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Citations sur Souvenirs de la marée basse (93)

Je suis née d'impulsions sportives et de la convoitise de corps parfaits. Je suis née de parents qui s'étaient rencontrés à quinze ans et que la séparation de la guerre n'a pas fait mûrir à la même vitesse. Ou plutôt lui seul a vieilli. Quand, un soir de janvier 1945, il attendait Jackie sur le quai de la gare de Perrache, dans les gravats recouverts de neige, sous l'arche fendue et la grande horloge désaxée, il ne se rappelait plus l'adolescent qu'il avait été, tandis que la gamine pétulante, en bottines rouges à semelles de bois et chaussettes de laine qui lui sautait au cou, n'avait guère changé.
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C'est toute une histoire pour les adultes, surtout pour les femmes, d'entrer dans l'eau (certaines passent plus de temps à y entrer qu'à se baigner). Elles pourraient rétorquer que la difficulté avec nous, les enfants, est que nous sortions de l'eau. En réalité, ça n'a rien à voir. Nous faisons traîner, nous supplions - encore cinq minutes, trois minutes, une minute ! - mais c'est pour faire durer le plaisir. A force d'appels répétés de la part des parents, de supplications inutiles de notre part, nous finissons par nous y résoudre. Quelquefois nous avons tant tardé que nous tremblons et claquons des dents. Nous avons le bout des doigts fripés. Et malgré frictions, maillot sec, chemise et pull-over, rien ne nous réchauffe. Peu importe. Si c'était possible, nous retournerions à l'eau, grelottants et refroidis comme nous sommes et nous reprendrions nos jeux. Les parents viendraient nous repêcher tout bleu, et ceux qui auraient encore la force de s'exprimer balbutieraient que non, ils ne veulent pas sortir de l'eau. Que surtout on ne les bassine plus avec cette promesse supposée calmer notre fanatisme de l'eau, surtout qu'ils n'entendent plus cette fadaise : " Vous reviendrez demain ".
Demain n'existe pas.
Enfants bleus de froid, nous voulons la morsure cruelle du présent.
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Ce matin, après deux mois de sécheresse ininterrompue, je me suis réveillée sous des nuages noirs. Je n'ai pas eu besoin de sortir pour le constater. De mon lit, je pouvais apercevoir, dans un éclairage étrangement terne, les palmiers agités par le vent, le vert brillant de leurs palmes assombri de gris. J'avais dormi longtemps, sans les interruptions que produit la montée de la clarté, le miracle quotidien d'un retour du jour salué par les cris des mouettes et les longs roucoulements des colombes. ici, à Nice, pendant les mois d'été, je me réveille en plusieurs phases. Non que je sois poussé par l'anxiété ; au contraire, une impatience de lumière, de nuances dans la lumière, me rend le sommeil fragile. Ainsi se distingue, bien avant que le jour atteigne au plein soleil, une blancheur verdâtre qui va se teinter de rose, pour enfin - et c'est ce qui me réveille complètement - s'épanouir dans le pur éclat d'une transparence dorée.
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Je me tiens en haut d'une dune Au-dessous de moi : la mer, verte, extraordinairement claire, transparente, une eau d'huitre. Des zones d'un vert plus soutenu et qui forment comme des ombres aux formes changeantes correspondent aux différences de répartition du sable au fond du Bassin, à ses vagues. Cette eau magnifique, irrésistible, m'apparaît à travers les silhouettes noires, légèrement torses ou courbes, de pins. C'est un paysage très large. J'ai l'impression que tout - la mer verte, la hauteur de la dune, les pins - est plus grand que nature. Une image parfaitement frontale. Une image qui me dit : Voici ce que tu as devant les yeux.
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Ma mère est une enfant à part.
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Jour après jour, elle s'abandonne à l'eau du lac et moi au liquide amniotique. J'habite son rythme. Ensemble, nous flottons. Il n'y a rien d'autre dans cet épisode : elle est enceinte de moi, elle nage, elle rêve sur la couleur de mes yeux.
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Nous aimons la marée basse. Elle agrandit la plage.
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Nous n'avons pas vu les jours passer. C'est ainsi qu'un soir de septembre, alors que la plage est depuis longtemps désertée des enfants estivants, ce que nous avons à peine remarqué, nos mères échangent quelques phrases et concluent : "Allez, dites-vous au revoir, à l'été prochain ! "
La grande dune nous tombe dessus, les jetées s'effondrent, le Bassin se vide, les crabes se carapatent, les méduses sont pétrifiées, les huîtres s'égosillent et les mouettes se taisent - et nos mères sont changées en pisse-vinaigre. Allons, redisent-elles comme si de rien n'était, dépêchez-vous, il est temps. Nous nous embrassons dans un frôlement. Nous répétons d'une voix morte : Au revoir, à l'été prochain, et nous partons chacune dans la direction voulue par nos mères. Nous ne nous retournons pas. Il peut faire grand soleil ou ciel bas, ça ne change rien. En même temps qu'a été décrété la cessation de la saison s'est cassé le lien magique qui nous liait aux éléments. Nous n'obéissons plus au vent, nous ne nageons plus dans le sens du courant, la princesse ne donne plus de ses nouvelles.
(p. 126)

A l'été prochain !
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J'étais déjà retirée dans mon domaine, un livre à la main, déjà en allée dans une histoire, embarquée dans ses péripéties.
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C'est tout une histoire pour les adultes, surtout pour les femmes, d'entrer dans l'eau (certaines passent plus de temps à y entrer qu'à se baigner). (p. 83)

Entrer dans l'eau
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