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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Attention : ceci n'est pas un avis consensuel ! Ames sensibles s'abstenir car je n'épargne personne (ou presque) !!! C'est totalement subjectif et presque corrosif de ma part.

J'ai été réellement très surpris de voir que Jules Verne ne fait pas que des émules. Certains qualifient volontiers les romans d'anticipation de Jules Verne de lectures soporifiques ! sic !... C'est la première fois que j'entends cela et je ne peux pas décemment laisser passer cela. Maintenant, je respecte le fait qu'on n'aime pas Jules Verne et donc indirectement "le démon des glaces" mais je souhaite apporter une réponse pour dire que je ne suis pas du tout d'accord sans faire pour autant l'apologie de Jules Verne.

L'oeuvre de Jules Verne a été très populaire en se répandant à travers le monde. de nos jours, il est encore le deuxième auteur au monde le plus traduit après Agatha Christie. Rejeter Jules Verne, c'est comme faire une croix sur tout un genre fantastique ; c'est renier la science-fiction. Tout le monde a lu Jules Verne et a éprouvé cette prodigieuse puissance de faire rêver. Conquérir, explorer, annexer à la connaissance les choses qui ne le sont pas encore, aller où on n'est jamais allé...

Il a laissé derrière lui un héritage créatif d'une extraordinaire richesse. Ainsi bon nombre d'auteurs se sont inspirés de ses voyages qui ont fait la renommée de cet auteur de génie. En réalisant le démon des glaces, Tardi rend un vibrant hommage à ce génie littéraire. C'est également un hommage au XIX ème siècle avec un traitement parodique et non dénué d'humour.

Le format du démon des glaces est le plus grand que j'ai jamais lu pour une bd. Cela permet de donner une démesure au dessin de Tardi avec une mise en page très recherchée. Bon, je dois avouer que ce n'est guère pratique à posséder. Ma bibliothécaire ne savait pas où le ranger. J'ai appris qu'il s'agissait là d'une réédition pour corriger le tir après l'avoir imprimé à l'origine sur un format très petit.

Le scénario nous réserve bien des surprises en allant au-delà des sentiers battus. le démon des glaces offre une histoire à la logique bousculée, fantastique et captivante. L'auteur reprend d'ailleurs un de ses thèmes favoris : la monstruosité humaine menant à la destruction de l'espèce.

Nous avons droit à des navires qui disparaissent mystérieusement de la banquise. Tout comme dans l'oeuvre de Jules Verne, il y a derrière l'implication de savants fous. Il est vrai qu'au final, le récit apparaît comme décalé avec une histoire farfelue et des retournements inattendus. L'effet de surprise sera de taille pour le lecteur. L'absence d'explication dans la motivation du jeune héros sera peut-être sujette à caution.

Quoiqu'il en soit, avec cette logique bousculée, nous avons une richesse narrative et graphique qui prouve encore une fois le talent irréfutable de Tardi. Il y a tout d'abord une belle exploitation du noir et blanc avec un effet de gravure du plus bel effet. On ne pourra pas lui reprocher un manque de lisibilité.
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Paru en 1974, « le Démon des glaces » est le troisième album BD signé Jacques Tardi. Il préfigure l'univers fou-fou-fou et décalé d'Adèle Blanc-Sec dont le premier épisode ne sortira en librairie que deux ans plus tard. Tout Adèle est en gestation dans la présente BD ; il n'y manque qu'une héroïne de papier. On y trouve ainsi : l'intérêt récurrent de l'auteur pour les XIXème siècle finissant et XXème débutant, pour les scénarii foutraques et débridés (proches des romans-feuilletons de la Belle Epoque), pour les savants fous et les monstres qu'il ne cessera de mettre en scène. le principal intérêt de la BD réside dans un graphisme de toute beauté. Peut-être est-ce même la meilleure réalisation picturale de Tardi ? Celle, en tout cas, où il a apporté le plus grand soin aux moindres détails.

Inutile ici d'amorcer l'intrigue par quelques mots d'introduction. le pitch est proche de celui de « 20.000 lieues sous les mers » dont on connait tous l'essentiel (certains lecteurs évoquent aussi « le Sphinx des glaces » que je n'ai pas lu). On trouve dans la BD signée par Tardi un simili Nautilus, deux clones de Nemo et un héros candide, ébahi et étonné, ouvert à tout ce qu'il découvre ... L'oeuvre s'affiche donc délibérément comme un hommage à Jules Verne. En outre, on y trouve la même approche graphique que celle embarquée dans les illustrations Hetzel des mythiques « Voyages extraordinaires ». Certaines vignettes se font les échos de l'idéal scientifique vernien ; de pleines images sont consacrées à des machineries typées Seconde Révolution Industrielle. Est-ce du Steampunk d'un âge où le terme n'était pas encore inventé ? Je ne me pose même pas la question ; à mon sens l'atmosphère est tout simplement nostalgiquement vernienne. On peut également évoquer un cousinage avec « l'Aiguille Creuse » de Maurice Leblanc là où un inattendu repaire secret …

« le Démon des glaces » offre un de ces scénarii foutraques et débridés dont Tardi a le secret, qu'il affectionnera tout particulièrement au sein des Adèle Blanc-Sec à venir. Cette manière m'a toujours donné l'impression, sans doute personnelle et injustifiée, d'avoir été construit sans plans préétablis, d'avancer sur la seule inspiration de l'instant et d'offrir aux récits une finalité brouillonne. S'y ajoute l'esprit avant-gardiste de la BD de l'époque qui se cherchait des échappées aventureuses et novatrices, se prêtait à l'expérimentation. L'épilogue de « le Démon des glaces » est faiblard, sa fin ouverte ne convainc pas ; Tardi y reviendra dans « Momies en folie », le 4ème tome des « Aventures d'Adèle Blanc-Sec », en y greffant une conclusion convaincante et définitive (mais néanmoins délirante). J'avoue trouver ici une faiblesse chez Tardi qui ne sera jamais aussi bon qu'accompagné par un scénariste ou quand, adaptant au cordeau une oeuvre romanesque préexistante, il se trouve des limites entre lesquelles évoluer sans déborder. Reste que je me suis laissé porter par le récit, n'y cherchant pas nécessairement une crédibilité qui, je le savais, ne viendrait pas. le divertissement apporté par l'intrigue de « le Démon des glaces » est là, et c'est l'essentiel ; on y plonge souriant, on en ressort heureux.

Le dessin, c'est autre chose. Il est magique. Vraiment. On laisse trainer des regards admiratifs de vignette en vignette, on y revient par crainte d'être passé à côté du « détail qui tue » ; arrêts sur images (mais comment s'y prend t'il ?). Un an de travail, parait t'il ? Je veux bien le croire. Tardi mêle le style Hetzel complexe et dense des décors en background et ses propres tics graphiques appliqués aux visages où tout est dans la simplification :
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Nez patates ou croqués en angles aigus brefs et acérés ; faciès de craie où se nichent des bouches simplifiées dans les expressions qu'elles cherchent à rendre, yeux punctiformes ou en boutons de bottines où se nichent des regards surpris, étonnés, ébahis, haineux, empreints de terreur ou de folie.

Horizontalités glacées de l'Océan Polaire Arctique, de la banquise enneigée à gros flocons. Verticalités déchiquetées des icebergs à la dérive, de la mature pris dans la glace des navires à voiles (et à vapeur). Ours, morses, méga-pieuvre des profondeurs. Aurores boréales. Horizons crépusculaires ou noyés dans l'éternelle nuit du pole.

Cimetière de Montparnasse sous la pluie, stèles grisâtres, parapluies, redingotes et chapeaux-melon. Immense verrière de gare ferroviaire, locomotives à vapeur en attente, Paris-Brest filant dans le sillage de son panache de fumée. Ports et marins bretons en cartes postales d'antan.

N&B exclusif. Hachurages fins et serrés, millimétrés, effet carte à gratter. Tous les trucs de chez Hetzel sont convoqués et restitués. Il nous semble avoir rendez-vous avec nos yeux d'antan portés sur Gustave Doré (par exemple). L'oeuvre finale s'admire dans ses mises en pages recherchées et inspirées, dans le soin méticuleux apporté au moindre détail.

Bref : une belle réussite graphique et un léger bémol concernant le scénario (mais ce n'est que personnel tant je suis conscient qu'il fait partie du charme inhérent à Tardi dans certaines de ses oeuvres)

PS : le goût potache de l'auteur pour les patronymes datés et biscornus est déjà présent. Jérôme Plumier, Louis-Ferdinand Chapoutier, Simone Pouffiot, Carlo Gelati. Cette particularité deviendra constante réitérée sur le fil de tous les Adèle Blanc-Sec à venir (presque une marque de fabrique, un passage obligatoire où le lecteur serait désolé de ne pas avoir été convié).

Lien : https://laconvergenceparalle..
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Style singulier de cet album.
C'est beau comme les gravures des livres de Jules Verne, en noir et blanc et trait fin, style vieux livre. Page après page je m'émerveille de ces images.
Ici Tardi c'est fortement inspiré de la révolution industrielle (Métropolis...). Des machines nouvelles, des engrenages, du métal... Un petit condensé de la technologie révolutionnaire.
Quant au scénario, une simple enquête d'un neveu à la recherche d'un oncle disparu. Sous un aspect classique j'ai dévoré ce parcours polaire de notre jeune héros.

Un classique fortement recommandé.
Que du bonheur.
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