'un d'eux, et de préférence notre jeune héros pour tous les autochtones, c'est dire si l'ambiance est au comble de l'hostilité. D'ailleurs les locaux ne tariront pas de politesses pour notre visiteur de retour au pays.

Allez, je n'en dirai pas plus pour vous laisser découvrir tout cela par vous-même, mais c'est décidé, je deviens fan de Monsieur Peter Straub. Si ses autres ouvrages sont de la même qualité, ça sera à regretter qu'il n'ait pas été davantage productif (à l'image du King, mais bon qui peut se vanter de pondre au moins un bon bouquin par an pendant plus de trente ans ? Oui les chiffres sont à vérifier mais l'idée est là)

Une petite ville américaine du Midwest, entourée de champs de maïs et de forêts ténébreuses, voilà le décor de ce roman d'horreur, qui nous rappelle bien des choses. Ce serait pourtant injuste de lui attribuer plus que des ressemblances avec des thèmes chers à Stephen King, par ailleurs ami de Peter Straub, car ce roman est paru en 1977 et n'est que le second roman de ce genre en ce qui le concerne. Ils travailleront ensemble dans les années 1980.
Deux époques : 1955 et 1975. Dans la première, qui est une sorte d'introduction au roman, on suit plus précisément deux adolescents qui sont là pour l'été, Alison et son cousin. Leur famille est issue d'émigrants norvégiens, religieux et stricts. Alison est très libre, joue avec des hommes plutôt frustes. Et cela finira mal une nuit au bord d'un lac artificiel. Dans la deuxième partie, qui commence en 1975, Miles, le cousin, revient dans ce village au prétexte d'écrire un mémoire sur D.H. Lawrence, car il est maître-assistant et à besoin de faire ses preuves pour espérer obtenir un poste plus sûr d'enseignant. On comprend assez vite qu'il reste très perturbé par ce qui s'est passé vingt ans plus tôt, qu'il est hanté par Alison.
L'intrigue est haletante, elle commence pourtant assez lentement mais monte en puissance jusqu'à la toute fin. On pourra toujours objecter que les clichés n'y manquent pas (flics pourris, haine du sexe, fascination pour la décomposition des corps) je trouve que ce roman est une réussite car il joue avec nos nerfs : on ne peut jamais être certain d'avoir la bonne interprétation de ce qui s'y passe, tant les personnages ont leur part d'ombre.

Afin de respecter un serment passé avec sa cousine Alison 20ans plus tôt, alors qu'ils étaient adolescents, Miles retourne au village où il avait habitude de passer ses vacances.
Arrivé dans le patelin, une série de meurtre a lieu et les habitants, des bouseux aux cerveaux arriérés comme on en trouve dans les vastes endroits reculés d'Amérique, vont soupçonner deux personnes, dont Miles, créant une milice de surveillance et d'intimidation.
Voulant honorer sa promesse, Miles va rester au péril de sa vie et chambouler des histoires du passé dont il aurait été préférable de laisser tranquille.

Une histoire prenante, mais comme à l'accoutumée chez cet auteur, il ne faut pas s'attendre à de la terreur et du suspense insupportable, mais bien à des longueurs et des descriptions soporifiques.

Miles Teagarden, universitaire et veuf depuis peu, retourne chez son cousin Duane à Arden, dans le Wisconsin, où il a passé son enfance et son adolescence, en compagnie de sa chère cousine Alison.
Les habitants n'ayant pas oublié les frasques des jeunes gens et leur passé tumultueux, ne voient pas cette installation d'un bon oeil, à plus forte faison quand le corps d'une seconde victime est découvert.
Miles est persuadé que son retour est lié au pacte qu'il a conclu 20 ans plus tôt avec Alison, mais celle-ci a été victime d'un viol et assassinée, des annés auparavant et les soupçons avaient pesé sur Miles.
De là à le penser coupable du récent meurtre, il n'y a qu'un pas que les villageois s'empressent de franchir.
J'ai passé un excellent moment et la plume de l'auteur y est pour beaucoup, si au premier abord on peut trouver l'histoire classique et banale.

Synopsis: Deux ados, Miles et Alison, jurent de se revoir dans 20 ans. 20 ans après, Miles revient au pays et est très mal accueilli des habitants.

Avis: L'action est essentiellement centrée autour de l'attente du jour du rendez-vous et le comportement malsain de la population du village rural qui réserve un très mauvais accueil au héros. Qui est fou? Que s'est-il donc passé? On n'a les réponses qu'une fois le livre terminé.

Miles revient dans le Wisconsin sur les lieux de son enfance pour y rédiger sa thèse universitaire, mais ses raisons sont plus profondes qu'il ne se l'avoue. Il y a presque 20 ans il fait une promesse à sa cousine Alison qu'il se doit d'honorer, en mémoire d'un amour irrationnel et jalousé par tous ou presque. Mais justement, le soir de ce serment, Alison est morte, violée et assassinée.
A son arrivée les regards et les comportements sont instantanément hostiles envers lui et la récente découverte du cadavre mutilé d'une jeune adolescente n'y est pas pour rien. Miles comprend que son retour a été dicté par une force qu'il est bien en peine de maîtriser.
La mise en place de l'histoire est assez longue mais quand on connait Peter Straub ça n'a rien d'étonnant, cette lenteur pourrait en rebuter beaucoup, ainsi que le style de l'auteur, soit on aime soit on déteste. Peter Straub n'est jamais dans l'horreur pure et dure, il s'appuie plus sur un climat délétère pour nous induire dans une ambiance assez toxique, et nous faire côtoyer un bon panel de la lie de l'humanité, ici le mal est partout, à tel point que l'on doute de tout le monde puisqu'il met systématiquement en exergue la part sombre de chacun de ses personnages, c'est vachement troublant et j'adore de ne pas être obligée d'aimer un personnage mais de le trouver fascinant malgré tout.
Pas de révélations extraordinaires mais un schéma narratif inébranlable pour nous amener vers un terrible dénouement. J'avoue que l'inertie de Miles par rapport l'injustice de son traitement m'a un peu gonflé, j'avais envie d'une rébellion qui ne venait jamais, mais je pense que c'est un choix délibéré de l'auteur, car qui ne dit rien consent parait-il, et quoi de mieux pour brouiller les pistes…
Pas mon préféré de l'auteur mais un très bon moment de lecture ! En revanche je pense que ce n'est pas par celui-là qu'il faut commencer pour découvrir l'univers particulier de Peter Straub.

La couverture parle d'elle-même et c'est cette ambiance qui est décrite dans ce livre : un paysage brumeux et glacial qui nous emporte. du suspens, du frisson... Que demander de plus ? L'ambiance y est !

Hé ben ... n'a pas fonctionné avec moi ce coup-ci ... l'écriture est là, le mystère aussi, les personnages bien campés, mais je me suis ennuyé d'autant plus que les deux Alison m'ont royalement fait chier ... l'une comme l'autre, la mince sadique et la grosse chieuse ... je ne sais pas vraiment à quoi cela est du ... sans doute au héros qui ne m'a pas emballé pour deux sous ... c'est lent, parfois trop monolithique dans sa conception, un peu mou, même si le récit se tient et que la finale parait somme toute très logique ... mais voilà ... ça arrive aussi parfois ! Je devrais peut-être le relire !

Si vous aimez la bonne littérature, le style, le sens de la phrase bien composée et du texte bien articulé, ce roman n'est pas pour vous. Revoyez vos exigences à la baisse et souffrez la pauvreté d'une écriture très typée "je-parle-beaucoup-avec-des-mots-simples-et-ne -m'embarrasse-d'aucun-raffinement". Aucun raffinement non plus à trouver dans l'intrigue, languissante, répétitive (allez-retours incessants entres les 3, 4 lieux qui font le théâtre de l'action) et convenue qui se termine par un final aux limites du grotesque comme souvent (il suffit de l'imaginer mis en image pour se convaincre de son potentiel de bouffonnerie), ni dans la psychologie des personnages, fixée des le début: le névrosé , le fanatique, le râleur, l'effrontée et l'indignée...

En fait, l'auteur passe à côté de la seule bonne idée qui émerge naturellement de l'histoire: le narrateur aurait dû vraiment être coupable. Mais non, et ça n'est même pas un suspense consciemment mis en avant (donc pas de vrai spoiler): tous les éléments annoncés par le récit se réalisent au bout du compte et de surprises, nulles. Un petit roman vite lu, vite oublié.