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sur 130 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Inspiré d'un fait divers réel, le meurtre d'un petit garçon de 4 ans dans une famille bourgeoise anglaise, ce roman est également un excellent documentaire sur l'époque victorienne.
On y apprend comment se déroulait les enquêtes policières sans le recours à la science mais avec les débuts de la psychiatrie, comment les préjugés sur les différentes classes sociales empêchaient de seulement imaginer qu'un membre de la famille puisse être coupable du crime, comment l'assassin a finalement été mis sous les verrous bien plus tard, et ce qu'il est advenu de chacun des protagonistes au fil des années suivantes (les membres de la famille, les domestiques et les policiers).
Très documenté, ce roman en devient par moment un petit peu long, mais l'intérêt pour l'histoire reprend toujours le dessus.
Ce roman nous apprend aussi que ce meurtre odieux fut une source d'inspiration pour de nombreux écrivains, notamment Mary Elizabeth Braddon qui écrivit « le secret de Lady Audley » et Wilkie Collins qui s'inspira du personnage du policier dans « La dame en blanc ».
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L'Affaire de Road Hill House
The Suspicions of Mr Whicher
Traduction : Eric Chédaille

Au centre de cet ouvrage, sous-titré "L'Assassinat du Petit Saville Kent", deux grands thèmes : une affaire criminelle aussi sordide qu'énigmatique et l'étude du phénomène social représenté par l'apparition, sous les Victoriens, du personnage de l'enquêteur de police. Un personnage qui aura bien du mal à s'imposer et qui, on le verra plus de vingt années après, avec les meurtres de Jack l'Eventreur, restera désarmé tant que la science n'aura pas mis un peu d'ordre dans les méthodes d'investigation alors en vigueur.

Cette hybridation est parfois ressentie comme pénible car le lecteur a l'impression d'un discours qui part dans toutes les directions. En outre, Kate Summerscale n'a pas cet art du conteur quasi inné et que l'on peut cependant rencontrer dans des livres relatant une enquête policière, les deux étant loin d'être incompatibles. Mais passons puisque, en dépit de ces quelques critiques, "L'Affaire de Road Hill House" se laisse lire.

Les amateurs d'Histoire littéraire y apprécieront les nombreuses références aux grands auteurs du temps, s'engouffrant dans la voie royale mais ténébreuse ouverte par Edgar Allan Poe avec son chevalier Dupin. Au milieu de noms aujourd'hui oubliés, se distinguent encore Wilkie Collins avec sa "Pierre de Lune" et sa "Dame en Blanc" et, bien entendu, Charles Dickens pour "Bleak House" et plus encore pour l'inachevé "Mystère d'Edwin Drood."

Dickens d'ailleurs avait, sur l'affaire Saville Kent, des idées bien arrêtées, qu'on pardonnera à un romancier aussi exceptionnel : ce maître du roman-feuilleton en tenait en effet pour l'hypothèse d'un enfant étouffé par la nurse cruelle après qu'il eut assisté sans le vouloir aux ébats de ladite gouvernante et de son père. Toute la fascination horrifiée que le sexe et ses manifestations les plus innocentes inspiraient aux sujets de la reine Victoria sont contenues dans cette théorie dickensienne - que le romancier ne pouvait d'ailleurs pas mettre en scène dans ses propres textes sous peine de perdre son public.

L'Affaire Saville Kent débute par l'un des meurtres les plus ignobles qui se puissent commettre : celui d'un enfant. Les faits sont les suivants :

Au matin du 30 juin 1960, le corps du petit Saville, le fils que Samuel Kent, sous-inspecteur des manufactures pour le compte du Gouvernement, a eu de sa seconde épouse, Mary Pratt, est retrouvé dans les latrines du jardin. Selon l'autopsie, l'enfant est mort étouffé, quelques heures plus tôt. Selon l'enquête - sur ce point, les enquêteurs locaux comme ceux de Londres tomberont d'accord - le ou les meurtriers étaient issus de la maison.

Il faudra à peu près cinq ans pour qu'une personne revendique la responsabilité du meurtre. Mais avec la meilleure volonté du monde et bien qu'ils aient servi à obtenir une condamnation, ces aveux ne sauraient satisfaire l'observateur attentif. Ici, l'étude policière rejoint la dissection un peu brouillonne d'une société engoncée dans des principes rigides et incapable de concevoir une explication rationnelle pour des pulsions qui, un siècle plus tôt, auraient été encore imputées à une influence démoniaque.

Le tableau est d'autant plus étouffant que ce que nous considérons aujourd'hui comme la police n'en était encore à cette époque qu'à ses tout débuts, que l'idée d'un meurtrier appartenant aux classes élevées de la population tenait du sacrilège et que les détectives marchaient en conséquence sur des oeufs en émettant leurs hypothèses, y compris les plus logiques. Sans oublier que tout ce qui se rapportait à la sexualité était passé sous silence, voire carrément occulté et que, s'il y avait déficience mentale dans une famille, elle ne pouvait être le fruit que du sang maternel mais jamais, au grand jamais d'une syphilis récoltée par le mari ou le frère ou l'amant dans les maisons closes ou sur les trottoirs.

A lire donc et, éventuellement, à approfondir avec un autre volume consacré à la même affaire. ;o)
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Angleterre, 1860. Un crime horrible a été commis dans la maison d'une famille bourgeoise typique. le jeune Saville, 3 ans, a été sauvagement assassiné. le meurtrier est forcément un membre de la maisonnée.

Le résumé ressemble fortement un roman d'Agatha Christie, mais il s'agit d'un fait divers réel. Ce livre n'est pas une fiction, mais un essai sur ce crime et son contexte historique. Il est question de la création d'une vraie police, de ses méthodes de travail, avec les balbutiements que ça implique dans l'organisation et la vision des enquêtes. On parle également beaucoup du rôle de la presse, qui se développait à cette époque, ainsi que des 1ers romans de littérature policière (beaucoup d'auteurs semblent s'être inspirés de cette affaire). Il y a aussi une réflexion sur la société victorienne et ses moeurs.

Du fait qu'on parle d'un véritable crime, du meurtre d'un enfant qui-plus-est, l'ambiance est très pesante, ce n'est donc pas une lecture facile de ce point de vue. L'autrice insiste sur l'impact qu'a eu cette affaire sur la société de l'époque et sur le retentissement qu'elle a eu à travers tout le pays, pendant des années. Pour vous donner une idée de l'impact médiatique et sociétal, l'affaire serait à peu près de la dimension de celle dite « du Petit Grégory », dont on entend encore parler 35 ans plus tard. Dans les deux cas, la victime est un jeune enfant que les membres de la famille sont soupçonnés tour à tour d'avoir tué. Ici, quelqu'un a finalement été condamné pour le crime, mais des parts d'ombres subsistent.

Le récit n'est pas dénué de longueurs, du fait que l'autrice insiste beaucoup sur le contexte, notamment sur les policiers et leur formation. Elle prend aussi le temps, en fin d'ouvrage, de détailler ce que sont devenus les différents protagonistes mêlés à cette affaire. Mais la plume est agréable et précise, c'est le genre de documentaire qu'on lit comme un roman. le livre comporte de nombreuses illustrations: photos, dessins, plans, etc, qui permettent au lecteur de se faire une idée assez complète des lieux, des personnes et des évènements.

Une lecture pesante vu son sujet sordide, mais très intéressante et instructive. Si vous vous intéressez au sujet ou aux romans policiers classiques, ce livre devrait vous plaire.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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L'horrible énigme du meurtre du petit Saville Kent, 3 ans et 10 mois, en juin 1860, suscita en Angleterre une émotion intense. C'était les "débuts" de la police métropolitaine, et les débuts de la presse de masse et de la littérature policière.
Kate Summerscale tente de montrer les liens obscurs qui se nouent entre le meurtre réel de l'enfant, la police, la presse et la littérature. Presse et littérature boivent littéralement le sang de la famille Kent et des enquêteurs, jugeant la compétence des uns et le comportement des autres, s'inspirant éhontément de la situation de la famille pour produire, pour notre plus grand plaisir inavouable , quelques chefs-d'oeuvres : La dame en blanc (qui paraît en même temps que l'affaire), La pierre de lune, de Wilkie Collins, le mystère d'Edwin Drood (Dickens), le tour d'écrou (James), le secret de Lady Audley (M-E Braddon), j'en passe... Cette étude est intéressante.
Mais le plus fascinant est ce qui apparaît de cette famille anglaise victorienne mise à nue par la presse et la police, ou plutôt ce qui n'en apparaît pas. Car, si le meurtre est résolu, si la presse a multiplié les articles et la police les rapports, d'immenses zones d'ombres demeurent, les êtres gardent leurs secrets et surtout d'étranges silhouettes encore plus fortes que la fiction se dessinent : une épouse folle -ou pas, une (très méchante ?) gouvernante, un père tyran, satyre ? Des enfants maltraités ? Des enfants favorisés ? Des domestiques complices ? ou menteurs ? Qui a tué les femmes du patriarche ? Pourquoi donc a-t-on assassiné le petit Saville ? Vraiment vraiment intriguant, tout cela, toute cette violence feutrée puis éclatante entre deux tasses de thé...

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L'Affaire de Road Hill House... ou le bouquin trois en un ( voir plus), très intéressant, mais assez indigeste.

Pitch :
1860, l'Angleterre, la famille Kent, en leur maison de Road Hill House... trois enfants déjà grands d'un premier lit, deux filles et un garçon, et puis trois autres d'un second, encore petits deux filles et un petit garçon.... et puis le drame... le petit Saville à disparu en pleine nuit, alors que la maison était fermée.. le petit Saville un petiot de trois ans, tout blond, le chérubin tout choupi... on le retrouvera au matin mort, assassiné d'une façon atroce et enfouis dans les latrines du personnel de maison... Mais qui a bien pu faire ça ?!

Un fait divers réel, une histoire vraie... bon, en général je suis pas super friande de ce genre de truc, mais vu l'époque, 1860, je me suis dit que ça pourrait être intéressant, pour apprendre des choses tant à la vie de tous les jours, qu'aux techniques d'investigations.. essayer de se plonger dans cette époque, le balbutiement de la police criminelle, c'était le début...
Alors pourquoi pas..

Alors oui, j'en ai appris de trucs... Diantre ! Mazette !
Parce que le truc avec ce bouquin c'est que l'auteur a voulu trop en mettre... trop en faire.

Nous avons donc l'enquête de l'époque, les protagonistes et y en a un sacré tas.. ok... Summerscale s'est plongée dans les archives, les livres et les journaux de l'époque... tout est relaté, tout est expliqué, sur le concret, le concret de cette maison, les minutes, les gens, les boulots, les fringues etc.. tout.. niveau immersion dans le lieux, l'époque, j'ai pas été déçue du tout.

Mais elle nous a fait aussi tout un parallèle avec l'essor, le début de la littérature policière en faisant des parallèles avec cette affaire, c'est plein de citation, d'auteur.. Mary Elizabeth Braddon qui écrivit « le secret de Lady Audley » et Wilkie Collins qui s'inspira du personnage du policier dans « La dame en blanc », Dickens, et tout un tas d'autres...

Et en soit ce n'est pas inintéressant non plus, voir même le contraire... très intéressant, l'émergence de ce style littéraire, le roman policier, et par cela aussi l'on comprend comment cette histoire, comment ce crime a secoué la population, et même les intellectuels de l'époque. Tout le monde y allait de son commentaire, de son ressenti.. le crime qui cristallise l'imagination de toute une population (nous, enfin à mon époque, on a eu l'affaire du petit Grégory, eux, c'était l'affaire du petit Saville..)

Elle nous a également fait toute l'historique journalistique de l'époque, et la place des journaux dans cette époque.. Sur cette affaire qui d'emblée par son caractère horrible et par la position sociale de cette famille (des bourgeois) a marqué l'opinion publique et a rapidement attiré de nombreux journalistes. L'auteur nous parle donc des journalistes, des journaux, des prise de partie d'un journal à l'autre (le nombre de journaux à l'époque était considérable)... ok... C'est pas inintéressant non plus, mais vu que je me fais déjà, une enquête criminelle, la construction de la police judiciaire anglaise, plus un parallèle avec la littérature de l'époque... Heu t'es sûre que tu m'en rajoute une couche là ?... bon, si, donc on rajoute les journaux.

Et à travers tous ces éléments, on suit le cours de l'enquête, les panouilles, les problèmes etc... et à travers tout ça, l'auteur nous fait une étude sociologique et psychologique de l'époque... Pour les gens de l'époque, de cette époque, les changements opérés et sur tous les sujets abordés (la police/les littéraires/les journaux/le peuple..etc) dans un sens ou dans l'autre, (on encense ou l'on met au pilori)... Et au final nous mets en lumière les changement qui ont découlé de cette affaire criminelle, changements de pensée, d'écrire, d'enquêter etc... Et tout cela est très intéressante.. si si... très.

Mais les mettre tous dans le même bouquin rend le tout lourd et indigeste, parfois même plutôt confus... l'enquête première se dilue, dans des circonvolutions, et des explications d'un autre ordre, explication de tant et de tant de chose... ce qui rend le tout très lourd, et il faut reconnaître que le style n'aide pas vraiment... c'est un livre qui demande une attention certaine, pas une lecture si simple, le côté easy reading... nope... Mais ce n'est pas désagréable en soit, c'est juste que c'est très foisonnant, une lecture dont on sort moins bête que quand on l'avait commencée.. et il faut admettre c'est plutôt bien.

Même si bon à la fin, à cette époque ils ont connu le fin mot de cette histoire, et le coupable, même s'il leur à fallu attendre un peu.. nous et notre petit Grégory, j'ai comme qui dirait l'impression c'est que c'est pas demain la veille...
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Lorsque j'ai travaillé sur mon mémoire sur Sherlock Holmes et Scotland Yard, je suis tombée sur le cas de Saville Kent. J'avais été très intriguée par l'histoire de Jack Whicher et de son enquête, si bien que j'en avais parlé dans mon mémoire. Je n'avais malheureusement pas eu le temps à l'époque de me plonger dans le livre de Kate Summerscale, mais lorsque je l'ai trouvé l'autre jour à la bibliothèque, je n'ai pas hésité longtemps! Que dire alors de ma lecture de L'affaire de Road Hill House? Et bien c'est un livre que j'ai apprécié, mais qui a quelques défauts.

Tout d'abord, je tenais à mentionner quelque chose que j'ai découvert en attaquant le livre. Il était rangé dans la catégorie fiction de ma bibliothèque, et je m'attendais donc à un roman. Cependant, L'affaire de Road Hill House est en réalité une non-fiction, qui raconte très sérieusement le cas du meurtre de Saville Kent. Si vous avez du mal avec la non-fiction, je tenais à vous prévenir.

Passée cette petite surprise, j'ai dans l'ensemble beaucoup aimé le livre. Premier point important: Kate Summerscale a visiblement passé beaucoup, beaucoup de temps à faire des recherches pour son livre. le livre est extrêmement documenté et riche en informations. Il contient aussi des photos et une longue bibliographie ainsi que de nombreuses notes, témoignant du sérieux du travail de l'auteure. J'ai appris en travaillant cette chronique que Kate Summerscale avait reçu plusieurs prix pour ce livre, ce qui ne m'étonne pas lorsqu'on voit la richesse des détails.


L'auteure nous plonge aussi dans l'histoire, comme si on y était. On a vraiment l'impression d'assister à l'enquête comme si nous suivions Jack dans le moindre de ses mouvements. C'est une histoire vraiment passionnante et intéressante, surtout si vous vous intéressez à L Histoire criminelle, car Kate Summerscale met bien en avant les difficultés rencontrées par les policiers et enquêteurs de l'époque. C'est un livre qui est à la fois une enquête, une analyse sociale, et une étude historique sur la police britannique.

Parmi les autres points positifs, j'ai aussi apprécié le style de l'auteure. Très plaisant et avec un petit côté journalistique, le livre est agréable à lire. le début m'a particulièrement plu, avec la description de la journée de la découverte du corps et le début de l'enquête.

Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, le livre présente également de très nombreux aspects que j'ai trouvés intéressants. Ayant travaillé là-dessous pour mon mémoire, j'ai aimé le traitement fait par l'auteur sur la façon dont la police était considéré par la population, et plus particulièrement la façon dont les détectives étaient perçus par la bonne société.

Cependant, j'ai tout de même un gros point négatif à relever: les longueurs. le livre est parfois long, très long, et l'auteure fait régulièrement des détours pour parler d'autres éléments. Si j'ai trouvé certains points pertinents, j'ai tout de même été assez lassée à certains moments par les longueurs. le livre reste dans l'ensemble très intéressant, mais je tenais à mentionner cet aspect.

Si vous vous intéressez aux débuts de la police et aux grandes affaires criminelles, je vous recommande fortement L'affaire de Road Hill House, ainsi que son adaptation!

Lien : http://livroscope.blogspot.f..
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Tiré d'une histoire vraie, ce livre raconte la découverte, en 1860, du corps d'un petit garçon de 5 ans issu d'une famille bourgeoise. Ce crime défraya la chronique et les journaux. Jack Whicher, détective en quête de l'affaire, essaiera de mettra en évidence des faits et aura même des suspicions sur une personne. Malheureusement la police scientifique n'existe pas et c'est parole contre parole. de plus, à cette époque, lorsque qu'un meurtre est perpétrer dans une famille bourgeoise, les hauts fonctionnaires préfèrent faire taire l'histoire que de trouver le meurtrier. Une certaine bienséance (et d'hypocrisie aussi) est de mise au profit du travail d'un détective. Heureusement, ce crime, ne restera pas impuni mas laissera des traces autant sur les membres de la famille bourgeoise que sur la personne du détective.
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Le 30 juin 1860, la maison de Samuel Kent à Road dans le Wiltshire, est en émoi. Saville, âgé de quatre ans, a disparu de sa chambre. La nurse , qui dormait dans la même pièce que l'enfant, pensait que Mrs Kent était venu le chercher après l'avoir entendu pleurer. Après de longues recherches, le corps de Saville est retrouvé dans la fausse des toilettes à l'arrière du jardin. Il a été poignardé et égorgé. La maison avait été entièrement fermée la veille au soir, personne ne pouvait y pénétrer de l'extérieur. L'assassin habite donc obligatoirement Road Hill House.

Kate Summerscale reconstitue de manière minutieuse ce fait divers qui marqua les esprits et fut à l'origine de plusieurs oeuvres littéraires notamment "La pierre de lune" de Wilkie Collins. le meurtre de Saville eut un écho retentissant dans la presse pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'enquête fut menée par un célèbre détective de Scotland Yard, Jack Whicher. Une unité de détectives en civil avait été fondée peu de temps auparavant en 1852. La figure du détective naît à cette époque et est rapidement transposée en littérature. Edgar Alan Poe fut le précurseur avec Dupin bien avant les anglais. C'est véritablement la naissance du corps d'élite londonien qui donne vie au détective intuitif, observateur, à l'affût du moindre détail et avec un sens élevé de la déduction. Cet archétype se retrouve dans "La maison d'Apre-vent" de Dickens avec l'inspecteur Buchet et bien entendu dans "La pierre de lune" où le personnage de Cuff est directement inspiré par Jack Whicher.

Ensuite la famille Kent semble au-dessus de tout soupçon. Il s'agit de la haute bourgeoisie issue de l'industrialisation. Comme pour l'affaire de l'assassinat de Mr Briggs dans un train de première classe, ce qui fascine c'est que les classes élevées soient vulnérables et touchées par le crime. L'intimité des Kent est rapidement mise à nu, la maison et les affaires personnelles de chacun sont fouillées. Cette recherche poussée est choquante à l'époque victorienne. La maison est un havre de paix, de repos qui doit être inviolable. Bien entendu la famille Kent se révèle plus complexe et moins lisse qu'il n'y paraissait. Saville, ainsi que deux autres enfants, est issu du second mariage de Samuel Kent. Quatre enfants du premier lit habitent également la maison. La deuxième Mrs Kent était la nurse des enfants et la première Mrs Kent était considérée comme folle. Les secrets de famille sont exposés aux yeux de tous et feront le sel des romanciers comme Mary Elizabeth Braddon dans "Le secret de Lady Audley". "L'histoire familiale que Whicher reconstitua à Road Hill House donnait à penser que la mort de Saville s'inscrivait dans un tissu de tromperie et de dissimulation. Les romans policiers que l'affaire inspira, à commencer par "La pierre de lune" en 1868, retinrent la leçon. Tous les suspects d'une énigme criminelle classique ont leur secret et, pour le garder, ils mentent, dissimulent, éludent les questions de l'enquêteur. Chacun a l'air coupable parce que chacun a quelque chose à cacher."

Les enquêteurs et les journalistes vont faire leur miel des révélations sur la première Mrs Kent et sa soi-disant folie. La médecine aliéniste est en plein développement et tend à enfermer toute personne un peu fragile. Ses dérives sont pourtant connues et Wilkie Collins en avait fait le coeur de "La dame en blanc". Mrs Kent était-elle vraiment folle ou a-t-elle été abusivement cloitrée chez elle ? Les révélations sur la vie antérieur de Samuel Kent sont bien évidemment le centre de l'affaire.

Tous les détails de ce fait divers concouraient à marquer les esprits et à attiser la curiosité morbide du public. Kate Summerscale retranscrit cette histoire et son contexte historique avec rigueur et précision. le livre est extrêmement bien documenté et est aussi captivant qu'un roman policier.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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En 1860 l'Angleterre se passionne pour un crime choquant, le meurtre du jeune Saville Kent, trois ans, dans la maison de ses parents. le petit garçon a été emporté de son lit en pleine nuit -sans que sa nurse qui dormait dans la même pièce n'entende rien- égorgé, puis son cadavre a été jeté dans les latrines. le meurtrier est forcément quelqu'un de cette maisonnée bourgeoise, membre de la famille ou domestique. Dans un premier temps l'enquête est assez mal menée par la police locale du Wilthshire puis les autorités font appel à Jack Whicher, détective de Scotland Yard.

A partir des nombreuses sources de l'époque, notamment la presse qui a suivi toute l'affaire de très près, Kate Summerscale étudie, à travers cet exemple, les débuts de la police d'investigation en Grande-Bretagne. Elle analyse aussi la façon dont les protagonistes et les faits ont influencé les auteurs de l'époque comme Wilkie Collins et Charles Dickens.

Alors qu'on nous présente les Britanniques comme des gens très jaloux de leur intimité, qui considèrent leur foyer comme un lieu où chacun doit être libre de mener sa vie comme il l'entend, les premières intrusions de la police chez les Kent scandalisent la presse mais rapidement les scrupules tombent et presse et public ne se lassent pas d'imaginer des scénarios qui décortiquent la vie privée de la famille : c'est la mère, c'est la nurse, c'est le père -qui couchait avec la nurse, c'est la fille adolescente, enfant d'un premier lit et jalouse de son petit frère... Des détectives en herbe vont jusqu'à envoyer leurs déductions à la police ou aux journaux.

C'est cette presse si présente qui me frappe le plus. le nombre de journaux à l'époque était beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. Il n'y avait pas la télévision.

Moi qui suis une lectrice assidue d'Anne Perry j'ai trouvé fort intéressant cette incursion dans un vrai crime de l'époque victorienne.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Sous l'ère victorienne, un petit garçon est retrouvé assassiné au sein du domaine familial.
Le premier enquêteur britannique sera alors envoyé chez eux pour découvrir l'assassin.
Ce livre passionnant, très bien documenté, relate l'enquête sur cet assassinat, le destin des protagonistes, etc...
A lire comme un roman policier, historique, sociologique !
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