L’argent ne sent pas d’où qu’il vienne !
Les parfums comme les robes de prix, les ceintures dorées et les capes de fourrure n’étaient pas pour elle. Et à quoi bon se parfumer dans un monde qui sentait la merde, la pisse et la charogne ?
Il n’y aurait plus d’interdits mais des devoirs.
Anne n’aurait aucun remords à piéger ce tas de graisse. Elle n’avait d’ailleurs jamais eu de remords, estimant que les riches devaient être saignés de leur or de temps en temps comme on saignait les malades souffrant d’excès de bombance. Elle était vêtue d’une robe brune délavée au corsage à lacets. D’un geste rapide et discret, elle aéra un peu sa poitrine en délaçant les cordons, dévoilant la chair blanche du renflement de ses seins. Elle bouscula le bourgeois.
Il n’y aura pas de Jérusalem céleste pour les pécheresses de ton acabit. La terre va s’ouvrir sous tes pieds et tu chuteras en enfer où les flammes te dévoreront pour l’éternité.
Plus grand que son père, il venait de fêter ses quatorze ans le 9 mai. Sa taille ne le handicapait pas, il ne faisait pas sonner les clochettes, il était vif comme une anguille et souple comme un chat. Il avait le regard bleu et mélancolique de sa mère ; des mirettes qui attiraient les filles. Les garces se retournaient sur son passage, les putains lui proposaient des gâteries gratuites, le rendant confus et gauche. Son pucelage ne tarderait pas à sauter. Ça aussi faisait partie du plan éducatif de Mains-d’Or.