Pour ce tome 28 je suis partagé voir dichotomique... C'est toujours aussi bien dessiné, les personnages sont toujours cool, classe et badass, et les bastons sont sont toujours stylées bien qu'assez bourrines faute de recours à la moindre stratégie (celui qui a la plus grande force de combat chiffrée l'emporte toujours et puis c'est tout : on est loin des duels psychologiques hitchcockiens de de la saga "JoJo's Bizarre Adventure"), mais j'ai enfin mis le doigt sur le truc qui ne va pas depuis le début de la deuxième époque de série !
La manga
Nakaba Suzuki est suffisamment soucieux de sa série pour ne pas tomber dans le piège du tournoi qui n'en finit pas, ou de la formule grand gentil contre grand méchant et copains du grand gentil contre lieutenants du grand méchant (Syndrome One Piece), mais il n'en reste pas moins piégé par les obligations de l'industrie du manga et il doit utiliser toutes les ruses à sa disposition pour tenir les délais. Quand tout se goupille bien c'est carrément très bon, mais quand ce n'est pas le cas je ressens une impression d'artificialité forcée plus ou moins désagréable. En fait tout repose sur l'équilibre entre enjeux à courts, moyens et longs termes : l'objectif à long terme c'est d'autant plus OK qu'on évite le manichéisme en renvoyant anges et démons dos à dos, les objectifs à courts termes sont toujours bien gérés (vaincre le vilain of the week, ou lui échapper à lui et à ses pièges), mais c'est au niveau des objectifs à moyens termes que le bât blesse car non seulement ils sont loin d'être clairs mais en plus pas mal d'entre eux ne font pas du tout avancer l'intrigue principale quand il ne la rendent pas inutilement compliquée en flirtant avec les contradictions et les incohérences (ah le gestion des niveaux de puissance avec ses power-up complètement cheatés ^^)...
Alors ici il faut annuler la barrière magique qui coupe Camelot du reste du monde, du coup il faut neutraliser la distorsion spatio-temporelle de Corand la cité fortifiée, du coup il faut affronter le Merascylla des Ten Commandments... Sauf que cette dernière est déjà morte deux fois, qu'on ne sait pas quel est le lien entre la distorsion et la barrière, qu'on ne sait pas pourquoi il faut absolument aller à Camelot (retrouver Arthur j'imagine ?), et qu'on ne sait pas en quoi tout cela fait avancer le schmilblick pour mettre définitivement fin à l'affrontement entre anges et démons... Cela fait beaucoup trop, et même si on évite les WTF de "Bleach" et "Fairy Tail" !
Bon on retrouve pas mal d'astuces désormais classiques dans l'univers des shonen mainstream à rallonge des années 2000 : l'armée des morts, le super-héros dont l'énergie est siphonnée, le personnage qui se fait posséder, et le personnage qui pète un câble avant d'affronter ses camarades... C'est d'autant plus dommage qu'on rush sur d'autres points qui sont eux beaucoup plus intéressants : la comparaison entre les tourments de Meliodas et de Ban dont les amantes voient leurs jours comptés, le baroud d'honneur d'Helbram le fantôme d'elfe qui officiait en tant que Jiminy Cricket de King, Gowther qui retrouve ses anciens amis qui le connaissaient sous le nom d'Armando, Harlequin et Ellaine retrouve enfin leurs ailes de fées, la malédiction éternelle de Meliodas et Élisabeth... Car si on en sait plus sur les deux personnages principaux, on ne sait toujours pas comment s'est terminée la Grande Guerre entre les anges et les démons et pourquoi le champion des démons et l'ambassadrice des anges ont trahi les deux camps pour défendre une troisième voie débarrassée de tous leurs games of thrones à la con !