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Citations sur Le voleur d'enfants (16)

Antoine a sept ans, peut-être huit. Il sort d'un grand magasin, entièrement habillé de neuf, comme pour affronter une vie nouvelle. Mais pour l'instant, il est encore un enfant qui donne la main à sa bonne, boulevard Haussmann. Il n'est pas grand et ne voit devant lui que des jambes d'hommes et des jupes très affairées. Sur la chaussée, des centaines de roues qui tournent ou s'arrêtent aux pieds d'un agent âpre comme un rocher. Avant de traverser la rue du Havre, l'enfant remarque, à un kiosque de journaux, un énorme pied de footballeur qui lance le ballon dans des « buts » inconnus. Pendant qu'il regarde fixement la page de l'illustré, Antoine a l'impression qu'on le sépare violemment de sa bonne. Cette grosse main à bague noire et or qui lui frôla l'oreille ? L'enfant est entraîné dans un remous de passants. Une jupe violette, un pantalon à raies, une soutane, des jambes crottées de terrassier, et par terre une boue déchirée par des milliers de pieds. C'est tout ce qu'il voit. Amputé de sa bonne, il se sent rougir. Colère d'avoir à reconnaître son impuissance dans la foule, fierté refoulée d'habitude et qui lui saute au visage ? Il lève la tête. Des visages indifférents ou tragiques. De rares paroles entendues n'ayant aucun rapport avec celles des passants qui suivent : voilà d'où vient la nostalgie de la rue. Au milieu du bruit, l'enfant croit entendre le lugubre appel de sa bonne : « Antoine ! » La voix lui arrive déchiquetée comme par d'invisibles ronces. Elle semble venir de derrière lui. Il rebrousse chemin, mais ne répond pas. Et toujours le bruit confus de la rue, ce bruit qui cherche en vain son unité parmi des milliers d'aspirations différentes. Antoine trouve humiliant d'avoir perdu sa bonne et ne veut pas que les passants s'en aperçoivent. Il saura bien la retrouver tout seul. Il marche maintenant du côté de la rue de Provence, gardant dans sa paume le souvenir de la pression d'une main chère et rugueuse dont les aspérités semblaient faites pour mieux tenir les doigts légers d'un enfant.
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Lui, un homme d’action autrefois était devenu une étonnante machine à rêve comme ceux qui ont longtemps habité la mer ou les pampas : toujours l’horizon ou le mur de leur chambre a quelque confuse nouvelle à leur annoncer. Pleuvait-Il, un jour qu’il méditait sur les raisons qui avaient poussé le président San Juan à le trahir, le mécontentement du colonel devenait une pluie interminable et tous ses souvenirs s’ecoulaient pluvieusement autour de lui. Nul ne savait mieux que lui mêler son présent aux conditions atmosphériques, à la couleur du ciel, aux bruits de la rue, à ceux de son appartement.
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" Antoine Charnelet, mon petit, dit l'étranger avec beaucoup d'émotion dans la voix, tu as donc perdu ta bonne ? N'aie pas peur, je suis déjà ton ami et tu vas voir que tu me connais. "
Ce grand monsieur a un léger accent.
" Veux-tu monter dan ma voiture ? "
C'est une magnifique limousine si neuve qu'elle semble se trouver encore à la devanture d'un magasin des Champs-Élysées.
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Quand on est riche , toutes les gaffes sont permises elles sont même recommandées si l'on veut avoir le sentiment de sa puissance .
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- Autour de moi, [...] l'avenir couche dans de petits lits, se disait Bigua [...], le lendemain du rapt.
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Dans certains moments de grand trouble, rien ne nous rassure tant qu'un peu de prévu, de tout ce qui nous rattache à ce que nous savons déjà de la vie, avec certitude.
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Mais cette horreur est horrible ! Médecins de l' Etat civil, approchez vous !
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Il songeait à tous les voyageurs appuyés comme lui à la lisse, à leurs milliers de désirs confus, flèches ingrates lancées jour et nuit et qui tombent les unes après les autres, à des distances inégales, dans l'eau salée, sans atteindre l'horizon.
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On n'est jamais autour de nous si heureux ni si malheureux que nous le voudrions.
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Il s'endort dans des draps frais, mais son âme refuse encore de se coucher. Elle reste en marge du lit.Une heure après, elle le réveille, elle a peur d'être toute seule
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