Janie, la narratrice , chercheuse en neurophysiologie , mariée à Navin, mére d'un petit garçon Kir qui signifie " montagne", a été adoptée par Léna, à l'âge de douze ans et Todd, son père adoptif, qui travaillait à l'UNICEF et vivait au Népal .
Janie est cambodgienne .
Elle a vécu sa petite enfance ---- son pére était traducteur----, à l'époque effroyable des Khmers rouges, où, là- bas, elle a vu disparaître toute sa famille.
C'est un voyage bouleversant , jamais plaintif ni larmoyant ,sans misérabilisme auquel nous assistons, entre les paysages rassurants et enneigés du Canada et la chaleur écrasante du Cambodge.
La narratrice nous fait revivre avec simplicité , vérité et sensibilité , les souvenirs de la peur omniprésente , des coups, de la faim, de la soif, des rats, de la mort partout, de l'arrogance des bourreaux, de leur bêtise, de leur ignorance ,leur idéologie mortifère , tant de destins fauchés par ces Khmers, , la fuite sans fin, la douleur, la perte des siens, le chagrin insondable......
Elle décrit un régime totalitaire, dément, utopiste qui surveillait' écoutait , dénonçait , punissait sans distinction, tuait aveuglement , torturait .
La faim effaçait l'être .
Les Khmers procédaient à des interrogatoires où les prisonniers avaient les yeux bandés et les mains attachés à une corde .
Ils devaient s'appliquer à devenir" forts " et "Purs ".
La mémoire de Janie se libère à la disparition du docteur Matsui , éminent chercheur ....
On les accusait d'avoir voulu saboter la révolution, d'être des" insectes "de la pure espèce .
Leur slogan phare " Respectons les illettrés et éradiquons les lettrés " . ...
Comment fait - on pour affronter un passé trop lourd ?
Comment fait- on pour continuer à vivre ?
Comment refouler ses souvenirs , ses cauchemars , ses rêves où elle revoit sa mére fragile et démunie , son frére courageux jusqu'au bout ? Son pére volatilisé et le docteur Hiroji Matsui disparu du centre de recherche du cerveau à Montréal , collègue de la jeune Janie ?dont le frére a été lui aussi englouti dans l'enfer des Khmers rouges ...
L'auteur, d'origine chinoise de Malaisie , jeune romancière du Canada est traduite en plus de quinze langues .
Traduit de l'anglais par Josette Chicheportiche à la bibliothèque étrangère , au "Mercure de France."
Commenter  J’apprécie         403
Encore un roman exceptionnel de Madeleine Thien que j avais découvert avec le sublime "do not say we have nothing" son dernier roman pas encore publié en français
Comme dans son autre opus ,l écriture est merveilleuse et la trame du livre faite de Flash- Black (enfance sous le sceau de la tragédie dans un Cambodge tombe sous le joug du régime Kmehr rouge -cet utopiste totalitaire dément) et de retours au quotidien (la narratrice est chercheuse en neurophysiologie à Toronto ,Canada terre d exil)est parfaitement maîtrisee et fluide ,(un "sans fautes 'pour moi.)
Les régimes assassins sont malheureusement très répandus de part le monde ,brisant la vie et l équilibre mental de nombreuses personnes qui n ont d autre solution que la fuite ou bien la mort a plus ou moins brève échéance
Outre que ce roman est parfait et captivant ,il peut nous aider à adopter un regard neuf sur les migrants -sujet d actualité récurrent -
Personne ne fuit son quotidienpar plaisir ou caprice ,chaque exilé a vu son existence brisée et les souffrances endurées retentiront a jamais sur sa façon d appréhender le monde et ses semblables
Lisez ce roman!!!
Commenter  J’apprécie         33
Sans ma libraire, je n'aurais pas découvert ce livre et regrette qu'il ne soit davantage connu parce qu'il est merveilleusement écrit, émouvant, semé de rebondissements même si ce n'est pas le but. Entre les paysages enneigés du Canada et la chaleur écrasante du Cambodge, la lectrice que je suis s'est laissée transporter par le récit, secouer par les émotions. La recherche du savant disparu nous conduit dans le Cambodge des Khmers rouges, les épreuves de la narratrice, les destins de ceux qui ont aimé ce pays, connu la fuite, la perte de la famille, l'exil, la douleur des souvenirs, le chagrin. La famille de la narratrice, symbole de sa capacité à survivre, attachante avec l'époux lui aussi cambodgien, le petit garçon nommé Kiri, qui signifie montagne, en anorak, dans la neige, dans l'appartement, désespéré par le chagrin de sa maman, puis dans l'attente de son retour.
Commenter  J’apprécie         41
" Les khmers rouges nous avaient appris à survivre en marchant seul, en ne transportant rien dans nos mains.
Nous abandonnâmes nos biens, puis nos familles et les êtres que nous aimions, et enfin notre loyauté et nous- mêmes.
Tous nos trésors, sans valeur ou précieux, indifférents ou chers à nos cœurs , furent traités de la même façon....."
Nos propres vies étaient jonchées de pièges, de questions sans réponses. C'est Bopha qui m'appris la première à m'échapper de moi-même, à me fondre dans les âmes des autres, ces êtres à la fois réels et imaginaires. (.....)
Dans mes bras, Bopha semblait aussi légère que l'herbe sèche, comme si la mer en elle s'était évaporée."Il y a une réponse à chaque question, déclara-t-elle une nuit qu'elle était malade. Ma grand-mère m'a dit que tout était écrit dans un gros livre. J'ai toujours pensé qu'un jour je le tiendrais entre mes mains. J'entrerais dans un temple, vaste et riche comme un palace, je tournerais les pages et là, sous mes yeux, serait exposé tout ce qui s'est déjà passé, tout ce qui se prépare.
Du Cambodge, j'emportai l'image de l'obscurité, le souffle d'une quarantaine de fugitifs muets, la musique de leur prières silencieuses. Les yeux fermés, j'entendais mon père me raconter comment Hanumân avait traversé les océans pour passer dans une autre vie. Retourne-toi une dernière fois, murmurait ma mère. Je la suivais dans notre appartement baigné d'une lueur crépusculaire, je marchais dans l'ombre de mon père, passais devant des murs nus et des fenêtres ouvertes par lesquelles montaient les bruits de la rue. J'avais connu l'amour auprès d'eux, vécu une enfance qui m'avait rendue forte. Je gardais en moi le souvenir de la beauté. Autrefois, Il semblait inutile de noter sa présence, de la fixer dans nos mémoires, de lâcher les chiens pour la protéger. La voix de ma mère me parvenait dans chaque vague qui se brisait contre la coque du bateau. Veille sur ceux que tu aimes, me disait-elle. Emmène-nous avec toi dans ta prochaine vie. Épuisée, serrée contre mon frère, je commençai mon voyage à travers l'océan.
Les Khmers rouges nous avaient appris à survivre en marchant seul, en ne transportant rien dans nos mains. Nous abandonnâmes nos biens, puis nos familles et les êtres que nous aimions, et enfin notre loyauté et nous -mêmes. Tous nos trésors, sans valeurs ou précieux, indifférent ou chers à nos cœur, furent traités de la même façon.
???? La Petite Librairie, c'est tous les quinze jours ! Vos libraires Gérard Collard et Thomas Raymond vous présentent leurs dernières pépites littéraires. Ils sont accompagnés de chroniqueurs : Jacqueline Pétroz, Didier Debroux, Mélanie Cheymol ou encore Jean-Edgar Casel ! Un programme qui vous réservera des surprises et des rencontres exclusives ! A NE PAS MANQUER !!!!!!! ????
?
? le c?ur de l'Angleterre de Jonathan Coe et Josée Kamoun aux éditions Gallimard
https://www.lagriffenoire.com/1008930-romans--le-coeur-de-l-angleterre.html
? Doggybags, Tome 14 : de Collectif, Neyef aux éditions Ankama
https://www.lagriffenoire.com/1013955-achat-bd-doggybags-t14-shadow-of-death.html
? Je m'appelle Lucy Barton de Elizabeth Strout aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/1012841-divers-litterature-je-m-appelle-lucy-barton.html
? La Fabrique des salauds de Chris Kraus et Rose Labourie aux éditions Belfond
https://www.lagriffenoire.com/1011860-romans-historiques-la-fabrique-des-salauds.html
? Belgiques de Jean Jauniaux aux éditions Ker
https://www.lagriffenoire.com/?fond=produit&id_produit=1019922&id_rubrique=1
? L'éternité, brève de Etienne Verhasselt aux éditions le Tripode
https://www.lagriffenoire.com/1013811-romans--l-eternite--breve.html
? Paris - Bars & restos planqués de Antoine Besse aux éditions Parigramme
https://www.lagriffenoire.com/58204-cuisine-paris---bars---restos-planques.html
? Paris Restos du Monde de Vanessa Besnard aux éditions Parigramme
https://www.lagriffenoire.com/141954-livres-de-cuisine-paris-restos-du-monde.html
? A chacun son resto - 120 adresses pour inviter sans se tromper de Vanessa Besnard aux éditions Parigramme
? Paris zen & relax de Sophie Herber aux éditions Parigramme
https://www.lagriffenoire.com/1015157-livres----vie-pratique--paris-zen---relax.html
? le thé à Paris de Caroline Da-chavigny aux éditions Parigramme
https://www.lagriffenoire.com/1015158-livres-de-cuisine-le-the-a-paris.html
? La Police des fleurs des arbres et des forêts de Romain Puertolas aux éditions Albin Michel
https://www.lagriffenoire.com/1017324-nouveautes-polar-la-police-des-fleurs--des-arbres-et-des-forets.html
? L'Aviatrice de Paula McLain aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/76336-divers-litterature-l-aviatrice.html
? La Troisième Hemingway de Paula McLain et Florence Hertz aux éditions Presses de la Cité
https://www.lagriffenoire.com/138906-divers-litterature-la-troisieme-hemingway.html
? L'ultime mystère de Paris de Bernard Prou aux éditions Anne Carrière
https://www.lagriffenoire.com/1019357-nouveautes-polar-l-ultime-mystere-de-paris.html
? La Chorale des dames de Chil
+ Lire la suite