Moi, Mikko et Annikki

Tampere est une ville de Finlande, le roman relate l'histoire de cette ville depuis sa naissance, on voit son évolution au cours des siècles. Au début il n'y a que des maisons en bois et briques d'un ou deux étages formant des îlots fermés avec dans la cour intérieure des parties communes cuisine, saunas, toilettes. Tampere est une ville industrielle qui s'est développée au cours des siècles, nécessitant une main d'œuvre importante. Il a fallu construire de plus en plus de logements , des barres d'immeubles, en s'éloignant du centre ville. Anniki est le quartier historique de la ville, là où les petites maisons en bois n'ont pas encore été démolies, par miracle. Cet îlot, c'est l'âme de la ville, sa mémoire. Les promoteurs voudraient raser ce quartier pour construire des immeubles modernes beaucoup plus rentables. Des habitants vont se mobiliser pour sauver ce quartier. Tiitu l'auteure raconte ce combat contre la mairie. Un projet collectif de réhabilitation du quartier est instauré. Des habitants se proposent pour rénover et habiter à Anniki, ils sont sélectionnés pour intégrer ce projet. Ils vont se regrouper en collectif et reconstruire ensemble ce quartier afin de lui donner une seconde vie
L'auteure adresse un message à la jeune génération pour vivre dans des espaces de vie collaboratifs, respectueux de l'environnement et de l'histoire.
C'est aussi un plaidoyer contre le consumérisme galopant en récupérant, et réparant des objets plutôt que de jeter. Donner aux objets et vêtements une deuxième vie.
On voit que cette attitude est en train de devenir une nouvelle façon de vivre pour certains.
Ce roman est présenté dans un format carré. On peut noter différents styles de graphisme et de colorisation en fonction de l'histoire
Je remercie Babelio et les éditions rue de l'échiquier qui m'ont permis de lire ce roman graphique à l'occasion de la masse critique.

Ce journal d'une communauté en résistance est en prise directe avec les problématiques environnementales contemporaines.
En effet, elle sonde les possibilités de protéger les patrimoines et les rendre durables pour les préserver des phénomènes de gentrification.

D'inspiration autobiographique, cette bande dessinée relate l'installation d'un jeune couple dans le quartier d'Annikki, l'un des très rares îlots historiques encore préservés de la ville de Tampere, en Finlande.

C'est la première oeuvre traduite en français de Tiitu Takalo, l'une des plumes les plus talentueuses de la bande dessinée finlandaise, lauréate en 2015 du prix Finlandia, la plus prestigieuse récompense que puisse remporter une bande dessinée en Finlande.

Cet album séduisant et graphiquement très abouti, est notamment remarquable par l'utilisation de la colorisation .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

« Un quartier qui nous ressemble. Un quartier qui nous rassemble – et se battre pour le préserver ». Me fiant à la quatrième de couverture, je m'attendais à découvrir l'histoire d'un couple d'idéalistes bien décidés à sauver de vieux immeubles historiques de la cupidité des promoteurs. Or, s'il est bel et bien question de la vie de Tiitu et de Mikko, de leur installation dans le quartier d'Annikki et du combat qu'ils menèrent pour sa sauvegarde, cette BD va bien au-delà. En fait, c'est toute l'histoire de la ville de Tampere qui nous est dévoilée et, par ricochet, celle de la Finlande.
Le livre de Tiitu Takalo commence même par un petit cours de géologie qui nous explique comment s'est formé le « socle » de la ville et pourquoi la conjonction d'une moraine, de deux lacs et d'un fleuve impétueux décidèrent les populations locales à s'installer dans ces parages. Puis, remontant le fil de l'histoire, on voit la petite bourgade passer du giron de la Suède à la tutelle de la Russie pour devenir un centre industriel de premier plan. Gonflée par l'afflux de migrants venus chercher du travail, la cité se transforme. Les usines fleurissent et de nombreux logements sont construits en périphérie pour loger cette multitude besogneuse. L'indépendance, les guerres, les révoltes se succèdent. L'urbanisme et une certaine idée du modernisme ont raison de l'habitat ouvrier du XIXème siècle. Mais, grâce à l'engagement et la ténacité d'une poignée d'hommes et de femmes, des îlots de briques et de bois sont préservés de la voracité des lotisseurs afin que soit conservé un témoignage de la façon dont on vivait dans le Tampere d'hier : un lien entre le passé, le présent et le futur.
Entre ces pages d'histoire, s'intercalent des moments plus contemporains et plus intimes. Nous y suivons l'auteur et son compagnon, des prémisses de leur vie commune jusqu'à l'emménagement dans un appartement de ce fameux quartier d'Annikki. Travaux, combat contre la municipalité, manifestations culturelles, nous assistons à ces étapes de leur vie qui se confondent avec celles de leur futur foyer. Nous découvrons également les sujets qui leur tiennent à coeur, leur envie de partager et d'inventer de nouveaux modes de vie. Tout un idéal écolo et altermondialiste illustré par des planches qui nous parlent de façon toujours amusante de surconsommation, de récup' et d'entraide.
Parlons un peu graphisme à présent. le livre de Tiitu Takalo est un joli pavé de 250 pages, une sorte de gros carré de 20cm/20cm, format inhabituel mais néanmoins agréable en main. Si je regrette que les planches soient pour la plupart conçues sur le même modèle – feuille carrée divisée elle-même en quatre carrés d'égales dimensions – j'ai en revanche beaucoup apprécié le gros effort porté sur la colorisation. Classiquement blanc pour les chapitres qui traitent de la vie de Tiitu et Mikko, le fond des pages devient gris, ocre ou beige pour celles qui nous font revivre le passé de la ville. Loin de n'être qu'une originalité, ce « code couleur » structure le livre et permet au lecteur de mieux suivre le cheminement du travail du dessinateur.
Les couleurs des dessins ont aussi une « identité » très marquée. Il s'agit de couleurs un peu passées, un camaïeu de vieux rose et de bleu délavé avec, parfois, des tons plus éclatants pour illustrer des scènes particulièrement joyeuses ( un concert ou une fête) ou au contraire plus sombres lorsqu'il s'agit d'aborder des moments tristes. Ces couleurs estompées sont évidemment liées à la technique de l'aquarelle qui prédomine dans cette BD même si de nombreuses planches sont dessinées de façon plus conventionnelle à l'aide de crayons graphites ou de pastels. Mais, quel que soit la technique utilisée, le rendu est toujours parfaitement raccord avec le sujet et nous donne au final un ouvrage très personnel et bien attachant.

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Cette BD nous conte l'histoire d'une petite ville finlandaise, artisanale, Tampere, créée à la fin du XVIIIème siècle. L'autrice nous brosse la vie quotidienne des habitants du XIXème et XXème siècle. Quelques faits historiques : en 1809 la Suède abandonne la Finlande à la Russie, mais Tampere conserve ses privilèges. La filature qui est créée en 1820 emploie 3000 ouvriers à l'aube du XXème s. Femmes et enfants y travaillent. Rappelons que la Finlande à la fin du XIXème siècle est un pays sous-développé !!!! mais le statut des femmes y était plutôt en avance par rapport à d'autres pays : dès 1864 elles ne sont plus sous la tutelle des hommes ; à partir de 15 ans elles peuvent disposer librement de leur salaire ; en 1919 elles obtiennent le droit de vote ; la même année elles obtiennent le droit de travailler sans l'accord de leur mari, mais leur salaire reste toutefois inférieur au leur.
Tampere devient alors la 1ère ville industrielle de Finlande, et sa population va être multipliée par 5 par la migration de populations étrangères venues chercher du travail. Les habitations seront construites en bois et en brique, dans un esprit Art Nouveau, formant un ilôt fermé. Au centre de l'ilôt se trouvent les sanitaires communs, les saunas, les écuries, les celliers..... En 1940 il restera encore une vingtaine de ces ilôts d'habitations. Dans cette BD l'autrice nous parle plus particulièrement de l'ilôt du quartier Annikki.
En 2000 le Ministère de l'environnement ainsi que la Direction des musées s'opposent au plan d'urbanisation de la ville, qui verra la destruction de ce dernier ilôt. Des militants vont occuper les lieux. Finalement l'ilôt Annikki sera sauvé de la destruction et réhabilité au nom de la sauvegarde du patrimoine.
J'ai beaucoup apprécié ce coup de projecteur sur le passé du patrimoine de la Finlande, le choix des couleurs grisâtres ou brunes pour le passé en opposition aux couleurs plus chatoyantes de notre époque.

De Tampere aujourd'hui en Finlande, il ne reste malheureusement que peu de choses du patrimoine historique de la ville. Parmi les quartiers qui se battent encore avec acharnement contre les promoteurs et la municipalité, il y a le petit îlot d'Annikki, constitué de maisons en bois, qui survit face à ceux qui préfèrent tout détruire, tout raser en dépit du passé qui imprègne fortement ce lieu.

La communauté qui réside encore là-bas ne cesse de se battre pour la réhabilitation de ce quartier finlandais. L'auteure profite de son emménagement à Annikki avec son compagnon Mikko pour se mobiliser à son tour et pour nous restituer tout un pan de l'histoire de cette ville et de ce quartier.

Une bande dessinée qui nous informe notamment sur les origines de Tampere, son développement industriel qui a permis à la ville de s'accroître de manière considérable ainsi que sur l'impact des aléas historiques et sociaux qui ont bouleversé Tampere au fil des siècles.

En dépit que quelques longueurs lors des bonds dans le passé, on apprend beaucoup sur l'histoire de la Finlande et l'évolution de cette ville ne manque pas d'intérêt. Côté illustrations, j'ai été séduite par les couleurs de l'album et le crayonné de l'auteure.

Une jolie découverte et une lecture éclairante.
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