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Citations sur Roissy (75)

"Venez, vous ne pouvez pas rester comme ça." Lui-même était en larmes, il n'avait personne dans l'avion, mais il travaillait ici, et pour eux, un avion qui s'écrase, c'est comme une part d'eux-mêmes qui disparaît, ce sont ses mots, je ne les oublierai jamais. p.155
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Me brûler la peau à en devenir propre plutôt que d'abandonner la partie, du moins pas encore : en ville, il y en a tant, des femmes comme moi, prêtes à raconter n'importe quelle foutaise pour être admises dans un centre d'accueil. Qui, là-bas, pour y croire, à ma mémoire perdue, qui pour me protéger ? Trois jours tout au plus à avoir accès à un lit, et puis au revoir madame, on vous jette à la rue, la rue qui vous viole, la rue qui vous broie, alors non, pas encore. p.138
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Marcher. Toujours marcher. Quarante-huit heures sur place ont suffi pour que j'intègre l'information. Marcher, oui. Sans cesse. Seul moyen de ne pas se faire repérer par l'un des mille sept cents policiers affectés à la sécurité ou par l'une des sept cents caméras qui, vingt-quatre heures sur vingt-quatre filment les allées et venues de tous. Marcher, aller d'un bout à l'autre des aérogares, revenir sur ses pas. Tourner en rond, quoi, car ici l'ensemble des modules des terminaux ABCDEF forment un immense 8. Se fondre dans la foule en tournant sans fin pour me protéger des regards, ceux des SDF dont je ne veux surtout pas faire partie, ceux des policiers, ceux des opérationnels enfin, plus de mille cent personnes ici. p.63
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En retrait, un superbe A380, l’œil triste et concentré, avance lentement en direction des pistes. A son passage, humains et voitures s'écartent. Il a le feu vert de la tour de contrôle, il est maître, à la fois docile et puissant. Bientôt, je vais entendre le vrombissement de ses réacteurs. Des bâtiments me le cacheront jusqu'à ce qu'il ressurgisse, baleine titanesque émergeant des eaux et faisant ombre sur toute la terre. Puis il disparaîtra pour atteindre ce haut ciel dont certains voyageurs disent qu'il est aussi blanc et moelleux qu'un champ de coton. p.28
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S’asseoir au centre de cette splendide construction.
Ne plus bouger. Puis se mettre à rêver. Juste cela. Rêver. Rêver le corps, l’espace du corps. Rêver à en perdre la mémoire, effacer tout contour. Jusqu’à ces gestes qui parlent de la douleur.
S’asseoir ici même. Dans la blancheur céleste de ce royaume. Au sein de sa douceur muette. Ni s’appesantir, ni s’envoler. Rêver, juste cela, le menton en appui sur les genoux, à en devenir le temps du rêve lui-même, son espace, sa langue. Décider de ne plus jamais en sortir. S’enfermer à jamais dans la féérie de ce monde.
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"Cette année-là (1969), j'ai assisté à un match de boxe organisé par les pilotes d'Air France, devinez où ? Sur les pistes, figurez-vous ! Inconcevable, hein ? A l'époque, ça n'existait pas, tout ce foin de sécurité. Les avions atterrissaient, on allait accueillir les passagers en bas des rampes : des stars, des gens de la haute. Un autre monde. Les charters avec monsieur et madame Tout le monde, c'est seulement vers le milieu des années 70 qu'on les a vus arriver. Après la guerre du Vietnam, les Amerloques se sont retrouvés avec tellement de zincs sur les bras ! Ils les ont revendus à des malins qui ont senti le vent tourner; ça a été le début du tourisme de masse.
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Que lui répondre? Ce sac n'est pas le mien. Cette valise n'est pas la mienne. Pas davantage je n'ai de nom (Anna, je viens de l'inventer), d'adresse. Je ne sais même pas où ni quelle année je suis née. Suite à un choc - une agression? un accident?-, j'ai tout perdu de mon passé à l'exception de quelques bribes où je vois des gamines mourir, le visage d'un homme, un accident de voiture... Sont-elles mes filles? Et lui, cet homme, mon mari? Etaient-ils tous dans la voiture au moment de... Plus j'essaie de comprendre, plus mon angoisse grandit, comme si cette femme que j'avais été cachait le pire.
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Dans le grand hall, il ne reste plus que moi et lui, l'homme au foulard dont les yeux fixent à présent le sol. Personne n'est venu à sa rencontre, personne ne viendra plus. Mains agrippées à la barrière, il ne se résout pas cependant à partir. Il reste immobile, suspend le temps. Le moindre geste, le charme serait rompu.
Il en est beau. Beau de cette attente qui tend son corps vers l'impossible.
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Je reste encore un long moment à regarder le flot des passagers. J'imagine leur vie, leur métier, leur invente des destinées que j'aimerais coucher sur le papier, ce que je ne ferai pas par superstition, comme si écrire sur eux pourrait influencer le cours de leur existence.
Tout est si confus en moi. Pour rien au monde, je ne voudrais provoquer un désastre. Le mien suffit.
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Philippe me tend deux gâteaux supplémentaires en me faisant un clin d’œil. Une minute de plus et il me demandait mon numéro de portable. Quand ça arrive, je prétexte une urgence. Que pourrais-je bien raconter à un homme ? Je veux dire, à un homme de ce monde ? Un homme qui a sa raison d’être ici, qui y travaille, moi qui ne suis qu’une ombre en transit ?
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