(…) mais il n'imagine pas le luxe autrement que ce qu'il voit: du kitsch, du toc, du cher, du lisse qui brille, des verres pleins, des regards vides, des moues hautaines, des serveurs serviles et des clients vautrés. (Serge Quadruppani - Le point de vue de la gazelle)
La peur, prélude à la violence, est là elle aussi. Jamais montrée, parfois discutée, mais avec une infinie pudeur. La guerre est un mystère intime qui place ceux qui la vivent face à eux-mêmes et les oblige sans cesse à redessiner les contours de leur humanité. (DOA - La meute)
Les autres gagnent leurs positions, l'hélicoptère s'éloigne. Un ballet millimétré de moins d'une minute. En opération, une éternité fugitive. (DOA - La meute)
Les vagues s'en donnaient à cœur joie, des creux de cinq mètres bousculaient notre coque de noix comme des ados à la sortie de l'école. (Caryl Férey – L'échappée)
Les mains apportent les aliments entre les dents pour remplir l'estomac. La machine humaine assure sa propre survie mais l'esprit, lui, est loin de tout ça. Déconnecté. Absent. (Franck Thilliez - Le clandestin)
La guerre est un mystère intime qui place ceux qui la vivent face à eux-mêmes et les oblige sans cesse à redessiner les contours de leur humanité.
Peut-on imaginer qu'elle sait déjà que c'est foutu? Que malgré ses bonds verticaux et cette vélocité qu'elle s'acharne à augmenter encore, il y a dans sa mémoire le souvenir du sort de ses semblables, cette extermination continue l'a rendue solitaire? Peut-on conclure que c'est pour cela, sous l'effet de l'obscure prescience du néant imminent, et non parce que ses pattes se dérobent, vaincues par la fatigue, que soudain, elle s'arrête? (Serge Quadruppani - Le point de vue de la gazelle)
On a jeté ma mère dans la nacelle et on a foncé vers le catamaran, le plus loin possible de la terre ferme pleine de touristes. cette fois-ci, on l'avait échappée belle.
Effectivement, je réfléchis. Réfléchir est ma qualité essentielle. Putain, ce que j'aurai pu réfléchir dans ma vie ! Ce double sillon que vous voyez là, qui me creuse le front, cette sombre fissure qui fend en deux le haut de mon crâne, évoquant à la fois l'Indien Chipayas et la tête réduite, ce coup de sabre qui fait peur aux enfants, aux femmes enceintes et fait aboyer les chiens, je le dois à ce priapisme des neurones, cette crispation chronique...