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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quand tu as été, comme je le fus, profondément marqué par la lecture d'Un jardin de sable de Earl Thompson, autant te dire que la sortie de sa suite, Tatoo -traduit par Jean-Charles Khalifa-, est un Noël avant l'heure ! Il a donc rapidement grillé la politesse aux autres prétendants de ma PAL et ce ne sont pas ses 1011 pages qui m'ont arrêté.

Comment ne pas dire tout d'abord le plaisir de lire un livre aussi bien édité : typo, papier délicat, couverture gaufrée à tomber… N'en déplaise aux puristes qui ne jurent que par le fond, la qualité du travail de forme de Monsieur Toussaint Louverture m'a ravi avant même l'entame du pavé. Et après l'entame, le plaisir de retrouver Jack était là, intact, dès les premières pages.

L'adolescence déjà bien entamée, Jack vit toujours à Wichita avec ses grands-parents dans l'insupportable promiscuité de leur caravane crade, loin de sa mère retournée en prison et sous l'influence de ses potes dont l'occupation première est d'alterner bagarres, saouleries et culbute de filles à l'arrière des bagnoles. Pour notre p'tit gars du Kansas, se sortir de sa condition et de la misère qui le poursuit depuis sa naissance va devenir une obsession.

Tour à tour, la guerre et l'armée -en Chine, en Allemagne puis en Corée-, les études, les premiers boulots et même -et surtout- les femmes vont lui fournir les occasions d'échapper à sa destinée solitaire et misérable d'Américain de dernière zone. Pour autant d'échecs…

« Vous valez rien, et vous vaudrez jamais rien, répétait le choeur antique de ses proches ». Tatoo, c'est l'anti-rêve américain, c'est la désespérance faite littérature, c'est le réalisme choc du never happy ending. L'écriture d'Earl Thompson cogne et touche souvent, en écoeurera beaucoup dans ses scènes de violence ou de sexe, omniprésentes et indissociables de la quête de Jack. C'est hard, c'est cru, c'est triste, c'est désespérant… C'est juste magnifique !
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1945. Jack vit désormais chez ses grands-parents, dans leur mobile-home misérable, désoeuvré, vivant tant bien que mal de petits boulots ou de petites combines, selon lui loin d'être à la hauteur de ses ambitions. C'est pourquoi il trafique ses papiers d'identité et se fait engager dans la marine, alors qu'il a quatorze ans, pour aller en découdre avec des soldats japonais. Mais c'est sans compter sur la fin de la guerre : que faire désormais, lorsque l'on s'est engagé pour un conflit qui n'existe plus ?

Après avoir quitté Jack dans les marasmes d'une errance plus que glauque avec sa mère et son beau-père, l'on retrouve celui-ci certes dans une forme de stabilité géographique, mais toujours englué dans les bas-fonds de Wichita, jusqu'à ce qu'il croit être une sortie de la déchéance sociale par l'intermédiaire d'un corps prestigieux au moment où il s'y engage, celui des marins. Il déchantera vite, et nous avec lui, tant ce qu'il découvre de ce monde n'est pas finalement mieux que ce qu'il a quitté, bien au contraire.

Tout comme dans Un jardin de sable, les lois morales sont ainsi bafouées, la crudité des scènes, du langage, des descriptions des personnages, sont légion, et nous sommes encore une fois face au portrait magistral des laissés-pour compte, non seulement des États-Unis, mais aussi des pays asiatiques dans lesquels Jack se rendra avec la marine. Tout comme pour Un jardin de sable, j'ai été transportée par le roman d'Earl Thompson, malgré l'immoralité, malgré la noirceur, malgré la poisse qui suinte de quasi chaque ligne de l'histoire de Jack, cet anti-héros qui devient enfin adulte, et peut-être, enfin un peu plus humain. Verdict dans le troisième tome qui devrait, si j'ai bien compris, être publié l'année prochaine. Et je l'attends avec impatience !
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C'est cru mais pas que. C'est violent mais pas que. C'est choquant mais pas que. Ça transpire le sexe mais pas que. C'est à la fois un incroyable roman d'initiation et une formidable chronique sociale sur l'Amérique pauvre de l'après-guerre. le Jack, on a envie de le baffer, de le prendre dans ses bras, de lui hurler dessus, de le prévenir de la merde dans laquelle il va inévitablement se fourrer, de pleurer avec lui sur les échecs qui ont balisé son chemin. Parce qu'à force, on le connait par coeur. Un gentil gars manquant de confiance en lui, facilement colérique, plutôt influençable, la déveine collée aux basques, qui « pense avec sa queue » et qui finit toujours par détruire le peu qu'il est parvenu à construire.
On l'accompagne en se disant « jusque-là tout va bien » et en sachant que ça ne va pas durer. Non, Jack n'est pas de la race des vainqueurs, il ne fait pas partie de ceux à qui on peut promettre le grand soir. Comme nous, il n'est pas dupe, il a compris que chaque lueur d'espoir n'est qu'une chimère. Il a beau faire semblant d'y croire, il sait qu'il lui sera impossible de s'extraire de sa condition de prolo, il a conscience que la vie ne fait pas de cadeaux à un gamin sorti du ruisseau comme lui. Pas pour autant qu'il se lamente. Résigné, fataliste ou enthousiaste, Jack avance, sans savoir où il va, sans penser à demain, se demandant juste « comment on fait pour vieillir sans avoir la trouille. »
Earl Thompson ne ménage pas son personnage au destin inspiré de sa propre vie. Son écriture est fluide, directe, sincère, dans une langue très orale. C'est beau, drôle, triste, tragique, affligeant, révoltant, poignant, toujours sans concession. C'est plein d'amour, de mort et de sexe, de vies au bord du vide, de putes, de salauds, de bouges crasseux, de coups foireux et de réveils solitaires dans des draps froids. Un grand roman américain, aussi puissant qu'envoûtant.

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Ayant adoré Un Jardin de Sable je me suis précipitée sur Tattoo.
Ce fut encore une grande claque.

Nous suivons la suite des aventures de Jack à partir de ses 16 ans et jusqu'à sa vie d'adulte.
Ce roman autobiographique est inconcevable et inimaginable : aucun être humain ne peut avoir vécu cela, et pourtant…

Destiné à un public averti, c'est noir, c'est sombre, c'est glauque, c'est immoral, c'est triste, c'est dur et aussi émouvant, attachant, grandiose dans son genre. Et surtout, c'est tellement bien écrit : environ 1000 pages, pas un mot de trop, pas de temps morts, un véritable chef d'oeuvre littéraire du début à la fin.

Earl Thompson mérite le titre de maître du roman noir.

Si vous avez les nerfs pour, je recommande vivement avec Un Jardin de Sable, mais on n'en ressort pas indemne.
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Voyage en désespérance….

Nous avions laissé Jack adolescent dans son Kansas natal. Il vit dans un coin paumé, dans une caravane avec ses grands-parents. Sa ma mère vend ses charmes, et le beau-père est en cabane.
Voilà le décor ; pas très engageant. La pauvreté est extrême ; tant économique qu'intellectuelle, morale ou culturelle.
Nous sommes en 1945, Jack voudrait se sortir de la misère. Il truque ses papiers pour s'engager dans la marine…

Autant le dire tout de suite, Jack est un cas désespéré ; un looser de première ; la poisse lui colle aux basques, et ils choppent les âneries au vol de peur qu'elles ne lui échappent. Et pourtant, on a tellement envie qu'il s'en sorte ; qu'il prenne du plomb dans la cervelle, qu'il s'assagisse, qu'il devienne un homme responsable, un mec bien qui bosse et puisse nourrir sa famille.

Et non, il gâche tout ce qu'il touche. Et quasiment toujours parce qu'il a le cerveau dans la culotte. Jack est un obsédé du sexe, et ce depuis qu'il est tout petit. Il saute sur tout ce qui bouge, et quand il a une fille sous la main, il n'y a plus rien à tirer de lui.

Du Kansas en Asie du sud-est dans un premier temps, puis du Kansas en Allemagne dans un second temps, Jack est toujours entre deux espérances, deux projets, toujours avec une fille (de joie, ou pas). Jack ne manque pas d'ambitions, mais il rate toujours une marche pour les réaliser.

Comme dans "Un Jardin de sable", Earl Thompson nous immerge dans cette Amérique pauvre à l'extrême, celle des laissés pour compte, des sans voix, celle des désinhibés. Au sortir de la seconde guerre mondiale, l'auteur nous montre une Amérique puritaine où les adolescentes sous des airs de ″ne pas y toucher ″ sont particulièrement délurées et libérées.

L'écriture est toujours aussi crue, mais le contexte est moins insoutenable dans la mesure où les faits sont moins transgressifs. Néanmoins, cet opus reste glauque, mais tellement marquant, car Jack est un type attachant malgré tout ce qu'il a de répulsif et répugnant.

Cette lecture, comme le premier volet, aura été particulièrement marquante, déstabilisante, prenante…. Assurément, un livre qui fera date. J'attends avec impatience le dernier opus.


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Parmi les pépites éditées par Monsieur Toussaint Louverture figure l'oeuvre d'Earl Thompson. Après « Un Jardin de sable », « Tattoo » est le deuxième opus de la trilogie autobiographique de l'auteur américain décédé en 1978.
À la veille de ses 15 ans, Jack vit à Wichita (Kansas) chez ses grands-parents après que sa mère a été déchue de ses droits parentaux.
Nous sommes en 1945.
Le garçon a une obsession : « tordre les couilles aux Japonouilles et casser les reins aux Fridolins ». Son enrôlement dans l'armée est le seul moyen, pense-t-il, de fuir « le quartier nègre » et le mobil-home minable qui lui tient lieu de maison afin de « devenir un jour quelqu'un ». À défaut d'intégrer les Marines en trichant sur son âge, il rejoint la Navy direction Okinawa au Japon. Peu de temps après, la guerre est terminée.
Alors qu'il aspire à s'échapper d'une existence misérable, sans repères et sans affection, sa nouvelle vie sera rythmée par les désillusions professionnelles et amoureuses.
Pour les gens de son acabit, le rêve américain n'est qu'un leurre. Pourtant, Jack est un jeune homme intelligent et sensible, un brin filou, détestant la bagarre, doué pour le dessin et amoureux des livres qui sont une ouverture sur le monde et une échappatoire à sa triste condition marquée du sceau de la pauvreté et de l'inceste commis par sa génitrice.
Confronté aux regards perplexes et souvent méprisants de ceux qu'ils rencontrent, il n'aura de cesse de s'interroger sur sa santé mentale, craignant de suivre les traces de sa mère. Pour toutes ces raisons, la peur est inhérente à sa personne.
Se plonger dans l'univers extrême et désespéré d'Earl Thompson est une expérience bouleversante où la violence et la crudité, le sexe et la mort se mêlent à la tendresse et à la douceur.
Malgré ses mensonges, ses colères, ses provocations et ses obsessions pour la gent féminine, on ressent de l'empathie pour ce garçon angoissé dont l'auteur fait un portrait doux-amer qui sonne juste tout en peignant l'Amérique de l'après-guerre dont la victoire donne lieu à une débauche de virilité dont les femmes seront les premières victimes.

EXTRAITS
Vanda se tapait des mecs comme elle mangeait du pop-corn.
Qui aurait été capable d'avouer à frère Dub qu'il avait tringlé sa mère ?
Il payait le prix fort de la gloire perdue.
Son vieux corps bouffi avait la pâleur du porc cuit à l'étuvée.
Et merde, quand est-ce qu'on se sent enfin en sécurité ?
Il avait toujours cette sensation d'intrusion, d'être un étranger dans ses propres murs.
La Californie était une vraie foire aux monstres.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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A 15 ans, Jack rêve d'intégrer l'armée pour fuir sa famille et l'avenir sordide qui l'attend. Il vit dans un quartier pauvre, dans un mobile-home avec ses grands parents, et les sorties avec ses petites frappes d'amis le conduisent inexorablement vers la délinquance. Son seul espoir pour monter dans l'ascenseur social est de partir à la guerre. Il parvient à tromper les recruteurs sur son âge et s'engage dans la Navy. Commence alors une vie d'aventure, qui le mène en Chine, puis sur un navire hôpital. Mais la fin de la guerre met un coup d'arrêt à ses rêves de gloire, et il se retrouve à changer des ampoules au lieu de charger des armes. Avec la lecture comme seul horizon il dénote parmi ses camarades, et reste solitaire, profitant de chaque escale pour voir du pays. Une année plus tard son statut de vétéran lui permet d'intégrer l'université à 16 ans seulement, occasion qu'il va mettre à profit. Mais le bon comme le meilleur semble toujours arriver trop vite, et le jeune homme trop pressé de grandir risque de voir sa vie lui passer sous le nez. Un très beau roman d'apprentissage, une chronique de la jeunesse d'après-guerre, de ses folles ambitions et des ses illusions déçues, que l'on dévore comme un feuilleton.
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l'aspect le plus intéressant de ce livre est sans doute son écriture crue qui permet au lecteur de bien ressentir les choses. L'auteur raconte dans le menu détail et sans aucune censure tout ce qui se passe et ça nous permet de nous immerger dans l'histoire. Sa libido le talonne toujours autant et c'est un des aspects cocasses de ce livre. On y retrouve aussi d'autres thèmes de son 1er livre — Un jardin de sable — mais, chose étonnante, ça m'a semblé plus réussi dans Tattoo.
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TATTOO de EARL THOMPSON
La suite d' un jardin de sable. On y retrouve Jack, jeune ado, obligé de revenir vivre avec ses grands-parents puisque sa mère est en prison et son beau-père également mais pour plus longtemps. Jack rêve de s'engager dans l'armée mais il est trop jeune, alors, il va tricher, faux papiers, fausses déclarations, il finira par réussir à se faire engager tardivement, pas chez les Marines, comme il en rêvait,mais dans la Navy. C'est cette histoire qui est racontée dans ce pavé de 1000 pages d'une digestion extrêmement facile. Jack et ses obsessions sexuelles, son sincère désir de ne plus tricher, de « réussir « honnêtement. C'est l'histoire d'une construction difficile avec très peu de monde pour l'aider. Dans la lignée du tome 1, c'est excellent, j'attends la suite avec impatience. Brillant!
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On ne croyait pas ça possible, et ben si: Tattoo est pire que Un Jardin de Sable !!!
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